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russes, etc. Il fit plusieurs séances publiques, entre autres, une à l'époque du concile tenu à Paris, et à laquelle se trouvaient des cardinaux, des archevêques, des évêques, et beaucoup d'ecclésiastiques. M. Gallaudet, jeune ministre protestant envoyé par les EtatsUnis d'Amérique pour apprendre la méthode, ne reçut de leçons pendant plus de trois mois que de M. Paulmier, qui a aussi formé le jeune Grivel, suisse; Henrion, répétiteur distingué de l'institution d'Aix-la-Chapelle; Dunan, de l'institution d'Auray; Milsand, de l'institution d'Arras, etc.; enfin, il a formé à l'institution royale de Paris plusieurs élèves distingués Picard de Paris, Pagès de Nîmes, Berthier, Gazan et Lenoir. M. l'abbé de l'Epée a inventé la méthode; M. l'abbé Sicard (voyez ce nom) l'a perfectionnée. En suivant le développement naturel des facultés, M. Paulmier l'a appliquée à l'éducation sociale et littéraire, en inspirant aux élèves le goût de la lecture, et en leur faisant sentir qu'elle était indispensable, surtout aux sourds-muets; enfin en graduant cette lecture au point que les élèves de toutes les classes commencent à lire dans des livres à leur portée. Les élèves de la première classe lisent les principaux ouvrages de notre littérature, soit dans l'éloquence, soit dans la poésie, ce qui n'avait pas lieu il y a aujourd'hui 15 ans. Il existe peu de sourdsmuets à l'institution, qui ne puissent prendre intérêt à la lectu re. M. Paulmier a aussi trouvé des procédés et des formules éprouvées pour enseigner la contexture

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du discours. Pour concevoir la formule de la phrase simple, on reconnaît d'abord un ordre de génération, constant, universel, qui a trois idées fondamentales, savoir la nature, l'esprit, l'expression. Pénétré de ces vérités éternelles, M. Paulmier a trouvé que le grammairien, borné à sa science, y a introduit des dénominations vicieuses, et en a mal distingué les parties constitutives contre les règles de l'étymologie naturelle. Tous ces mots, ce complément direct indirect circonstanciel, appartenant plus à la logique qu'à la grammaire, et n'ayant aucune analogie avec l'ordre naturel extérieur, sont au moins inutiles, et ne font que jeter la confusion dans de jeunes imaginations; il a cru qu'en remontant au principe de la phrase, conformément à la nature des choses exprimées, on arrive successivement à ce résultat: Agent, action, existence, manière, objet d'action, lieu, temps, raison. On trouve une application claire de ces principes dans l'ouvrage de M. Paulmier, intitulé: Coup-d'œil sur l'instruction des sourds - muets, page 199; et dans un autre ouvrage, intitulé: Aperçu du plan d'éducation des sourds muets, qui lui fut demandé par l'administration de l'institution; c'est à l'aide de ces procédés, que M. Paulmier est parvenu à former les principaux élèves de l'établissement depuis au moins dix ans. Cet ouvrage est à sa 3o édition; il eut pour origine une lettre de 60 pages, que M. Paulmier adressa à M. Bazot (voyez ce nom), auteur de l'Eloge historique de l'abbé de l'Épée. M.

