vains qui ont traité de nos provinces, ont rapporté le témoignage de Pétrarque (1); on peut y en joindre une infinité d'autres, ainsi qu'aux textes que nous avons rejetés dans les notes. Les Flamands entretenaient des troupeaux qui fournissaient la matière première aux fabriques de draps. Les brebis, suivant Marchantius, étaient tellement fécondes, surtout dans la châtellenie de Furnes, qu'elles mettaient souvent bas, d'une seule portée, cinq ou six petits et toujours trois ou quatre (2). Mais on employait principalement la laine tirée de l'Espagne, de l'Ecosse et de l'Angleterre celle de ce dernier pays, fort supérieure à la nôtre, ne contribuait pas peu à la perfection des manufac tures belgiques; et, bien que les troubles de Louvain, comme nous le verrons plus bas, et l'adresse d'Edouard III eussent importé au-delà du détroit l'art de manufacturer la laine, les Anglais n'y firent que des progrès très-lents et ne fu (1) Pétrarque écrivait au Cardinal Colonna : « Vidi cæteros Flandriæ Brabantiæque populos lanificos atque textores. » Meyerus Rer. Fland., tom. IX, fol. 39: « Flandri propè omnes lani ⚫ficio imprimis student, domesticâ non modo, verùm etiam importatâ ab Hispanis, Anglis, Scotis, utentes lanà, etc., etc., etç, » Scaliger s'adresse en ces termes à Dousa: Omnia lanitium hic lassat textrina Minervæ; Lanigeros tamen hinc scimus abesse greges. Strada Dec. I, p. 26 edit. juxtà exempl. Rom. imp. 1648. « Lanificia » atque texturæ non implent modò, quanta est Europam; sed longe, latè D que per Africa Asiæque populos circumferunt quotidiè Belgium : ipsique » ad occidentem Indi ex laneis ac lineis officiis Belgicarum nomina urbium didicere. » (2) Flandria, p. 14. rent long-temps que les bergers du Brabant et de la Flandre (1). Les métiers qui n'avaient point la perfection, peut - être funeste, qu'on leur a donnée de nos jours, employaient un nombre considérable de bras. On les appelle dans les chartes Textrina, Textrinum et même Tentorium et Tentes, comme qui dirait un métier sur lequel on tend les fils qui doivent commencer à former le drap (2). Lorsqu'il était achevé sur le métier, on le portait à la foulerie pour le dégraisser avec de l'urine ou avec une espèce de terre glaise très-épurée et détrempée dans de l'eau (3). On faisait alors le contraire de ce qu'on fait maintenant ; aujourd'hui le chef ou le commencement de la pièce de drap est au-dessus et sert de montre; alors il était enveloppé dans le reste de la pièce, usage que nous nous contentons de remarquer sans assurer qu'il fût général (4). Il ne faut pas oublier non plus, que les bonnes villes de Flandre et autres avaient des réglemens pour la marque de leurs étoffes (5). (1) Meyer. Rer. Fland., fol. 39. - Du Rondeau, Mém. de l'Acad. de Brux., tom. 3, p. 91-92.-Shaw, Essai sur les P. B. A. Londres, (Bruxelles) 1788, in-8, p. 54, etc. (2) Voir entr'autres l'art. XXII des lettres patentes données par Philippe V, le 24 février 1317. Ordonn. des Rois de Fr., tom. XI, p. 453. (3) Savary, Dict. de commerce au mot drap. C'est ce qu'on appelait Embroare. (4) Ordonn. de Louis XI du mois de décemb. 