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FAMILLE DES CICADAIRES.

Ailes inclinées en toit et non croisées; tarses triarticulés. Antennes très-courtes, coniques, de trois à six articles.

CIGALES. Cicada. Tête plus large que le corselet; étuis transparents, veinės. Antennes de six articles; trois stemmates.

Ces Hemiptères habitent les pays chauds et se tiennent presque constamment sur les arbres; leur vol est rapide et léger, principalement lorsque la température est élevée, car le froid semble paralyser leurs mouvements. Aussitôt que les Larves des Cigales sont sorties de l'œuf, elles s'acheminent vers la terre et s'y enfoncent; sous cet état ces Insectes sont blancs et pourvus de pattes; leurs Nymphes sont agiles et vivent également sous le sol aux dépens des racines des plantes, et elles y résident parfois à deux ou trois pieds de profondeur, leurs membres anterieurs étant fort bien disposés pour creuser. Lorsque leur accroissement est terminé, au retour des chaleurs, ces Nymphes abandonnent à jamais la terre, vont se suspendre aux arbres, puis bientôt leur peau se crève et elles en sortent ornées d'ailes en laissant leur dépouille accrochée sur le lieu de leur métamorphose. Dans les premiers moments de leur nouvelle existence les Cigales sont presque entièrement vertes, et ce n'est que peu à peu, sous l'influence de l'air, qu'elles se colorent de teintes plus foncées.

Ces Insectes sont devenus célèbres par l'espèce de chant qu'ils font entendre; il sert aux mâles pour appeler les femelles à l'époque des amours, et se trouve produit par un appareil dont celles-ci sont dépourvues et qui est ainsi décrit dans le règne animal de Cuvier :

Les organes du chant sont situés à chaque côté de la base de l'abdomen, intérieurs et recouverts chacun par une plaque cartilagineuse en forme de volet. La cavité, qui renferme ces instruments, est divisée en ⚫ deux loges par une cloison écailleuse et triangulaire. Vue du côté du ventre, chaque cellule offre antérieurement une membrane blanche et plissée, et plus bas, dans le fond, une lame tendue, mince, transparente, que Réaumur nomme le miroir. Si on ouvre en dessus cette partie du corps, on voit de chaque côté une autre membrane plissée qui se meut par un muscle très-puissant, composé d'un grand nombre de fibres droites et parallèles, et partant de la cloison écailleuse; cette membrane est la timbale. Les muscles, en se contractant et se relachant avec promptitude, agissent sur les timbales, les étendent ou les remettent dans leur état naturel, telle est l'origine des sons qu'elles produisent, même après la mort de l'animal, si elles éprouvent alors des tiraillements semblables. »

Les femelles possèdent seulement des rudiments d'organes de chant, et elles offrent une tarière composée de deux pièces dentées sur les côtés, et pointues à feur extrémité, avec lesquelles elles entaillent les

écorces des arbres comme avec une lime, pour déposer leurs œufs dans leur intérieur.

Historique. On trouve dans tous les écrits comme sur tous les monuments des indices qui attestent que les Cigales avaient frappé les anciens peuples. Elles furent observées par les Egyptiens, car on en découvre parmi leurs hieroglyphes, où elles représentent symboliquement les ministres de la religion. Aristote en fait mention, et nous ap prend qu'elles n'ont point de bouche, mais une espèce d'organe pour pomper la rosée. Diodore de Sicile dit bénévolement qu'il n'existait point de ces Insectes sur le territoire de Locres, parce qu'Hercule se trouvant incommodé par le bruit de leur chant, pria les Dieux de l'en délivrer, et que son vœu avait été exaucé. Les citoyens d'Athènes portaient parfois dans leurs cheveux des Cigales imitées en métal, pour rappeler que l'homme doit à la mère-patrie un attachement semblable à celui que ces animaux marquent à l'arbre qui les nourrit.

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Aristote rapporte que les Grecs faisaient des Cigales un des délices de leurs festins, et que souvent on y servait de leurs Larves. Ils aimaient aussi particulièrement les femelles, lorsqu'elles avaient le ventre distendu d'œufs. Pline dit aussi que cette coutume s'était répandue parmi les Romains et diverses nations de l'Orient. Les Parthes regardaient ces Insectes comme propres à ouvrir l'appétit; ils en consommaient beaucoup au début de leurs repas. On les a aussi autrefois employés en médecine, mais aujourd'hui on n'en fait aucun usage.

La Cigale commune ou chanteuse est celle qui est répandue dans toute l'Europe méridionale, et c'est à elle que se rapporte principalement tout ce que l'on sait des Insectes de ce genre.

La Cigale du l'Orne, qui se trouve dans le midi de la France, attaque l'écorce des frênes, et M. Guibourt ainsi que MM. Fée, Merat et Delens, croient que ses piqûres peuvent bien contribuer à faciliter l'ecoulement de la manne qui se produit sur cet arbre.

