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sont rangés les animaux de cette classe qui offrent des sacs pulmonaires, un cœur et des vaisseaux distincts, puis six à huit yeux; l'autre, nommée Arachnides trachéennes, contient ceux qui ont des trachées au lieu de sacs respiratoires, et seulement deux à quatre yeux. Mais cette division n'est pas généralement adoptée, et elle repose sur un caractère fondamental qui ne se présente pas toujours isolé, car certains Octopodes ont à la fois des sacs pulmonaires et des trachées. Cette considération nous engage à ranger simplement les familles dans l'ordre sérique.

FAMILLE DES ACARIDES.

Corps ordinairement trapu, indivis; membres variables. Bouche formée tantôt de mandibules didactyles ou monodactyles, et de palpes plus ou moins pédiformes, et tantôt d'un suçoir contenant des mandibules représentées par des lames en lancettes.

Quelques-uns des animaux contenus dans cette famille n'ont que six pattes dans le premier âge de la vie, ce qui les lie aux Insectes. Ils sont presque tous de petite taille, et leurs mœurs varient beaucoup. Les uns vivent à l'air libre et se tiennent sur les plantes; d'autres sont parasites et restent constamment accrochés à la surface des animaux, ou s'enfoncent même dans leurs tissus ; enfin il en est qui sont aquatiques, et d'autres qui subsistent aux dépens de nos provisions et fourmillent dans nos demeures.

LEPTES. Leptus. Corps ovoïde, très-mou. Bouche en suçoir; palpes apparents.

Le Lepte automnal qui est fort commun dans les champs de graminées de quelques parties de la France, s'insinue sous la peau des jambes des hommes qui les traversent et leur cause une démangeaison intolérable. Il est fort petit et .d'une couleur rouge, ce qui l'a fait nommer rouget dans nos campagnes.

IXODES. Ixodes. Mandibules en forme de lancettes. Palpes engaînant le suçoir et formant un bec court, tronqué.

Les anciens les désignaient sous le nom de Ricins. Ils vivent en parasites sur plusieurs mammifères, et s'y cramponnent tellement en engageant leur suçoir dans leurs chairs, qu'on ne peut les enlever qu'en employant une certaine force et en déchirant celles-ci. Leur nombre est quelquefois si considérable sur les Chevaux et les Bœufs, que ces animaux en périssent épuisés. L'Txode ricin, qui est d'un rouge de sang, se rencontre sur les Chiens.

PYGNOGONONS. Pygnogonum. Tronc composé de quatre seg

ments; membres ne dépassant guère la longueur du corps. Antennes, pinces et palpes nuls.

Ces animaux sont marins et vivent sur les Crustacés; on ne découvre point chez eux de vestiges de stigmates, et quelques auteurs les placent parmi les Crustacés.

ACARUS. Acarus. Corps mou, sans croûte écailleuse. Mandibules en serres didactyles; tarses antérieurs terminés par des pelottes vésiculeuses.

Plusieurs espèces de ce genre sont communes dans nos habitations où on les désigne sous le nom de Mites, tel est surtout l'Acarus domestique qui se rencontre sur le fromage.

SARCORPTES. Sarcoptes. Dos incrusté d'une sorte de coque, et hérissé de papilles rigides. Pattes antérieures au moins, terminées par une tige longue supportant une espèce de ventouse.

Ces Octopodes ne se rencontrent que sur les animaux affectés de la gale, et on les considère généralement comme la produisant; il paraît que chaque espèce de mammifère en offre de différents lorsqu'elle est atteinte de cette affection cutanée. Les pattes postérieures sont parfois terminées par un poil extrêmement long, et d'autres fois, comme celles de devant, par une ventouse située à l'extrémité d'une tige flexible qui, avec celle-ci, forme un appareil locomoteur remarquable, auquel M. Raspail donne le nom d'ambulacrum.

Le Sarcopte de l'homme, Sarcoptes hominis, aussi nommé Acarus de la gale ou Ciron, est d'une grosseur si peu considérable que l'œil le distingue à peine; il est à peu près ovoïde et offre environ un huitième de millimètre de longueur. Sa couleur est d'un blanc opalin. Nous avons reconnu sur cet Insecte une disposition qui ne nous paraît pas avoir été signalée par les auteurs, c'est que la partie postérieure et supérieure du dos semble formée par une pièce particulière qui est recouverte de papilles coniques et de huit ou dix poils rigides, gros et courts, situés sur des tubercules; le bord antérieur de cette pièce est dentelé, et comme il déborde les parties situées en avant, sous certains aspects, l'animal a l'air de traîner derrière lui une sorte de bouclier hérissé. Toute la région antérieure du dos et le dessous du ventre offrent des plis ondulés très-serrés qui ressemblent parfaitement aux papilles de la paume des mains.

