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que, d'après ses expériences, trois individus de la chenille du Papillon du chou auraient absorbé en quatre heures douze fois plus d'oxygène, et produit quinze fois plus d'acide carbonique, qu'une Grenouille, et que la respiration de ces mêmes Chenilles, comparativement à celle d'un Muscardin, est comme 3,17: 39,43 pour l'absorption de l'oxygène, et comme 0,77: 19,81 pour la production de l'acide carbonique.

D'après les expériences de Spallanzani, dans l'acte de la respiration des Insectes il se produit aussi de l'azote.

Température. La température des Insectes ne peut être appréciée lorsqu'ils sont isolés, à cause de leur petitesse ; mais il est positif qu'ils produisent une certaine quantité de calorique, car on sait que des nymphes et des chrysalides ne périssent parfois pas dans les zones hyperboréennes les plus froides, là où le mercure se congèle; et dans des observations précises, on a aussi reconnu que les Insectes produisaient de la chaleur. Swammerdam, Réaumur et Huber s'en sont assurés en plongeant le thermomètre dans des ruches; ce dernier le vit s'élever à 32o au-dessus de 0 en hiver, pendant que l'air extérieur était au-dessous de la température de la glace fondante. J. Davy a même apprécié la chaleur particulière à certains insectes; d'après ses expériences elle était de 24,50 degrés chez le Scarabée pilulaire, celle de l'atmosphère étant à 25o; pour les Lampyres, de 23,3, pendant que celle de l'air était de 22,8; sur des Gryllons, de 22,5, l'atmosphère étant à 16,7.

D'un autre côté, ces animaux possèdent sans doute aussi le moyen d'équilibrer leur température intérieure, afin de s'accommoder à l'excès de chaleur qu'ils trouvent dans certaines conditions. En effet, on rencontre des Insectes dans des eaux thermales très-chaudes ; Latreille dit même que l'on a découvert des Hydrophiles dans des eaux thermales bouillantes, ce que nous nous refusons à croire, malgré l'autorité de ce savant. Il ajoute aussi qu'on lui a donné des Coléoptères qui avaient été pris près des bords du cratère de l'Etna; mais cette assertion est totalement insignifiante, la température des environs d'un cratère aussi élevé pouvant être très froide, comme nous l'avons observé à l'égard de certains autres volcans.

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Circulation.

- Le moteur principal du sang est, dans les Insectes, un vaisseau étendu tout le long du dos, que Swammerdam, Malpighi, Lyonnet et d'autres naturalistes ont considéré, avec raison, comme un cœur, et auquel ils en attribuaient les fonctions. Cuvier et M. Marcel de Serres n'admirent point cette opinion, et ils crurent que ce tube dorsal, dont ils ne virent aucun vaisseau sortir, n'était autre chose qu'un réservoir servant à élaborer un fluide nutritif, car ces auteurs ignoraient la circulation des Insectes, et croyaient que leur nutrition ne s'opérait que par une sorte d'imbibition des tissus. Ce fut Carus qui, en 1827, découvrit cette fonction dans les larves des Éphémères, et

reconnut que chez celles-ci le sang se distribuait dans les différentes parties du corps à l'aide de vaisseaux bien distincts.

D'après Hérold et Straus, qui se sont occupés particulièrement de ce sujet, le vaisseau dorsal des Insectes est un cœur fort compliqué. Selon le dernier, cet organe, qui occupe toute la ligne médiane et dorsale de l'abdomen, se termine au thorax par une artère unique qui entre dans cette cavité, la parcourt dans toute sa longueur, et va se rendre à la tête sans produire aucune branche. A chaque segment abdominal, le cœur offre latéralement deux ouvertures transversales par lesquelles le sang s'introduit dans son intérieur; au bord postérieur de chacune de ces ouvertures s'observe une valvule semi-lunaire dont le bord libre se trouve en avant, et qui sert à fermer celles-ci pendant les contractions du cœur, afin d'empêcher le sang de s'échapper de l'intérieur de cet organe. Au bord antérieur de chaque ouverture se trouve une autre valvule, mais qui est beaucoup plus vaste que celle dont il vient d'être question, et qui a pareillement son bord libre dirigé en avant, et pouvant s'appliquer sur celui de la valvule semblable qui se trouve du côté opposé. La fonction de ces grandes valvules n'est plus, comme celle des précédentes, d'empêcher le sang de sortir du cœur, mais de l'empêcher de refluer vers ses parties postérieures pendant qu'il se contracte; lorsque ces valvules sont refoulées par la colonne du fluide circulatoire, leur disposition partage l'organe en autant de chambres distinctes qu'il y a de segments à l'abdomen, en laissant facilement passer le sang de l'une dans l'autre, durant son mouvement d'arrière en avant, mais s'opposant à son retour. Le cœur présente deux tuniques dont l'externe est épaisse et fibreuse, et dont l'interne est musculaire et formée de fibres circulaires très-distinctes. Cet organe est fixé de chaque côté par huit expansions triangulaires nommées ligaments ou ailes, dont la base est adossée au tube circulatoire, et dont la pointe se termine sur l'arceau de l'abdomen auquel chaque ligament correspond.

