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ment des

SUR LES TITRES.

guerres civiles, les particuliers fe réfugioient dans les Châteaux forts, dans les Cloîtres fortifiés des Eglifes Cathédrales, CHAPITRE IX. dans les Monaftères, pour se mettre à l'abri des infultes de OBSERVATIONS l'ennemi; qu'ils y dépofoient ce qu'ils y avoient de plus précieux, leurs Titres mêmes dans les Archives de leurs protecteurs; que ces Titres y font demeurés enfevelis dans l'oubli par les changemens fucceffifs des dépofitaires, & l'éloignegens qui avoient dépofés. Il feroit à fouhaiter que les Propriétaires des Chartriers qui poffédent ces tréfois étrangers, pour eux tout-à-fait inutiles, vouluffent en donner communication au public par une courte analyfe, dans les ouvrages périodiques. Les particuliers intéreffés aux découvertes, fçauroient enfin où trouver des Titres effentiels pour des généalogies, pour des fucceffions, pour des droits honorifiques qu'ils avoient en vain long-temps cherché ailleurs.

XVIII. ET DERNIÈRE OBSERVATION.

hiftoriques.

Il y a des Titres, des Procès-verbaux, des informations Détail des Notes juridiques, qui contiennent des détails hiftoriques, qui apprennent des événemens finguliers arrivés il a plufieurs fiécles, qui rappellent la fimplicité des mœurs de nos ancêtres, qui nous tranfportent dans le fiécle auquel ils vivoient, qui nous font vivre avec eux, qui nous procurent un vif fentiment d'existence paffée & préfente. Ces détails hiftoriques, il faut les extraire en entier, les porter fur les inventaires dans les mêmes termes de l'original: le temps n'eft point inutilement employé ; ils inftruiront (ces détails) la postérité, ils dédommagent l'Archivifte de l'ennui attaché à ce genre de travail, à la follitude, à la vuë d'objets quelquefois dégoûtans. Il est bien permis à un voyageur, qui n'a parcouru que des plaines arides, de fe repofer quelqu'inftans fous un ombrage agréable.

CHAPITRE X. CARACTÈRES

} DE LA DIPLOMATIQUE.

CHAPITRE X.

Caractères extrinféques & intrinféques de la
Diplomatique.

L'A

'ART de difcerner les Titres que l'on fufpecte de faux, d'avec ceux qui portent tous les caractères de la vérité, est encore une partie qui paroît appartenir à un Traité de l'arrangement des Archives. Sans cette partie l'ouvrage fembleroit imparfait; mais la matiére a été épuifée par les fçavans Auteurs du nouveau Traité de Diplomatique Théorique. Nous nous bornerons donc à donner une fimple idée « des moyens Nouvel. Diplom.» qui fervent à difcerner le vrai du faux, le certain de l'inT. I. Préf. pag. v. certain, le probable du douteux.

Ibid. p. 226. 230.

Ibid. pag. 167.

1bid.T. III. p. 14.

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» Comme cet art ne permet pas de recevoir pour vérita» ble des Titres faux, il ne bannit pas moins efficacement les » vaines & ridicules frayeurs qui font appréhender à certains efprits de tomber fur des productions de fauffaires, autant » de fois qu'ils ouvrent quelqu'ancien Diplôme. Il n'est ni » d'un vrai fage, ni d'un efprit judicieux de fe livrer fans rai» fon à de fi foibles & de fi téméraires foupçons..... On doit regarder les écrits de nos ancêtres comme leurs vrais & légitimes ouvrages, quand il n'est pas conftant qu'ils font fuppofés, corrompus ou incertains.