Paulmier a appris à parler à deux élèves, Cloché de Thionville et Pagès de Perpignan, qu'il eut l'honneur de présenter au roi. Les feuilles publiques en firent mention. Il avait appris à huit élèves à prononcer très distinctement toutes les combinaisons de l'alphabeth; ces élèves étaient dirigés dans cet exercice par un autre sourd-muet, le jeune Berthier. Cette expérience fut faite devant l'administration de l'institut royal des sourds-muets. Le succès complet promettait une tradition de la parole dans l'école; mais comme M. Paulmier était le seul qui se livrât à ce genre d'enseignement, et que la partie essentielle, la culture de l'esprit, aurait pu en souffrir, il se vit forcé d'abandonner cette branche d'éducation, qui lui parut toujours infaillible et d'un grand secours comme moyen de communication. M. Sicard proposa plusieurs fois à M. Paulmier de l'envoyer dans l'étranger pour fonder une école, il ne voulut jamais quitter son maître ni ses élèves de France. Lors de la mort de l'abbé Sicard, M. Paulmier était le seul élève qui eut la tradition de la méthode acquise par 20 ans d'études sous les yeux de son maître. On avait pensé qu'il serait appelé à lui succéder; néanmoins ce fut M. l'Aumonier, de l'institution de Bordeaux, qui obtint cet honneur. Il fut installé; mais quelque temps après il donna sa démission. A l'époque où M. l'abbé Perrier a été nommé directeur de l'institution royale de Paris, M. Paulmier a été nommé instituteur.

PAULO (LE COMTE JULES DE), dernier des descendans du grand

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maître de Malte de ce nom se montra l'un des principaux chefs de l'insurrection royale dans le midi en 1797. On sait qu'à cette époque le directoire-exécutif venait de rendre la loi des otages, triste pendant de celle des suspects; des révoltes éclatèrent dans le département de la Haute-Garonne, et dans ceux qui l'environnaient. Les royalistes s'associèrent de toutes parts, se soulevèrent, et mirent à leur tête le général de brigade Rougé et le comte de Paulo. Celui-ci, jeune et plein d'enthousiasme, mais sans expérience, crut que pour triompher, il suffisait d'être brave. Ignorant les secrets de l'art de la guerre, il les remplaça par un rare courage, et une fermeté à toute épreuve. Les royalistes, vainqueurs à Lanta, furent battus en même temps dans le département du Lot, devant Toulouse, et à l'île Jourdain. Chassés de poste en poste jusqu'à Muret, ils se refugièrent sous le commandement de Rougé, qui avait réuni dans ce lieu un corps de 4 à 5,000 hommes. Le comte de Paulo marchait cependant contre les habitans des Pyrénées, qui avaient suivi le drapeau tricolore. A deux lieues de Muret, il défait un corps de républicains, qui tombe dans une embuscade. Suivi de presque toute la cavalerie royale, il arrive à Martres, où il apprend qu'un général occupait, avec des troupes de ligne et les gardes nationales de l'Arriège, la position de Saint-Martory, et que plusieurs pièces d'artillerie ajoutaient à la force des corps qu'il commandait. Il fallait franchir un étroit défilé,

ou fuir. Le comte de Paulo n'hésita pas; il presse la marche de sa colonne avec tant de vivacité, que les républicains, qui le croyaient encore loin, n'avaient pris aucune précaution; ils sont surpris et mis en déroute. Les suites de cette victoire lui ouvrirent tous le pays jusqu'à Saint-Gaudens et Montrejeau. Ce fut dans cette dernière position qu'il voulut attendre les républicains, mais à son tour il ne songea nî à élever des retranchemens ni à assurer sa retraite. Attaqué par les généraux Berthier et Lannes, et l'adjudant-général Nicole, il fut entièrement défait. Deux mille morts couvrirent le champ de bataille, plusieurs centaines d'hommes périrent en voulant traverser la Garonne à la nage, enfin la déroute fut complète vainement les débris de l'armée royale, formant au plus 1,100 hommes, se dirigerent sur la vallée d'Arans, tout fut perdu. Le comte de Paulo, qui durant le combat avait montré sa bravoure accoutumée, passa en Espagne pour se soustraire aux persécutions qu'on dirigea contre lui. Le 18 bruinaire arriva; le comte de Paulo, après avoir erré en Espagne, et en Angleterre, rentra en France, le premier consul ayant accordé une amnistie solennelle pour lui et pour son état-major. Fixé à Toulouse, il y mourut peu de temps après, en 1804.

