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déclarée déchue dé tous ses priviléges et immunités, ses revenus furent confisqués; l'ancienne forme de son gouvernement fut abolie; la nomination de ses magistrats réservée pour toujours à l'empereur et à ses successeurs : un nouveau système de lois et d'administration établi, et, pour contenir l'esprit des habitans, il fut arrêté qu'on bâtirait une citadelle; enfin, on leur imposa une taxe annuelle de six mille florins (1).

Meyer, qui avait de l'indépendance, appelle cette suppression de tout privilége le plus grand des priviléges: « à Divo >> Carolo invictissimo monarchâ grande atque utile illud ac» ceperunt privilegium, nempè omnium privilegiorum abo»litionem. » Il n'est pas plus permis de dépouiller de sa liberté un peuple qui en use mal, que de voler un avare. Mais Meyer écrivait sous Charles-Quint et sous l'influence despotique de la censure (2).

Gand reçut ainsi un coup mortel. Cependant son com

(1) Roberston, tom. IV, pp. 462-482.

(2) Cet annaliste débrouilla le premier le chaos de notre histoire, qu'il purgea des fables qui la défiguraient; il pénétra dans les recoins les plus secrets des bibliothèques ; il feuilleta tous les manuscrits qu'il put y trouver; malheureusement la censure, qui savait alors son métier aussi bien qu'aujourd'hui, l'a impitoyablement mutilé. La première édition, qui va jusqu'en 1278 (compendium Chron. Flandriæ. Noriberga, apud J. Petreum, 1538, in-4o), porte un privilége de Charles-Quint où il est dit: « pourveu » toutefois que ledit suppliant, en faisant faire ladite impression, en>> suivra les corrections et changemens faits au dit livre par les dits de nostre conseil en Flandres, et qu'il obmettra l'insertion des priviléges d'aucunes villes, communautés particulières dont au dit volume est faicte ⚫ mention, à peine de perdre l'effect des actes. »

merce de toiles continua d'être très-considérable, et on y
fit encore des draps, des serges, des tapisseries, des bou-
grans,
des futaines, des ostades et autres étoffes semblables (1).
En 1554, un nommé Gilles Bockstaele obtint des éche-
vins la permission d'ériger une fabrique de poudre à fusil (2).

Pendant les troubles de religion, Gand qui était bloquée 1584. fit un accommodement avec le roi d'Espagne. Les habitans reçurent garnison et payèrent 200,000 florins. Il fut convenu que chacun d'eux pourrait rester en sûreté dans la ville pendant deux ans, pour terminer ses affaires et se consulter sur le parti qu'il prendrait touchant la religion; qu'après ce temps on serait libre de quitter les Pays-Bas avec ses biens, ou après les avoir vendus, les aliénant ou les faisant administrer par des commis. La citadelle, qui avait été démolie, fut relevée, et la ville se dépeupla peu à peu de ses meilleurs citoyens, qui se retirèrent les uns en Angleterre, les autres en Hollande et en Zélande; tellement, dit Van Meteren, que la moitié n'y demeura pas (3).

S YPRES.

M. Verhoeven a montré jusqu'à quel point Ypres avait su s'élever par son industrie manufacturière. Une charte de l'an 1514 apprend qu'il s'y trouvait jadis 4000 fabri

(1) Guicciardin, 1re édit., fol. 223. —Sebastianus Munsterus in Cosmogr. (2) Le Chev. Dierickx, tom. II, p. 476.

(3) Fol. 241 verso.

Fabriques. ques de drap, et qu'alors à peine en restait - il 500. « J'aPopulation. jouterai, dit Sanderus, que la guerre et les discordes civiles.

dispersant ailleurs les artisans, ont fait tellement décheoir Ypres, qu'il s'y en trouverait difficilement six aujourd'hui. » Les fabriques de saie remplacèrent celles de drap, et le même écrivain rapporte avoir vu dans les registres de la ville, que le droit d'un patart, que le magistrat eut en 1475 la permission de lever sur chaque pièce vendue, se montait au bout de l'année à plus de 1000 florins (1).

