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pagne.

Laines d'Es- gnols s'étant appliqués à la draperie, n'expédient plus autant de laines que de coutume; de sorte qu'en 1560, ils n'en envoyèrent que 25,000 sacs, lesquels, à raison de 25 écus le sac, faisaient une valeur de 625,000 (1).

avec l'Angle

terre.

Discussion En 1559 et 1560, les Anglais ayant chargé les laines et les cuirs destinés pour nos contrées d'une double douane, et ayant insulté et inquiété nos vaisseaux marchands (2), on défendit dans les Pays-Bas l'entrée des draps anglais et l'étape des marchandises anglaises fut transférée de Bruges à Embden (3). En 1566 une sorte de congrès composé de députés des deux pays et assemblé à Bruges, convint que provisoirement il y aurait liberté de commerce entre la Belgique et l'Angleterre, et que, si les souverains ne vou laient plus s'en tenir à l'entrecours de 1495, on devait des deux côtés, en avertir le commerce quarante jours d'avance, pour éviter toute surprise (4). L'étape fut remise à Anvers d'où en 1569 elle fut transportée à Hambourg (5). George Braun de Cologne, dans sa description des villes de l'univers, imprimée de 1572 à 1618 (6), observe néanmoins que tout commerce n'était pas anéanti dans Bruges : « Non >> tamen omnis mercatura hîc jacet. Lanificium enim, et >> lanæ distractionem retinuerunt. » (7).

(1) Guicc. première édition originale, p. 125.

(2) Vaderlandsche historie, tweede druk, tom. VI, p. 61.

(3) Anderson à l'an 1564.

(4) Van Meteren. fol. 38. Rymer acta pub., tom. XII, p. 578 et sqq.

(5) Wagenaar, tom. VI, p. 305 in 't jaar 1569.

(6) Tom. 1. V. Jos. Hartzheim Biblioth. Coloniens., p. 90 (Colon. 1747 fol. )

(7) Voyez à l'article de Bruxelles une belle citation du président De Thou, laquelle a aussi rapport à Bruges.

Les ouvrages de Joost de Damhouder, de Damien à Goes, de Charles Custis et les lamentations de Zegher Van Malle, prouvent mieux encore que Bruges, dans sa décadence, avait conservé une grande importance.

Bruges, dit M. J. Peuchet, fut le berceau de la pêche Pêche. du hareng. C'est là que les Hollandais ont appris la manière de le préparer, et c'est de là qu'ils ont tiré la branche de commerce, dont ils ont fait le premier fonds de leurs entreprises commerciales (1).

S GAND.

Intérêt que

Si Gand avait fini par être la capitale d'un grand empire, son histoire ne serait pas moins intéressante que celle de présente l'hisRome. Ce qui jette tant d'intérêt sur les commencemens de toire de Gand. la ville de Romulus, c'est que nous ne pouvons jamais séparer Rome naissante de Rome maîtresse du monde : notre esprit repousse cette décomposition et voit déjà dans le toit couvert de chaume du fondateur, les colonnes du panthéon et la masse imposante du colysée. Ce qui est encore au désavantage de Gand dans cette comparaison, c'est le défaut d'écrivains célèbres. « Les exploits des Athéniens, >> dit Salluste, ont bien eu, j'imagine quelque mérite » et quelqu'importance, toutefois moindre que la renom»mée ne le publie. Mais comme ils ont eu une riche

(1) Dict. univ. de la Géog. commerc. Paris, an VII, tom III, p. 186. a. in-4o.

» moisson de grands historiens, les exploits de ces peuples » sont célébrés par toute la terre comme ce qu'il y a » de plus glorieux. La grandeur de l'éloge qu'en ont fait » ces sublimes génies, est devenue la mesure des actions >> elles-mêmes (1). » Nous au contraire, il faut l'avouer, nous n'avons jamais joui de cet avantage, et si nous avons eu des chroniqueurs exacts, des annalistes judicieux, nous avons toujours manqué de véritables historiens.

Quant à présent nous avons pris l'obligation de nous renfermer dans ce qui concerne le commerce; mais ce n'est pas sans nous faire violence, que nous omettons les traits honorables pour notre pays qui se pressent sous notre plume.

