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des savants qui ont écrit sur ce Ver avec le plus de discernement, on ne ressent dès l'origine qu'une démangeaison à l'endroit qu'il occupe; mais bientôt après on y voit se manifester une tumeur dont la forme varie, et qui tantôt s'élève comme une simple bosse et tantôt soulève le derme en serpentant. Mais au bout d'un certain temps la personne affectée éprouve des douleurs intolerables; la peau s'enflamme et présente l'aspect d'un furoncle, puis la tumeur s'ouvre et l'on en voit sortir une portion de l'animal. Si l'art ne vient pas alors au secours du malade et si par une opération, qui consiste à enrouler lentement le Filaire sur un petit bâton, on ne l'extrait pas de la plaie, il se manifeste des symptômes graves, et ainsi que le rapporte Frank, on voit quelques personnes succomber par l'épuisement qui se manifeste.

ASCARIDES. Ascaris. Corps atténué aux extrémités; bouche terminale, entourée de trois tubercules; anus en fente, non terminal. Ce groupe contient plus de cent cinquante espèces, elles sont difficiles à distinguer, et c'est ordinairement dans les intestins des grands animaux qu'on les découvre, mais elles s'établissent aussi ailleurs.

L'Ascaride lombricoïde, vulgairement nommé Lombric des intestins, est le plus commun des Vers intestinaux de l'homme (Pl. 51, fig. 4); ses formes se rapprochent de celles du Ver de terre; mais on s'étonne de voir Linnée et l'helminthologiste Bréra s'obstiner à le regarder comme identique avec ce Chétopode qui en diffère sous une foule de rapports.

C'est ordinairement dans l'intestin grèle qu'on le trouve, et parfois il pénètre jusqu'à l'intérieur de l'estomac; souvent cet Entozoaire remonte par l'œsophage et est expulsé par la bouche ou par les narines. Il parvient quelquefois dans le larynx, et Laennec dit même que l'on en a vu qui, après s'être introduits dans les fosses nasales, étaient sortis par les points lacrymaux. On rapporte aussi qu'il en est qui se sont fourvoyés jusque dans le cerveau et que d'autres ont perforé le ventre pour sortir au dehors, et l'on mentionne également en avoir 'rouvé dans les veines et dans les reins; mais quelques-unes de ces observations manquent peut-être d'exactitude et dans certaines circonstances on aura pris des caillots de sang pour des Lombrics. Ce qu'il y a de certain, cependant, quoique ces animaux manquent de moyens propres à les faire cheminer dans nos organes, c'est que parfois on en trouve fort loin du canal intestinal; j'en ai découvert un dans l'intérieur d'une fistule ancienne qui existait à la cuisse d'une vieille femme. C'est principalement sur les enfants que cet helminthe se multiplie, ainsi que sur les personnes d'une constitution lymphatique; quelquefois il pullule si abondamment dans leur tube intestinal qu'il y forme des amas globuleux, qui l'obstruent totalement; Sauvages a rapporté un de ces exemples dans ses œuvres médicales, et quelques observations insérées dans le journal de Leroux et Corvisart, prouvent même qu'il n'est pas rare qu'il fasse périr des enfants.

L'anatomie des Ascarides a principalement dû ses progrès aux travaux de M. J. Cloquet. Selon lui ces Vers possèdent un système nerveux qui est composé par deux filets blancs qui sont apparents à travers la peau, et dont un est situé à la région dorsale et l'autre au ventre. Ces deux nerfs, à ce qu'il dit, forment un anneau autour de la bouche, et émettent des rameaux extrêmement déliés pendant leur trajet. Rudolphi, qui n'admettait point de nerfs dans ces Entozoaires, considérait ces cordons comme étant de nature musculaire; mais Otto, Laennec et Cuvier ont adopté l'opinion contraire. Les organes circulatoires, selon MM. Cloquet, Werner et de Blainville, sont représentés par deux lignes ou vaisseaux qui s'observent sur les régions latérales et que Rudolphi regardait aussi comme étant de nature musculaire. L'organe sécréteur de l'appareil génital du mâle se compose d'un long vaisseau enroulé autour du canal digestif, et d'une sorte de vésicule séminale ou de réservoir analogue à un très-petit tuyau de plume. L'organe excitateur a été considéré comme étant double par beaucoup d'auteurs, et entre autres par Bremser, Laennec et M. Hollard; mais certainement il est simple comme l'ont avancé Rudolphi, M. J. Cloquet, et comme nous avons eu l'occasion de nous en assurer positivement sur un individu maie que nous avons disséqué attentivement. Les ovaires sont extrêmement longs, au nombre de deux, et ils se terminent par un filament enroulé et d'une ténuité extrême, qui se pelotonne, en s'entremêlant. Ils se réunissent pour former un oviducte ou canal plus gros, dans lequel on rencontre beaucoup d'œufs.

