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la loi que Dieu lui-même nous a donnée. Les interprètes ne sont pas d'accord si ce volume sacré fut déposé dans l'arche avec les tables de pierre.

Quoi qu'il en soit, Josué écrivit aussi un livre qu'il ajouta ensuite à ceux de Moïse1; et tous les prophètes firent à cet exemple des copies de leurs discours et de leurs exhortations, comme on peut le voir au chapitre xv de Jérémie, et dans plusieurs autres endroits de l'Écriture sainte. Ces discours et ces exhortations furent conservés dans le temple pour l'instruction de la postérité.

Tous ces ouvrages composaient une bibliothèque plus précieuse par les préceptes sacrés contenus dans ces livres dictés de la bouche d'un dieu même, que par le nombre des volumes qu'elle renfermait.

Voilà tout ce qu'on sait de la bibliothèque sacrée qu'on gardait dans le temple; mais il faut remarquer qu'après le retour des Juifs de la captivité de Babylone, Néhémie rassembla en forme de bibliothèque les livres de Moïse et ceux des rois et des prophètes. Il fut aidé dans cette entreprise par Esdras qui, au sentiment de quelques-uns, rétablit le Pentateuque et toutes les anciennes écritures saintes qui avaient été dispersées, lorsque les Babyloniens prirent Jérusalem, et brûlèrent le temple avec la bibliothèque qui y était renfermée; mais c'est sur quoi les savans ne sont pas d'accord. L'obscurité répandue sur tous ces siècles

'Josué, XIV.

reculés rend en effet ce point très-difficile à décider.

Quelques auteurs prétendent que cette bibliothèque, dont la plus grande partie avait été brûlée par Antiochus, fut de nouveau rétablie par Judas Machabée'. Quand même on conviendrait qu'elle eût subsisté jusqu'à la destruction du second temple, on ne saurait cependant déterminer le lieu où elle était déposée; mais il est probable qu'elle eut le même sort que la ville. Car, quoique Rabbi Benjamin affirme que le tombeau du prophète Ézéchiel avec la bibliothèque du premier et du second temple se voyaient encore de son temps dans un lieu situé sur les bords de l'Euphrate, cependant Manassès de Groningue et plusieurs autres personnes, dont on ne saurait révoquer en doute le témoignage et qui ont fait exprès le voyage de la Mésopotamie, assurent qu'il ne reste aucun vestige de ce que prétend avoir vu Rabbi Benjamin, et que, dans tout le pays, il n'y avait ni tombeau ni bibliothèque hébraïque.

Outre la grande bibliothèque qui était conservée religieusement dans le temple, il y en avait encore une dans chaque synagogue. Les auteurs conviennent presque unanimement que l'académie de Jérusalem était composée de quatre cent cinquante synagogues ou colléges, dont chacune avait sa bibliothèque où

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l'on allait publiquement lire les Ecritures saintes. Après ces bibliothèques publiques, qui étaient dans le temple et dans les synagogues, il y avait encore des bibliothèques sacrées particulières. Chaque Juif en avait une, puisqu'ils étaient tous obligés d'avoir les livres qui regardaient leur religion, et même de transcrire, chacun de sa propre main, une copie de la loi.

On voyait encore des bibliothèques dans les célèbres universités ou écoles des Juifs ; ils avaient aussi quelques villes fameuses par les sciences qu'on y cultivait, entre autres, celle que Josué nomme la ville des lettres, et qu'on croit avoir été Cariathsepher, située sur les confins de la tribu de Juda. Dans la suite, celle de Tibériade ne fut pas moins fameuse par son école, et il est probable que ces sortes d'académies n'étaient point dépourvues de bibliothèques.

Depuis l'entière dispersion des Juifs à la ruine de Jérusalem et du temple par Tite, leurs docteurs particuliers ou Rabbins ont écrit prodigieusement, et comme l'on sait, un amas de rêveries et de contes ridicules; mais dans les pays où ils sont tolérés et où ils ont des synagogues, on ne voit point dans ces lieux d'assemblées d'autres livres que ceux de la loi : le Thalmud et les Paraphrases, non plus que les recueils de traditions rabbiniques, ne forment point de corps de bibliothèque.

SII. Bibliothèques des Chaldéens, Phéniciens et Égyptiens.

Les Chaldéens et les Égyptiens, étant les plus proches voisins de la Judée, furent probablement les premiers les Juifs instruisirent dans leurs sciences; que à ceux-là, nous joindrons les Phéniciens et les Arabes.

Il est certain que les sciences furent portées à une grande perfection par toutes ces nations, et surtout par les Égyptiens, que quelques auteurs regardent comme la nation la plus savante du monde, tant dans la théologie païenne que dans la physique.

Il est donc probable que leur grand amour pour les lettres avait produit de savans ouvrages et de nombreuses collections de livres.

Les auteurs ne parlent point des bibliothèques de la Chaldée; tout ce qu'on en peut dire, c'est qu'il y avait dans ce pays des savans en plusieurs genres, et surtout dans l'astronomie, comme il paraît par une suite d'observations astronomiques de 1900 ans, que Callisthènes envoya à Aristote après la prise de Babylone par Alexandre.

Eusèbe' dit que les Phéniciens étaient très-curieux de collections de livres, mais que les bibliothèques les plus nombreuses et les mieux choisies étaient celles des Égyptiens, qui surpassaient toutes les autres nations par les richesses de leurs bibliothèques aussi bien que par celles de leurs connaissances étendues.

De præparatione evangelicâ.

Selon Diodore de Sicile, le premier qui fonda une bibliothèque en Égypte, fut Osymandyas, successeur de Protée, et contemporain de Priam roi de Troie. Pierius dit que ce prince aimait tant l'étude, qu'il fit construire une bibliothèque magnifique, ornée des statues de tous les dieux de l'Égypte, et sur le frontispice de laquelle il fit écrire ces mots : Le Trésor des remèdes de l'âme; mais ni Diodore de Sicile ni les autres historiens ne disent rien du nombre de volumes qu'elle contenait. Autant qu'on en peut juger, elle ne pouvait pas être fort nombreuse vu le peu de livres qui existaient alors, et qui tous étaient écrits par les prêtres; car pour ceux de leurs deux Mercures ou Hermès, qu'on regardait comme des ouvrages divins, on ne les connaît que de nom; et ceux de Manethon sont bien postérieurs au temps dont nous parlons.

Il y avait une très-belle bibliothèque à Memphis (aujourd'hui le Grand-Caire), qui était déposée dans le temple de Vulcain; c'est de cette bibliothèque dont parle.Naucratès lorsqu'il accuse Homère d'avoir volé l'Iliade et l'Odyssée, et de les avoir ensuite données comme son propre ouvrage.

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Mais la plus grande et la plus magnifique bibliothèque de l'Égypte, et peut-être du monde entier, était celle des Ptolémées à Alexandrie. Elle fut commencée par Ptolémée-Soter, et composée par les soins

'Littérateur et poète, mort en 1558.

⚫ Commentaires sur les lettres des Égyptiens.

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