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lippe Auguste, composa sur la Flandre, au commencement du XIII siècle, ces vers qui gagnèrent de vérité à l'époque dont il s'agit ici :

Gens.

Frumento quam ditat ager, novalia merce,

Lacte pecus, butyris armentum, piscibus æquor,
Arida gleba foco siccis excisa marescis,
Multis silva locis facit umbram, vinea nusquàm,
Indigenis potus Tethidi miscetur avena,

Ut vice sit vini multo confecta labore

Rebus et ornatu diversicolore refulget.

Ce qu'on peut imiter ainsi :

L'or des riches moissons, le nectar des troupeaux,

La toison des brebis, les habitans des eaux,
La glėbe qui nourrit la flamme pétillante,
Entourent de trésors la Belgique opulente.
Si Bacchus n'a jamais fécondé nos guérets, (1)
Ma coupe se remplit des présens de Cerès;
Empruntée aux épis, une liqueur vermeille
L'emporte parmi nous sur le jus de la treille.

Meyer semble avoir pris plaisir à développer ces vers. « Une grande partie de la Flandre, dit-il, est plus propre à la pâture qu'au labourage, ce qui fait qu'elle a recours à ses voisins. Le Vermandois, l'Artois, le Cambresis, l'Amienois lui fournissent du blé à l'envî. Elle en tire aussi du Danemarck et des peuples que nous appellons Osterlins, ainsi que de l'Espagne et de l'Angleterre, contrées où nous en envoyons quelquefois à notre tour. L'orge, l'avoine, les fêves, les pois, les vesces, le lin, le chanvre, le houblon, le milet, les raves et d'autres productions agraires croissent dans la Flandre en abondance. On y fait de l'huile

(1) Voy. l'art. de Louvain.

avec la graine de lin, avec des raves ou des noix les pommes fournissent du cidre. Le fromage, le beurre, le hareng ne servent pas seulement à la nourriture des habitans, mais encore à leur commerce avec les nations les plus éloignées. Le sel brut qu'ils reçoivent de la France, ils le revendent rafiné. Leur manière d'encaquer les harengs est supérieure à celle de tous les autres peuples.

» Le vin leur vient de l'Allemagne et de la France; mais les frais de transport et les droits d'entrée et de sortie le mettent à un très haut prix. La bierre du pays, de Hollande, d'Allemagne ou d'Angleterre est la boisson journalière (1).

» La Norwège envoie en Flandre des bois de construction; l'Ecosse de la laine, du poisson et des cuirs; la Hollande des chevaux, de la bierre et des toiles de lin ; la Frise et la Normandie des bœufs, quoique les chevaux et les bœufs de la Flandre soient fort renommés et recherchés en France (2); la Frise nous procure aussi du beurre pour graisser nos laines (3). »

Après ces considérations générales nous allons parcourir

(1) Marchant s'appitoie d'une manière fort touchante sur les altérations que faisaient subir au vin ces honnêtes gens qu'Horace appelle perfidi caupones, altérations auxquelles il attribue la cause de toutes les infirmités et même de la stérilité des femmes (p. 19).

>>

>

(2) Item Marchant. p. 14 « Equorum robore ad ferendam panopliam,

agilitate et formâ præstantium adeò ut pulli aliundèa dducti, ex tenui origine grandescant, ex deformi enitescant. >>

(3) Rer. Fland., p. 39-40.

séparément les différentes villes. Cette espèce de voyage serait digne d'un autre Anacharsis qui y porterait son coupd'œil philosophique, ses riches souvenirs et son imagination brillante. Au lieu d'un itinéraire tracé à la manière de Barthélemy, nous ne présenterons au lecteur, qu'une nomenclature que le grand nombre des citations ne peut manquer de rendre sèche et aride. Entrons d'abord dans les murs de Bruges.

CHAPITRE II.

LES VILLES DE LA FLANDRE PROPREMENT DITE.

Commerce

avec l'étran

ger,

S. BRUGES.

Le principal dépôt des marchandises d'Italie appartenait à Bruges, dans le moyen âge. La navigation était alors si imparfaite, qu'un voyage de la mer Baltique dans la Méditerranée ne pouvait se faire en un seul été. C'est pour cela qu'on jugea nécessaire d'établir un magasin ou entrepôt à moitié chemin, entre les villes commerçantes du Nord et celles d'Italie. Bruges fut regardée comme la place la plus commode, ce qui l'éleva au plus haut point de prospérité et de grandeur (1). Tous les peuples y accoururent et y établirent des comptoirs. Leurs maisons bâties dans le goût de leur architecture nationale, et auxquelles ils attachaient ainsi l'image de la patrie absente, sont représentées dans l'ouvrage de Sanderus. Voici les

(1) Robertson, hist. de Charl. V., Amsterd. et Paris 1775, tom. 2, pag. 271.

dates des différens traités de commerce de Bruges avec les

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Les Anglais avaient fixé à Calais l'étape de leurs laines. >> Calais, dit Philippe de Comines, est l'étape des laines » d'Angleterre, et c'est chose presque incroyable pour » combien d'argent il y en vient deux fois l'an: et sont Étape des lai» là attendans que les marchans viennent et leur princi» pale décharge est en Flandre et en Hollande (2). » Mais en 1558, après la perte de Calais, cette étape fut transportée à Bruges (3).

(1) Gramaii antiquitates Belgicæ. Lovan et Br. 1707, in-fol., in Brug., pag. 97.

(2) Coll. de Mém., tom. XI, p. 167.

(3) Anderson, année 1558.

nes d'Angle

terre.

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