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Tarentule a tout prévu

le conduit souterrain a en effet une direction verticale, mais à quatre ou cinq pouces du sol il se fléchit à angle obtus, et forme un coude horizontal, puis redevient perpendiculaire. C'est à l'origine de ce coude que la Lycose, établie en sentinelle vigilante, ne perd pas un instant de vue l'entrée de sa demeure. »

D'absurdes préjugés faisaient croire autrefois que la piqûre de cette Araneide engendrait des symptômes redoutables, auxquels on donnait le nom de tarentisme, et que l'on assurait ne pouvoir guérir qu'à l'aide de la musique et de la danse. Quelques médecins crédules ont même noté, dans leurs traités, les airs les plus efficaces contre cette maladie chimérique. Baglivi, qui a fait un ouvrage spécial sur la Tarentule et qui n'a pas peu contribué à amplifier les accidents qu'elle produit et à propager d'anciennes erreurs, rapporte même, d'après Élien, que la piqûre de cette Aranéide peut tuer un cerf; mais des observations faites en Italie démontrent toute l'exagération de ses assertions, et prouvent qu'elle occasionne seulement dans nos tissus une légère inflammation, qui se guérit simplement si l'empirisme ne l'aggrave pas par une médication intempestive. En effet, Swammerdam et Serao avaient élevé depuis longtemps des doutes sur les accidents causés par la piqûre de la Tarentule; les médecins modernes ont apprécié la justesse de leurs idées, et reconnu qu'ainsi que l'émet M. Orfila, les symptômes se bornent à une enflure de couleur livide qui envahit les environs de l'endroit mordu et qui s'accompagne quelquefois de phlyctènes ainsi que d'un peu de fièvre. M. Laurent a vu la gangrène en résulter, non par le fait du venin de l'animal, mais parce que les paysans se serraient extraordinairement les membres qui avaient été attaqués, croyant éviter par là les effets du prétendu venin.

Les ÉPEIRES offrent de chaque côté deux yeux presque contigus, et les quatre autres forment un quadrilatère sur le front; leurs mâchoires dilatées dès la base, représentent une palette arrondie. Presque toutes confectionnent une toile verticale, composée de fils disposés par cercles concentriques et attachés sur de nombreuses soies qui forment autant de rayons partant du centre; ce mode de travail les a fait placer par Latreille dans sa section des Orbitèles. Les Épéires se tiennent au centre de leur ouvrage pour y guetter la proie qui s'y prend, ou bien elles se font un gite particulier d'où elles surveillent tout ce qui se passe à la surface de leur toile. Tantôt celui-ci n'est qu'un simple boyau de soie, qui est fortifié de feuilles rapprochées avec des fils; et tantôt il est configuré comme un nid d'Oiseau et ouvert en haut. On lit dans Cuvier, que la toile de quelques espèces exotiques est composée de fils si forts, qu'elle arrête des petits Oiseaux et embarrasse même l'homme qui s'y trouve engagé. Les navigateurs qui allèrent à la recherche de Lapeyrouse rapportent que les naturels de la Nouvelle-Hollande et ceux de quelques îles de la mer du Sud, mangent des Araignées de ce genre, lorsqu'ils manquent d'autre nourriture.

L'Épéire diadême est fort commune en Europe, et se rencontre sur

ZOOLOGIE ÉLÉMENTAIRE, TOME II.

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tout dans les jardins, durant l'automne; elle est d'un brun foncé ou d'un roux jaunâtre, avec des taches blanches formant une triple croix.

Les SPHASES présentent des pattes antérieures qui sont plus longues que les autres, et leurs yeux se trouvent rangés deux par deux sur quatre lignes, de manière à former un ovale transversal, tronqué aux deux bouts. Elles appartiennent à la section des Araignées vagabondes citigrades de Latreille.

Les ÉRÈSES ont des tarses terminés par trois crochets; elles possèdent huit yeux, dont quatre sont rapprochés en trapèze et les quatre autres situés sur les côtés, de manière à former un quadrilatère beaucoup plus grand; leurs mâchoires sont droites. Elles font partie de la division des Saltigrades de Latreille.

