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langue anglaise par exemple, il traduit ce titre d'une comédie : Love's last shift (ressource), par la dernière CHEMISE dé l'amour. Ce livre eut cependant quelque succès, parce que c'était le premier qui faisait connaître en France les chefs-d'œuvre dramatiques de nos voisins. Mais les traductions plus récentes du théâtre de Shakspeare ont fait oublier sans retour l'essai défectueux de La Place. Il a encore traduit, ou imité de l'anglais, quelques Romans: de Fielding, Tom Jones, ou l'Enfant trouvé, Amsterdam, 1750, 4 vol. in-12; réimprimé plusieurs fois; preuve non équivoque, dit Laharpe, du mérite de l'original, qui a été traduit plusieurs fois en français, et avec bien plus de fidélité et d'élégance (Voyez CHÉRON VIII 340); de miss Sarah Fielding: le Véritable ami, ou la Vie de David Simple, 1749, 2 vol. in-12; l'Orpheline anglaise, 1751, 4 vol. in12; Thomas Kenbroock, ou l'Enfant perdu, 1754, 2 vol. in-12; les Erreurs de l'amour propre, 1754, 3 vol. in-12; Lydia, ou Mémoires de milord D......, 1773, 4 v. in-12; de Mme. Behn: Oronocko, 1745, in-12; les Deux Mentors, 1784, 2 v.in 12;-de mistriss Clara Reewe: lc Vieux baron anglais, 1787, in12: ces différents ouvrages ont été réunis sous le titre de Collection de romans traduits ou imités de l'anglais, Paris, 1788, 8 vol. in-8°.; -du docteur Cohausen: Hermippus redivivus, ou le Triomphe du sage sur la vieillesse et le tombeau, Bruxelles, 1789, 2 vol. in-8°. La Place a traduit cet ouvrage d'après la version anglaise, sans se douter que Cohausen l'avait traduit en latin. IV. Des Compilations : Recueil d'Epitaphes, ouvrage moins triste qu'on ne

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pense, Bruxelles, 1782, 3 v., in-12. Laharpe en rend compte ainsi, dans sa Correspondance: « Le vieux La Place s'est avisé, à l'âge de soixante-dix-sept ans, d'une idée assez originale: il a imaginé de faire imprimer un Recueil d'épitaphes, commençant par Adam, et finissant par M. de Maurepas. Il y a glissé celles de tous ses amis et de tous les qu'il connaît; et le bon de l'affaire, gens c'est qu'ils sont tous plus vivants et tous plus jeunes que lui. De toutes ces pièces, rassemblées sans ordre et sans choix, les plus mauvaises sont certainement celles qu'a composées La Place, et malheureusemeut elles sont en grand nombre. Il ne soupçonnait même pas qu'il pût y avoir quelque difficulté dans ce petit serait un ouvrage très-curieux; mais genre. Un bon Recueil d'épitaphes il faut qu'un homme d'esprit et de goût veuille bien s'en charger. » Pièces intéressantes et peu connues, pour servir à l'histoire et à la littérature, Maestricht, 1785-90, 8 v. in- 12. Les pièces qui composent le premier volume, sont extraites des manuscrits de Duclos, et il y en a de curieuses. Les autres volumes ne sont guère qu'un ramas d'anecdotes snspectes et indignes de voir le jour. On a encore de La Place: V. Essai sur le goût de la tragédie, 1738, in-8°.-Les Désordres de l'amour, ou les Etourderies du chevalier de Brières, Mémoires secrets, contenant des anecdotes historiques sur les glorieuses campagnes de Louis XIV et de Louis XV, Amsterdam et Paris, 1768, 2 vol. in - 12. Malgré ce titre pompeux, ce n'est qu'un mauvais roman. Amusements d'un convalescent, 1761, in-8°. C'est un Recueil de chansons, avec la musique gravée. - Lettres di

verses et autres OEuvres mêlées tant en prose qu'en vers, Bruxelles, 1773, 3 vol. in-12.-La Nouvelle école du monde, ou Recueil de nouveaux quatrains, 1787, in-8°. Anecdotes modernes relatives aux circonstances présentes, avec quelques Poésies légères, 1789, in-8°. - Trois Lettres à Cérutti, sur les prétendus prodiges et faux miracles employés dans tous les temps pour abuser et subjuguer les peuples, 179091, in-8°. — Les Forfaits de l'intolérance sacerdotale, 1792, in-8°. -Le Valère - Maxime français, 1792, 2 v. in-8°. Enfin cet infatigable écrivain a eu part au Choix des anciens Mercures, et à la Bibliothèque des romans. La Place a revu et publié les Mémoires de Cécile; mais c'est à tort qu'on lui a attribué cet ouvrage : il est de Mlle. Guichard. Laharpe a publié une Notice fort piquante sur La Place, dans le Mercure du 20 juillet 1793, reproduite dans son Cours de littérature, tome XIV, p. 312-328.

