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sont sans armes, sans habits, et obligés de monter la garde avec des bâtons.

Sa pétition est renvoyée au comité militaire.

M. Thuriot. Il n'est pas douteux que nous soyons en guerre avec une partie des citoyens du royaume. Il faut prendre toutes les mesures pour assurer le triomphe du patriotisme. Je demande que les corps administratifs et municipaux soient autorisés à faire chez les particuliers, même en cas de déclaration, des visites domiciliaires, pour savoir si les gens suspects n'ont pas de la poudre et des armes cachées, et qu'ils soient autorisés à la faire enlever, en dressant procès-verbal et laissant reconnaissance des objets.

Cette proposition est décrétée.

M. Choudieu. Vous avez décrété ce matin la formation d'un camp pour Paris. Je demande que pour l'accélérer il soit ouvert un registre où pourront s'inscrire tous les fédérés et autres citoyens qui voudront y être employés. Je demande que les fédérés qui sont accourus de leurs départemens pour nous défendre, et qui nous ont bien défendus aujourd'hui, soient payés des frais de leur voyage, et reçoivent leur solde à compter du jour de leur arrivée à Paris.

Ces propositions sont adoptées.

Une députation du conseil provisoire et permanent de la commune se présente à la barre, et annonce que le calme le plus profond règne dans la capitale. Des patrouilles nombreuses veillent à la sûreté des citoyens et des représentans du peuple. Le commandant général a donné ordre de faire marcher vers l'assemblée vingt hommes par bataillons. Quant au feu du Château, il n'en peut résulter aucun danger. Des pompiers y sont établis. M. Louvel, au nom du comité de législation, fait un rapport relatif à M. Saint-Huruge, détenu depuis un mois en vertu d'un mandat d'arrêt du juge de paix de Péronne, pour avoir dit que le maréchal Luckner se laissait mener par des intrigans qui trompaient aussi M. La Fayette, et que la Constitution ne pouvait aller six semaines encore avec le veto. Il propose de décréter, et

l'assemblée décrète qu'il n'y a pas lieu à accusation contre M. Saint-Huruge, et renvoie au comité de législation l'examen de la conduite du juge de paix de Péronne.

M. Thuriot Nous ne pouvons nous dissimuler la coalition incivique formée entre les juges de paix de Paris. Je demande que l'assemblée, considérant que la plupart d'entre eux n'ont pas la confiance du peuple, décrète que les sections procédéront à l'élection de nouveaux juges de paix, avec la faculté de réélire ceux qui n'ont pas démérité.

Cette proposition est adoptée avec l'amendement de faire concourir tous les citoyens à cette élection.

Sur la proposition de M. Romme, l'assemblée met à la disposition de la nation et sous la surveillance de la municipalité, les six cents chevaux de la ci-devant garde du roi, qui sont à l'École militaire.

M. Thuriot. Je demande que pour hâter la formation du camp décrété ce matin, formation qui devrait, s'il était possible, être faite en quarante-huit heures, vous nommiez quatre commissaires pris dans le sein de l'assemblée.

L'assemblée charge la commission de nommer demain ces

quatre commissaires.

Une députation des pompiers, introduite à la barre, demande du secours. Il y a neuf cents toises en feu. On tire sur eux. Ôn les menace de les jeter dans l'incendie. En vain MM. Merlin et Lecointre ont représenté au peuple que le Château était une propriété nationale. Malgré cette mauvaise réception, comme ils ne peuvent voir de feu sans chercher à l'éteindre, ils s'y sont portés quatre fois. Si la garde nationale ne manoeuvre pas avec eux, ils ne répondent de rien ; et si le feu continue, et gagne les pavillons de Flore et de l'Infante, il fera dans la rue Saint-Honoré les plus affreux ravages.

L'assemblée applaudit au zèle des pompiers, en ordonne mention honorable, et décrète qu'il leur sera délivré un extrait du procès-verbal pour montrer au peuple.

M. Sautayra, au nom du comité des secours publics, fait un

rapport relatif à la veuve et aux enfans de M. Jauger, assassiné à Ruffec, dans une émeute populaire, en exerçant les fonctions municipales. I! propose de décréter que M. Jauger a bien mérité de la patrie, et qu'il sera accordé 1000 livres à sa veuve, et 500 livres à chacun de ses six enfans.

Ce projet de décret est adopté.
La séance est suspendue.

Il est trois heures et demie. ]

La séance ne fut suspendue que pendant quelques heures. Nous profitons de ce moment d'interruption pour placer un extrait des délibérations qui eurent lieu aux Jacobins le soir du 10 août. Elles contiennent les premiers indices de la marche qu'ont suivie les pouvoirs révolutionnaires.

Club des Jacobins. 10 août.

