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sous les scellés au château des Tuileries, et sa famille n'y est entrée qu'avec les vêtemens qu'elle portait. Dans ce dénûment, Louis a donné des ordres pour se procurer des vêtemens, du linge et autres effets nécessaires; et les valets de chambre ont transmis les ordres aux anciens fournisseurs par les anciens commissaires. Les commissaires de la commune se sont prêtés à ses besoins et à ses désirs, et il a été fourni de tout ce qu'il a demandé. En conséquence, les serviteurs nous ont présenté 80 mémoires des fournitures qui lui ont été faites depuis le 10 août jusqu'au 30 octobre. Il ne nous a pas été difficile d'y reconnaître les mêmes abus que pour la bouche, continués par les fournisseurs de l'ancien régime royal. Non-seulement il en est qui paraissent au premier coup-d'œil évidemment exagérés, mais encore la multiplicité des fournitures, pour des vêtemens et du linge de même sorte, ont décelé l'avidité de quelques-uns par des prix bien différens.

Les exagérations de bien des mémoires ont frappé même le ci-devant Roi et la ci-devant Reine, qui nous en ont parlé, en nous invitant à les réduire à leur juste valeur et nous nous en sommes occupés avec gens connaisseurs (1).

Nous avons commencé par faire payer au C. Pétion 2,000 livres qu'il avait avancés à Louis, et à Huë son premier valet de chambre 526 livres, et le valet de chambre actuel a démontré l'emploi de ces deux sommes pour le ci-devant Roi.

Les deux serviteurs actuels nous ont présenté les 78 mémoires de vêtemens, linges de corps et de lit, étoffes et autres effets fournis à Louis, à son épouse, à son fils, sa fille et à sa sœur, depuis le 10 août jusqu'à la fin d'octobre, ils forment un total de 29,505 livres 14 sous 1 dénier, suivant le prix que les fournisseurs ont mis à leurs mar

(1) Rien n'est peut-être plus digne de remarque que cette sollicitude de Louis XV1 et de la Reine, s'occupant de réduire eux-mêmes les dépenses qu'entraînait leur captivité.

chandises. Mais le plus grand nombre de ces mémoires

et

les plus considérables, sont réductibles d'une diminution de plus de 1,000 écus ou 4,000 livres. Nous en avons fait les observations au conseil général de la commune, dans notre rapport du 18 novembre, et le conseil ordonnança le paiement des fournitures les moins considérables qui ne paraissaient pas réductibles, en arrêtant que les commissaires s'adjoindraient des experts pour taxer les autres

Différentes circonstances ont empêché la première commission des comptes de pouvoir commencer cette expertise, mais le début des experts justifie ce qu'on vient d'avancer, car sur les mémoires montant à la somme de 3,182 livres, ils ont fait une diminution de 722 livres, en portant les fournitures et les façons au plus haut prix.

Pendant ces deux premiers mois et demi, il a été fait encore quelques légères fournitures dont les valets de chambre ne nous ont présenté les mémoires qu'en décembre avec ceux des fournitures de novembre. Le nouveau conseil nous a obligés de les remettre, dans l'état où on nous les avait donnés, à la nouvelle commission des comptes qu'il a nommée. Nous observerons seulement que nous les avons fait voir aux experts et qu'ils les ont jugés susceptibles des pareilles réductions que les premiers.

Je finirai cet article en observant qu'il ne faudrait pas pressentir les dépenses à faire pour ces objets, par celles qui ont été faites. Les premiers besoins nés des circonstances ont été remplis ; l'entretien doit être maintenant bien moins considérable.

4°. Dépenses du Conseil séant au Temple.

Les dépenses du conseil séant au Temple, consistent en soins journaliers pour la nourriture des commissaires de service, pour la consommation de bois, de lumière de cire et de suif, dans les salles et corps-de-garde, pour l'illumination des

cours pour l'emploi des papiers, cartes d'entrée, et pour les blanchissages et autres objets par conséquent.

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La table des commissaires a été fournie par un traiteur et un limonadier de l'extérieur du Temple. Sous l'ancien conseil général le traiteur fournissait à raison de 4 livres par tête, pour le déjeûner, le dîner et le souper. Le nouveau conseil a porté cette dépense à six francs.