Population. Voltaire, en traçant un tableau de l'histoire générale, qui n'a de modèle nulle part et auquel des critiques plus minutieux qu'éclairés, ont reproché durement quelques fautes de détail, a fixé ses regards sur Gand, où, selon lui, au XVe siècle, 50,000 ouvriers travaillaient aux étoffes de laine (2). Il paraît que ce nombre n'est pas exagéré, puisqu'on fait monter celui des métiers à 40,000; il est vrai que Gramaye préférerait lire 14 ou 4000 et qu'on peut y comprendre, suivant la remarque de Des Roches, ceux des tisserans en toiles; car dans la province de Flandre, un même nom désigne les ouvrages en toile et en laine (Laken pour Lynwaed, Laken-Getouwen etc.); mais il est certain que

(1) Sallust. in Catilinâ. VIII.

(2) Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, etc., ch. 95.

les ouvriers en laine surpassaient tous les autres, et même, à la fin du XIV siècle, ayant fait construire l'église de la vierge au mont Blandin, ils ne payèrent qu'un denier de gros par tête pour couvrir tous les frais (1).

de Gand au

Olivier de la Marche, racontant la fête de la toison d'or, Prospérité célébrée à Gand en 1445 (2), ajoute que cette ville « pour xv siècle. » lors florissoit en abondance de biens, de richesses et de peuple, et menoient leurs bourgeois et leur pouvoir, » moult grande estendue, par tout le pays de Flandres. Tout le pays de Waz et des quatre mestiers estoit en leur » obéissance. L'on ne parloit en Flandres que du pouvoir » de messieurs de Gand. Ils avoient la plupart de la moitié » du pays, et avec cela la grâce et l'amitié de leur prince : » mais (comme peuple ne se sait tenir en repos) les Gan» dois ne surent longtement garder cette bien heurée vie » de paix et de repos dont il leur mésavint si durement, » que je ne croy point que, des vies présentes, Gand soit › en tel estat de prospérité, quelle fust au tems dont à » présent je fay mention (3). »

Gouverne

ment de cette

Gand, après avoir subi plusieurs variations dans son gouvernement, était alors partagée en trois classes de citoyens ville. les rentiers, les cinquante-deux petits métiers, et les tisserans qui formaient le grand métier. Cette division était une création d'Artevelde (4), qui ne dédaigna pas à cette occa

(1) Gramaye, pp. 14 et 15 in Gandavo.- Analyse du mémoire de M. Verhoeven, p. 6.

(2) Mém. sur la ville de Gand par le Chevalier Dierickx. tom, II, p. (3) Coll. de mém. tom. VIII pp. 74-75.

31.

(4) D'Oudegherst édit. de M Lesbroussart, tom. 2, p. 545. -Meyer. ann. ad ann. 1453; Rerum Fland. p. 36.—Mém. sur la ville de Gand, tom. I, p. 183.

Cause de l'ac

croissement de Gand.

sion, de s'aggréger au métier des brasseurs; aussi réunitil d'abord tous les suffrages pour représenter, comme chefdoyen, la seconde classe du bourgeois.

Les places de chefs-doyens occasionnaient des brigues, comme le consulat ou la préture à Rome, et avaient plus d'une fois compromis la tranquillité publique, surtout de la part des tisserans; lorsqu'enfin on y porta remède par le traité de Cadsant. Il fut statué que, quant à ces derniers, le comte de Flandre leur enverrait tous les ans, immédiatement après que l'on aurait renouvelé les deux colléges, une liste de trois personnes parmi lesquelles ils pourraient élire leur chef-doyen, en se conformant à cet égard à l'ordonnance de Philippe le Bon du 25 août 1425, sur la durée des fonctions de cette charge; et, pour ce qui concernait les 52 autres métiers, on voulut par le même traité, qu'ils envoyassent chacun, tous les ans, une liste de trois de leurs principaux suppôts aux grand bailli et échevins, et que ces magistrats élussent dans ces différentes listes l'autre chef-doyen (1).

Parmi les lois et réglemens auxquels on peut attribuer la prospérité et la population de Gand, Meyer cite un réglement de 1202, par lequel les bourgeois de cette ville, ne pouvant librement acquérir des biens immeubles hors de son enceinte, se trouvaient, pour ainsi dire obligés d'employer leur argent dans les fabriques et le commerce (2).

(1) Mém. sur la ville de Gand, p. 186.

(2) « Ann. 1202. Cautum jus non esse civi Gandensi, extrà quaternas portas, fundum aliquem aut ædes mercari; exteris quoque facta potestas » emendi intrà portum, id est, oppidum, quoscumque vellent fundos : » quæ res ultrà quàm cuiquam est credibile, multiplicavit civitatem. >>

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