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» La haine implacable que les Proteftans concurent contre » l'état monaftique, & fur-tout l'intérêt qu'avoit leur nou» velle Religion à décrier les monumens antiques qui ne pou» voient fe concilier avec elle, les fit déclamer contre les » Titres...... Voilà l'origine de ces peres titriers & de ces » fabriques monacales de fauffes Chartes: fabriques qu'on » fuppofe par-tout, & qu'on ne fçauroit montrer nulle part... » En général, on doit-être moins févére par rapport aux piéces antérieures au XI. fiécle, & en même-temps posté» rieures au IX. La raison en eft qu'on ignoroit également >> alors, & les artifices de la chicanne & les précautions qu'il » y falloit opposer.

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» Non, il n'est point de piéce ancienne fabriquée avec

> tant d'artifice, dont la fuppofition ne puiffe être dévoilée » par un habile Antiquaire.

y a

CHAPITRE X.

DE LA

DIPLOMATIQUE.

Au reste il fort peu de ces Titres altérés ou contre- CARACTÈRES faits; on a beaucoup plus crié qu'on ne le devoit. On revient tous les jours de ces foupçons, injurieux à un Ordre auffi recommandable par la droiture de fon cœur, que par l'étenduë de ses connoiffances. D. Mabillon donne ce principe, dont il feroit injufte de s'écarter: il y a autant de danger à jetter I. cap. III. un foupçon de fauffeté fur tous les anciens Titres & Diplômes, que de les recevoir tous indifféremment.

De re diplom. lib.

pag. 144.

» Pour le difcernement du vrai & du faux, les caractères D. Taffin. Nouv. » de la Diplomatique (dont on va parler) ont quelque chofe Diplom. Tom. I. qui frappe les Antiquaires d'une maniére plus fûre & plus → prompte, foit en faveur, foit au défavantage des pièces » qu'on expofe à leur examen. Il faudra toujours s'en rap» porter, du moins à cet égard, à leurs décifions.

» C'est dans ces caractères réunis qu'il faut chercher la » pierre de touche, pour juger de la vérité ou de la fausseté de ces Chartes: Non ex fola fcripturâ, neque ex uno folo cha- D. Mabill. de re raderifmo, SED EX OMNIBUS SIMUL, de vetuftis Chartis Diplom. 1. 3. cap. VI. pag. 241. » pronunciandum.

Nous avons long-temps balancé fi nous donnerions ici l'analyse que nous avions faite des cinq premiers volumes de la nouvelle Diplomatique théorique les confeils des gens lettrés nous y avoient engagés, M. DUPRÉ DE GENESTE, Secrétaire perpétuel de l'Académie de Metz, avoit employé des motifs bien preffans pour nous y déterminer. « Nous » avons, il eft vrai, un excellent ouvrage fur ce sujet, dit » cet aimable Littérateur, qui ne laiffe peut-être rien à dé» firer; mais il forme fix gros & grands volumes in-4°: ils >> font chers, & ne fe trouvent que rarement dans les Bibliothéques des particuliers. Ce feroit donc encore un très» grand fervice à rendre à ceux à qui vous voulez être utile, » que d'employer un chapitre à donner au public & en ra» courci, les enfeignemens les plus courts & les plus certains » à cet égard,

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Mais rien n'a pû nous raffurer contre la crainte d'être inquiété fur les claufes du privilége accordé pour la publication de ce grand ouvrage. Une de cés claufes défend d'ent

faire aucuns extraits ni copies. Nous avons donc pris le parti CHAPITRE X. de préfenter au Public les principes de la DiplomatiqueCARACTERES Pratique, tels que l'expérience nous les a appris pendant de longues années, à commencer feulement vers le X. fiécle, DIPLOMATIQUE. & en fe bornant à la France, c'est-à-dire, à nos befoins. Le

DE LA

Public y perdra fans doute une infinité de connoiffances précieuses, qui fe trouvent confignées dans le cours des cinq premiers tomes du riche ouvrage des Bénédictins, & qui feront récapitulées dans le fixiéme volume, actuellement fous Preffe. Mais nous ferons nos efforts pour dédommager nos Lecteurs, en leur préfentant les mêmes objets fous une face toute nouvelle, accompagnés d'exemples tous différens, en donnant les principes fimples & dégagés de cette vafte érudition qui les accompagne dans l'ouvrage des Bénédictins, en les mettant plus à la portée de ceux qui n'ont que de médrocres Archives à conduire, & c'est le plus grand nombre. Nous ferions heureux, fi trouvant à peine à glaner après les fçavans Religieux, nos maîtres, nous pouvions offrir quelques chofes qu'ils n'ont point dites, quelques réflexions qui auroient le mérite de la nouveauté & de l'utilité.

