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de la gentilité ne peut être comparée à celle des philosophes chrétiens du même temps,

Ce sera donc faire connaître, autant qu'il se peut, les bibliothèques de ces chrétiens, que de nommer les auteurs dont ils n'employaient continuellement les témoignages que parce que, sans doute, ils en avaient les écrits continuellement à leur disposition; et l'on croira pouvoir tirer dans la suite une semblable conséquence d'une supposition partout ailleurs aussi naturelle.

Toutes les sources des sciences n'étaient pas alors concentrées dans les bibliothèques d'Alexandrie, d'Athènes et de Rome. La lecture des ouvrages de saint Justin martyr nous apprend en quel genre de livres la sienne consistait, lorsqu'entre les quarante auteurs profanes qu'il cite, on distingue Homère (1) et Hésiode (2) parmi les

(1) Justin. Ad Græcos cohort. p. 26 et passim.
(2) Idem, Aristotel, dogmat. evers. p. 131 et passim.

poëtes épiques; Eschyle (1), Sophocle (2), Euripide (3), Ménandre (4), parmi les dramatiques; Pindare (5), parmi les lyriques ; et parmi les historiens, Hellanicus (6), Philochore (7), Polémon (8), Castor et Thallus (9), Alexandre Polyhistor (10), Xénophon (11) enfin, le seul de ces sept historiens que nous ayons conservé.

Quant aux philosophes, Justin, philosophe lui-même, les cite tous; et la connaissance qu'il montre avoir eue des auteurs anciens était si considérable, que la bibliothèque d'Athénagore n'ajoute guère à l'énumération précédente, que les poésies d'Aleman (12), de Callimaque (13), les histoires d'Hérodote(14) et de Ctésias (15).

Théophile, évêque d'Antioche, possédait

(2) Ibid. et

(4) Ibid. p. 108 et

(1) Justin. De monarchia Dei, p. 104. passim. (3) Ibid. p. 106 et pass. pass.-(5) Ad Græcos cohort. p. 25.

(7) Ibid. —(8) Ibid. p. 9. (9) Ibid.

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·(6) Ibid. p. 10. —

P. 10, (10) Ibid.

(11) Ibid. p. 49. (12) Athenagoræ Legat. pro Christ.

P. 14.

(13) Ibid. p. 34.

(15) Ibid. p. 33.

(14) Ibid. p. 31.

sans doute, avec l'histoire écrite par Satyrus (1), dont il nous a conservé un fragment très-étendu, les autres poëtes qu'il réunit à ceux dont les deux chrétiens précédens ont rapporté les témoignages; ce qui résulte des citations qu'il tirait d'Archiloque (2), de Chrysippe (3), d'Aratus (4), d'Aristophane (5) et de Philémon, poëtes comiques. Aux historiens déjà nommés, Théophile joignait Thucydide (6), Apollonius l'Egyptien (7), Manethon (8) et Ménandre d'Ephèse (9), dont il nous a aussi conservé des fragmens.

Tatien possédait sans doute, avec les précédens qu'il cite pour la plupart, les ouvrages de Métrodore (10), Théagène, Stesimbrote, Antimaque, Denys d'Olynthe, Ephore, Mégaclide, Zénodote, Cratès, Eratosthène, Aristarque, Apollodore (11).

Un autre philosophe, chrétien, Pantænus,

(1) Theophil. Ad Autolycum, p. 85. - (2) Ibid. (3) Ibid. p. 122. (4) Ibid. p. 86.

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(5) Ibid.

(6) Ibid. p. 136. (7) Ibid. p. 127.

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P. 132. (10) Taliani

(11) Ibid. p. 166.

prédécesseur de Clément et d'Origène dans la direction des écoles d'Alexandrie, pour enrichir les bibliothèques d'Asie d'un apographe bien important, avait eu soin de rapporter de l'Inde un Evangile de saint Mathieu que saint Barthélemy avait copié de sa propre main (1); et c'est encore d'Orient que Méliton, évêque de Sarde, et précepteur de l'empereur Antonin, avait rapporté des livres du nouveau Testament, dont le manuscrit présentait aussi sans doute quelque chose de particulier.

1

AU IIIe SIECLE, quelle que fût la variété des livres que les chrétiens précédens consultaient en Syrie et en Judée, si l'on excepte Athénée, qui cite plus de neuf cents auteurs, aucun savant du même temps n'avait fait continuellement usage d'un aussi grand nombre de livres que Clément d'Alexandrie, disciple de Pantænus, et qui citait six cents auteurs, quand Strabon n'en avait nommé que deux cent vingt-un, et Plutarque même que cinq

(1) Euseb. Hist. eccles. lib. V, p. 9 et 10.

cent neuf, quelque nombreuses qu'aient été les matières que cet ancien polygraphe a

traitées.

Au même siècle, l'église de Jérusalem fut fondée avec l'adjonction d'une bibliothèque (1); et aucune église ne s'établit dès-lors, sans être pourvue de même de la collection des livres jugés nécessaires à l'instruction. Aussi, dès qu'il s'élevait quelque persécution, le premier soin de ceux qui l'avaient excitée était de se saisir des livres chrétiens, et de les brûler publiquement (2). Ces collections néanmoins se propagèrent, et elles s'accrurent successivement par la transcription assidue des recueils de pièces fondamentales qui concernaient la doctrine et l'histoire ecclésiastique.

Les évêques payaient, pour cet objet, des garde-notes, des copistes, parmi lesquels on comptait nombre de jeunes vierges (3): il paraît que cet usage remontait au siècle précédent, car, sans doute, c'était pour

(1) Euseb. Hist. eccl. lib. VI, cap. XXI. (2) Ibid. lib. VIII, cap. II. - (3) Ibid. lib. VI, cap. XXII.

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