Page images
PDF
EPUB

Mais, dit-on, c'est de la fantasmagorie, ce sont de vaines déclamations employées par certains orateurs et quelques journaux, pour se populariser aux yeux de leur nation! -Je veux le croire; mais cette tactique est bien usée, et il serait vraiment temps d'y renoncer, car le peuple anglais lui-même, mieux éclairé sur ses véritables intérêts, saisit au contraire avec transport toutes les occasions de marquer son désir de rester en paix avec nous.

Qu'ils recueillent donc eux-mêmes le fruit de notre alliance, qu'ils savourent les fruits de ce traité qu'ils ont tant convoité! et lorsque à la clôture de leur Parlement, leur auguste Reine a exprimé la confiance « qu'aucune » perturbation de la paix n'est à craindre », qu'ils jouissent avec nous des bienfaits de cette paix; et, au lieu de se montrer si orgueilleusement taquins, en Syrie, à Suez, et partout (1), qu'ils songent sérieusement à se procurer, en quantité suffisante, des grains pour vivre et du coton pour filer.

La nouvelle loi sur les céréales leur donne toute facilité de s'approvisionner en France, sans avoir à redouter les effets de l'échelle mobile désormais abolie. C'est encore une voie nouvelle dans laquelle nous sommes entrés. S'il n'en résulte que de bons effets, tout le monde y applaudira. Mais si l'exportation devenait trop forte et trop brusque du côté de la Manche, et si elle n'était pas compensée par des arrivages suffisants du côté de la Méditerranée; si, au lieu d'un simple renchérissement profitable à l'agriculture, dans une certaine mesure, il se produisait un épuisement, une cherté trop considérable, capable de compromettre notre propre alimentation; nul doute alors que le Gouver

(1) Et la fable de la Sardaigne prétendue cédée à la France!

nement ne trouvât bien vite le moyen d'y remédier. Ici, heureusement, nous ne sommes pas enchaînés par un traitė; la loi existante est l'ouvrage du seul législateur français, et l'on pourrait la changer en présence de cette grande maxime, applicable surtout en fait de subsistances : Salus populi suprema lex esto. — Il ne suffit pas que le prix du pain à Paris soit modéré; il faut aussi que dans la province il ne soit pas par trop cher.

Notre contrée n'a pas à se plaindre cette année. La récolte des grains y a été abondante et de bonne qualité; les sarrasins donneront énormément. Mais il n'en a pas été de même partout. En beaucoup d'endroits le rendement est médiocre en quantité et en qualité. -Tout près de nous, l'ouragan du 23 juin, qui s'est étendu bien au delà, a ravagé vingt-deux communes dans le Haut-Morvan et a laissé un grand nombre de malheureux sans res

sources.

Ce désastre a fourni à notre nouvel Évêque l'occasion de faire éclater son zèle et sa charité. Accoutumé à voir dans les Antilles des tempêtes furieuses porter partout le ravage et la désolation, il avait aussi contracté l'habitude de porter partout des consolations et des secours. C'est par là qu'il a débuté parmi nous. Dans sa première tournée pastorale, il a rencontré de grandes misères; il les a soulagées autant qu'il l'a pu, et son dévouement ne s'arrêtera pas tant qu'il aura l'espoir de faire davantage. Le Gouvernement aussi lui viendra en aide, les travaux projetés lui en donneront les moyens.

L'Empereur ne vient-il pas de manifester de nouveau, au sein de la capitale et sous l'invocation du nom de Malesherbes, « sa sollicitude incessante pour ceux qui souffrent? » - Et, dans une circonstance plus récente

encore, à l'occasion du rapport du ministre de l'intérieur sur les chemins vicinaux, n'a-t-il pas fait entendre ces paroles, qui doivent rester gravées dans la mémoire de tous les habitants des campagnes et être sans cesse présentes à l'esprit de leurs administrateurs :

« Les communes rurales, si longtemps négligées, doi» vent avoir une large part aux subsides de l'État, car » l'amélioration des campagnes est encore plus utile que » la transformation des villes. Il ne suffit pas d'assainir » et de fertiliser de vastes étendues de territoire, de tra» vailler à la mise en valeur des biens communaux et au >> reboisement des montagnes, d'organiser des concours et » de multiplier les comices; il faut surtout poursuivre » avec vigueur l'achèvement des chemins vicinaux. C'est » le plus grand service à rendre à l'agriculture.

[ocr errors]

Messieurs, ce ne sont pas là de vaines paroles ! L'Empereur ne veut pas que le vœu émis pour l'achèvement des chemins vicinaux reste stérile; il entend que ce projet soit promptement réalisé, et qu'à cet effet « un >> premier crédit soit ouvert sans délai » .

Imperatoria brevitas! - Prendre à propos des mesures de haute administration utiles et populaires, commander avec autorité, et savoir se faire obéir: c'est là gou

verner.

[ocr errors]

VIVE L'EMPEREUR !

Paris. Typographie de Henri Plon, imprimeur de l'Empereur, rue Garancière, S

DISCOURS

DE

M. LE PREMIER PRÉSIDENT BARTHE

AU SÉNAT

SUR LA

QUESTION ROMAINE

PARIS

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT ET DE LA MARINE,

RUE JACOB, 56.

« PreviousContinue »