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ner la raison de leur multiplicité dans quelques localités, il supposa que ces appendices se détachaient successivement chaque année du Mollusque qui les formait.

Bruguières fut le premier qui, en se fondant sur une connaissance approfondie des rapports, s'efforça de déterminer la nature de l'animal qui donna naissance aux coquilles qui nous occupent; selon lui, il ne devait ressembler à aucun de ceux qui animent actuellement la création, et les Nummulites étaient situées à son intérieur, ou étaient demi-intérieures. Cette opinion est encore celle de la plupart des naturalistes de notre époque. M. de Roissy émit, il y a peu d'années, que le Mollusque qui produisit ces fossiles était semblable aux Sèches, et qu'ils résidaient à son intérieur sans lui adhérer fortement, puisque l'on ne rencontre sur eux aucun indice d'attache musculaire.

La Nummulite lisse est une des plus communes que l'on connaisse ; on la découvre fréquemment en France; elle se distingue des autres espèces en ce qu'elle est très-peu convexe; son diamètre varie depuis celui d'une lentille jusqu'à celui d'une pièce de quinze sous.

FAMILLE DES AGÁTHISTÈGUES.

Coquille à loges pelotonnées de diverses manières sur un axe

commun.

MILIOLES. Miliola. Coquille globuleuse ou alongée, à loges transversales entourant l'axe; ouverture très - petite, orbiculaire ou oblongue, située à la base du dernier tour.

On connaît de ces Mollusques à l'état vivant, et l'on rencontre de prodigieux dépôts de leurs coquilles fossiles dans les terrains secondaires et dans toutes les formations tertiaires. Les Milioles sont à peu près de la grosseur d'un grain de millet et souvent plus petites. Cependant par leur agglomération elles constituent parfois des couches extrêmement puissantes dans le sein de la terre, et elles composent même des masses calcaires énormes que l'on exploite pour les constructions. La plupart des pierres dont Paris est bâti sont formées de ce calcaire, et l'on peut dire sans exagération qu'une grande partie de cette capitale est construite avec ces coquilles microscopiques.

D'après ceci on voit que Lamarck a eu raison d'avancer que les Milioles doivent être rangées parmi les espèces les plus intéressantes à considérer, à cause de leur multiplicité dans la nature et de l'influence qu'elles ont sur l'état et la grandeur des masses calcaires qui existent à la surface du globe. « Leur petitesse, dit-il, rend ces corps méprisables à nos yeux, en sorte qu'à peine daignons-nous les examiner ; mais on cessera de penser ainsi, lorsque l'on considérera que c'est avec les plus petits objets que la nature produit partout les phénomènes les plus imposants et les plus remarquables. Or c'est encore ici un de ces exem

ples nombreux qui attestent que, dans la production des corps vivants, tout ce que la nature semble perdre du côté du volume, elle le regagne amplement par le nombre des individus, qu'elle multiplie à l'infini et avec une promptitude admirable. Aussi les dépouilles de ces très-petits corps vivants du règne animal influent-elles bien plus sur l'état des masses qui composent la surface de notre globe. que celles des grands animaux, comme les Éléphants, les Hippopotames, les Baleines, les Cachalots, etc., qui, quoique constituant des masses bien plus considérables, sont infiniment moins multipliés dans la nature. »

La Miliole des pierres forme un banc de pierres calcaires fort important à Montrouge; elle est si petite que M. de France dit en avoir renfermé quatre-vingt-seize dans une case d'une ligne cube d'étendue. Le calcaire grossier dans la formation duquel entre cette coquille est appelé calcaire à miliolites.

FAMILLE DES ENTOMOSTÈGUES.

Coquille à loges divisées en plusieurs cavités et formant une spirale.

XVIII. CLASSE DES CEPHALIDIENS. :

Animaux pairs, sans traces d'articulations ni de membres, et recouverts par une peau molle et contractile. Tête souvent assez peu distincte. Corps ordinairement protégé par une coquille univalve.

