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pelle autant l'attention des réformateurs que la classe des Insectes; ceux-ci s'étant plus particulièrement trouvés en la possession d'amateurs désireux d'innover, il en est résulté qu'ils en ont gaspillé la classification, parce qu'étrangers aux principes philosophiques qui doivent régner dans celle-ci, ils n'ont pas dédaigné de former des genres sur les caractères les plus insignifiants et les plus fugaces.

Des entomologistes ont parfois fondé leurs divisions sur des bases si incertaines, si douteuses, qu'en décrivant les mêmes genres dans des ouvrages divers, il leur est arrivé de donner aux organes des caractères tout à fait opposés ( les articles Harpale et Bembidion de Latreille, dans Cuvier et dans le dictionnaire de Déterville, l'attestent évidemment ). D'autres fois, ils n'ont étudié les parties de l'organisme que sur les grosses espèces, et sur la foi des formes des petites, cellesci ont été admises dans des coupes dont elles n'ont nullement le caractère. Parmi les nombreuses erreurs de ce genre que l'on pourrait citer, on peut mentionner les Gyrins, placés par Latreille dans une famille qu'il caractérise comme ayant quatre palpes maxillaires.

Cette manie des subdivisions est telle, que certains classificateurs ont démembré des groupes Linnéens et fait des genres, parce que quelques espèces différaient seulement par les mâles, tandis que les femelles étaient parfaitement identiques 1. C'est là un abus blamable des moyens de classification; car alors, on ne pourrait jamais statuer sur la distribution si l'on ne possédait par malheur que les dernières; alors il eût mieux valu avoir le ridicule plaisir de faire deux genres de la même espèce, un pour les mâles et un pour les femelles. Latreille (Règne animal, tom. V, pag. 78) a lui-même fait justice de cette manie de former une foule de subdivisions sur les plus minces apparences, en disant que les genres établis par M. Germar et Schoenherr, parmi les Charansons, n'offrent que des caractères peu importants, et souvent très-équivoques, et en n'adoptant pas ces genres dans cet ouvrage.

En attendant que de nombreuses réformes soient faites dans l'entomologie par les naturalistes philosophes, disons que la classe des Insectes a été divisée en huit ordres dont le tableau suit, et qui sont les Coléoptères, les Orthoptères, les Hemiptères, les Névroptères, les Lépidoptères, les Hymenoptères, les Diptères, et les Aptères.

Dytisque et Colymbètes.

Ailes :

ordinairement quatre,

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différentes; inférieures pliées en long. ORTHOPTÈRES. Bouche munie de mâchoires.

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Ordinairement quatre ailes; élytres durs, cornés; ailes pliées en travers. Bouche munie de mandibules et de mâchoires propres à broyer les aliments.

Les Coléoptères, par leur nom, qui est dérivé du grec et signifie ailes en étuis, rappellent la structure de leurs ailes supérieures qui sont dures, solides, et forment une sorte d'étui protecteur aux ailes inférieures, qui se trouvent au-dessous. Ce sont ceux de tous les Insectes qui sont les plus nombreux et que l'on connaît le mieux, parce qu'ils fixent plutôt l'attention des voyageurs par leur beauté, et parce qu'ils sont plus faciles à conserver que les autres.

Les Coléoptères subissent des métamorphoses complètes; leurs larves ont le corps composé de douze à treize anneaux assez distincts; elles ont pour la plupart six pattes écailleuses, disposées par paires sur les

trois anneaux qui suivent la tête. Celle-ci est écailleuse et offre souvent deux courtes antennes coniques, et deux groupes de petits grains qui ressemblent à des yeux lisses et sont placés sur ses côtés. Ces larves muent ou changent de peau plusieurs fois avant de se transformer, et l'on remarque, en général, que celles des espèces qui vivent sur les végétaux aux dépens de leurs feuilles, ne restent guère plus d'un mois sous leur premier état, tandis que celles qui se nourrissent de racines ou de la partie ligneuse des végétaux sont deux ou trois années, ou même davantage, avant de se changer en Nymphe.

La tête des Coléoptères supporte deux antennes ordinairement longues et composées de onze articles; on y observe deux yeux à facettes, et très-rarement quatre, et il ne s'y trouve point d'yeux lisses. La bouche de ces Insectes se compose d'un labre, d'une lèvre inférieure formée de deux pièces, dont l'une, qui est solide, cornée et située en bas, porte le nom de menton, et dont l'autre, qui est supérieure et le plus souvent membraneuse, a reçu le nom de languette et soutient deux palpes. On trouve en outre, pour constituer l'organe buccal de ces animaux, deux mandibules cornées et souvent dentées, mais qui sont rudimentaires chez quelques espèces, qui, à l'état parfait, se nourrissent du suc des fleurs; puis deux mâchoires plus ou moins velues, qui portent chacune un ou deux palpes.

Le thorax supporte les élytres, les ailes et les pattes. Les premiers recouvrent ordinairement tout le dessus de l'abdomen; ce n'est que dans quelques genres qu'on les voit être beaucoup plus courts que cette région du corps, et il est encore infiniment plus rare qu'ils manquent comme cela a lieu dans quelques femelles de Lampyres. Les ailes sont plus étroites, proportionnellement au volume de ces Insectes, que cela n'a lieu dans les autres ordres, aussi leur vol est lourd; ces organes sont repliés transversalement une ou plusieurs fois sur eux-mêmes pour pouvoir s'abriter totalement sous les élytres. Lorsque les Coléoptères veulent voler, ils écartent latéralement ces derniers, pour ne pas gèner le mouvement des ailes qu'ils déploient immédiatement après. Celles-ci sont seules les agents du vol, et les élytres qui, pendant cette action, restent totalement immobiles, ne le favorisent qu'en agissant comme une espèce de parachute qui soutient l'Insecte; mais celui-ci ne se transporte dans l'air qu'avec assez de difficulté, son vol est lourd, pesant, et il ne s'élève qu'avec peine. Cependant, il est quelques Coléoptères qui sont doués d'organes locomoteurs aériens plus puissants que la majorité des Insectes de leur ordre, et qui se transportent dans l'air avec assez de légèreté; mais aussi il est beaucoup de ces Insectes qui, quoique doués d'ailes, ne s'en servent presque jamais; et il en est d'autres qui restent forcément retenus sur le sol, parce qu'ils sont privés totalement de ces organes.