Les événemens importans de cette journée mémorable dans les fastes de la liberté, ayant permis à peu de citoyens de quitter les postes où le salut public les avait placés, la société se trouve très-peu nombreuse, et, en l'absence de MM. les présidens et viceprésident, M. Antoine, maire de Metz, occupe le fauteuil... (Suivent divers rapports, mais sans intérêt et sans détails, sur la journée.)

M. Robespierre propose quelques réflexions sur les événemens du jour. Pour en tirer tout l'avantage possible, il recommande au peuple de mettre ses mandataires dans l'impossibilité absolue de nuire à sa liberté ; de demander la convocation d'une convention nationale, d'obtenir un décret qui frappe La Fayette et le déclare traître à la patrie; il démontre combien il serait imprudent au peuple de mettre bas les armes avant d'avoir assuré sa liberté. La commune, ajoute-t-il, doit prendre comme mesure importante, celle d'envoyer des commissaires dans les quatrevingt-trois départemens pour leur exposer notre vraie situation; les fédérés doivent commencer en écrivant chacun dans son département respectif.

M. Robespierre invite les citoyens à engager leurs sections à

faire connaître à l'assemblée nationale le véritable vœu du peuple, et, pour le connaître, de former et d'entretenir des relations avec les sociétés populaires, d'admettre dans leurs assemblées tous les citoyens sans distinction. Enfin, il rappelle au souvenir de la société les bons citoyens détenus dans cet instant pour cause de patriotisme et l'engage à s'occuper promptement des moyens légaux de leur faire recouvrer leur liberté.

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N... invite les citoyens à proposer dans les sections de faire une députation à l'assemblée nationale à l'effet de demander 1o des honneurs funèbres pour ceux qui sont morts en combattant aujourd'hui pour la liberté; 2° que la nation prenne soin de leurs veuves et de leurs enfans ainsi que des blessés; 3° qu'il soit pourvu à la subsistance des fédérés.

M. le président propose d'y ajouter comme quatrième article, de demander le rapport du décret qui blanchit La Fayette et d'obtenir un décret d'accusation contre lui.

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A Soissons, dit un fédéré, on a refusé de loger plusieurs bataillons ; ils ont été obligés de coucher dans la rue; ils n'ont pas d'armes et sont obligés de faire leurs factions avec des bâtons. -La séance est levée à six heures et demie. (Journal du club, n. CCXXXXVII. }

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Du samedi 11 août, à sept heures du matin.

Le roi et sa famille reprennent leurs places dans la loge qui leur avait été désignée la veille.

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M. le président lit une lettre du comité de la section des Tuileries, qui annonce que les soixante soldats suisses recueillis dans le bâtiment des Feuillans, adjacent au local de l'assemblée, courent risque d'être enlevés par le peuple.

L'assemblée appelle à la barre M. Santerre, commandant-général provisoire de la garde nationale parisienne, pour se faire rendre compte des mesures prises pour la sûreté de ces individus.

Le maire de la commune de Chaillot annonce que deux Suisses, arrêtés par des patrouilles, dans le bois, ont été transférés dans les prisons du lieu, mais qu'ils risquent d'être sacrifiés à la vengeance du peuple.

L'assemblée fait remettre à ce député une expédition du décret qui met les soldats suisses sous la protection de la loi.

M. Sers. Le peuple s'occupe en ce moment d'abattre toutes les statues qui se trouvent dans les différentes places publiques. Ces opérations, confiées à des mains inhabiles, peuvent occasioner les plus grands malheurs. Je demande que les commissaires de sections soient chargés d'envoyer des ingénieurs ou des architectes pour présider à ces travaux.

N..... Je demande que l'on passe à l'ordre du jour, attendu que l'assemblée ne peut pas autoriser la destruction de ces mo

numens.

M. Fauchet. Je m'oppose à l'ordre du jour. H faut que l'assemblée règle les mouvemens du peuple, si elle veut prévenir les plus grands malheurs.

M. Thuriot. Comme il est impossible d'empêcher le renverse-ment de ces statues, je crois qu'il est d'autant plus important de charger des hommes de confiance de présider à ces travaux, qu'une partie de ces monumens peuvent servir aux arts, et que les autres peuvent être très-utiles pour fondre, soit de la monnaie, soit des canons. Il faut que l'assemblée montre dans ces circonstances un grand caractère, et qu'elle ne craigne pas d'ordonner la suppression de tous ces monumens élevés à l'orgueil et au despotisme.

M. Albite. Il faut enfin déraciner tous les préjugés royaux. Je demande que l'assemblée prouve au peuple qu'elle s'occupe de sa liberté, et que la statue de la Liberté soit élevée sur les mêmes piédestaux.

Les propositions de MM. Sers et Albite sont adoptées.

Des commissaires de la commune de Paris sont admis à la barre ; ils rendent compte des renseignemens qu'ils viennent de

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