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PRÉFACE.

J'AVAIS 'AVAIS projeté de donner une simple Notice sur la Bibliothèque Mazarine; et c'était un devoir pour moi de consacrer quelques pages à l'histoire du premier établissement littéraire, de ce genre, qui ait été publiquement ouvert en France, pour la commodité et la satisfaction des gens de lettres, suivant les expressions de son fondateur.

La réflexion qui m'a fait dépasser les limites de cette Notice, a suivi l'idée que jè me suis faite des difficultés qui entravaient les progrès des sciences, avant qu'on eût ainsi destiné à l'usage public, des collections de livres imprimés. Ce n'est qu'au commencement du XVII siècle, mais dans le court espace de trente-six ans, que furent successivement fondées, sous ce point de vue d'utilité générale, les Bibliothèques

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Bodléienne à Oxford, Ambroisienne à Milan, Angélique à Rome, et Mazarine à Paris.

La rareté des manuscrits et leur grande cherté, surtout avant l'invention de l'imprimerie, m'ont engagé à considérer, de plus près qu'on ne l'avait fait encore, quels ont été au juste les premiers résultats de cette grande découverte. Il m'a paru curieux de faire remarquer le petit nombre de manuscrits que réunissaient alors les Bibliothèques les plus célèbres, et de le comparer à la quantité de livres que cette invention a répandus dès sa naissance.

En me fixant d'abord, dans cette recherche, à l'époque de la prise de Constantinople, qui coïncide avec l'origine des productions de l'imprimerie, j'ai dû considérer séparément les auteurs classiques dans les langues grecque et latine. Les auteurs

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grecs n'ayant été, pour la plupart, connus

de l'Europe occidentale, que par l'effet de l'invasion des Turcs dans la Thrace; j'ai trouvé que l'on ne connaissait alors en Italie, comme en France, qu'environ quatre-vingt-seize auteurs, latins pour la plupart.

Mais cette collection encore assez considérable de sources de la bonne littérature, a-t-elle toujours existé en France?

Pour résoudre cette question, il a fallu rechercher quels furent les auteurs qui composaient précédemment nos Bibliothèques; et comme il n'existe qu'un petit nombre de catalogues de celles du moyen âge, je n'ai pu suppléer à ce défaut qu'à par les écrivains

l'aide des citations faites

de cette longue période.

Après avoir succinctement rappelé les Bibliothèques de l'antiquité, et successivement indiqué ce que pouvaient être celles qui ont existé, jusqu'aux temps de Cassiodore et d'Isidore de Séville, je me

suis attaché à suivre par degré, depuis le IX siècle jusqu'au XIII, l'apparition de chaque auteur classique dont il n'avait pas été fait mention auparavant; de Vitruve, par exemple, qui n'a pas été cité avant le XIIIe siècle ; de Strabon et de Pausanias, dont il n'avait été fait aucune mention avant le XV.

Voilà l'occasion, l'ordre et le but de mes Recherches. J'ai cru devoir en avertir, afin de les faire distinguer de quelques ouvrages connus sous un titre à peu près semblable, tel que le Traité des Bibliothèques, par le P. Jacob, et autres du même genre.

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