Géologie.-On ne commence guère à découvrir des Céphalidiens fossiles que parmi les terrains secondaires; dans les plus anciennes formations de ceux-ci, il ne s'en trouve même qu'un nombre fort minime; mais ils deviennent de plus en plus abondants à mesure qu'on s'élève : cependant on n'en découvre encore que peu de genres différents dans les terrains jurassiques 1.

Au contraire, les Mollusques céphalidiens paraissent avoir été extrêmement multipliés à l'époque à laquelle se sont déposés les terrains tertiaires; et dans quelques-uns de ceux-ci, on en découvre une prodigieuse abondance. Certaines localités en offrent parfois cinq à six cents espèces de genres très-variés, qui se trouvent disséminées sur un espace fort restreint. Malgré l'immense nombre d'années qui nous sépare probablement de l'époque à laquelle ces coquilles ont vécu, cependant on en retrouve parfois qui sont dans un état parfait de conservation; elles ont tout leur poli, toutes leurs arêtes, et l'on en observe même qui offrent encore quelques vestiges de leur ancienne coloration. Une chose non moins remarquable à noter, c'est que, d'après plusieurs naturalistes, quelques-unes des coquilles que l'on rencontre dans les dernières formations ont encore leurs analogues vivantes dans les mers actuelles; de France et M. Deshayes l'avancent pour plusieurs de celles qui se trouvent en France; Sowerby, pour différentes espèces de l'Angleterre, et Brocchi, pour un certain nombre de celles de l'Italie septentrionale.

Géographie. On trouve des Céphalidiens dans tous les milieux; presque tous vivent dans la mer ou parmi les eaux douces; il en est cependant aussi un grand nombre qui résident à la surface du sol et séjournent dans l'air atmosphérique 3; quelques-uns même, mais en très-petite quantité, se rencontrent dans la terre. Il existe de ces Mollusques sous toutes les latitudes et sous tous les climats, et quelques espèces ne semblent se complaire que dans les mers hyperboréennes et jusque sur les rivages du Spitzberg 5. Cependant on remarque qu'à mesure que l'on s'avance vers les zones équatoriales, les

Ptérocères, Rostellaires, Turbos, 3 Hélices, Limaces.

Mélanies, Patelles, Nérinées.

2 Nérites.

4 Testacelles.

5 Fuseau glacial, Clio boréal.

êtres de cette classe deviennent beaucoup plus abondants, offrent un plus grand développement et une plus vive coloration; quelques-uns de ces animaux résistent même à la température de certaines eaux thermales, qui s'élèvent à 40° Réaumur 1. Presque tous les Céphalidiens marins vivent près des rivages et restent parmi les rochers qui les bordent; ce sont ceux-ci que l'on appelle espèces littorales; mais il en est aussi un certain nombre que l'on ne rencontre qu'en haute mer, et › que l'on désigne sous le nom de Mollusques pélagiens 2.

La géographie des Mollusques n'étant guère avancée, on ne peut ni apprécier leur nombre, ni avoir des documents positifs sur leur distribution dans les divers climats du globe. Certains ordres sont répandus dans toutes les régions de la terre3, mais parmi eux beaucoup de genres sont limités à quelques latitudes et ne vivent que sous les zones intertropicales. Quelques groupes, au contraire, paraissent plus abondants parmi les régions tempérées 5, et c'est là que les individus qui les composent acquièrent une plus forte taille.

Anatomie et physiologie. — Les Céphalidiens, ainsi que les autres Malacozoaires, ont pour caractère général de ne point offrir d'articulations à la surface de leur corps, mais la forme de celui-ci est extrêmement variable; souvent il est ovalaire, plan en dessous et convexe supérieurement; dans la plupart, il s'enroule plus ou moins, de manière à représenter un cône fort alongé, qui se contourne en spirale dans la coquille qu'il occupe en partie. Ce n'est que sur un fort petit nombre de ces Mollusques que l'on découvre des appendices locomoteurs, et ceux-ci ne sont formés que par des expansions cutanées et destinées à la natation.