La circulation des Insectes s'opère ainsi, suivant Straus. Il pense que cette fonction se réduit à une simple transfusion alternative du sang dans la cavité du corps et de celle-ci dans le ventricule; ce naturaliste explique ainsi l'action du moteur central : « Lorsque la première chambre du cœur se dilate, dit-il, le sang que contient la cavité abdominale se précipite dans son intérieur par les deux ouvertures auriculo-ventriculaires qui se trouvent à l'extrémité de cette première chambre; celle ci venant à se contracter ensuite, ses valvules s'appliquent sur ces ouvertures pour empêcher le sang de ressortir, ct par compression que ce dernier éprouve, il force les valvules inter-ventriculaires de s'écarter, et passe dans la seconde chambre qui se dilate au même moment; mais outre le sang que cette première partie du cœur pousse dans la seconde, celle-ci en reçoit encore lors de son mouvement de diastole par ses propres ouvertures auriculo ventriculaires. Cette seconde chambre se contractant à son tour, le sang

la

elles

qu'elle contient pressant sur les valvules inter - ventriculaires, s'appliquent l'une contre l'autre, et s'opposant à son retour dans la première chambre, le liquide passe dans la troisième qui se dilate pour le recevoir. »

Latreille n'admet qu'avec beaucoup de réserve les découvertes de Straus relatives à l'admirable structure du cœur, et il termine en disant qu'il est à désirer que de nouvelles recherches nous garantissent qu'il n'y a pas eu d'illusion sur ce sujet. Pendant deux années consécutives, nous avons étudié avec le plus grand soin la circulation des larves des Éphémères, et à l'aide du microscope solaire, afin de pouvoir prolonger plus nos observations, et nous pouvons affirmer que la structure du cœur de ces Insectes est parfaitement identique à celle du cœur du Hanneton décrite par l'anatomiste allemand. En effet, chez les Éphémères, on aperçoit facilement les valvules, et comme l'abdomen est transparent, leur jeu devient on ne peut plus apparent, et on les voit s'écarter des parois du vaisseau ou s'appliquer sur ses ouvertures, pendant ses mouvements; leur fonction se révèle d'autant plus facilement que dans ces larves le sang est formé d'un sérum abondant dans lequel nagent des globules très-alongés, fusiformes, aigus à leurs deux extrémités, et qui, étant fort peu nombreux, révèlent facilement tout le mécanisme des valvules lorsqu'ils les franchissent. En effet, quelquefois on aperçoit un de ces rares globules arrivant à une ouverture du cœur et se trouvant refoulé par sa contraction, puis, dans le mouvement de dilatation qui suit, on le voit franchir enfin l'ouverture à laquelle il s'était présenté, et parfois même y passer en exécutant un mouvement de bascule; après on aperçoit la valvule se fermer, et l'on suit encore dans le vaisseau dorsal ce globule qui le parcourt d'un bout à l'autre.

Si l'on n'a pas découvert plus tôt le système vasculaire des Insectes, cela tient à ce que le sang chez beaucoup d'entre eux n'a peut-être que des globules inapparents; mais à l'égard de ceux où ils sont visibles, il est de toute évidence qu'il existe des canaux pour le fluide sanguin: c'est au moins ce que nous avons vu chez les Éphémères et les Agrions. Dans les Éphémères, on aperçoit, on ne peut plus distinctement, le sang circuler dans le tronc, à l'aide de larges canaux, et dans les membres à l'intérieur de vaisseaux déliés, qui, ainsi que nous l'avons figuré, forment autant d'arcades qu'il y a d'articulations à ceux-ci, de manière qu'il y a deux courants dans chaque segment des membres, l'un qui se rend à son extrémité, l'autre qui revient de celle-ci vers le tronc; mais le mouvement du fluide ne semble pas y être soumis aux battements réguliers du cœur, et n'y marche que par saccades; il semble qu'à chaque instant son cours se trouve embarrassé aux arcades par l'obstruction qu'y causent les globules; puis, celle-ci se dissipe de moment en moment pour se manifester de nouveau, ainsi continuellement. Il y a aussi une arcade à la base des antennes, mais nous n'avons pas vu le fluide s'épancher au delà dans ces organes ( pl. XXI ).

Secretions. Ces animaux offrent des sécrétions variées. On découvre chez eux des appareils salivaires fournissant des fluides fort divers; on prête aux propriétés de la salive les irritations vives que la piqûre de certains Diptères ou Hémiptères 2 produit dans nos organes ou sur les végétaux. Quelques-uns, semblables aux Hirondelles, ont même une salive agglutinante dont ils se servent pour réunir ou solidifier le mortier avec lequel ils construisent leur nid 3. Dans la Chenille du saule, où les organes salivaires ont été bien étudiés, on a reconnu qu'ils se composent de deux sacs longs d'un pouce, situés près de l'œsophage, et s'ouvrant dans la bouche. Les vaisseaux qui sécrètent la soie des Insectes qui se filent un cocon pour leur métamorphose, sont regardés comme ayant les plus grands rapports avec les organes salivaires 4.