Les ARGYRONÈTES se reconnaissent par leurs yeux, dont deux sont situés, de chaque côté du groupe occulaire, sur une éminence et trèsrapprochés, tandis que les quatre autres forment un quadrilatère; leurs mâchoires sont inclinées. Ces Aranéides vivent dans les marais, et elles ont été ingénieusement nommées Nayades par Walckenaer, qui décrit de la manière suivante les travaux de l'espèce la mieux connue, l'Argyronète aquatique : « Elle se construit, dit-il, au fond des eaux dormantes une retraite en forme de cloche, qu'elle attache par ses bords aux filaments des herbes voisines, au moyen d'un très-grand nombre de fils dirigés dans tous les sens; mais les Araignées ne pouvant respirer que dans l'air, il fallait que cette cloche en fût remplie et qu'elle pût le contenir. A cet effet, l'Argyronète compose cette cloche de fils agglutinés, formant un tissu assez serré pour être imperméable, et elle la remplit par un procédé singulier. Elle s'élève à la surface de l'eau en nageant renversée sur le dos; elle en fait subitement sortir son abdomen: une bulle d'air vient aussitôt se joindre à la légère couche de ce fluide qui enveloppait déjà cette partie de son corps, et lui donne un éclat argentin; plongeant alors avec vivacité, elle entraîne cette bulle et va la déposer sous la cloche préparée pour la recevoir. Par ce manége suffisamment répété, la cloche se remplit, l'air que la respiration consomme se répare, et l'animal se procure à luimême le seul milieu au moyen duquel il puisse vivre. » C'est sous cette cloche que cette Araignée guette sa proie et qu'elle place son cocon; elle s'y renferme aussi pour passer l'hiver.

Les ARAIGNÉES PROPREMENT DITES ont leurs quatre yeux antérieurs disposés en arc, et les deux filières supérieures beaucoup plus longues que les autres. Elles sont communes dans toutes les latitudes et beaucoup d'espèces vivent à l'intérieur de nos demeures et dressent leurs piéges dans les appartements négligés, les greniers et les étables; il en est aussi qui se fixent de préférence parmi les bois. C'est souvent dans les angles des murailles qu'elles font leur toile, qui est ordinairement triangulaire et qui présente, à la réunion des deux parois de celles-ci, un tuyau cylindrique ayant deux ouvertures, dont l'une est

dirigée en avant et dont l'autre s'ouvre en dessous. L'Araignée se tient constamment en embuscade dans ce tube, et quand quelque Mouche ou quelque autre Insecte propre à sa nourriture se prend dans sa toile, elle sort immédiatement pour le mettre à mort, par l'ouverture qui donne sur celle-ci; mais lorsqu'on l'effraie, elle se sauve par l'issue inférieure. C'est à la disposition que ces Octopodes donnent à leur travail qu'ils doivent d'avoir été rangés dans la section des Tubitėles de Latreille. L'Araignée domestique qui est d'un brun grisâtre, et offre deux séries de taches jaunâtres sur l'abdomen, peut être considérée comme le type de ce sous-genre.

X. CLASSE DES DECAPODES.

Animaux articulés extérieurement, dépourvus d'ailes, et offrant dix membres articulés. Respiration s'opérant à l'aide de branchies; système circulatoire présentant un cœur et des vaisseaux.

Les Décapodes constituent avec les deux classes suivantes, les Hétėropodes et les Tétradécapodes, des animaux auxquels les naturalistes donnent le nom collectif de Crustacés. Comme les trois classes dans lesquelles ceux-ci se trouvent répartis dans la méthode que nous suivons, offrent de grands rapports, nous traiterons, dans cet article, de l'organisation des Décapodes d'une manière spéciale; mais, comme presque toutes les généralités sont les mêmes pour les deux divisions suivantes, en traçant l'histoire de celles-ci, nous n'aurons à mentionner que les différences qu'elles offrent avec la section dont nous traitons dans ce chapitre.

Géologie et Géographie.-Diverses formations du globe nous offrent des Crustacés fossiles, on doit principalement la connaissance de ceuxci à MM. Al. Brongniart et Desmarets. Les uns appartiennent à la classe des Décapodes et viennent se ranger parmi les Limules, les Crabes, les Écrevisses et les Pagures. Les autres, beaucoup plus nombreux, font partie des Hétéropodes, telles sont les Trilobites.