Le Sarcopte de l'homme n'a d'ambulacrum qu'aux pattes de devant; celles de derrière sont terminées par un poil extrêmement long et roide. Lorsqu'il marche, il emploie ces ambulacrums, de manière qu'il semble suspendu sur des échasses, et les poils des membres postérieurs soutiennent le corps en arrière et trainent sur le sol. On s'aperçoit très-bien que la progression est accompagnée de beaucoup d'efforts, ear la tige des ambulacrums plie sous le poids de l'animal, et la ventouse qui la termine s'élargit en s'appliquant sur le plan qui le

supporte, puis parait y adhérer fortement et ne s'en détacher qu'avec . peine; ensuite elle se contracte avant de se poser de nouveau pour opérer une autre impulsion.

Le siége de prédilection de l'Acarus semble être les mains et l'articulation du poignet; M. Pillore fils, qui est attaché à un hospice de Rouen où se trouvent un grand nombre de galeux, m'a dit n'avoir pu le découvrir sur aucune autre région; ce médecin distingué, qui m'a communiqué ses observations avec beaucoup d'obligeance, ne l'a même jamais vu résider à la partie supérieure de l'avant-bras. On le rencontre soit sur le dos des mains ou dans la paume de celles-ci, soit sur les doigts ou entre ces derniers.

On ne trouve jamais les Acarus dans les pustules de la gale, quoiqu'on les ait représentés y nageant, dans le Dictionnaire des sciences médicales. C'est toujours plus ou moins loin de celles-ci qu'ils habitent; on ne les rencontre point non plus à la surface de la peau, et toujours ils siégent sous l'épiderme, non dans un sillon, comme on l'a dit à tort, mais dans une sorte de petit chemin couvert, plus ou moins long, que M. Albin Gras nomme cuniculus; en examinant attentivement la petite saillie formée par celui-ci, on apprécie facilement s'il contient un Sarcopte, car sa présence se décèle par un point brunâtre; en incisant la cuticule de la peau avec une épingle on en extrait facilement l'animal, qui se trouve toujours à l'extrémité de son espèce de terrier et est en contact avec le corps muqueux, comme j'ai cru le reconnaître à la loupe. Mais quand on enlève en entier un cuniculus, il semble à son origine être creusé dans l'épaisseur de l'épiderme, parce que celui-ci s'est reformé après le passage de l'Acarus.

Ce n'est pas avec les pattes que cet Octopode creuse sa singulière demeure, mais probablement au moyen de ses mandibules qui, selon M. Albin Gras, ressemblent aux pinces des Écrevisses; il se trouve pendant ce travail fixé par les poils rigides du dos qui sont dirigés en arrière et rendent, comme l'a fait remarquer M. Raspail, tout mouvement rétrograde impossible.

M.Aubé a émis, dans sa thèse inaugurale, que le Sarcopte devait être considéré comme un animal nocturne qui, après avoir attaqué sa proie pendant la nuit, revenait passer le jour dans son cuniculus. Cela ne nous paraît pas possible, non-seulement parce que, comme nous venons de le dire, ses poils s'opposent à ce qu'il puisse parcourir à reculons son chemin couvert, mais encore parce que l'épiderme en se desséchant derrière le travailleur doit en partie fermer son chemin.

Historique. La connaissance de l'Insecte qui accompagne la gale, remonte à une époque assez reculée, et beaucoup d'auteurs en parlent; .cependant cet animal a donné lieu à de nombreuses disputes, et l'on peut dire qu'il n'a réellement bien été étudié que dans ces dernières années, où, après avoir douté pendant un certain temps de son existence, ou avoir été trompé sur son authenticité, on l'a de nouveau dé

Couvert.

Les premières notions que l'on connaisse sur l'Insecte de la gale, se trouvent dans les œuvres d'Avenzoar, qui vivait au douzième siècle. «ll ya, dit ce médecin, une chose connue sous le nom de Soab, qui laboure le corps à l'extérieur; elle existe dans la peau, et lorsque celleci s'accroche en quelque endroit il en sort un animal extrêmement petit, et qui échappe presque aux sens ». Après s'être exprimé ainsi, cet auteur arabe conseille un traitement qui consiste en onctions d'huile d'amandes amères ou de décoction de feuilles de persicaire.

Malgré ce passage qui indique positivement l'existence du Sarcopte, on ne s'occupa guère de cet animal pendant un laps de temps fort long. Ce fut Jules Scaliger qui en reparla le premier en 1537 dans sa critique du Traité de la subtilité de Cardan. Les Padouans, dit-il, nomment l'Acarus Pedicelli, les Turiniens Scirones, les Gascons Brigant. Il est si petit qu'on peut à peine l'apercevoir. Il se loge sous l'épiderme; en sorte qu'il brûle par les sillons qu'il se creuse. Extrait avec une aiguille et placé sur l'ongle, il se met peu à peu en mouvement, surtout s'il est exposé aux rayons du soleil. En l'écrasant entre deux ongles, on entend un petit bruit et on en fait sortir une matière

aquense. »>

Plusieurs médecins supposèrent ensuite qu'il existait un Insecte parasite qui accompagnait la gale, mais ils ne nous laissèrent aucune notion précise.

