Contre cette coalition triomphante dans les ministres et dans les Chambres, on suscite l'agitation électorale. Puis, sous prétexte du droit de réunion, on convoque le peuple des banquets! On y convie tout le monde; les appétits les plus grossiers y prendront place, les factions les plus radicales y enverront leurs orateurs, en attendant leurs séides. Tout cela se prépare et s'accomplit au cri, non dé fini et que rien ne limite, de « Vive la réforme ! » En 1847, on avait célébré en province jusqu'à soixante-dix banquets. On veut que Paris ait aussi le sien et quel banquet, hélas! un banquet qui, suivant l'expression du Grand-Agitateur, soit « un acte éclatant de résistance ». Paris entendra donc, à son tour, crier dans ses murs Vive la réforme! Mais à Paris tout va vite quand une fois on a mis tout en mouvement! Le 20 février, il ne s'agit encore, à en croire l'Opposition, que d'un banquet pacifique, pour amener tout au plus un procès-verbal anodin, et un jugement de simple police, devant lequel tout le monde promet de s'incliner avec respect.... Le 21, c'est l'annonce d'une démonstration gigantesque à laquelle devront prendre part toute la garde nationale, les écoles, les ouvriers, les frères et amis, e tutti quanti! Les Députés mème de l'opposition s'en alarment! Ils refusent d'y assister; mais, à titre de compensation, ils déposent un acte d'accusation contre le ministère. Le 23 février, la démonstratión criait: A bas Guizot! Vive la reforme! Le 24, l'émeute vocifère: A bas Odilon Barrel! Vive la République! Le Gouvernement constitutionnel et le roi Louis-Philippe sont ainsi renversés; mais quelle en sera la suite? Dès le lendemain 25 février, à ces mots de la veille : Vive la République! on ajoutera : Vive la République démocratique! Et bien pis encore démocratique et sociale..... --~ c'est-à-dire les doctrines du Luxembourg, et les ateliers nationaux. Mais la Capitale ensanglantée se réveille! Cette fois, la garde nationale ne crie plus : Vive la réforme! Elle se bat. Unie à l'armée, que ramènent au combat Cavaignac et Lamoricière, elle l'emporte; l'émeute est vaincue! Tout cela se passe à Paris. - Que fera la France? Inquiète de l'avenir, la France troublée se jette dans les bras du neveu de l'Empereur: Vive Napoléon! Bientôt sept millions de suffrages autorisent à crier : Vive l'Empereur ! Et maintenant, la France, après s'être montrée deux fois victorieuse sur les champs de bataille, en Crimée et en Italie; la France impériale, désormais rassise et rassurée, dit à tous les peuples civilisés : Vive la paix et la liberté! Paris, 1er février 1861. PARIS TYPOGRAPHIE DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L EMPEREUR, RUK GARANCIÈRE 8 |