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de Clément d'Alexandrie. Il n'ignorait pas même ce que les bibliothèques des régions les plus éloignées contenaient de particulier, puisqu'il cite, comme existant à Césarée, un exemplaire des ouvrages d'Origène (Adamantius), qu'Eusèbe (1) avait copié de sa main.

Il donne encore une preuve de sa critique éclairée, en décidant qu'un traité De fato contra mathematicos (2), attribué à Minutius Felix, n'était pas conforme pour le style à celui de cet auteur (3). Fréculphe cite en effet un traité composé sous le même titre par Bardésane d'Edesse (4).

Il paraît en général qu'il a possédé tous les livres dont il parle, et dont plusieurs ne se retrouvent plus, car il fait observer lorsqu'il n'en a connu quelqu'un que par des mentions passagères. C'est ainsi qu'en nommant Triphilus, évêque d'Alexandrie (5), il ajoute que ses ouvrages ne lui étaient jamais

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(1) Freculphi Chronicon, tom. II, lib. III, cap. XIII. (2) Ibid. cap. VII.

(3) Ibid.

(4) Ibid. lib. II,

cap. XX. (5) Ibid. lib. IV, cap. VIII.

parvenus. Nous avertissons pour la dernière fois, que si nous ne disons rien des Pères de l'Église et d'autres auteurs ecclésiastiques, c'est qu'ici comme dans la suite de ces recherches, ils n'appartiennent pas à un plan qui n'admet que les classiques d'un autre genre.

La bibliothèque de Photius contenait indubitablement les deux cent quatre volumes dont il nous a laissé l'analyse; et l'on sait de combien d'auteurs grecs elle nous fait retrouver au moins quelques restes échappés à l'oubli par ses soins. Enfin le prix qu'on attachait aux livres était tel, vers l'an 883, que dans l'incendie qui fit perdre aux moines de l'abbaye de Fleuri tout ce qu'ils possédaient de mobilier, ils s'attachèrent à sauver de préférence leur bibliothèque (1), qui devint par la suite si justement célèbre.

AU Xe SIÈCLE, pour justifier le solécisme lui avait reproché un moine de l'abbaye

que

(1) Acta SS. Bened. sæc. IV, part. II, p. 409.

de Saint-Gal, le savant Gunzon cite une foule d'auteurs dont il mêle l'autorité aux traits acérés de son érudition polémique. Il fait remarquer, parmi les cent volumes qu'il introduisit en France, le Timée de Platon, et Martianus Capella, qui n'avait pas encore été cité chez nous.

Les noms disséminés dans les lettres de Gerbert, pape sous le nom de Sylvestre II, ajoutent aux énumérations précédentes l'astronome Manilius (1), Victorin le rhéteur (2). On y rencontre le traité des maladies des yeux par Démosthène, médecin gaulois (3),

(1) Bibl. veter. patr. Gerberti ep. CXXX, p. 687. (2) Ibid.

(3) « Nosti quanto studio librorum exemplaria undique conquiram, nosti quot scriptores in urbibus aut in agris Italiæ passim habeantur. Age ergo, et te solo conscio ex tuis sumptibus, fac ut mihi scribantur M. Manilius de Astrologiâ, Victorinus de Rhetoricâ, Demosthenis ophtalmicus. >> Il fallait pour cela faire quelques frais, et prévoyant, à ce qu'il paraît, que le moine Rainaud auquel il s'adressait, pourrait craindre de découvrir par là qu'il avait quelque argent, le Pape Gerbert ajoute :

qui vivait à Marseille sous le règne de Néron, et dont Galien (1) a cité les ouvrages aujourd'hui perdus, excepté les fragmens qui nous en restent dans les traités d'Aëtius (2).

Il est continuellement parlé de livres dans les lettres de Gerbert, et des sommes d'argent qu'il employait, étant pape, à en faire rechercher dans toute l'Italie, l'Allemagne et la Belgique (3). Il insiste, dans sa correspondance avec quelques savans, sur la nécessité

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Spondeo tibi, frater, et certum teneo, quod obsequium fidele hoc, et hanc laudabilem obedientiam sub sancto silentio habebo, et quidquid erogaveris cumulatum remittam, secundum tua scripta, et quo tempore jusseris. Ep. CXXX.

(1) Galeni oper. edit. Basil. p. 39.

......

(2) AEtii medici græci, Contract. ex vet. med. lib. VII. (3) Bibliothecam assiduè comparo, et sicut Romæ dudum, ac in aliis partibus Italiæ, in Germaniâ quoque ac Belgicâ scriptores, autorumque exemplaria multitudine nummorum redemi.... quos scribi velimus in fine epistolæ designabimus: scribenti membranam sumptusque necessarios ad vestrum imperium dirigemus... -Gerberti ep. XLIV, p. 675.

de s'appliquer surtout à la correction du texte de Pline (1); et pour se procurer l'Achilléide

de Stace, il promet en échange une sphère céleste en bois, recouverte d'une peau de cheval (2). On lisait encore alors à la bibliothèque de l'abbaye de Fleuri, le traité de la république par Cicéron (3), ouvrage perdu que Pétrarque

(1) Plinius emendetur, Eugraphius recipiatur; qui Orbacis et apud sanctum Basolum sunt, perscribantur. Fac quod oramus ut faciamus quod oras. Ep. VII, p. 669.

(2)...... Opus Achilleidos, quod benè quidem incepisti, sed defecisti dum exemplar defecit. Itaque et nos beneficii non immemores, difficillimi operis incepimus sphæram, quæ et torno jam sit expolita et artificiosè equino corio obvoluta, sed si nimia cura fatigaris habendi simplici fuco interstinctam, circa martias calendas eam expecta, nisi fortè cum orizonte ac diversa cælorum pulchritudine insignitam præstoleris annuum perhorrescas laborem. Gerberti ep. CXLVIII, p. 689.

(3) Comitentur iter tuum Tulliana opuscnla de rep. et in Verrem et quæ pro deffensione multorum plurima Romanæ eloquentiæ parens conscripsit. »-Ep. LXXXVJI, p. 681.

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