PAULUS (PÉTERS), grand-pensionnaire de Hollande, naquit à Amsterdam, et fit ses premières armes dans la marine, où il occupait le grade de capitaine de vaisseau, lorsque les événemens, oc

casionés par l'entrée d'une armée française française en Hollande, le firent élire grand-pensionnaire au commencement de février 1795. Chargé, en cette qualité, de présider les états, il se hâta de les convoquer dans la nuit du 7 au 8 du même mois, afin qu'ils délibérassent sur les mesures à prendre dans des circonstances si délicates. N'ayant accepté la présidence que parce qu'elle était un des attributs de la dignité de grand-pensionnaire, il aurait bien voulu pouvoir s'en démettre, mais il fut en quelque sorte forcé de la conserver jusque vers le milieu du mois d'avril. Alors il fut l'un des députés chargés par les états de conclure, avec la république française, un traité de paix et d'alliance. Le 1er mars de l'année suivante, la convention nationale batave, ayant ouvert sa session, les membres qui la composaient nommérent à l'unanimité M. Paulus président. Il ne remplit pas longtemps ces nouvelles fonctions, aussi honorables qu'importantes: attaqué subitement d'une maladie grave, il mourut le 17 mars 1796. La convention batave, pour rendre un juste hommage à la mémoire de son président, décréta qu'une médaille serait frappée en son honneur, après avoir préablement déclaré qu'il n'avait jamais cessé de bien mériter de la patrie. Cette déclaration, accompagnée de son écharpe tricolore, fut remise à sa veuve. Paulus a publié quelques ouvrages, parmi lesquels on distingue: 1 Apologie du Stadhouderat, ouvrage estimé, quoiqu'il fût le fruit de ses premières méditations; 2° Mémoire

sur le droit de la province de Zélande à l'établissement d'une académie, 1773; 3° Commentaire sur l'union d'Utrecht, 1778, 4 vol in8°; 4° Mémoire sur l'égalité parmi les hommes, Haarlem, 1793, in-8°; 4e édition, 1795. On trouve un portrait parfaitement ressemblant de ce citoyen estimable, dans la Continuation de l'histoire nationale de Wagenaar, tome 23. PAULZE (N.), fermier-général, naquit dans le département de la Loire. I occupa long-temps, à Montbrison, une place dans la magistrature, et fut, sous le ministère de l'abbé Terrai, son parent, appelé à Paris, et nommé fermiergénéral. En 1794, compris dans la proscription qui enveloppa les autres fermiers-généraux, il fut condamné à mort le 8 mai de la même année. On assure qu'il possédait en matière de commerce des connaissances très-étendues; il avait même formé pour la Guiane une compagnie dont le but était d'améliorer et d'augmenter les produits de cette colonie, sur laquelle il publia plusieurs Mémoires. On lui attribue aussi un travail très-intéressant sur tout ce qui a rapport aux possessions françaises d'Asie et d'Amérique. PAUTRIZEL (N.), propriétaire à la Guadeloupe, fut nommé, en septembre 1792, député de cette colonie à la convention nationale, où il ne prit séance qu'après le 21 janvier 1793. Le sort des colonies l'occupa spécialement: il discuta néanmoins le projet de la nouvelle constitution, et ce fut lui qui proposa la création d'un conseil exécutif composé de vingt-quatre membres. Quoiqu'il

T. XVI.

eût toujours montré beaucoup de modération dans sa conduite, il se déclara contre la majorité de la convention, eu faveur des députés qui favorisèrent l'insurrection du 1er prairial an 4 (20 mai 1795), ce qui motive le décret d'arrestation rendu contre lui le 25 du même mois; mis en arrestation, M. Pautrizel fut rendu à la liberté par suite de l'amnistie du 4 brumaire an 5. Après la session conventionnelle, il est rentré dans la vie privée.

