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Where once my careless childhood stray'd,
A stranger yet to pain!

I feel the gales, that from you blow
A momentary bliss bestow;

As, waving fresh their gladsome wing.
My weary soul tkey seem to sooth,
And, redolent of joy and youth,
To breathe a second spring.

Say, father Thames, for thou hast seen
Full many a sprightly race,
Disporting on thy margent green,
The paths of pleasure trace;
Who foremost now delight to cleave,
With pliant arms, thy glassy wave?
The captive linnet which enthrall ?
What idle progeny succeed

To chase the rolling circle's speed,
Or urge the flying hall?

Alas! regardless of their doom,

The little victims play!

No sense have they of ills to come,
Nor care beyond to-day.

« Heureuses collines, charmans bocages, champs << aimés en vain, où jadis mon enfance insouciante « errait étrangère à la peine! Je sens les brises qui <<< viennent de vous; elles m'apportent un bonheur « d'un moment: tandis qu'elles battent fraîchement

« de leur aile joyeuse, elles semblent caresser mon << ame abattue, et, parfumées de joie et de jeunesse, << me souffler un second printemps.

« Dis, paternelle Tamise (car tu as vu plus d'une << race éveillée se jouant sur ta rive verdoyante, y << tracer les pas du plaisir), dis quels sont aujourd'hui << les plus empressés à fendre d'un bras pliant ton << onde cristalline, à enlacer la linotte captive. Dis « quelle génération volage l'emporte à précipiter la « course du cerceau roulant, ou à lancer la balle fu<< gitive.

« Hélas! sans souci de leur destinée, folâtrent les << petites victimes! Elles n'ont ni prévision des maux « à venir, ni soin d'outre-journée. »>

Qui n'a éprouvé les sentimens et les regrets exprimés ici avec toute la douceur de la Muse? Qui ne s'est attendri au souvenir des jeux, des études, des amours de ses premières années? Mais peut-on leur rendre la vie? Les plaisirs de la jeunesse reproduits par la mémoire, sont des ruines vues au flambeau.

Gray avait la manie du gentleman-like; il ne pouvait souffrir qu'on lui parlât de ses vers, dont il rougissait. Il se piquait d'être savant en histoire, et il l'était; il s'occupait aussi des sciences naturelles ; il avait des prétentions à la chimie, comme dernière

ment sir Davie ambitionnait le renom de poète, mais avec raison. Où sont la Gentilhommerie, l'Histoire et la Chimie de Gray? Il ne vit que dans un sourire mélancolique de ces Muses qu'il méprisait.

Thomson a exprimé, comme Gray, mais d'une autre manière, ses regrets des jours de l'enfance,

Welcome, kindred glooms!

Congenial horrors hail! with frequent foot,
Pleas'd have I, in my chearful morn of life,
When nurs'd by careless solitude I liv'd,

And sung of nature with unecasing joy,

Pleas'd have I wander'd thro' your rough domain;
Trod the pur virgin-snows, myself pure.

« Bien-venues ombres apparentées! sympathiques << horreurs, salut! Que de fois charmé au joyeux ma<< tin de ma vie, lorsque je vivais nourri par une so« litude insouciante, chantant la nature dans une joie << sans fin, que de fois j'ai erré charmé à travers les « rudes régions des tempêtes et foulé les neiges virgi<< nales, moi-même aussi pur! etc. »

Comme les Anglais avaient leur Thomson, nous avions notre Saint-Lambert et notre Delille. Le chefd'œuvre du dernier est sa traduction des Géorgiques (aux morceaux de sentiment près), mais c'est comme

si vous lisiez Racine traduit dans la langue de Louis XV on a des tableaux de Raphaël, copiés par Mignard; tels sont les tableaux de Virgile, calqués par l'abbé Delille.

Les Jardins sont un charmant ouvrage. Un style plus large se fait remarquer dans quelques chants de la traduction du Paradis perdu. Quoi qu'il en soit, cette école Technique, placée entre l'école classique du XVIIe siècle et l'école Romantique du xIxe, est finie: ses hardiesses trop cherchées, ses labeurs pour ennoblir des choses qui n'en valent pas la peine, pour imiter des sons et des objets qu'il est inutile d'imiter, n'ont donné à l'école technique qu'une vie factice, passée avec les mœurs factices dont elle était née. Cette école, sans manquer de naturel, manque de nature; vouée à des arrangemens puérils de mots, elle n'est ni assez originale comme école nouvelle, ni assez pure comme école antique. L'abbé Delille était le poète des châteaux modernes, de même que le troubadour était le poète des vieux châteaux : les vers de l'un, les ballades de l'autre font sentir la différence entre l'aristocratie dans la force de l'âge et l'aristocratie dans la décrépitude : l'abbé peint des lectures et des parties d'échecs, dans les manoirs où le troubadour chantait des croisades et des tournois.

La prose et les vers de M. de Fontanes se ressemblent et ont un mérite de même nature. Ses pensées et ses images ont une mélancolie ignorée du siècle de Louis XIV, qui connaissait seulement l'austère et sainte tristesse de l'éloquence religieuse. Cette mélancolie se trouve mêlée aux ouvrages du chantre du jour des morts, comme l'empreinte de l'époque où l'auteur a vécu; elle fixe la date de sa venue; elle montre qu'il est né depuis Rousseau, non immédiatement après Fénélon: Si l'on réduisait les écrits de M. de Fontanes à deux petits volumes, l'un de prose, l'autre de vers, ce serait le plus élégant monument funèbre qu'on pût élever sur la tombe de l'école classique.

Parmi les odes posthumes de M. de Fontanes, il en est une sur l'Anniversaire de sa naissance; elle a le charme du Jour des morts, avec un sentiment plus pénétrant et plus individuel. Je ne me souviens que de ces deux strophes :

La vieillesse déjà vient avec ses souffrances.
Que m'offre l'avenir? De courtes espérances.
Que m'offre le passé? Des fautes, des regrets.

Tel est le sort de l'homme; il s'instruit avec l'âge :

Mais que sert d'être sage,

Quand le terme est și près?

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