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AN'S les fiécles du moyen âge ( peutêtre plus heureux qu'aujourd'hui, quoiqu'on les qualifie d'ignorance & de

barbarie) dans ces fiécles où les conventions entre les hommes s'exécutoient avec candeur, avec bonne foi, fans l'appareil des formalités dont nous les accompagnons; où les Actes n'étoient conçus qu'en très-peu de mots; où quelques lignes fuffifoient pour la donation de la Terre la plus étenduë; dans ces fiécles, dis-je, la profeffion d'Archivifte étoit inconnuë: la néceffité l'a fait naître. Lorsque les accenfemens, les baux amphitéotiques, ceux à vie, les conftitutions de rentes & de cens furent en usage; lorsque les styles éternels du XIV.E fiécle prirent la place de cet admirable laconisme qui

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caractérisoit le fiécle précédent ; lorsque les Miniftres fubalternes de la Juftice, fous le régne de François IER, apprirent l'art funeste d'épuiser toutes les reffources de la chicanne pour perpétuer les Procès ; lorsque le fameux Édit de 1686, fur les Portions congruës, dicté par la fageffe même, fervit de prétexte à une infinité de gens oififs, inquiets ou avides pour se faire un meilleur fort; lorfque des Paroiffes, des Communautés entieres se révolterent contre leurs Seigneurs, & refuferent de payer des droits acquits par les titres les plus authentiques: droits qui étoient des vestiges de leur ancien état de fervitude, & que l'humanité avoit convertie en de fimples redevances; lorsqu'enfin des corps inférieurs, fecouant le joug de la fubordination, s'efforcerent de renverser l'ancienne difcipline, & de fe mettre au niveau de leurs bienfaiteurs; alors, pour défendre fes domaines, pour conserver ses priviléges, on fut obligé de fouiller dans les Archives, de feuilleter des Cartulaires, des Régiftres, & de remuer des Papiers depuis long-temps enfevelis dans * la pouffiere.

On trouva d'abord deux obftacles: le défordre

qui régnoit dans les Titres, & la difficulté de les lire. La patience furmonta le premier; pour l'autre, on eut recours à des Sçavans qui avoient fait une étude particuliere des anciennes écritures. D. Mabillon confacra ses veilles à ce genre d'étude; il éclaira son Ordre & fa Patrie. Sa DIPLOMATIQUE Théorique vient d'engager d'autres Sçavans * à recueillir, fous le D. Touftain même titre, tous les hyérogliphes inventés par les hommes pour se communiquer leurs pensées ; à préfenter tous les caractères intrinféques & extrinféques de la science des Diplômes, pour apprendre à discerner les faux d'avec les vrais.

Les mots barbares de la baffe latinité arrêtoient à chaque pas Ducange & fes continuateurs en ont applani le chemin. Le défaut de dates dans les anciennes Chartes, & les variations du Comput eccléfiaftique ou civil, offroient des difficultés presqu'infurmontables; les Auteurs de l'Art de vérifier les Dates les ont levé. M. Pluche, dans fon Spectacle de la Nature, a fait sentir qu'il nous manquoit une Paléographie françoise.

Tous ces ouvrages fuppofoient un arrangement

& D. Taffin,

préliminaire des Trésors d'Archives, fans lequel on ne pouvoit que très-difficilement parvenir à une pleine connoiffance des Titres qui y étoient renfermés. M. Fréminville décide qu'il est absolument néceffaire de faire un inventaire général des Titres d'une Seigneurie pour en renouveller le Terrier; voici fes Rénovat. des termes : « Il est très-peu de Terres dont les Titres & » Archives foient en régle, c'est-à-dire, dans un

Terr. T. I. pag.

26.27.

Paris, Coign.

1751.

Journ. Économ.

Janv. 1754.

» arrangement capable de trouver & ramaffer dans » un moment tous les Titres qui traitent d'un même » droit, pour en connoître l'origine, l'établiffement, » les différentes rénovations, changemens, altéra» tions ou confirmations; au contraire, la plus grande » partie des Archives des Seigneurs font en confu» fion............. il est donc, &c.

L'Auteur du Mémoire inftructif pour la confection des Terriers, est du même sentiment; il divife fa matiére en deux parties, dont la premiere & la plus courte (19 pages) comprend l'arrangement des Archives. Quelqu'excellent que foit ce Mémoire, (dreffé feulement pour donner un ordre uniforme aux Chartriers des dix Châtellenies qui relèvent du

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PREFACE.

Duché d'Orléans) il ne peut s'adapter à bien des Tréfors.

Il manque donc un Traité complet de l'arrangement des Archives, qui puiffe convenir à tous les Chartriers en général; c'est ce Traité que nous ofons présenter au Public, feulement à titre d'effai. Les lumieres de ceux qui connoiffent cette partie aideront à le perfectionner on fçait gré au guide qui conduit dans une route difficile & inconnue, ne fut-elle pas même la plus courte & la plus fùre.

Nous n'écrivons point pour les membres d'un ordre célébre par les grands fervices qu'il a rendu la Religion & aux Lettres: nous tenons des Bénédictins les premiers élémens d'un art auffi inconnu que néceffaire. Nous nous faifons même honneur de citer fouvent leurs écrits, & de les prendre pour garants des principes de Diplomatique-pratique que nous établiffons.

Après avoir parlé dans ce Traité des qualités qui constituent l'Archivifte, des précautions qu'il doit prendre pour conserver sa santé au milieu de l'air corrompu qu'il respire, du soin de ne rien négliger