Les auteurs qui se sont occupés de la distribution de ces animaux, disent que tous ceux qui ont été trouvés en Europe, à l'exception d'un petit nombre d'espèces provenant des derniers terrains, ont exclusivement pour analogues des espèces équatoriales ou voisines des Tropiques.

Les Crustacés qui peuplent actuellement le globe, vivent en grande partie dans la mer; quelques-uns habitent les fleuves et les ruisseaux, et il en est qui résident dans les moindres flaques d'eau 1; enfin plusieurs sont essentiellement terrestres. Parmi ces animaux la plupart des grands genres sont communs à toutes les mers, mais quelques groupes ne se trouvent que dans certaines régions. Les Ocypodes, par exemple, ne se rencontrent que sur les plages des pays chauds et sablonneux. Les plus grandes espèces de Grapses nous proviennent des latitudes équatoriales. Les Podophthalmes et les Ranines ne paraissent se trouver que dans les mers de l'Inde; et les Galathées sont propres aux mers d'Europe. Anatomie et Physiologie. Le corps des Décapodes, et en général celui des autres Crustacés, se compose d'une

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Locomotion.

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série d'anneaux solides plus ou moins distincts. Les premiers ont la tête confondue avec le corselet 1; mais dans les groupes des deux classes suivantes, dont l'organisation est moins élevée, souvent les anneaux sont simplement articulés et mobiles 2; mais, quoi qu'il en soit, ce sont toujours des matériaux anatomiques identiques qui composent le corps de ces animaux en apparence dissemblables.

Le squelette cutané des Crustacés est généralement fort dur et contient une grande quantité de carbonate calcaire. On peut le considérer comme représentant l'épiderme, car ce test solide tombe chaque année pour permettre l'accroissement, et lorsque ces animaux sortent de leur dépouille ils sont mous et flexibles, paraissent très-sensibles, et se retirent dans les creux des rochers, jusqu'à ce que leur peau ait acquis assez de consistance pour qu'ils puissent reprendre leur vie active.

Les pattes sont fixées aux anneaux qui constituent le thorax, et leur nombre est de cinq paires chez les Décapodes, et souvent de sept paires dans les autres Crustacés 3. Ces organes ont des formes qui varient beaucoup selon qu'ils doivent servir à la natation, à la marche ou à la préhension. Dans le premier cas, ils sont larges et aplatis comme des rames; dans le second, ces appendices se rapprochent de la forme cylindroïde et sont alongés, enfin dans le dernier ils se terminent par des pinces. Ces membres offrent à peu près les mêmes régions que dans les Insectes, mais on y distingue quelquefois, en outre, une partie nommée métatarse, qui se trouve entre le tarse et la jambe. On nomme pouce le doigt mobile des pinces, et l'autre est l'index. Sur les anneaux abdominaux on trouve presque toujours une double rangée d'appendices auxquels on donne le nom de fausses pattes, et qui servent parfois à aider la natation et d'autres fois à supporter les œufs.

La locomotion est variée; certains Décapodes nagent ou marchent avec autant de facilité en arrière qu'en avant; et quelques-uns vont également de côté; d'autres courent avec une telle rapidité, que l'on dit qu'un homme ne saurait les atteindre ; c'était même à cause de cela, selon Pline, que les Phéniciens les avaient nommés cavaliers.

Système nerveux. Le système nerveux des Crustacés est analogue à celui des Insectes, et il offre d'autant plus de ganglions que l'extrémité postérieure du corps s'alonge davantage. Quelquefois ceuxci représentent une chaîne étendue d'un bout à l'autre du corps; d'autres fois ils sont plus ou moins rapprochés entre eux, et même ne forment, dans certaines espèces, qu'une seule masse située vers le milieu du thorax. On observe que dans ces animaux la centralisation du système nerveux devient d'autant plus manifeste que l'on s'avance davantage vers ceux dont l'organisation est plus élevée. Cependant,

Crabes, Écrevisses.

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Tétradécapodes.

Ocypodes.

2 Cloportes.

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