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Le sieur Lafond, rue de Grenelle-Saint-Honoré, est dénoncé comme rédacteur de la feuille de Duplain.

Une députation de la section des Sans-Culottes demande que l'on fasse la visite des magasins de poudres d'Essonne, et que la répartition des poudres soit faite dans les sections.

Une députation de la section du Pont-Neuf demande qu'il soit nommé des commissaires à l'effet de suspendre la vengeance du peuple, qui veut immoler M. Richard, concierge des prisons de la Conciergerie, que le peuple regarde comme coupable d'avoir coopéré à la fabrication de la fausse monnaie et de faux assignats.

Plusieurs membres demandent que tous les concierges et geôliers soient mis en état d'arrestation.

Deux prisonniers de la Conciergerie sont interrogés sur ce qui se passait à la Conciergerie, et prouvent qu'il s'y fabriquait de faux assigrats, et que ce qu'on appelle les commissionnaires se chargeaient de les colporter au-dehors. L'un des prisonniers dénonce le nommé Louis, geôlier de la Conciergerie, comme colporteur de faux assignats.

Sur les réclamations multipliées au sujet de la négligence des anciens commissaires nommés au comité militaire, le conseil révoque leurs pouvoirs, et nomme MM. Marsenet, Michonis, Vincent, Mille, Dupont, Gilles, Robert et Maillé.

M. Codieu est nommé commissaire pour se rendre à la grande poste et y retirer toutes les lettres adressées à Bicêtre.

Sur la réquisition du procureur-syndic de la Commune, le conseil arrête qu'il sera fait une proclamation sur la nécessité de remettre à la loi législative qui doit frapper les coupables.

Le conseil-général arrête que, sur la demande d'une députation de la section de Bon-Conseil, M. Samson-Duperron sera gardé par ladite section pour être représenté à toute réquisition.

M. Louis Berzet. prisonnier de l'hôtel de la Force, dont l'innocence a été reconnue, est remis entre les mains de M. Tripier, demeurant à la foire Saint-Laurent, citoyen qui s'offre de donner généreusement l'hospitalité à un infortuné qu'il ne connaît

pas, et aux premiers besoins duquel cependant il se charge de fournir.

L'humanité de M. Tripier et sa sensibilité obtiennent les plus vifs applaudissemens de l'assemblée, et la mention honorable de sa conduite est consignée au procès-verbal.

La section de la Réunion, dite ci-devant Beaubourg, demande que les sections de Paris soient autorisées à fournir aux volon taires qui se disposent à partir pour l'armée les besoins de première nécessité, sur les contributions volontaires qui ont été faites pour les besoins de la patrie dans chaque section.

L'assemblée écoute avec intérêt le discours de l'orateur de la députation, et arrête qu'il sera fait mention honorable au procès-verbal du civisme de ladite section,

Un citoyen inculpe M. Louvatière, l'un des aides-de-camp généraux. La dénonciation ne paraissant pas motivée, le conseilgénéral passe à l'ordre du jour.

Les commissaires nommés pour apposer les scellés aux petites écuries du roi, font apporter trois caisses d'armes qu'ils ont trouvées dans le garde-meuble de cette maison. Ces caisses sont renvoyées au comité militaire.

Plusieurs membres se plaignent des difficultés et de l'embarras qu'éprouvent ceux qui veulent partir pour les frontières. Renvoyé au comité militaire pour prendre les mesures les plus promptes à cet égard, et en rendre compte à l'ouverture de la séance.

Sur la proposition d'un de ses membres, le conseil arrête que les enrôlemens forcés seront rejetés, ainsi que le tirage au sort des citoyens qui doivent aller défendre les frontières, et que l'on s'en rapportera au civisme et à l'ardeur guerrière des habitans de Paris pour fournir le contingent déterminé,

Un secrétaire fait lecture du décret de l'assemblée nationale, rendu hier sur l'organisation du conseil-général, qui ordonne que ledit conseil sera formé de deux cent quatre-vingt-huit membres, non compris les officiers municipaux, le maire, le procu reur de la Commune et ses substituts.

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Les dispositions de ce décret sont renfermées en cinq articles. La section de l'Arsenal demande, par ses députés, que le conseil-général assigne aux citoyens et citoyennes de leur section un espace de terrain où ils puissent travailler aux redoutes du camp, L'assemblée applaudit à leur civisme et renvoie leur demande à la commission du camp.

La section du Luxembourg demande que l'on déclare infâme et traître à la patrie tout ministre qui déserterait son poste. Lẹ conseil répond que les mesures générales sont prises à cet égard.

Le conseil-général se fait donner lecture d'un décret de l'assemblée nationale, portant que la municipalité et le conseil-général rendront compte sur-le-champ de l'état de Paris.

MM. Grandmaison et Boula sont nommés commissaires, à l'effet de se rendre à la barre pour rendre le compte demandé.

M. Antoine-Nicolas Rouillon est nommé concierge provisoire des prisons de la Conciergerie; MM. Charles et Cochois sont nommés commissaires pour son installation.

Pierre Gilet et Henri-Étienne Leleu, guichetiers de la Conciergerie, sont mis en liberté par un arrêté du conseil-général.

