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Angleterre, etc., entrepris sous les ministères des Colbert, Louvois, Fleury, Maurepas, d'Argenson, Choiseul, noms à jamais précieux aux lettres, et bien dignes d'être célébrés dans les ouvrages de ceux qu'ils honorèrent d'une si éclatante faveur.

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§ II. Ordre des médailles.

Cette immense collection est divisée en deux classes principales l'antique et la moderne. La première comprend plusieurs suites particulières, telles que celle des rois, des villes grecques, des familles romaines, des empereurs ; quelques-unes de ces suites se subdivisent encore en d'autres suites, selon le diamètre des médailles ou le métal dont elles sont formées ; c'est ainsi que des médailles des empereurs on a formé deux suites de médaillons et de médailles en or, deux autres de médaillons et de médailles en argent, une cinquième de médaillons en bronze ordinaire, une sixième de médailles de grand bronze, une septième de celles de moyen bronze, une huitième enfin de médailles de petit bronze. La moderne est distribuée en trois classes : l'une contient les médailles frappées dans les différens États de l'Europe, l'autre les monnaies qui ont cours dans presque tous les pays du monde, et la troisième les jetons. Chacune de ces suites, soit dans la moderne, soit dans l'antique, par la conservation, le nombre et la rareté des médailles, monnaies, etc., qu'elles contiennent, for

ment, par leur réunion, un dépôt inappréciable, digne de la magnificence des monarques français et de la curiosité des amateurs. C'est dans ce précieux trésor, ouvert à tous les savans de l'Europe, que les Vaillant, les Morel, les Spanheim, et presque tous ceux qui ont travaillé sur les médailles, ont puisé la plus grande partie des connaissances répandues dans leurs ouvrages.

S III.

Objets curieux conservés dans le cabinet des médailles.

Un grand bureau, magnifiquement orné et entouré de fauteuils, occupe le milieu du cabinet des médailles; c'est dans les tiroirs de ce bureau que se conservent les précieux restes du tombeau de Childéric, père de Clovis, découvert à Tournay en 1653, par des ouvriers qui travaillaient à la réparation de l'église de Saint-Brice, au-delà de l'Escaut; cet endroit, lors de la mort du roi, c'est-à-dire l'an 481, n'était pas encore renfermé dans l'enceinte de cette ville; il fut inhumé près d'un grand chemin, selon la coutume des Romains, qui était aussi celle des barbares.

A peine avait-on creusé sept pieds en terre, que l'on trouva premièrement une boucle, ensuite on découvrit un trou dans lequel était environ cent médailles d'or; l'ouvrier qui fit cette découverte, quoique sourd et muet de naissance, fit de si grands

cris, que plusieurs personnes accoururent aussitôt pour connaître la cause de ses exclamations extraordinaires. Outre ces cent médailles d'or qui étaient des premiers empereurs romains, l'on trouva environ 200 médailles d'argent, également des premiers empereurs; quatre étaient percées, et toutes tellement rouillées qu'à peine pouvait-on en déchiffrer les caractères; on découvrit ensuite un squelette dont la dimension prouvait qu'il avait jadis appartenu à une personne de grande taille; tout auprès était un crâne qui paraissait être celui d'un jeune homme; enfin, après avoir encore fouillé, on trouva une épée dont l'acier se réduisit en poudre aussitôt qu'il prit l'air le pommeau avec la garniture du fourreau qui était d'or, n'avait point été endommagé; on y découvrit aussi une hache ou francisque, un javelot, un graphium avec son stilet et des tablettes, le tout garni d'or: des agrafes et des attaches pareillement d'or; des filamens aussi d'or qui étaient des restes de vêtemens la figure en or d'une tête de bœuf, avec quantité d'abeilles ou mouches, toutes d'or et émaillées, au nombre de plus de 300, et enfin un globe de cristal.

Tout le monde fut convaincu que ce tombeau était celui de quelque personnage important, mais jusque-là on ne voyait encore aucun indice qui pût faire reconnaître en l'honneur de qui il avait été érigé ; enfin, on trouva un anneau de l'or le plus pur, qui ne put laisser aucun doute; l'inscription qu'il portait prouvait que

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́c'était celui du roi Childéric. Cet anneau représente un prince assez jeune, sans barbe, avec des cheveux flottans sur les épaules et un javelot en main, marque de la puissance royale, avec cette inscription autour de l'anneau : Childerici regis.

Comme l'on trouva aussi au même endroit un fer de cheval avec des restes de housse, des boucles et des attaches d'or, on ne douta pas que le crâne qui était auprès du squelette du roi ne fût de celui qui avait soin de son cheval; la figure en or de la tête de bœuf était vraisemblablement celle d'Apis adoré par les Égyptiens, et que ce prince qui était idolâtre adorait aussi. Les abeilles d'or étaient sans doute son symbole, etc.

Cette riche dépouille fut donnée à l'archiduc Léopold-Guillaume d'Autriche, qui était alors gouverneur des Pays-Bas ; et, après sa mort, Jean-Philippe de Schonborn, électeur de Mayence, l'obtint de l'empereur par le moyen de son confesseur. Comme cet électeur avait de très-grandes obligations au roi, il crut qu'il ne pouvait mieux témoigner sa reconnaissance à Sa Majesté qu'en lui faisant présent de ces précieux restes du tombeau d'un de ses prédécesseurs. Il les fit présenter à Louis XIV par le sieur Dufresne qu'il envoya exprès l'an 1665. On les mit d'abord dans le cabinet des médailles qui était encore au Louvre, mais on les en retira bientôt pour les placer à la bibliothèque du roi. Cependant le cabinet des médailles ayant été bientôt après placé à côté de la bi

bliothèque, on remit ces précieux restes dans le dépôt d'où on les avait tirés '.

Vase trouvé à Rennes.-Vase d'une seule dent d'éléphant.

On conserve encore dans divers tiroirs plusieurs chaînes d'or, une agrafe antique du même métal, et quelques autres raretés, toutes très-précieuses, parmi lesquelles on remarque un vase en forme de soucoupe, trouvé à Rennes en 1774, dans des fouilles que l'on faisait pour la reconstruction d'une maison du chapitre de la cathédrale. Il est d'or, à double fond, et orné d'une quarantaine de médailles impériales avec des revers très rares et à fleur de coin; ce beau vase est aussi enrichi de deux bas-reliefs dont l'un représente le repos d'Hercule, et l'autre une Bacchanale. Le travail, la matière, la conservation et l'antiquité de ce vase le mettent au rang des monumens les plus précieux. Lorsqu'on le découvrit, il renfermait encore une centaine de médailles très-curieuses et très-bien conservées, parmi lesquelles il y en avait quelques-unes d'uniques : ces médailles ont été insérées dans la belle collection de ce cabinet.

On y remarque encore un vase en forme de calice, fait d'une seule dent d'éléphant montée et doublée en vermeil, enrichi de pierres de diverses couleurs ; ce vase porte avec son couvercle de vermeil dix-huit

Voyez Mém. de l'acad. des Inscriptions, tome II, pag. 637,

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