Jusqu'au dernier novembre, le conseil séant au Temple recevait à sa table les huit commissaires de service, ceux des commissions qui s'y trouvaient en exercice, les quatre officiers 'd'état-major, les commissaires envoyés, au besoin, par le département et par la Convention nationale. Le traiteur fournissait aussi souvent, par ordre du conseil, des alimens à des ouvriers et autres personnes nécessaires alors; et il en a coûté au moins 10,000 livres pour le traiteur, et 1,500 livres le limonadier.

pour

Des gens malintentionnés ont parlé d'orgies faites au Temple par les commissaires de service, par des fournisseurs et même par des membres de la Convention nationale, mais les commissaires des comptes protestent que ce sont des calomnies et qu'ils ont vu peu d'abus en cette partie.

Des commissaires du nouveau conseil provisoire ont voulu borner la table à seize personnes du conseil et de l'état-major du Temple; mais la nécessité qui les oblige d'y admettre, dans les circonstances, ceux de leurs collègues et des membres de la Convention qui y sont envoyés, leur a démontré leurs faibles vues dans cette prétendue réforme, et dans l'augmentation pour les frais de leur table; elle a coûté à peu près autant en décembre que dans les mois précédens, quoique le nombre des convives y fût bien plus grand; mais, comme nous avons observé, il est à croire que le service des deux tables, qui a commencé en janvier d'être fait par la même cuisine, supprimera tout-à-fait cette dépense, si la cuisine est bien surveillée.

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L'illumination des cours a fait un 'objet plus considérable que la table, en août et septembre; mais les commissions établies au Temple en octobre y ont mis une grande réforme économique.

Je ne puis donner un détail plus précis sur les dépenses ordonnées immédiatement par le conseil séant au Temple; c'est Roché, mon collègue, qui en a ordonnancé le paiement; c'est à lui à fournir les explications nécessaires.

5o. Dépenses des travaux faits au Temple.

Les travaux jugés nécessaires au Temple, pour la garde et la sûreté de la famille ci-devant royale, consistent en appartemens construits et meublés dans la tour, pour eux et pour le conseil; en la confection d'un fossé autour de la tour et son comblement; en l'entretien de murs fort élevés et des différens corps-de-garde, etc.

Les travaux étaient si peu avancés au commencement d'octobre, que le conseil de la commune a nommé deux commissions pour les hâter, les surveiller et les faire payer; le Temple était alors ouvert en grande partie par le jardin, et la fin de novembre a vu finir les travaux qu'on a crus nécessaires jusqu'à ce que la Convention ait décidé sur le sort des prisonniers.

Les dépenses montent à près de 200,000 livres, et la plus grande partie a été ordonnancée et même payée; mais c'est Roché, mon collègue, qui a fait principalement ces comptes avec l'administration des travaux publics et l'architecte de la commune: c'est à lui d'en fournir l'état.

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Pour faire ces travaux, Palloy qui en a été le premier chargé, a cru devoir faire abattre des maisons voisines les propriétaires ont réclamé de grandes indemnités, pour l'appréciation desquelles le conseil général a nommé une commission particulière. Elle n'a point communiqué avec les autres; l'admi

nistration des travaux publics n'a pu rendre de compté à la Convention. Il y a encore, au Temple, un autre objet d'administration; c'est la garde, l'entretien et l'inspection des appartemens de la première tour et du grand nombre de meubles précieux qui s'y trouvent. Cet objet a été soumis à l'inspection de commissaires particuliers nommés, au mois d'août, par l'ancien conseil-général, sous le titre de Commission des déménagemens.

Résumé.

Il résulte de ce qui vient d'être exposé, que les plus grandes dépenses faites au Temple, depuis le 13 août jusqu'au dernier novembre, sont celles que les circonstances ont indiquées pour la garde et la sûreté des prisonniers. Les autres n'y ont pas été considérables; celles de bouche ont monté à environ 35,000 à 36,000 livres; celle de l'entretien de la famille cidevant royale a été d'environ 31,000 à 33,000 livres; celle du conseil séant au Temple, de 20 et quelques mille livres; et les commissaires avaient évalué le traitement des employés à 50,400 livres par an. La confusion, née des circonstances, en avait encore occasioné d'inutiles avec quelques profusions et prodigalités l'ancien conseil de la commune y a fait mettre tout l'ordre, les économies et les réformes possibles par les commissaires de service et des autres commissions; mais ceuxci ont été aussi trop gênés et contrecarrés dans leurs opérations, pour avoir pu faire toutes les réformes nécessaires. Ils sont du moins parvenus à y préparer l'ordre et l'économie, par les travaux, l'apurement des comptes et la simplification du service.

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. Mais, quelques simplicité et facilité qui s'y trouvent mainte nant, il n'est pas possible que des commissaires qui se succèdent au Temple, toutes les quarante-huit heures, et qui y sont presque entièrement occupés de la garde des prisonniers et de la police des personnes qui se trouvent au Temple ou qui s'y

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