W-S.

PLACENTINUS. V. CASSERIO et

PIACENTINI.

PLACENTIUS (JEAN-LEO) OU LE PLAISANT, n'est connu que comme l'auteur d'un petit poème tautogramme (1), genre de composition qui ne peut offrir que le frivole mérite de la difficulté vaincue. Né à Saint-Trond, au pays de Liége, il fit ses études à Bois-le-Duc, dans l'école des Hieronymites; embrassa la vie religieuse, au commencement du seizième siècle, dans l'ordre des Dominicains, et fut envoyé à Louvain pour y faire son cours de théologie. Les autres circonstances de

(1) Voy. sur les vers tautogrammes, la poétique curieuse de M. Peignot, dans les Amusements philologiques ou variétés en tout genre, par G. P Philomneste, Paris, Renouard, 1808, in-8°.

sa vie sont ignorées; et ce n'est que par conjecture qu'on place sa mort à l'année 1548. On a de lui: I. Catalogus omnium antistitum Tungrensium, Trajectensium et Leodiensium, Anvers, 1529, in-8°. C'est l'histoire abrégée des évêques de Tongres et de Liége, jusqu'à Erard, comte de La Marck. Boxhorn l'a insérée dans la Respublica Leodiensis, Amst., 1633, in-24; elle est pleine de fables, que l'auteur a copiées des anciennes chroniques, sans examen. II. Pugna porcorum per P. Porcium poëtam, 1530, petit in8°. de huit feuil. Cette édition, imprimée en caractère italiques, est sortie, selon M. Brunet, des presses de Cologne ou de quelque ville de la Belgique (Voy. le Manuel du libraire, troisième édit.) Ce poème est composé de deux cent cinquante-trois vers, dont tous les mots commencent par la lettre P. Après le titre qu'on vient de transcrire, on lit sur le frontispice, les deux vers suivants, qui suffisent pour faire juger du mérite de ce poème :

Perlege porcorum pulcherrima prælia potor, Potando poteris placidam proferre poësim. Cet ouvrage, que la singularité seule fait rechercher des curieux, a été réimprimé un grand nombre de fois, Anvers, 1530, pet. in-8°. de huit feuillets: cette édition est augmentée de deux petites pièces, l'une en vers et l'autre en prose, adressées au lecteur par Jac. Deschamps; ibid. 1533; Paris, 1539; Bâle, 1546, 1547 (2);

(2) Cette édition de Bâle est sans doute celle qu'a publiée Gilbert Cousiu, qui l'a fait précéder d'une Lettre dont tous les mots commençaient aussi par un P. (Voy. l'art. Cousin, dans lcs Mémoires de Niceron, XXIV, 68). M. Barbier lui attribue l'édit. d'Anvers, 1530 (Dictionnaire des Anonymes, num. 12021); mais si l'on en croyait l'Épitome bibliotheca Gesneri, Cousin serait, non pas l'éditeur, mais le véritable auteur du poème attribué jusqu'à ce jour à Placentius.

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Louvain, 1546, avec l'Églogue de Hugbald De Calvis, dont tous les mots commencent par la lettre C. (Voy. HUGBALD, XXI, 23); Bâle, 1552; cette édition contient différentes pièces du même genre; enfin, ce poème fait partie du Recueil intitulé: Nuge venales sive Thesaurus ridendi et jocandi, etc., 1644, 1663, 1689, pet. in-12; Londres, 1720 1741, même form t. III. Dialogi duo, prior Clericus eques, alter Luciani aulicus, Anvers, 1535; ces dialogues sont en vers phaleuques. Le P. Placentius a laissé en manuscrit: Chronicon à temporibus Apostolorum ad ann. 1408. —Antiquitates Tungrenses et Mosa Trajectenses. Amplitudo civitatis Leodiensis. De reliquiis Trajecti asservatis. On peut consulter, sur cet écrivain, la Bibl. Belgica de Fop. pens, et les Scriptores ordin. Prædicator. des PP. Quetif et Echard.