Il est arrêté que l'on fera une pétition à l'assemblée nationale, pour lui demander qu'il y ait toujours deux membres du conseilgénéral présens aux séances, afin de rendre compte à la Commune des opérations et des travaux des législateurs.

On annonce au conseil-général que la nouvelle d'une insurrection armée, de la part des prisonniers de Bicêtre, contre la garde nationale, est absolument controuvée.

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Le conseil-général, vivement alarmé et touché des moyens de rigueur que l'on emploie contre les prisonniers, nomme MM. Simon, Michonis, Jomar, Goupy, Dobernel, Proby, pour calmer l'effervescence et ramener aux principes ceux qui pourraient être égarés. Il est arrêté qu'ils seront accompagnés de deux gendarmes à cheval, et qu'ils pourront requérir la force armée.

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Le conseil-général, considérant qu'il importe au salut de la chose publique que les mesures qui sont prises chaque jour dans les conjonctures présentes soient connues à l'instant même par

la Commune, arrête, pár amendement, que, dans la pétition à l'assemblée nationale, dont il est parlé ci-dessus, le corps législatif sera prié de vouloir bien s'entendre avec le conseil-général pour toutes les lois qui concernent en particulier la ville de Paris.

M. Bernot, citoyen de la section de l'Observatoire, vient témoigner son étonnement de ce qu'à la tête d'une compagnie franche qui se forme dans le sein de ladite section, il se trouve des gens suspects d'un royalisme outré, des gens qui déchiraient publiquement les affiches des Jacobins et de la mairie. Il rend justice à l'esprit qui anime en général les soldats de cette compagnie, et il dénonce leurs chefs. Signé, COULOMBEAU.

JOURNÉES DE SEPTEMBRE.

Nous allons interrompre notre narration parlementaire pour exposer l'histoire de Paris.

Depuis le 10 août, et surtout depuis quelques jours l'aspect de cette ville avait changé. Tout y annonçait les graves préoccupations politiques qui tourmentaient la population; tout tendait à les y entretenir. Nous ne voulons pas parler seulement de la terreur des visites domiciliaires, de ces recherches d'armes qui, parce qu'elles étaient opérées par tout le monde, occupaient tout le monde; de ces préparatifs de départ auxquels chaque famille en quelque sorte était intéressée par quelqu'un de ses membres; de ces enrôlemens où chaque sectionnaire était recruteur, allant en quelque sorte de porte en porte, choisir ceux que rien ne retenait, exciter leur zèle, promettre des armes et un uniforme; de ces barrières tantôt ouvertes, tantôt fermées; de ces nombreuses affiches appliquées sur les murs, par lesquelles tantôt le corps législatif, tantôt les ministres, tantôt la Commune, tantôt les sections, tantôt de simples citoyens, entraient journellement en communication avec le peuple, les uns pour lui recommander de la confiance et du calme, les autres pour lui demander de l'énergic, les autres pour exciter sa défiance, les autres pour lui recommander certains noms et le prémunir contre d'autres. Paris,

en outre, présentait une décoration en quelque sorte théâtrale qui partout lui mettait sous les yeux, la révolution, ses dangers et ses sacrifices. Aux Tuileries, c'étaient les simulacres de la cérémonie funèbre faite dans le mois d'août. A l'Hôtel-de-Ville, c'était le grand drapeau appendu au jour de la déclaration du danger de la patrie; des canons chargés à ses portes; à chaque section, un drapeau et aussi des canons; sur les principales places publiques on avait rétabli les théâtres pyramidaux qui y avaient été élevés en juillet, et au sommet étaient les commissaires qui présidaient aux enrôlemens. Que l'on ajoute à cela un mouvement presque continuel d'hommes armés, le passage de longues bandes d'ouvriers allant travailler au camp devant Montmartre, les chants patriotiques dans les rues, en plusieurs lieux des travaux dont le but était révolutionnaire, en d'autres le vide qu'y laissaient les statues renversées, les emblèmes royaux détruits, et partout des empêchemens et des consignes, l'on concevra que toutes ces choses concouraient à exciter dans l'ame d'une population qui fut toujours facile à remuer et prompte dans ses mouvemens, un enthousiasme sombre et redoutable.

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Il ne paraît pas que personne dans le parti révolutionnaire ait alors réellement envisagé ces préparatifs avec un œil de blâme. Nul doute que si le corps législatif eût voulu, il eût été encore plus puissant que la Commune. Aussi on ne peut pas affirmer que personne, parmi les Girondins, ait du fond du cœur désapprouvé ces mesures ni même les suites terribles qu'elles provoquaient. On voit, dans le mouvement de la presse du temps, qu'ils sont surtout préoccupés d'eux-mêmes, qu'ils voient avec chagrin le pouvoir sorti de leurs mains et passé dans celles de leurs adversaires. Ils sont jaloux ; mais ils n'ont pas de motifs pour blâmer le mouvement qui se fait, et s'exaspère chaque jour jusqu'à ce qu'il fasse explosion. Ils ne se dissimulent pas que lui seul peut sauver l'indépendance nationale, et les garantir eux-mêmes de la ven⚫ geance de l'émigration armée. Ainsi, le Patriote Français, tout en cherchant à exalter de plus en plus l'énergie guerrière, s'échappe en mots aigres toutes les fois qu'il parle de la Commune. « Les

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