STRONGLES, Strongylus. Corps un peu tronqué en avant; bouche grande, simple ou garnie de papilles circulairement disposées. Appareil sexuel du mâle formé par une pointe effilée, supportée sur une sorte de ventouse terminale.

Ces Vers sont en général de taille petite ou médiocre; cependant une espèce atteint parfois une longueur de trois pieds et présente une circonférence égale à celle du petit doigt. On découvre les Strongles dans le canal digestif, les voies aériennes ou dans le parenchyme des organes de certains Mammifères, Oiseaux et Reptiles; on a aussi trouvé, quoique rarement, chez l'homme, le Strongle géant, qui est celui dont les dimensions deviennent les plus considérables, et qui s'éloigne de la majorité des Vers intestinaux par sa coloration d'un beau rouge.

ORDRE DES PROBOSCÉPHALÉS.

Corps rond, diversiforme, mou; une trompe longue, rétractile, armée de crochets ou de papilles.

Ces Apodes peuvent gonfler considérablement leur corps par l'absorption de l'eau dans laquelle on les plonge. Les sexes se trouvent sur des individus différents et le canal digestif n'est pas toujours complétement formé. Les mouvements des Proboscéphalés ne consistent presque qu'en des espèces d'ondulations, ou de gonflements et d'affaissements alternatifs qu'ils éprouvent continuellement.

FAMILLE DES ACANTHOCÉPHALÉS.

Trompe capitée, armée d'aiguillons recourbés ou de crochets cornés.

ÉCHINORHYNQUES. Echinorhynchus. Corps un peu coriace,. subcylindrique ou pyriforme, ridé.

C'est à l'aspect de leur partie antérieure, toute hérissée d'aiguillons, que ces Apodes doivent leur nom, qui signifie museau épineux. Ces animaux vivent libres dans les intestins des Vertébrés et y adhèrent avec leur trompe. M. J. Cloquet qui a eu l'occasion d'apprécier ce fait, dit qu'il se produit de la manière suivante : lorsqu'ils veulent enfoncer leur tête dans les membranes muqueuses, ils retirent tous leurs crochets en renversant leur rostre; puis après ils font sortir celui-ci avec promptitude contre le tissu auquel ils veulent s'attacher. Les crochets de la base s'enfoncent les premiers, de manière qu'ils fixent l'intestin dans lequel se déploient et viennent ensuite se cramponner les autres. Par ce mécanisme, les aiguillons du sommet de la trompe sortant les derniers se trouvent enfoncés plus profondément. On connait plus de quarante espèces dans ce genre et parmi elles la plus volumineuse et la plus commune est L'Echinorhynque du Cochon, qui offre jusqu'à quinze pouces de longueur.

FAMILLE DES PROTÉOCÉPHALÉS.

Tête très-changeante, renflée, souvent lobée; trompe sans aiguillons.

CARYOPHYLLÉES. Caryophyllæus. Ce genre qui est le seul que contienne cette famille, est lui-même formé pour une espèce unique, la Caryophyllée des poissons, qui se trouve communément dans le canal intestinal des Barbeaux et de quelques autres Cyprins.

FAMILLE DES SIPONCULIDES.

Trompe très-longue, nue ou garnie de tubercules mous et papilleux.

SIPONCLES. Sipunculus. Corps généralement annelé transversalement. Bouche garnie de papilles; anus vers la moitié du corps.

Tous les Apodes de ce genre sont marins; ils habitent les fentes des rochers ou s'enfouissent sous le sable. Le Siponcle édule est regardé, en Chine, comme un manger fort agréable; on l'apprête avec de l'ail.

ORDRE DES MYZOCÉPHALÉS.

Corps ordinairement alongé, annelé, arrondi ou déprimé, à une ou plusieurs ventouses en arrière; tête offrant en avant une ventouse.

FAMILLE DES MONOCOTYLAIRES.

Corps ordinairement alongé et déprimé, offrant toujours une ventouse en arrière. Bouche souvent au fond d'un disque en ventouse. Individus androgynes.