La sécrétion de la bile se produit dans cette classe à l'aide de vaisseaux souvent très-ténus qui environnent le tube digestif, sont fermes à leur extrémité, et se terminent ordinairement à la région supérieure de l'intestin. La longueur de ces vaisseaux biliaires paraît être en sens inverse de leur nombre qui, selon Latreille, est généralement de quatre ou de six, mais qui, d'après Carus, varie de deux à cent cinquante.

Les Insectes ont probablement aussi un appareil urinaire, puisque l'on a trouvé dans les excréments du Bombyx du mùrier de l'urate d'ammoniaque. Hérold pense que cette sécrétion a lieu dans des conduits qui s'abouchent dans le canal intestinal, et que les naturalistes ont généralement considérés comme sécrétant seulement la bile. Des observateurs ayant découvert de l'urate d'ammoniaque dans le liquide qu'ils contiennent, il paraît vraisemblable, dit Tiedemann, qu'ils président à la fois à la sécrétion de la bile et de l'urine, ainsi que l'a fait voir J.-F. Meckel.

Beaucoup d'Insectes sécrètent des fluides vaporeux ou liquides trèsodorants, et qu'ils émettent spontanément à la superficie de leur corps quand ils sont irrités, ou qu'ils veulent se soustraire à leurs agresseurs. Les uns affectent agréablement notre odorat, et exhalent le parfum de la rose, comme cela a lieu dans le Cérambyx musqué; d'autres sentent le thym, ainsi qu'on le voit chez la Ligée de la jusquiame; mais d'autres, comme les Punaises, les Ténébrions, les Blattes, produisent des émanations excessivement fétides. Chez plusieurs de ces animaux, les organes producteurs de ces fluides consistent en des vésicules creuses placées à l'intérieur du corps, et qu'ils peuvent faire saillir à sa superficie quand ils veulent les évacuer; chez d'autres, ils sont émis par de simples follicules situés vers les articulations 5.

Plusieurs Insectes se font remarquer dans les ténèbres par l'éclat phosphorescent dont brille leur corps; le siége des organes qui le pro

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duisent varie; sur plusieurs Coléoptères c'est l'abdomen qui est lumineux', sur d'autres 2 c'est le corselet qui est le siége d'une lumière éclatante. Parmi les Orthoptères, les Lépidoptères et les Hémiptères, on voit aussi quelques espèces offrir de la phosphorescence: tel est le Taupe-Grillon, chez les premiers, à ce que dit Sutton dans l'ouvrage de Kirby et Spence; le Pyralis minor, d'après Brown, pour les seconds; et enfin, pour les derniers, certaines Cigales, selon Olivier. Les naturalistes et les chimistes se sont beaucoup occupés de la nature de ce phénomène, et comme les Lampyres ont été principalement le sujet de leurs observations, nous en avons traité dans leur histoire. Génération. Dans cette classe, l'appareil génital est curieux à étudier à cause de la grande variété que présente son organisation, ou des procédés divers qui concourent à sa fonction. Cependant on peut le considérer comme se composant normalement de la manière suivante. Les mâles offrent deux testicules dont chacun est formé d'un tube sécréteur de la semence, long et pelotonné en masse; puis deux canaux déférents partant des réservoirs ou vésicules séminales; et enfin un conduit commun résultant de la réunion des deux déférents; l'appareil extérieur ou de copulation présente souvent en dehors deux pièces cornées susceptibles de s'écarter, à l'aide de muscles situés à leur base, et de faire l'office d'un coin en contraignant la vulve à s'ouvrir. Ces organes, que Kirby nomme forceps, sont parfois remplacés par des crochets qui saisissent et retiennent l'extrémité postérieure de l'abdomen de la femelle. Le pénis est cylindrique ou conique, et terminé, dans quelques espèces, par un stylet plus ou moins long.

Les femelles offrent un organe générateur interne qui peut se comparer à un Y, dont les deux branches supérieures se termineraient par des digitations dans lesquelles se forment les œufs et qui sont pelotonnées ou régulièrement roulées en spirale 3. De la réunion des deux conduits des ovaires, résulte un canal commun ou oviducte sur lequel s'abouchent deux vésicules; l'une qui se termine par deux cornes et qui est chargée de sécréter l'enduit des œufs; l'autre, qui est plus volumineuse, et que Hérold et M. Audouin considèrent comme étant le réservoir de la semence du mâle qui doit féconder les œufs à mesure qu'ils passent dans l'oviducte, et que l'on a nommée poche copulatrice (Pl. XXI, fig. p.c.). A l'orifice génital des femelles on trouve souvent un pondoir en forme de couteau, de gouge ou de scie, destiné à introduire les œufs dans les corps où la Larve doit naître et se développer.

Il est à remarquer que l'appareil que nous décrivons est presque inapparent chez les Larves qui sont très-jeunes; qu'il ne se dessine mieux que lorsqu'elles s'approchent de leur métamorphose, et que c'est seulement dans les Chrysalides qu'il se développe entièrement. En outre, quelques groupes offrent cela de particulier qu'il y a parmi eux comme

Lampyris noctuluca. • Elater noctilucus. 3 Papillon du chou,

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