Le manteau de ces Mollusques offre de nombreuses différences. Chez quelques-uns, il n'est formé que par le bord épaissi de la peau située autour du pédicule qui joint le pied à la masse viscérale, et représente une espèce d'anneau, que l'on appelle souvent collier 6; mais sur d'autres, cet organe s'étend en vastes lobes qui dépassent considérablement les bords de la coquille, et il en est même chez lesquels il peut se recourber sur celle-ci, et, en la dérobant totalement, imiter la disposition du vêtement dont il porte le nom 7.

Il est à remarquer que sur les espèces dépourvues de coquille, le manteau est fort épais dans toute son étendue, comme si la force qui lui est surajoutée se trouvait destinée à suppléer au test calcaire qui manque. Les bords de cet organe sont le plus souvent unis, et l'on observe fréquemment que sa région antérieure s'avance sur la tête du Mollusque comme une sorte de capuchon, ou qu'elle se prolonge en forme de gouttière ouverte inférieurement, quelquefois analogue à un tube, et par laquelle se fait l'introduction de l'eau dans la cavité bran

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chiale (Pl. 37, fig. 4), disposition qui existe principalement sur les Céphalidiens dont la coquille est munie d'un siphon 1. Sur un petit nombre d'animaux de cette classe, les bords du manteau sont lobés ou digités 2, ou bien ils offrent des espèces de franges ou de cirrhes tentaculaires 3.

Coquille.-Un des caractères les plus remarquables que l'on ren contre chez les Céphalidiens, c'est que leur corps est ordinairement protégé par un test calcaire dans l'intérieur duquel ils peuvent rentrer plus ou moins complétement, et que l'on connaît sous le nom de coquille. Celle-ci, qui doit être considérée comme une dépendance de la peau, et qui est sécrétée par cette membrane, est toujours formée de couches mucoso-calcaires, appliquées les unes au dedans des autres, et dans lesquelles la substance animale ou la matière terreuse domine plus ou moins. La structure des coquilles s'offre sous des apparences diverses; tantôt elles sont Feuilletées ou Fibreuses, et tantôt elles sont Vitreuses ou Cornées, ce qui dépend soit de la manière dont leurs éléments ont été déposés, soit de la predominance de l'un ou de l'autre.

La structure feuilletée semble évidemment dépendre de lamelles ou couches calcaires qui se sont superposées successivement. La disposition fibreuse, selon de Blainville, est due à ce que, en même temps que les molécules calcaires se déposent en formant une des lames composantes, elles se correspondent ou se placent au-dessus les unes des autres dans toutes celles qui constituent la coquille; de là résulte la structure fibreuse, dans laquelle le test se brise plus aisément dans la direction des fibres que dans celle des lames 4. Ces deux modes d'organisation s'observent principalement et d'une manière tranchée sur quelques groupes de la classe qui suit, tels que les Huîtres et les Jambonneaux les premières offrent des feuillets extrêmement apparents et les seconds des fibres fort évidentes.

La structure vitreuse semble due au dépôt d'une matière calcaire très-compacte, ne contenant que fort peu de parties muqueuses, et qui au lieu de s'être superposée par couches régulières, n'est formée que par des molécules extrêmement rapprochées. Cette disposition de la coquille lui est principalement donnée quand l'animal qui la forme a acquis un certain âge. Alors son derme semble moins apte à produire de la matière muqueuse, et il sécrète une plus abondante proportion de substance calcaire; celle-ci, chez beaucoup de Céphalidiens, reçoit même un beau poli par les frottements continuels que le manteau qui la dépose produit à sa surface 5.

La structure cornée semble due à une disposition physiologique toute différente de la dernière que nous venons de signaler, et elle paraît dépendre d'une prédominance de la matière muqueuse sur la substance

1

Siphostomes. 2 Phasianelles,

3 Haliotides.
4 Jambonneaux.

5 Cyprées.

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