«

<< La dicte ville, dit d'Oudegheerst, a esté par cy devant >> en grand bruit pour la grande draperie qui y régna et estoit » grande et puissante, mais depuis l'an 1383 qu'elle fust assiégée par les Anglois et par les Ganthois, et que leurs >> faubourgs furent brûlés, elle est demeurée en la grandeur » en laquelle elle est encore maintenant, parce que le duc >> Philippe-le-Hardy ni ses successeurs n'ont voulu permettre » que se refissent lesdits faubourgs, etc. (2).

Meyer écrivait vers 1530 qu'Ypres était une ville aussi bien défendue par l'art que par la nature, et dont la principale richesse consistait dans la mise en œuvre de la laine, ainsi que dans le commerce. « Il y a 148 ans, dit-il, que les Anglais, hors d'état d'en garder les faubourgs, qui étaient grands et riches, y mirent le feu de peur qu'ils ne servissent aux ennemis. Après la paix Philippe ne souffrit point qu'on les relevât, à cause des troubles dont ils avaient été le foyer, et en distribua les habitans par colonies à Pope

(1) Sanderus, tom. II, p. 283.

(2) Tom. II, p. 549. Ibid., p. 603, édit. de M. Lesbroussart.

ringue, Verviers, Menin et autres lieux de la Flandre, tels que Verwyk, Commines, etc. (1).

La contagion enleva, en 1490, quinze mille personnes. Le tiers des citoyens périt en 1552, et en 1583, à peine trois maisons furent-elles à l'abri de la peste (2).

Guicciardin témoigne que le commerce était assez animé Foires. à Ypres, sur-tout en carême, pendant la foire (3). Braun compte dans les villages environnans jusqu'à deux, trois et quatre mille compagnons (naucleros) (4).

En 1584, le 9 avril, la ville fut réduite à se rendre aux Espagnols qui la bloquaient; elle paya 50,000 florins et livra quatre des principaux citoyens, qui se rachetèrent pour 20,000 florins (5).

S SLUYS ou L'ÉCLUSE.

Ce port était autrefois très-fréquenté et servait au commerce de Bruges, qui voulait se l'asservir. Ceux de l'Écluse ayant tenté de s'arroger l'étape de quelques marchandises, ils furent obligés de se désister de leurs prétentions en 1423. En 1470, le port fut embelli et amélioré; Charles VI, roi

(1) Rer. Flandric., tom. IX, fol. 37.

(2) Marchant, p. 134.-Sanderus, tom. II, p. 160.

(3) Guicciard. in Fland.

(4) Braun, tom. I, 22.

(5) De Thou, tom. IV, liv. 79, p. 209.

Décadence de l'Écluse.

Draps.

France, y fixa sa cour pendant plusieurs mois et y équipa une flotte de 1400 voiles, destinée contre l'Angleterre. Une flotte marchande de 150 navires y aborda à la fois, en 1468, et y répandit la joie. Elle soutint en 1405 un siége contre les Anglais, avec perte pour les ennemis, et elle osa, comme en 1436, refuser de se rendre aux sommations des Brugeois, ravager le territoire de ceux-ci et braver leurs sentences de condamnation.

En 1442, les moules, sur lesquelles on avait mis un droit, disparurent tout-à-coup: chacun cria au miracle, avec d'autant plus d'apparence de raison, qu'on assure que les moules revinrent quand l'impôt eut été levé.

L'Écluse commença à décheoir pendant les troubles de la régence de Maximilien. Les Osterlins l'avaient abandonnée en 1436, à cause des dissensions qui y régnaient entre eux et les citoyens : quarante des premiers avaient été tués ou blessés; le supplice des moteurs du désordre n'apaisa point ces étrangers (1).

Braun peint ce lieu comme un port désert et presqu'im praticable (2).

S COURTRAI.

Les premiers draps y furent fabriqués vers 1268 (3). L'acPopulation croissement de la population paraît assez par la bulle du

(1) Meyer, pp. 284 verso, 297 verso, 347.- March., p. 52. Gramay. in Brug., p. 117. Sanderus, pp. 212-13, tom. 2.

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(2) Tom. 2, 21.

(3) Sanderus, tom. 3, p. 8.

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