FULGORES. Fulgora. Front monstrueusement dilaté. Antennes insérées sous les yeux.

Ces Hexapodes résident dans les deux continents; on les trouve sur les arbres. Leur proéminence frontale est tantôt vésiculeuse, tantôt diversement taillée. Chez plusieurs espèces, elle brille, dit-on, d'une lumière phosphorique pendant les ténèbres. La Fulgore, nommée à cause de cela Porte-lanterne, paraît une de celles où ce phénomène a été le mieux constaté. Mlle de Merian dit que l'un de ces Hémiptères lui permit de lire une gazette à l'aide de la clarté qu'il produisait; mais le botaniste Richard et Hancock nient cette assertion, et rapportent qu'elle a été inventée par les Français de la Guyane, mus par le désir d'expliquer la fonction de l'appendice diaphane, et semblable à une lanterne de corne qui se trouve au-devant de la tête. Cet Insecte est indigène de Cayenne et de la Guadeloupe.

CICADELLES. Cicadella. Antennes insérées entre les yeux et n'offrant que trois articles.

On connaît un grand nombre d'espèces dans ce genre, et quelquesunes habitent l'Europe. La Larve de plusieurs se dérobe à ses ennemis en s'entourant d'une bave écumeuse.

FAMILLE DES PHYTADELGES.

Ailes n'existant ordinairement que chez les mâles; pattes variables. Antennes dépassant la tête en longueur, et composées de six à onze articles.

PSYLLES. Psyllus. Tarses dimérés et bi-ongulés, terminés par une vésicule. Antennes de dix à onze articles, dont le dernier est terminé par deux soies.

Ces Insectes ont aussi reçu le nom de Faux Pucerons; ils vivent sur les végétaux et se nourrissent même de leurs sucs.

THRIPS. Thrips. Corps alongė; ailes linéaires, frangées de poils. Toutes les espèces de ce genre sont extrêmement petites et vivent sous les écorces ou sur les fleurs, et elles adhèrent à celles-ci à l'aide des vésicules qui terminent leurs tarses. Lorsqu'on les inquiète, elles relèvent leur abdomen à l'instar des Staphylins.

PUCERONS. Aphis. Ailes transparentes ou nulles. Antennes dépassant le corps; deux tuyaux ou deux mamelons excrétoires sur le ventre.

Ces Insectes, qui étaient appelés Poux des arbres, vivent tous sur les végétaux, et on les rencontre sur leurs tiges, leurs branches, leurs feuilles et mème sur leurs racines. Souvent ils produisent à la surface de ceux-ci des excroissances énormes et qui forment de solides nodosités sur les branches des arbres, ou bien des espèces de poches qui apparaissent sur les feuilles et renferment leurs familles. Ces Hémiptères, par leur frele organisation, semblent peu aptes à entreprendre des voyages; cependant des observations faites par Ch. Morren sur le Puceron du pécher, ainsi que celles auxquelles a donné lieu le Puceron Laniger, semblent prouver que ceux-ci émigrent d'un pays dans un autre. Ce savant, dans son mémoire sur ce sujet, a tracé la marche d'une colonne de ces Insectes qui envahit la Belgique en 1834, et se propagea successivement sur une partie de son territoire. A Gand, leurs légions innombrables apparurent en telle abondance que la lumière du soleil en fut obscurcie et que l'on ne pouvait plus distinguer les murs des fabriques et des maisons, et les habitants de quelques districts étaient mème obligés de se couvrir le visage de mouchoirs pour se préserver de leur contact. Les Pucerons vivent presque tous en société et n'ont qu'une marche lente; ils se nourrissent de la séve des plantes en la

pompant à l'aide de leur bec, après avoir percé les tissus de celles-ci. Les tubes ou les mamelons qui se trouvent à la partie postérieure de leur abdomen et en dessus, exhalent une liqueur faiblement sucrée, qui s'amasse parfois dans les poches qu'ils habitent.

L'étude de la reproduction de ces Insectes révèle des faits curieux. Ce qui frappe d'abord c'est leur grande fécondité. Réaumur vit une femelle donner naissance à 90 individus de son sexe, et il calcula qu'à la cinquième génération sculement il y aurait 5,904,900,000 petits de produits; ce qui est effrayant quand on songe que le nombre des générations est chaque année beaucoup plus considérable que celui que nous mentionnons. Par une salutaire compensation, ces Hémiptères ont une foule d'ennemis, et les Oiseaux et les Insectes en détruisent énormément. Un fait non moins remarquable de leur histoire que leur fécondité, c'est qu'un seul accouplement suffit pour féconder plusieurs générations successives, à ce que prétendent Bonnet, Réaumur et Lyonnet qui ont pris des petits au moment où ils sortaient du ventre de leur mère, les ont élevés dans l'isolement, et les ont vus produire de nouvelles races. Enfin, il est encore curieux de noter que ces animaux sont tour à tour vivipares et ovipares, selon les saisons. Les femelles, qui sont beaucoup plus nombreuses que les males, mettent au jour des petits vivants, pendant tout l'été ; et durant l'automne, elles produisent seulement des œufs qu'elles insinuent dans les écorces où ils restent tout l'hiver sans éclore.