Ces caractères auxquels on diftingue le vrai du faux, se réduisent à fept: ce font autant de flambeaux qui guident l'Antiquaire dans la recherche de la vérité.

1.° La matiére fur laquelle on écrivoit les Diplômes.
2.o Les instrumens avec lefquels on écrivoit.

3.o Les divers genres ou efpéces d'écritures.

4. Les fceaux plaqués ou pendans aux Titres, pour leur donner le dégré de confiance néceffaire.

5. Les fignatures des Notaires, celles des Parties & des Témoins qui ont long-temps accompagnés, & depuis presque fuccédées aux sceaux.

6.o Les ftyles des Chartes publiques & privées, propres à chaque âge, depuis le X. fiècle jufqu'au XVI.e

7.0 Les formules dont les Notaires fe font fervis pour la rédaction uniforme de leurs Actes.

On pourroit ajouter un huitiéme caractère également propre à fixer la certitude ou la fauffeté d'un Acte; fçavoir, les dates. Les Bénédictins ont placé ce caractère dans celui des ftyles des Diplômes; nous les imiterons. Il y a tant

d'autres

d'autres marques qui décélent la fourberię: le vrai a des caractères fi frappans!

Les cinq premiers caractères font extrinféques, c'est-à-dire, ne conftituent point l'effence de l'Acte, mais en font des attributs néceffaires & diftinctifs.

Les deux autres font inhérens à l'Acte, en constituent l'effence, & fe trouvent également dans les copies comme dans les originaux, auffi font-ils appellés caractères intrinféques.

Les cinq caractères extrinféques formeront la matiére du Chapitre XI, & les deux intrinféques, celle du XII; chaque caractère fera divifé par fection.

Pour ne point répéter une infinité de fois, vers le commencement de tel fiécle, au milieu d'un tel fiécle, à la fin, ou vers la fin d'un tel fiécle, on mettra tout uniment la date du Titre qui a fait naître l'idée de l'obfervation. En 1290, le style commence à devenir prolixe. En 1475, les Sceaux font de telle & telle maniére, &c.

PREMIER CARACTÈRE EXTRINSÉQUE.
Matiéres fur lesquelles les Diplômes étoient écrits.

CHAPITRE X. CARACTERES DE LA DIPLOMATIQUE.

L n'entre point dans notre plan de remonter aux fiécles SECTION I. reculés, où le papier d'Égypte, l'écorce d'arbre & les ta- PARCHEMIN. blettes de cire étoient encore en ufage en France; nous réduirons la matiére fur laquelle on écrivoit au dixiéme fiécle aux membranes de parchemin, & au papier compofé de chiffes.

Dans les Chancelleries des Empereurs-Rois de France, qui ont fuccédés à Charlemagne, on a toujours employé du beau parchemin bien préparé & fort grand. En Allemagne on a perdu cet ufage pendant quelques années. Les Diplômes des Empereurs Fréderic I.er en 1178, & Henry VI en 1196, font reconnoiffables à leur petiteffe extrême. Henry VIÍ, dès l'année 1224, reprit la forme plus majeftueufe des grandes membranes de parchemin, & cette forme n'a point discontinuée dans les fiécles fuivans.

Le parchemin, fous nos Rois de France, a été auffi fort petit, particuliérement depuis le régne de Philippe-le- Bel

H

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