Les Coléoptères sont des Insectes broyeurs dont la bouche est presque toujours disposée pour dépecer une nourriture solide. Leur tube digestif offre d'assez grandes différences, selon les familles sur les

quelles on l'étudie; mais d'après les travaux de Ramdohr et de M. Léon Dufour, on peut admettre que son type le plus ordinaire est le suivant. On y rencontre d'abord un œsophage qui porte l'aliment aux estomacs; ceux-ci sont souvent au nombre de trois'. Le premier, ou le jabot, ne semble qu'une dilatation du tube que nous venons de nommer; le second, qui est le gésier, a des parois épaisses, musculeuses et renferme souvent de petites dents cornées qui paraissent destinées, chez les Carnassiers, à rebroyer la nourriture; enfin, s'offre un troisième estomac, nommé ventricule chylifique, qui est plus ample que les précédents, et dont l'extérieur est souvent orné de villosités qui sont probablement autant de petits cœcums chargés d'opérer une sécrétion. L'organe digestif est continué par un tube étroit ou intestin grêle, dont l'origine reçoit des canaux biliaires souvent très-longs, et fréquemment il se termine par un renflement représentant un rectum.

Sous leur dernier état, la vie des Coléoptères est toujours de courte durée. Le mâle meurt après l'accouplement, et la femelle après la ponte; il n'y a d'exception que pour les derniers Coléoptères qui font le passage aux Orthoptères. La mort des parents ayant lieu avant l'éclosion des œufs, ils ne peuvent s'occuper de l'éducation de leur progéniture; mais en revanche, ils possèdent une admirable prévoyance pour lui assurer la nourriture qui lui est indispensable en naissant; et selon le régime qu'elle doit suivre, la mère place ses œufs tantôt parmi les substances animales sèches ou putréfiées, tantôt sur les feuilles des végétaux ou à l'intérieur de leur tronc ou de leurs fruits.

Les Coléoptères formant un ordre extrêmement nombreux, les zoologistes, pour en faciliter l'étude, les ont divisés en plusieurs sousordres, d'après le nombre d'articles que présentent leurs tarses, et ils ont nommé les divers groupes qu'ils ont formés : Pentamérés, Hétéromérés, Tétramérés et Trimérés.

Carabes, Dytisques, Cicindèles. 3 Cicindèles, Dytisques, Carabes. 2 Dytisques.

ZOOLOGIE ÉLÉMENTAIRE, TOME II.

3

COLÉOPTÈRES PENTAMÉRÉS.

Ce sous-ordre contient tous les Coléoptères qui ont cinq articles à tous les tarses; il est composé par les familles -suivantes les Gracilicornes, les Monilicornes, les Serricornes, les Clavicornes, et les Lamellicornes.

FAMILLE DES GRACILICORNES.

Elytres durs, recouvrant l'abdomen. Membres marcheurs ou natatoires. Antennes grêles, filiformes; quatre palpes maxillaires.

Tous les Hexapodes rassemblés dans cette grande coupe sont agiles et extrêmement voraces; ils vivent dans des combats continuels qu'ils livrent aux animaux moins forts qu'eux, et quelquefois même leur cruauté se tourne contre leur propre espèce. Beaucoup ont le vol soutenu et rapide, mais il en est aussi d'autres qui sont privés d'ailes et restent toujours attachés à la terre.

Ce groupe, que Latreille désigne sous la dénomination de Famille des Carnassiers, à cause des mœurs des Insectes qui s'y trouvent compris, est d'une étude longue et difficile, parce que des entomologistes, qui se plaisent à faire presque autant de genres qu'il y a d'espèces, ont multiplié les premiers d'une façon fort irrationnelle. On a partagé cette division en trois sous-familles nommées Cicindélètes, Carabiques et Hydrocanthares. Les deux premiers groupes ne diffèrent entre eux que parce que dans le premier ces Insectes offrent une petite pièce ou onglet aux mâchoires, tandis que dans le second ils n'en ont point. Mais une différence semblable nous paraît trop peu considérable pour autoriser la création de groupes aussi élevés, surtout quand, dans les mêmes sections, on est obligé de comprendre des Insectes qui sont bien autrement dissemblables par rapport à leur forme et à la présence ou à l'absence d'organes fondamentaux, tels que les ailes, qui influent d'une manière remarquable sur les mœurs.

Je préfère, d'après cela, partager les Carnassiers en deux sous-familles d'une organisation et de mours fort diverses : les Carnassiers terrestres et les Carnassiers aquatiques; puis, énumérer, dans ces deux sections, quelques-uns des genres principaux.

La sous-famille des CARNASSIERS TERRESTRES offre pour caractère d'avoir des membres propres à la marche. Les Larves des Insectes qu'elle renferme vivent ordinairement dans la terre, et à l'état parfait ceux-ci se rencontrent sur le sol, où ils sont sans cesse occupés à chasser pour se pourvoir de nourriture. Ils comprennent les Cicindélètes

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