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d'introduction à l'ouvrage. L'année suivante, il publia des Observations relatives aux taxes sur les fenêtres, les boutiques, et à l'impôt sur les merciers ambulans, etc.; elles sont pleines de sens et de jugement. Lorsque la question de la régence agita les esprits, il écrivit, en 1789, des Observations sur l'embarras national, et sur la manière dont le Parlement a procédé à ce sujet. Il émit, dans ce pamphlet, la même opinion que Pitt, opinion qui fut adoptée par le parlement, et partagée par la grande majorité de la nation. On croit que ce sont là tous les écrits avoués par De Lolme; mais il a publié dans les journaux plusieurs lettres, parmi lesquelles nous citerons celle qu'il écrivit sur la question de savoir si l'accusation (impeachement) contre M. Hastings était annulée par la dissolution du Parlement. Dans l'avertissement qui précède sa Cons

titution d'Angleterre, il a dit qu'il se proposait de faire paraître une Histoire de George III; mais cet ouvrage n'a pas été publié. On ignore l'époque précise à laquelle il quitta l'Angleterre ; mais il est certain qu'il mourut en juillet 1806, à Seven sur le Ruffiberg, canton de Schwitz, six semaines avant l'éboulement qui détruisit ce village. Peu satisfait d'un aperçu rapide et superficiel du caractère des hommes et des affaires des états, De Lolme les examinait avec un esprit philosophique et un œil scrutateur et pénétrant. Son ouvrage sur la Constitution d'Angleterre fut d'abord assez froidement accueilli des Anglais, et n'acquit que par degrés la célébrité qui l'a placé dans les mains de tous ceux qui veulent étudier la politique: son importance s'est encore accrue par la pente de l'esprit de ce siècle vers le droit public. Son objet

était de faire connaître une forme de gouvernement alors unique, qui fixait depuis longtemps l'attention de l'Europe, et sur laquelle on avait des idées peu précises. De Lolme recherche d'abord les causes de la liberté britannique, et pour les faire ressortir avec plus de force dans le tableau qu'il en trace, il compare le gouvernement des Anglais avec celui des Français, aux principales époques de leur histoire. Il établit aussi l'excellence relative du gouvernement britannique. Après une analyse rapide des changemens que de longues guerres civiles, les rivalités des rois, des hauts barons et du peuple, et la confusion des droits des uns et des autres, avaient fait subir à la forme du gouvernement, il s'arrête à la révolution de 1688, qui fixa la Constitution. Alors il traite de la division du pouvoir en législatif et exécutif, de leurs rapports entre eux, de la formation de

l'un, de l'étendue et des limites de l'autre, de la liberté individuelle quant aux droits de propriété, de sûreté et de locomotion, enfin de la justice. Dans l'examen de son administration en matière civile, il fait entrer celui de l'organisation des tribunaux, et particulièrement de la cour d'équité. La procédure criminelle amène le développement du jury, de son origine, de son existence actuelle, de la faculté qu'ont les accusés d'exercer un grand nombre de récusations; des lois sur l'emprisonnement, et enfin des principes qui servent de base à l'acte Habeas Corpus. Tous ces objets sont clai rement discutés par De Lolme; mais peut-être n'a-t-il pas assez fait sentir les imperfections qu'on reproche encore au jury, et que M. Rubichon a relevées d'une manière si piquante et si originale. Après avoir ainsi décrit les diverses parties de la Constitution,

la manière dont elles se balancent, et comment la liberté générale, la stabilité de l'état et le bonheur des sujets résultent de leur réaction réciproque et continuelle, l'auteur examine les avantages qui lui sont particuliers, et il les trouve dans la division des trois pouvoirs, dans le droit qu'a le peuple de proposer les lois qu'il juge convenables, dans la nécessité qu'il intervienne dans celles qu'il ne propose pas, dans cette même intervention par représentans plutôt qu'en masse ; et à ce sujet il traite des élections et du droit de résistance, Il les trouve encore dans la liberté illimitée de tout dire et de tout écrire, dans celle des débats du corps législatif, dans celle qu'ont tous les citoyens de prendre une part active au gouvernement, dans l'obligation où est le pouvoir exécutif de suivre la lettre de la loi, et enfin dans l'inutilité d'une armée permanente.

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