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noeuvroient bien. Mais comme on

1708. pouvoit efpérer qu'ils feroient des fautes, & que la science militaire jointe au courage furmonteroit les difficultés, on réfolut à Verfailles de cominencer la campagne par ce fiége. Tandis que le duc d'Orléans le feroit, le duc de Noailles devoit faire une diverfion dans les montagnes, pour s'ouvrir enfuite la communication avec fon armée & tenter d'autres entreprises. Le duc Le prince étoit allé en France : Orléans il hâta fon retour à Madrid, & il fait rappe-arriva le 11 mars. Berwick qui lui

ler Ber

vick

déplaifoit, qui dès-lors ne pouvoit plus fervir fous lui utilement, fut rappelé, non fans regret de la part du roi d'Espagne: le comte de Bezons le remplaça, & l'on devoit fe repentir un jour de ce choix. Les préparatifs furent lents à l'ordinaire, malgré toute l'activité du duc d'Orléans, moins encore du côté d'Efpagne que de celui de la France, d'où il attendoit de l'argent & du canon, Louis XIV venoit d'échouer dans un projet hardi, qu'il avoit formé contre l'Ecoffe en faveur du prétendant: la deicente n'avoit pu s'exé euter, & cette nouvelle dépenfe per

due ajoutoit de nouvelles difficultés aux afaires.

à Tortofe

1708. Enfin les troupes fe mirent en On marche mouvement les premiers jours de malgré de mai. On avoit conftruit des ponts grands pour le paffage des rivières : le dé-obftacles. bordement les rompit; on fut contraint d'aller chercher les ponts de Fraga & de Lérida, pour paffer la Cinca & l'Ebre. On attendoit du Languedoc un convoi de vivres compofé de plus de cent tartanes: une efcadre angloife en faifit ou diffipa la plus grande partie: il fallut attendre encore pour y fuppléer. Heureusement les ennemis, foit par incapacité ou par foibleffe, ne profitèrent pas des avantages que la fituation des lieux leur procuroit. Le chevalier d'Asfeld joignit l'armée avec les troupes qu'il commandoit en Valence. Un détachement furprit dans les défilé des montagnes ceux qui les gardoient, tua quatre à cinq cents hommes, en fit prifonnier un plus grand nombre.

Prife de

cette pla

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Tortofe fut inveftie le 12 juin, & demanda le 11 juillet à capituler.C La garnifon fortit le 15 avec les honneurs de la guerre; mais la défer

tion y fut fi confidérable, que d'en 1708. viron trois mille fept cents hommes, qu'il y avoit au commencement du fiége, il n'en refta pas douze cents à l'ennemi.

& généro

Courage Cette conquête fut en grande parfité du ductie le fruit de la valeur & la généd'Orléans. rofité du duc d'Orléans. Il venoit

Noailles en Catalo

gne.

tous les matius donner les ordres dans une tente, à la queue de la tranchée Ses bienfaits comme fa préfence excitoient l'ardeur du foldat. Loin de vouloir s'approprier la gloire d'autrui, il écrivit au roi qu'il ne pouvoit rendre trop bon témoignage de tous les officiers, & que fans les foins & le courage du comte de Bezons, il n'auroit pu venir à bout d'une chofe fi difficile dans un pays fi ingrat.

Le duc de Noailles fit plus de fon côté qu'il ne fembloit en état de faire. i ne trouva dans fa province de Rouffillon ni les vivres ni l'argent qu'on avoit promis: les chofes les plus néceffaires manquoient aux troupes, & i annonça que tout étoit à craindre pour l'avenir l'on ne remédioit promptement au mal. Après des retardemens forcés

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à l'ennemi.

dont il gémiffoit, il entra le 8 mai en Lampourdan, pour faire une di- 1708. verfion & fubfifter aux dépens de la Catalogne. Il alla camper jufqu'aux II impofe bords du Ter, à une lieue de Girone. Les ennemis étoient retranchés de l'autre côté de la rivière, dans un pofte inattaquable. Il refta dix-huit jours en leur préfence; il s'avança même pour les cannoner, & foutint toujours un air de fupériorité qui les empêchoit de rien entreprendre.

Il reçoit

de

de fes trou

Après cette diverfion utile,il comp-ordre toit paffer en Cerdagne, dès que le renvoyer duc d'Orléans marcheroit dans la une partie plaine d'Urgel, comme on en étoit pes convenu, pour fe joindre à lui & faire enfemble le fiége de Cardone. Mais il reçut le 23 juin un ordre d'envoyer fx bataillons, & trois régimens de Dragons de fa petite armée, au maréchal de Villars, qui commandoit en Provence. Tandis que les ennemis faifoient paffer d'Italie des troupes en Catalogne, il paroiffoit fort étrange qu'on en tirât de Catalogne pour les faire paffer du côté de l'Italie. C'eft ce qu'il obferve dans une lettre au duc d'Orléans. Avec fix bataillons & dix ef-il en avoit.

Befoin qu'

26 jain.

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cadrons qui lui reftoient, fe voyant 1708. réduit à défendre la frontière, ayant Lettre du à garder onze places, une citadelle & cinq châteaux; il fentit l'impoffibilité abfolue d'exécuter les projets pour lefquels il avoit tout préparé. Il propofe au duc d'Orléans de demander à la cour un contre ordre, dans l'idée que Villars n'aH ne veut voit pas befoin de ce renfort. Après que le plus grand bien cela, dit-il, quelque bonté que vous ayez pour moi, ne fongez » s'il vous plaît qu'au bien des af

public.

Confiance que lui

marque

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faires & de la chofe publique..... > Rien n'eft plus important pour > ouvrir une communication avec > l'armée de V. A. R. que de me » mettre en état de pouvoir aller » au-devant d'elle. Si je puis y par

venir, & avoir la fatisfaction de > fervir fous fes yeux & à fes ordres, > peut être ferai-je affez heureux de > trouver quelque occafion de lui plaire, & de mériter des bontés dont elle m'honore depuis fi long» tems".

Avant de recevoir ces nouvelles le duc d'Orléans lui avoit envoyé Louis XIV. des ordres, conformes aux projets concertés pendant l'hiver. Sa fitua

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