PAUWELS (JEAN), compositeur de musique et chef d'orchestre du théâtre de Bruxelles, naquit dans cette ville en 1771. Fils d'un musicien, et secondé par ses dispositions naturelles pour la musique, il cultiva cet art avec tant de succès qu'il obtint la réputation d'un excellent violoniste, avant même d'avoir atteint l'âge de l'adolescence. Il vint à Paris à 18 ans, et ses talens, qui le firent bientôt remarquer, facilitèrent son entrée à l'orchestre du théâtre Feydeau. Pauwels ne fit pas à Paris un très-long séjour; cependant, lorsqu'il en sortit pour retourner dans sa ville natale, son jeu s'était tellement perfectionné, qu'il fut reçu en qualité de premier violon à l'orchestre du théâtre de Bruxelles, dont il obtint la direction. Il consacra à la composition la plus grande partie de son temps. Ce compositeur mourut à la fleur de son âge, en 1804. Trois de ses opé ras furent représentés à Bruxelles; ce sont : 1° la Maisonnette dans les bois, 2° l'Auteur malgré lui; 3° Léontine et Fonrose: ce dernier est son chef-d'œuvre. On distingue parmi ses œuvres d'excellens

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concertos de violon, de flûte et de forté- piano, et différens airs composés pour le grand concert qu'il avait fondé à Bruxelles. PAVIE (N.), membre du conseil des cinq-cents, où il fut nommé, en 1797, par le département de l'Eure, s'attacha au parti Clichien, embrassa avec chaleur la cause de la religion catholique, en demandant le libre exercice de cette religion, que la majorité des Français appelaient, disait-il, le culte de leurs pères. Il demanda aussi, le 1 novembre de la même année, que les presbytères devinssent la propriété des communes. Compris au nombre des députés qui, par suite de la journée du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), devaient être déportés à Cayenne, il parvint à se soustraire aux recherches de ceux qui étaient chargés de l'arrêter, et se tint caché jusqu'à l'époque du 18 brumaire. Alors les consuls le rappelèrent, mais ne lui donnèrent aucun emploi. Il paraît qu'il n'en a point occupé depuis.

PAW (CORNEILLE DE), chanoine et littérateur allemand,appartenait à une famille noble; il était oncle du fameux Anacharsis Cloots, membre de la convention nationale. Paw embrassa l'état ecclésiastique, et obtint dans son pays un riche canonicat, au moyen duquel il put se livrer à la culture de la littérature ancienne. Ses Recherches sur les Grecs, les Américains, les Egyptiens et les Chinois, attestent l'étendue de ses connaissances; mais on découvre bientôt qu'en se livrant trop faciment à ses conjectures, il affirme souvent des choses dont la majo

rité des historiens doute, et même que son but principal est de les contredire tous. Malgré la singularité de ses idées, qui ressemblaient souvent à celles de son neveu, on ne peut lui refuser beaucoup d'esprit, une érudition profonde et une grande rectitude de jugement. Il rapporte nombre de faits qu'on chercherait inutilement ailleurs. Son esprit philosophique lui fit parmi le clergé de violens ennemis, et lui valut, en revanche, l'estime du roi de Prusse, Frédéric-le-Grand. Au surplus, ses ennemis mêmes rendaient hommage à ses vertus. Il fut nommé commissaire du gouvernement français après la réunion à la France des départemens du Rhin. Il remplissait les fonctions de cette place lorsqu'il mourut, le 8 juillet 1799, Xanten, près d'Aix-la-Chapelle.

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PAYAN (CLAUDE - FRANÇOIS), né à Saint-Paul-Trois-Châteaux, département de la Drôme, d'une famille ancienne et considérée dans cette province, et dont plusieurs membres avaient rempli des fonctions importantes dans la magistrature et dans l'armée. Destiné dès sa jeunesse, ainsi que tous les cadets de sa famille, à l'état militaire, il s'y prépara par bonnes études, et entra dans le corps de l'artillerie, où il se fit remarquer au commencement de la révolution en 1789 par des opinions très-exaltées et par son opposition contre le nouvel ordre de choses. Il était alors traité, selon l'expression en usage, d'aristocrate. Mais vers la fin de 1790, il abandonna à la fois le service

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