Aldrovande, en 1596, fit faire un pas à nos connaissances sur ce sujet en nous révélant que le Sarcopte se creuse des galeries entre la peau et l'épiderme. Mouffet, environ quarante ans après, étendit encore ces notions et prouva qu'il avait bien observé cet animal, car dans son Theatrum Insectorum, il dit que les gens du peuple qui sont attaqués de la gale retirent les Cirons de leur peau avec la pointe d'une * épingle, et que ces animaux se découvrent sous l'épiderme, y creusent des galeries et occasionnent durant ce travail une démangeaison fort incommode; cet entomologiste fait observer avec beaucoup de raison que ces petits parasites ne se trouvent pas dans les pustules, mais à côté.

Durant la dernière moitié du dix-septième siècle, plusieurs médecins allemands s'occupèrent aussi de ce sujet et publièrent des figures de l'Acarus de la gale,où ils en firent des descriptions plus ou moins exactes. Hauptmann le représenta avec six pattes et quatre crocs, et Müller en donna une planche plus correcte dans les Acta eruditorum de l'année 1682.

Peu d'années plus tard, Cestoni, naturaliste et pharmacien italien, dans un écrit adressé à Rédi en 1687, donna sur l'Acarus de la gale de bien plus longs détails qu'on ne l'avait fait jusqu'alors et les enrichit d'une meilleure figure que celles qui étaient connues. Mais ses observations qui contiennent quelques faits positifs, ne sont pas exemptes d'erreurs. Dans cet ouvrage, que Rédi publia sous le nom supposé de Bonomi, Cestoni rapporte avoir plusieurs fois vu de pauvres femmes

retirer des Cirons de la peau de leurs enfants affectés de la gale, et qu'elles se servaient, à cet effet, d'une épingle. Il ajoute qu'à Livourne les galériens se rendaient réciproquement ce service; ce naturaliste dit qu'ayant lui-même ouvert des pustules non purulentes il lui fut facile d'en extraire des Sarcoptes; aussi il exprime qu'il est porté à croire que la gale n'est due qu'à la morsure de ces animaux, qui, selon lui, rongent continuellement la peau, et y font de petites ouvertures dans lesquelles s'extravase de la sérosité.

Durant le dix-huitième siècle, les micrographes et les naturalistes reportèrent activement leur attention sur cet animal. Baker en donna une figure dont la partie postérieure offre assez d'exactitude; Linnée s'occupa de sa classification et le nomma d'abord Acarus humanus subcutaneus, puis ensuite Acarus scabiei. Mais plus tard ce savant immortel confondit le Ciron de la gale avec la Mite de la farine et fut même jusqu'à prétendre que l'on déterminait souvent la gale chez les enfants en les saupoudrant avec de la farine remplie d'Acarus. De Géer rectifia l'erreur de Linnée et traça les caractères des Acarus de la gale, de la farine et du fromage, et il les figura tous les trois avec une exactitude encore inconnue. Enfin Fabricius et Latreille classèrent également cet animal dans leur système entomologique.

Malgré toutes ces assertions des auteurs, quelques médecins, dont les recherches avaient été vaines, doutaient encore de l'existence des Sarcoptes, lorsque M.Galès, pharmacien à l'hôpital Saint-Louis, annonça qu'ils se rencontraient facilement chez les galeux, et que c'était positivement ces animaux qui déterminaient leur maladie. Il prétendit en avoir recueilli plus de trois cents, et s'être inoculé un commencement de gale en plaçant sur le dos de sa main trois Acarus qui y étaient retenus par un verre de montre fixé à l'aide d'un bandage. M. Galès fit même figurer, dans sa thèse, l'animal qu'il assurait avoir trouvé, et bientôt on copia sa gravure pour le Dictionnaire des sciences médicales et le Dictionnaire des sciences naturelles.

Les observations et les expériences de M. Galès ayant été exposées avec le ton de la bonne foi, ses vues furent généralement adoptées et tout le monde crut désormais à l'existence du Sarcopte de la gale humaine.

Mais environ six ou huit ans après les recherches du pharmacien de l'hôpital Saint-Louis, des doutes s'élevèrent de toutes parts à l'égard de ses découvertes. MM. Alibert, Biett, Rayer et d'autres médecins qui s'occupaient des maladies de la peau n'ayant pu trouver l'Acarus, on en vint presque généralement à nier son existence, et même M. Lugol offrit un prix de 300 fr. à celui qui lui ferait voir cet animal, tandis que d'un autre côté M. Raspail démontrait que M. Galès avait trompé les savants en faisant figurer la Mite du fromage comme étant le Ciron de la gale.

Le doute et l'incertitude en étaient arrivés à ce point, lorsque M. Renucci, natif de la Corse, qui, dans son pays où la gale est extrêmement

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