1466, ibid. tom. XVI, p. 536-38, note C. (5) Ibid. tome XI, p. 12. termes en usa Voici quelques mots relatifs à la fabrique des draps, De quelques que l'on rencontre dans les chartres et qui sont difficiles à entendre : ALA, HALLA, Halle, marché, et plus particulièrement halle couverte. ARCHICA PERUSSA, malherbe, plante commune en Languedoc et employée dans la teinture BORRETHI, Borrelli, Borrellini, bourres tontisses, tantes ou tontures de drap. EMBROARE. Voyez la note 3 de la page précédente. GRATUS, gratousses ou graturses; le poil qui tombe des peaux en les gratant. GUEDA, plante dont on se sert pour teindre en jaune. MINISTERIALES, ouvriers, compagnons. MINISTERIUM, métier. MOLADA, moulée, poudre formée des petites parties qui se détachent quand les taillandiers aiguisent leurs fer remens. ge dans l'ancien commerce. (1) Menage, Dict. étymolog. au mot Grain.-Ordonn. des Rois de France, tome III, p. 585, note; tom. XVI, p. 537 et Sqq.. Not.-Diction. de commerce de Savary, et Du Cange à ces différens mots. MOLENDINUM, moulin à foulon. ORDITORIUM, l'endroit où l'on dispose en long les fils qui forment la chaîne. PANNUS DECAPITATUS, drap dont on a coupé le chef. PARMENTIER, Du Clercq explique ce mot par ceuxci cousturier de robes (1). : PECIAE, les pièces. PESSOLLI ou PESSOLLII, les bouts de laine ou de fil qui restent attachés à l'ensouple, quand on a levé l'étoffe de dessus le métier. L'ensouple est ce cylindre sur lequel sont posés les fils qui se déroulent à mesure que la chaîne se forme. ROGIA ou RUBIA, garance. ROS, verne, espèce d'aulne dont l'écorce rouge brune sert à la teinture. SETEZENA, tissu dont chaque fil est composé de sept brins. STAPULA, stapel, étape. Voici comment Junius définit ce mot (2): « Vox barbara et latinis auribus avia, purè >> putèque gallica originis creditur, quâ significetur privilegium beneficiariæ urbi collatum, sistendi et ab insti» tuto cursu retrahendi merces exoticas, quas negotiator >> importat, ut nimirùm in eo loco stabulentur (si ad vocis (1) Collect. de Mém., tom. IX, p. 446. (2) Batavia. Ex offic. Plant. apud F. Raphelengium, 1588, pag. 248. >> originem alludere licet) ac conquiescant, quo venum pros>> tituantur quâvis tandem conditione nisi damnosam vendi» tionem causatus, vel meliorem aliundè lucri auram olfa> ciens institor vectorve malit recurrere undè venerat et » ubi domicilium habet: quod illi integrum est et liberè » facere licet, etiam non persoluto stato portorio; quòd si »emptæ illic merces aliò devehendæ veniant, haud temerè » in alia, quàm popularia navigia merces recondi patitur >>> civitatis jus. » C'est-à-dire, que l'etape était un privilège par lequel les habitans d'une ville pouvaient détourner les marchandises étrangères de leur route pour les exposer en vente chez eux, à moins que les propriétaires ou leurs ayant-cause, prétextant le tort que cette vente leur causerait, ou espérant ailleurs un plus grand bénéfice, n'aimassent mieux retourner d'où ils venaient ce qu'il leur était libre de faire, sans même payer les droits de la ville. De plus s'ils y avaient acheté des marchandises qui dussent en sortir, ils ne pouvaient se servir pour le transport que des navires du pays. TENDARE, le lieu où l'on vendait. C'était quelquefois dans une place sous des tentes. TROCA, chaîne, c'est-à-dire fils tendus sur le métier à travers lesquels passent ceux dont la navette est garnie. Laxe et cos Les draps en usage étaient aussi différens de couleur que de qualité. Afin de donner une idée du costume, que tumes. les miniatures des manuscrits et les chroniqueurs qui décrivent des fêtes et des tournois, nous représentent avec assez de fidélité, nous prendrons dans Du Clercq, le bulletin des modes de 1467. « En. 1467 les dames et damoiselles ne |