W-s. PLACES (DES) V. DESPLACES. PLACETTE (JEAN DE LA), fa meux théologien, surnommé le Nicole des protestants, naquit, le 19 janvier 1639, à Pontac, dans le Bearn. Son père, pasteur de cette petite ville, prit soin de sa première éducation, et l'envoya continuer ses études dans différentes académies. Il fut place, cu 1660, à la tête de l'église d'Orthez, et obtint, quatre ans après, une vocation pour Nay, dans la même province. La révocation de l'édit de Nantes l'ayant forcé de s'expatrier, il accepta le pastorat de l'église française de Copenhague, dont il resta chargé jusqu'en 1711. Son grand âge et ses infirmités ne lui permettant pas de continuer ses fonctions, il se démit de son emploi, et se retira d'abord à la Haye, ensuite à Utrecht, où il mou

rut octogénaire, le 25 avril 1718. C'était un homme instruit, d'une probité rare, doux, tolérant, et secourant avec la même charité tous les malleureux indistinctement. Le célèbre J. Abbadie fut son disciple. Il a publie un grand nombre de Traités de morale, qui l'ont fait comparer à Nicole; mais il lui est très-inférieur pour la profondeur et l'étendue des idées. Parmi ses ouvrages, on se contentera de citer: I. Nouveaux Essais de morale, Amsterdam, 1692, 4 vol.; ibid., 1714, 2 vol. in - 12. Il y a beaucoup à profiter dans ce recucil. Le style de La Placette est simple et uni; les règles de conduite qu'il donne sont sensées, également éloignées d'une excessive rigueur et d'un relâchement criminel. II. Traité de l'orgueil, Amsterdam, 1693; ibid., 1699, in-8°. Cette édition est augmentée; l'ouvrage est solide, mais écrit avec trop de diffusion. III. Traité de la conscience, ibid., 1695, in-12. IV. La Mort des justes, ou la Manière de bien mourir, ibid., 1695, in-12. V. La Communion dévote, ou la Manière de participer saintement et utilement à l'Eucharistie, ibid., 1695, in 12; quatrième édition corrigée et augmentée d'une seconde partie, ibid., 1699, in-12. VI. La Morale chrétienne abrégée et réduite à trois principaux devoirs : la repentance des pécheurs, la persévérance des justes, et les progrès dans la piété, ibid., 1695, in - 12; 2o. édition, augmentée, ibid., 1701, in-12. VII. Traité de la restitution, ibid., 1696, in - 12. VIII. Traité de la foi divine, ibid., 1697, in12; Rotterdam, 1716, in - 4°. IX. Divers Traités sur des matières de conscience, Amsterdam, 1698, in12. Plusieurs critiques s'accordent à louer l'ordre, la méthode et l'exac

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titude qui règnent dans cet ouvrage. X. Traité des bonnes œuvres en général, Amsterdam, 1700, in 12. XI. Traité du serment, la Haye, 1701, in-12. XII. Réflexions chrétiennes sur divers sujets, Amsterdam, 1707, in-12. XIII. Traité de l'aumône, in-12. XIV. Traité des jeux de hasard, la Haye, 1714, in12. Il y soutient, contre le sentiment de Joncourt, que ces sortes de jeux ne sont pas toujours criminels. XV. Plusieurs Livres de controverse, aujourd'hui sans intérêt; et la Réfutation des principes de Bayle, touchant l'origine du mal, la liberté dans la Bibliotheca Bremensis class. III, fasc. VI, p. 1106-1116. Le P. Niceron lui a consacré un long article, dans le tome 11 de ses Mémoires des hommes illustres. Enfin Cartier de Saint-Philippe, ayant découvert le manuscrit de son Avis sur la manière de précher, l'a publié, en 1733, in-8°., précédé de la Vie de l'auteur.

W-s. PLACIDE DE SAINTE-HÉLÈNE (Le Père), augustin déchaussé, né à Paris en 1649, reçut, dans son enfance, des leçons de Pierre Duval, géographe, qui avait épousé sa sœur (V. DUVAL, XII, 412), et fit de rapides progrès sous cet habile maître. A l'âge de dix-huit ans, il prit l'habit religieux, et partagea ses loisirs entre la prédication, et l'étude de la geographie. Il publia un grand nombre de Cartes estimées; et fut honoré, en 1705, par Louis XIV, du titre de son géographe ordinaire. Le P. Placide mourut dans la maison de son ordre, à Paris, le 30 novembre 1734, à l'âge de quatre-vingtsix ans. Outre la réimpression de la Sphère, ou Traité de géographie de Duval, son beau-frère, et de sa Carte de France, en quatre feuilles,

avec de nouvelles observations, on cite du P. Placide: le Cours du Danube, en trois feuilles ;-l'Allemagne;- la Flandre française, publiée en 1690;-la Savoie;-le Cours du Pó, en cinq feuilles;-les Ports de France et d'Italie; les Etats du duc de Savoie ;-les Pays-Bas catholiques. Le Portrait de ce géographe a été gravé par Langlois, in-fol.; mais il est devenu rare, parce que les Augustins en firent briser les planches, mécontents que le P. Placide se fut fait représenter avec une longue barbe (Voy. la Note de Barbeau La Bruyère sur ce géographe, dans le Dictionn. de Moréri, édition de 1759). W-s.

