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ÉDITION STÉRÉOTYPE,
D'après le procédé de Firmin DinoT.

'A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ET DE LA FONDERIE STÉRÉOTYPES
DE PIERRE DIDOT L'AÎNÉ, ET DE FIRMIN DIDOT,

1815.

m

HARVARD

COLLEGE

1941 LIBRARY Balint 18.

Усиблико

IDÉE DE LA HENRIADE.

LE E sujet de la Henriade est le siege de Paris, commencé par Henri de Valois et Henri le grand, achevé par ce dernier seul.

Le lieu de la scene ne s'étend pas plus loin que de Paris à Ivry, où se donna cette fameuse bataille qui décida du sort de la France et de la maison royale.

Le poëme est fondé sur une histoire connue, dont on a conservé la vérité dans les évènements principaux. Les autres, moins respectables, ont été ou retranchés, ou arrangés suivant la vraisemblance qu'exige un poëme. On a tâché d'éviter en cela le défaut de Lucain, qui ne fit qu'une gazette ampoulée; et on a pour garant ces vers de M. Despréaux déja cités. (1)

On n'a fait même que ce qui se pratique dans toutes les tragédies, où les évènements sont pliés aux regles du théâtre.

Au reste ce poëme n'est pas plus historique qu'ate cun autre. Le Camouens, qui est le Virgile des l'ortugais, a célébré un événement dont il avait été témoin lui-même. Le Tasse a chanté une croisade connue de tout le monde, et n'en a guis ni l'hermite Pierre ni les processions. Virgile n'a construit la fable de son Eneide que des fables reçues de son temps, et qui passaient pour l'histoire véritable de la descente d'Enée en Italie.

Homere, contemporain d'Hésiode, et qui par conséquent vivait environ cent ans après la prise de Troie, pouvait aisément avoir vu, dans sa jeunesse, des vieillards qui avaient connu les héros de cette

(1) Voyez les notes du sixieme chant.

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guerre. Ce qui doit même plaire davantage dans Homere, c'est que le fond de son ouvrage n'est point un roman, que les caracteres ne sont point de son imagination, qu'il a peint les hommes tels qu'ils étaient, avec leurs bonnes et mauvaises qualités, et que son livre est un monument des mœurs de ces temps reculés.

La Henriade est composée de deux parties; d'évenements réels dont on vient de rendre compte, et de fictions. Ces fictions sont toutes puisées dans le systême du merveilleux, telles que la prédiction de la conversion de HENRI IV, la protection que lui donne S. Louis, son apparition, le feu du ciel détruisant ces opérations magiques qui étaient alors si communes, etc. Les autres sont purement allégoriques : de ce nombre sont le voyage de la Discordé à Rome, la Politique, le Fanatisme, personnifiés, le temple de l'amour, enfin les passions et les vices

Prenant un corps, une ame, un esprit, un visage.

Que si l'on a donné dans quelques endroits à ces passions personnifiées les mêmes attributs que leur donnaient les païens, c'est que ces attributs allégoriques sont trop connus pour être changés. L'Amonr a des fleches, la Justice a une balance dans nos onvrages les plus chrétiens, dans nos tableaux, dans nos tapisseries, sans que ces représentations aient la moindre teinture de paganisme. Le mot d'Amphitritre dans notre poésie ne signifie que la mer, et non l'épouse de Neptune; les champs de Mars ne veulent dire que la guerre, etc. S'il est quelqu'un d'un avis contraire, il faut le renvoyer encore à ce grand maître M. Despréaux, qui dit:

C'est d'un scrupule vain s'alarmer sottement,
Et vouloir au lecteur plaire sans agrément.

Bientôt ils défendront de peindre la Prudence,
De donner à Thémis ni bandeau ni balance,
De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain,
Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main;
Et par tout, des discours, comme une idolâtrie,
Dans leur faux zele iront chasser l'allégorie.

Ayant rendu compte de ce que contient cet ouvrage, on croit devoir dire un mot de l'esprit dans lequel il a été composé. On n'a voulu ni flatter ni médire. Ceux qui trouveront ici les mauvaises actions de leurs ancêtres n'ont qu'à les réparer par leur vertu. Ceux dont les aïeux y sont nommés avec éloge ne doivent aucune reconnaissance à l'auteur, qui n'a eu en vue que la vérité; et le seul usage qu'ils doivent faire de ces louanges, c'est d'en mériter de pareilles.

Si l'on a dans cette nouvelle édition retranché quelques vers qui contenaient des vérités dures contre les papes qui ont autrefois déshonoré le saintsiege par leurs crimes, ce n'est pas qu'on fasse à la cour de Rome l'affront de penser qu'elle veuille rendre respectable la mémoire de ces mauvais pontifes. Les Français qui condamnent les méchancetés de Louis XI et de Catherine de Médicis, peuvent parler sans doute avec horreur d'Alexandre VI. Mais l'auteur a élagué ce morceau, uniquement parcequ'il était trop long, et qu'il y avait des vers dont il n'était pas content.

C'est dans cette seule vue qu'il a mis beaucoup de noms à la place de ceux qui se trouvent dans les premieres éditions, selon qu'il les a trouvés plus convenables à son sujet, ou que les noms mêmes lui ont paru plus sonores. La seule politique dans un poë me doit être de faire de bons vers. Ou a retranché

la mort d'un jeune Boufflers, qu'on supposait tué par HENRI IV, parceque dans cette circonstance la

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