Toutes les parties du globe nourrissent des Monocotylaires et la plupart de ces animaux auxquels on donne communément le nom de Sangsues, vivent dans l'eau douce; il en est cependant qui habitent la mer et d'autres se trouvent sur la terre. Leur nourriture est essentiellement animale; ils sucent de préférence les humeurs des vertébrés; mais ils ne dédaignent point de plus petites captures, et les Limaçons, les Planorbes, sont même parfois attaqués par eux. Ces Vers n'ont point l'anus terminal, et l'orifice de celui-ci est dorsal. L'appareil de la génération se compose des deux sexes disposés sur le même individu et ses orifices sont rapprochés dans la première moitié de la face ventrale. Ces Entomozoaires paraissent avoir été peu connus des anciens qui n'ont mentionné que les espèces les plus communes; Aristote n'en parle même pas, mais Pline les désigne fort bien sous le nom d'Hirudines et de Sanguisuga, et il en distingue deux espèces. Les auteurs de la renaissance, tels que Belon et Rondelet, n'en citent que fort peu. Linnée et Muller en décrivent quelques-uns, et Gmelin n'en porta plus tard le nombre qu'à quatorze espèces. Depuis lors, Shaw, Leach, Savigny et M. Dutrochet en ont fait connaître un certain nombre, et Oken et M. de Blainville se sont occupés de leur classification; c'est aux travaux de ce dernier que nous allons emprunter presque tout ce qui suit.

BRANCHIOBDELLES. Branchiobdella. Corps déprimé, annelé, muni de branchies latérales.

Ces Hirudinées, si remarquables par l'existence de leurs branchies, vivent dans la mer, et s'attachent aux Poissons et aux Reptiles; elle est surtout la Branchiobdelle ou Sangsue de Rudolphi, qui a été rencontrée sur des torpilles de la Méditerranée par le savant dont elle porte le nom, et par M. D'Orbigny sur les bords de l'Océan (Pl. 32, fig. 7).

PONTOBDELLES. Pontobdella. Corps subcylindrique, à ventouse antérieure et postérieure très-grandes. Pas de points oculaires, ni d'armure buccale.

Ces Vers, qui ont aussi été appelés Albiones ou Sangsues marines, parce qu'ils vivent dans la mer, se rencontrent ordinairement attachés aux Poissons. La Pontobdelle ou Sangsue à bandelette, qui se fait remarquer par sa belle coloration, a été figurée dans nos planches (Pl. 52, fig. 9).

ICHTHYOBDELLES. Ichthyobdella. Corps cylindriforme, à articulations peu distinctes, terminé par des ventouses extrêmement grandes et obliques. Bouche sans tubercules dentifères.

L'Ichthyobdelle ou Sangsue géomètre, qui se trouve dans les eaux douces, est le type de ce genre. Son nom provient de ce qu'elle se meut à la manière des Chenilles arpenteuses (Pl. 52, fig. 10).

GÉOBDELLES. Geobdella. Corps subcylindrique. Bouche dépour vue de tubercules dentifères; anus très-grand et semi-lunaire; orifice génital sur un renflement alongé.

La Géobdelle de Dutrochet, qui a été découverte en France par ce savant, est la seule espèce qui soit connue. Elle a deux à trois pouces de longueur, et son corps est vert (Pl. 32, fig. 8).

PSEUDOBDELLES. Pseudobdella. Corps subcylindrique; bouche très grande, à trois plis bifides; cinq paires de faux yeux; anus fort grand, semi-lunaire.

La Pseudobdelle ou Sangsue noire, qui est fort commune dans nos mares, est probablement la seule espèce qui entre dans ce genre; elle se reconnaît à sa teinte d'un vert noirâtre ou tout à fait noire en dessus, et à ce qu'elle ne se ramasse pas comme la Sangsue officinale, avec laquelle on la rencontre parfois mêlée. Elle est à demi terrestre, et sort fréquemment de l'eau des mares pour aller à la chasse des Vers de terre, dont elle fait particulièrement sa pâture. La voracité de cette Pseudobdelle est extrême; M. Huzard fils en a vu une avaler un Lombric qui, ayant traversé partiellement le corps d'une autre Sangsue, en sortait par l'anus; et cet observateur a trouvé des os de poisson, qui provenaient probablement de quelques Épinoches, dans la cavité di

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