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dans le cas de recevoir, et que certes ceux qu'il a reçus ne sont jamais venus chez lui en secret. - A elle demandé; que par la demande précédente, on aurait désiré connaître les noms des dits citoyens? — A répondu; que comme homme public, Roland recevait chez lui un grand nombre de personnes qu'il lui serait impossible de nommer et qu'elle ne voyait jamais; qu'au surplus, comme particulière, elle n'a jamais tenu ce qui s'appelle de cercle; qu'elle recevait quelquefois à table les collègues de son mari et différentes autres personnes qui se trouvaient en liaison avec eux. - A elle demandé; si elle n'avait pas connaissance d'un projet à l'effet d'établir une république fédérative, et rompre par là l'unité désirée par tous les bons citoyens? - A répondu; que non-seulement elle n'a connaissance d'aucun projet pareil; mais qu'elle a entendu constamment les personnes qui se sont entretenues chez elle, désirer l'unité de la République, comme faite pour lui assurer une plus grande force, craindre que cette unité ne fût rompue si la balance n'était pas tenue égale entre tous les départements, et souhaiter que Paris ne fit jamais rien qui pût exciter contre lui la jalousie des autres. A elle observé; que le citoyen Roland avait cependant cherché à former dans les départements des bureaux d'opinion publique, et que même il était question qu'il devait avoir des fonds pour cette opération? - A répondu; que quant à la première partie de cette question, elle la croit absolument dénuée de fondement: que quant à la seconde, on connaît le décret qui attribuait au ministre de l'intérieur, des fonds pour répandre des écrits utiles; ajoute la répondante, que les comptes rendus par Roland présentent, avec la plus sévère exactitude, l'emploi de la seule partie de ces

fonds qu'il ait dépensée et quels sont les écrits qu'il a répandus 1.-A elle demandé; si elle a connaissance des dits écrits qui auraient pu influencer l'opinion publique dans les départements? A répondu; que l'énoncé de ces écrits se trouve dans les comptes mêmes qu'elle vient de citer et dont il y a eu des tableaux affichés; que c'est donc au public et non à elle à les juger.—A elle observé; que le citoyen Roland n'avait pas réellement rendu ses comptes, puisqu'avant cette dernière révolution, il sollicitait de les rendre définitivement, afin, disait-il, de se retirer où bon lui semblerait?-A répondu; que comme elle ne doit pas supposer de mauvaises intentions à ceux qui l'interrogent, elle ne peut voir dans la précédente question, qu'une grande ignorance des faits; que les comptes de Roland ont été rendus; que non-seulement il fournissait à la Convention ceux de chaque mois, avec une extrême exactitude; mais à l'instant où il est sorti du ministère, il a donné le compte général le plus étendu et le plus détaillé; que ce que le citoyen Roland sollicitait, ce qu'il a réclamé avec des instances réitérées, c'est l'apurement de ses comptes, c'est-à-dire leur examen sévère par des commissaires de la Convention, et un rapport qui attestât ce que les commissaires les auraient trouvé être; qu'en conséquence, le Comité de l'examen des comptes de la Convention a chargé plusieurs de ses membres de cet examen ; qu'il y a été procédé avec exactitude; qu'elle sait que ces commissaires se sont rendus fréquemment dans les bureaux de l'hôtel du ministre de l'intérieur, se sont fait représenter toutes les minutes et

1. Sur 100 000 livres accordées à Roland pour répandre des écrits utiles, il en dépensa seulement un peu plus de trente pendant son ministère. (Note de Champagneux.)

A

pièces justificatives, et ont été édifiés, comme ils devaient l'être, de l'administration d'un homme que l'on citera longtemps pour son intégrité comme pour son courage; que le plus vif désir de Roland, comme le sien, c'est que les commissaires qui ont fait cet examen n'ayent plus longtemps la lâcheté de différer leur rapport, et que tous les bons citoyens se joignent à eux pour l'obtenir. elle demandé; si elle sait où le citoyen Roland son époux est actuellement?-A répondu; qu'elle l'ignore.-A elle demandé; si, dans les sociétés qu'elle voyait habituellement, des personnes liées avec Dumouriez, ou quelques autres traîtres à la patrie, ne se trouvaient pas ? — A rẻpondu; qu'elle n'a vu personne qui, à sa connaissance, fût intimement lié avec Dumouriez. Ajoute la répondante, que les citoyens qu'elle voyait sont tellement connus par leur patriotisme, qu'on ne peut les soupçonner d'avoir eu des liaisons avec des traitres. A elle 'demandé; si elle ne connaissait point le projet de détruire les sociétés populaires? — A répondu qu'elle n'a vu personne qui ait énoncé cette opinion.

Lecture faite à la répondante de nos interrogatoires et de ses réponses, y a persisté et a signé avec nous.

Signé ROLAND, née PHLIPON,

LOUVET et BAUDRAIS.

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Lacroix, de l'Eure. Vous avez mis Buzot hors de la loi, la force des armes républicaines l'a forcé de fuir du foyer de ses conspirations. Il vous reste un grand exemple à donner à ceux qui tenteraient de l'imiter. Je demande que la maison qu'il possède à Évreux soit rasée, et qu'elle ne puisse jamais plus être rebâtie

Thuriot

Des crimes sont commis tous les jours; qui les dirige? C'est Buzot, c'est Barbaroux, ce sont tous les scélérats que vous avez chassés de votre sein, ce sont eux (des renseignements ultérieurement acquis le prouvent) qui avaient fait assassiner Lepelletier. Puisque vous ne pouvez encore atteindre leurs personnes, ce sont leurs biens qu'il faut frapper pour donner un grand exemple à leurs imitateurs, et une réparation éclatante à la nation. Il faut faire trembler tous ceux qui auraient envie d'entrer dans cette conjuration.

La maison du conspirateur Buzot, dit-on, sert d'hypothèque à ses créanciers. Ne sait-on pas que la nation est trop grande pour ne pas les indemniser de la perte qu'elle leur ferait éprouver? La maison appartient-elle tout entière à un autre propriétaire, ce serait rendre service à ce citoyen, que de faire consumer par les flam

mes une habitation qui a été l'asile du crime. (Applaudissements.) Est-ce qu'on ne sait pas que la nation est trop grande pour ne pas se montrer généreuse envers les créanciers lésés. Je demande qu'on n'hésite pas un instant et que la proposition de Lacroix soit adoptée. Je demande que sur la place où aura été la maison de Buzot on mette cette inscription: Ici a demeuré le scélérat Buzol, qui avait conspiré la perte de la nation française. (On applaudit.)

Ces propositions sont décrétées'.

No XIV (Page 200).

LETTRE DE MADAME ROLAND A ROBESPIERRE.

(Inédite.)

Au Clos Laplatière, paroisse de Thésée. District de Villefranche, département de Rhône et Loire, 27 septembre 91.

Au sein de cette capitale, foyer de tant de passions, où votre patriotisme vient de fournir une carrière aussi pénible qu'honorable, vous ne recevrez pas, Monsieur, sans quelque intérêt une lettre datée du fond des déserts, écrite par une main libre, et que vous fait adresser ce sentiment d'estime et de plaisir qu'éprouvent les honnêtes gens à se communiquer. Lors même que je n'aurais suivi le cours de la révolution et la marche du Corps lé

1. Le 13 juin précédent, Buzot avait été mis en accusation par un simple décret, sur la proposition d'un membre, et sans aucune des formalités constitutionnelles. Il faut lire le Moniteur de ce temps pour se faire une idée des fureurs dont Buzot était l'objet de la part de la Montagne.

F.

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