PLACIDIE (GALLA-PLACIDIA· AUGUSTA), impératrice, fille de Théodose-le-Grand, et de Galla, sa seconde femme, était née, à Constantinople, vers l'an 388. Après la mort de sa mère, elle fut amenée en Italie, Théodose ayant desiré de voir ses enfants réunis. Placidie, dont la fortune se trouvait liée à celle d'Honorius, son frère (Voyez Honorius, XX, 522), se vit bientôt obligée de chercher un asile à Rome, menacée par le roi des Goths. Lorsque cette ville fut investie pour la première fois par Alaric, elle n'hésita point de livrer à la vengeance du sénat, Séréna, sa cousine, soupçonnée d'entretenir des intelligences criminelles avec l'ennemi: l'histoire, en justifiant Séréna, reproche à Placidie son ingratitude envers une femme qui avait pris soin de son enfance. La capitale de l'empire tomba bientôt au pouvoir d'Alaric, et Placidie devint la proie du farouche vainqueur: mais Ataulphe, beau-frère d'Alaric, épris des charmes de sa captive, épargna Rome à sa prière, et s'empressa d'envoyer des secours à Honorius,

en lui demandant la main de sa sœur. L'empereur romain ayant rejeté l'alliance d'un roi barbare, Ataulphe se vengea de son refus en ravageant l'Italie, et, certain d'être aimé de Placidie, l'épousa. Ce fut à Narbonne, dans la maison d'Ingenuus, l'un des plus illustres citoyens de cette ville, qu'il célébra la fête ou l'anniversaire de son mariage. A cette occasion il déploya la plus grande magnificence. Cinquante jeunes gens, vêtus richement, présentérent à la princesse , assise sur un trône près de son époux, cent bassins, les uns remplis de pièces d'or, et les autres de pierreries d'une valeur inestimable. Placidie avait profité de son ascendant sur l'esprit d'Ataulphe, pour l'engager à tourner ses armes contre les Vandales, qui venaient d'envahir l'Espagne : mais, à peine arrivé dans la Catalogne, il fut assassiné par un de ses officiers (Voyez ATAULPHE, II 599); et la malhenreuse Placidie, confondue avec les captifs, fut forcée de faire à pied, un trajet de plus de douze milles, sous la conduite de Singeric, le successeur et peut-être l'assassin de son mari, qui la suivait à cheval (Voyez Gibbon, Hist. de la décad. de l'Empire romain, chap. XXXI). Sept jours après, Singeric éprouva le sort d'Ataulphe; et un traité conclu avec les Romains ne tarda pas de rendre à Placidie la liberté. Les barbares reçurent six cent mille mesures de grains pour sa rançon; et la princesse put retourner dans le palais de son frère. Peu après, Honorius la força, malgré sa répugnance, d'épousér Constance, l'un de ses généranx, dont il voulait récompenser les services par le don de la main de sa sœur. Plus ambitieuse que tendre, Placidie s'attacha bientôt à son nouvel époux, et par

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vint à lui faire donner le titre d'Auguste, qui l'associait à l'empire; mais quelques mois après Constance mourut (Voy. CONSTANCE, IX, 458), laissant Placidie chargée de veiller sur le sort de deux enfants en bas âge, Honoria (V. ce nom, XX, 517), et Valentinien. Elle continuait de jouir du crédit le plus absolu sur l'esprit d'Honorius : mais, à un attachement si vif qu'on ne pouvait le croire tout-à-fait innocent, succéda une haine implacable. Placidie, chassée avec ses enfants de la cour d'Honorius, se vit obligée de chercher un réfuge à Constantinople, où Théodosele-Jeune, son neveu, pourvut à tous ses besoins avec magnificence. Peu de temps après, la mort d'Honorius laissa vacant le trône d'Occident: Jean, son premier secrétaire, s'en empara, et, après avoir fait reconnaître son autorité dans l'Italie, envoya des ambassadeurs à Théodose pour lui notifier son avénement à l'empire. Théodose chassa les ambassadeurs avec ignominie, et envoya, sous la conduite de deux habiles généraux, une armée contre l'usurpateur. Jean, abandonné de ses soldats, après avoir été promené sur un âne dans les rues de Ravennes, eut la tête tranchée dans Aquilée. Placidie, attentive à l'événement, fit valoir alors les droits, assez mal établis, de son fils Valentinien à l'empire. L'indolence de Théodose assura le succès de ses démarches: Valentinien fut nommé (V. VALenTINIEN III); et, pendant trente-cinq ans, elle régna sous le nom de ce prince, dont elle favorisa, dit-on, le penchant précoce aux plaisirs, pour le dominer plus long-temps. Placidie ne sut pas se servir de l'autorité qu'elle avait tant enviée, pour le bonheur de l'empire. Son admi

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