Ce genre renferme un grand nombre d'espèces. Schrank en a décrit soixante-dix dans sa Faune. Le Puceron du rosier, qui vit dans nos parterres, est l'un des plus communs. Il se tient sur les jeunes pousses de ce végétal, et en absorbe les sucs (Pl. 24).

Le Puceron Laniger, dont le corps est recouvert par un duvet long et blanc, a été considéré par M. Blot comme devant former le type d'un genre nouveau qu'il nomme Misoxyle, Suce-bois, et qui lui semble suffisamment caractérisé par la brièveté des antennes et l'exiguïté des tubes abdominaux qui, sur cette espèce, se réduisent à de simples tubercules. Quelques personnes pensent que cet Insecte est indigène de l'Amérique septentrionale et qu'il fut d'abord importé de cette partie du monde en Angleterre, où on l'observa en 1787 pour la première fois. Ce ne fut qu'en 1812 qu'il pénétra en France après avoir franchi la Manche; il se montra d'abord en Normandie, puis se dirigea vers l'intérieur. Cet Hémiptère vit particulièrement sur les rameaux des pommiers et il y occasionne des nodositės énormes qui jettent tant de perturbation dans la végétation que parfois les plus robustes arbres en meurent. Quelques personnes prétendent que durant l'hiver il se réfugie sur les racines, et Banks dit en avoir remarqué à la surface de celles-ci.

Les Pucerons Lanigers se multiplient avec une effrayante facilité, et M. Tougard, qui a fait quelques observations sur ces animaux, prétend qu'à chaque génération ils produisent, terme moyen, cent petits;

de manière qu'à la cinquième, le chiffre s'élève déjà à cent millions d'individus émis par une seule mère, et qu'à la dixième la génération peut être évaluée à un quintillon. Cette fécondité prodigieuse explique les desastres que ces Insectes opèrent aujourd'hui parmi les vergers de la Normandie, et cette foule d'écrits auxquels ils ont donné lieu et dans lesquels on a proposé tant de moyens divers pour leur destruction; tels sont ceux de MM. Denoyelle, Dubuc, Soulange-Baudin, Jeaume Saint-Hilaire, Blot, Bosc, Auguste Leprévost, Tougard, Macquard, etc., etc., qui ont successivement conseillé d'employer contre ces Hémiptères le feu, les lessives de potasse et de soude, l'assafoetida, le sulfure de chaux, le sulfate de cuivre, le sublimé corrosif, l'urine, etc., etc., procédés qui, jusqu'à ce jour, n'ont pas été couronnés d'un plein succès.

Un Puceron encore peu connu et qui a été nommé Aphis tritici, ravage en ce moment les blés de l'Amérique méridionale et fait parmi les champs d'immenses dégâts.

COCHENILLES, Coccus. Ventre terminé par deux soies; tarses d'un seul article monongulé; males ailés; femelles aptères. Antennes filiformes on sétacées.

Les Cochenilles se trouvent répandues dans les deux mondes et parmi des climats fort divers; on les rencontre sur les branches et les feuilles des végétaux constamment verts, et souvent elles y forment des espèces de pustules ou de galles qui leur ont fait donner le nom de Gallinsectes par les observateurs. Ces Insectes sont de petite taille et fort remarquables par les différences de formes qu'offrent les deux sexes. Les måles n'ont point d'organes de manducation apparents, et ils portent deux ailes transparentes, tandis que les femelles sont aptères et offrent une bouche formée par un bee court ayant les caractères de leur ordre. A l'état de Larve, les Cochenilles des deux sexes sont assez agiles et se répandent sur les plantes; le mâle continue même toute sa vie à errer de côté et d'autre, mais les femelles, vers les derniers temps de leur existence, sc fixent à l'aide de leur bec à la surface des végétaux sur lesquels elles résident, et ne changent plus de place; puis elles se développent, s'accouplent, pondent et meurent sur le lieu où elles se sont attachées, et on ne peut les en arracher sans léser l'organe par lequel s'opére leur adhérence. A l'époque de la ponte, quelques espèces qui sont pourvues d'un duvet abondant forment sous elles, avec celui-ci, une sorte de nid pour recevoir leurs œufs. Dans tous les cas, ceux-ci, qui sont extrêmement nombreux, passent sous le corps de la mère à mesure qu'elle les pond; puis, aussitôt que tous sont expulsés, la peau de la femelle se dessèche et le cadavre de celle-ci forme une coque protectrice qui les recouvre et sous laquelle les œufs sont renfermés ou abrités comme sous une espèce de toit. Là, ils éclosent et l'on rencontre durant quelque temps les jeunes Cochenilles qui sont alors fort agiles. Quelques auteurs ont établi deux coupes subgénériques dans ce

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