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lesquels des myriades d'insectes tourmentent sans relâche le voyageur, succèdent dans ces contrées hyperboréennes les plus rigoureux hivers. Patrin surinonta avec autant de courage que de persévérance tous les obstacles, et revint heureusement à Pétersbourg à la fin de 1787. Il avait rempli avec zèle tous les engagemens qu'il avait pris avec l'académie des sciences de cette ville, lui avait envoyé divers mémoires et des échantillons de tous les minéraux. Il s'était aussi fait précéder de sa collection particulière, mais il reconnut bientôt que Pallas s'était approprié à chaque envoi une partie des morceaux les plus précieux, et il se plaignit amèrement de l'avidité scientifique de ce célèbre naturaliste, auquel il ne pardonna jamais. As sez mécontent des savans de la Russie, Patrin revint dans sa patrie après 10 ans d'absence, et se fixa à Paris. Il offrit au cabinet du Jardin du Roi sa riche collection des minéraux de la Sibérie, sous la seule condition de ne la point morceler. Elle consistait en 30 quintaux environ d'échantillons classés et étiquetés avec soin, mais l'offre ne fut point acceptée, faute d'espace, lui répondit-on, pour placer convenablement toutes ces richesses. Patrin, qui s'était consacré tout entier aux sciences, n'avait pris aucune part aux événemens politiques de cette époque orageuse, et depuis nombre d'années, il était éloigné de sa ville natale; mais l'estime générale dont il jouissait parmi ses concitoyens le fit porter, par les électeurs de Lyon, à la représentation nationale, et il se vit

nommé contre son vœu à la convention nationale. Il s'y montra constamment ami de l'ordre, de la justice et d'une sage liberté, et mérita la haine des partisans de Robespierre. Dans le procès du roi, il vota avec la minorité contre la peine de mort, pour l'appel au peuple et pour le sursis. Lorsque la ville de Lyon se souleva en 1793 contre la majorité de la convention, Patrin fut accusé d'avoir excité ses concitoyens à s'insurger. Frappé d'un décret équivalent à une sentence de mort, il eut le bonheur d'y échapper, et de trouver un asile impénétrable, où il resta caché pendant tout le règne de la terreur. Après le 9 thermidor, it rentra à la convention, et fut envoyé par le nouveau comité de salut - public pour surveiller la manufacture d'armes de Saint-Etienne. Lors de la création de l'école des mines, il en fut nommé bibliothécaire; il donna à cet établissement sa collection des minéraux, et reprenant ensuite avec joie le cours de ses travaux scientifiques, il eut une grande part à la rédaction du Journal des Mines, publié par les professeurs de l'école, et l'enrichit de mémoires intéressans. Ce savant estimable se retira vers la fin de sa vie à Saint-Vallier, près de Lyon, où il mourut le 15 août 1815, à l'âge de 73 ans. La bonté et la noblesse de son caractère, son indifférence pour la fortune, sa modestie et son amabilité dans toutes les relations sociales, lui avaient acquis de nombreux amis, qui lui restèrent constamment attachés. Patrin a laissé une foule de mémoires in

sérés dans le Journal de Physique, dans la Bibliotheque britannique, dans les Annales des Mines et dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle. Doué d'une imagination vive et féconde, il a cherché à expliquer par de nouvelles hypothèses la plupart des grands phénomènes de la nature, tels que la formation des minéraux et des montagnes, l'origine des sources, la cause des volcans, etc. Le naturaliste Breislak (voyez ce noin) s'est emparé de la Théorie des Volcans de Patrin, et l'a développée dans son Voyage dans la Campanie. On a encore du savant Lyonnais: 1° Relation d'un voyage en Sibérie, aux monts d'Attaice, etc., Pétersbourg, 1783, in-8°, et insérée par Pallas dans les Nouveaux Essais sur le nord: on trouve dans cet écrit des observations géologiques très-curieuses et des détails intéressans sur les dangers que l'intrépide voyageur a courus dans cette contrée, qu'il appelle la désolation du nord, comme les navigateurs ont nommé les environs du cap Horn la désolation du midi; 2o Histoire naturelle des minéraux, Paris, 1801, 5 vol. in-18, avec 40 planches, ouvrage qui fait suite aux œuvres de Buffon publiées par Cas

tel, et qui offre beaucoup de faits nouveaux; 3° Notes sur les Lettres à Sophie, par M. Aimé Martin, Paris, 1810, 2 vol. in-8°: ces notes contiennent l'explication ingénieuse de plusieurs phénomènes de la nature, tels que la combustion, les étoiles filantes, la ro

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ces derniers à la circulation continuelle de divers fluides, dont une partie devient concrète par la fixation de l'oxigène. Patrin était correspondant de l'institut, membre de l'académie des sciences de Pétersbourg, de la société d'agriculture de Paris, et de plusieurs au

tres sociétés savantes. On trouve dans les Annales encyclopédiques, année 1818, une bonne notice sur ce savant, par M. Villermé.

PATRIS-DE-BREUIL (L. M.), juge-de-paix à Troyes, s'est fait connaître dans la littérature, d'abord comme éditeur des OEuvres de Grosley, et ensuite comme auteur des ouvrages suivans: 1° Opuscules en prose et en vers, 1810, in-12; 2° Éloge de Louis XVIII, roi de France. Ce discours a été prononcé le 25 août 1815, à l'hôtel-de-ville de Troyes.

PATRIX (N.), général en chef de l'armée avignonaise, naquit à Avignon, d'une famille honorable; quoiqu'il fût jeune encore à l'époque de la révolution, il en einbrassa la cause avec la plus grande exaltation, et dut surtout à sa fougue et à son audace le commandement en chef de l'armée patriotique d'Avignon, qui voulait la réunion du Comtat à la France. Ses principes devinrent plus modérés, et lorsque ses troupes, au commencement de 1791, après s'être emparées de la ville de Sérian, la livrèrent au pillage, Patrix fit paraître des sentimens de justice et d'humanité qui, à ce qu'on prétend, devinrent la cause de sa perte. Bientôt il fut dénoncé à son état-major, pour avoir favorisé l'évasion d'un prisonnier; son ju

gement fut prompt, et il fut fusillé à Montreux. Le général Patrix eut pour successeur le trop fameux Jourdan, dit Coupe-tête.

Patte attaqua encore Soufflot dans les Annales politiques de Linguet, à l'occasion des altérations que quelques pierres avaient éprouvées; enfin en 1799, il fournit au ministère de l'intérieur de nouvelles observations sur ce monument. L'hôtel Charost, à Paris, est à peu près le seul ouvrage de Patte, qui prenait le titre d'architecte du duc des Deux-Ponts, pour lequel il avait construit le château de Jaresbourg, dessiné sur le modèle de Trianon. Patte a publié, 1° Mé

PATTE (PIERRE), architecte peu connu par les constructions qu'il a exécutées, mais qui s'est momentanément fait remarquer comme l'antagoniste de son célèbre confrère Soufflol, à qui l'on doit le beau monument de l'église SainteGeneviève, long-temps connue sous le nom de Panthéon français. Patte s'associa d'abord avec les auteurs de l'Encyclopédie pour la direc-moire sur la construction de la coution des dessins et des gravures de cet ouvrage; mais bientôt il se brouilla avec eux. M. Foisset rapporte qu'il « publia dans les feuilles de Fréron, que les éditeurs de l'Encyclopédie. n'avaient d'autres planches que celles qu'ils avaient dérobées à Réaumur. Comme ce savant avait légué toutes ses planches à l'académie des sciences, les libraires demandèrent à cette compagnie des commissaires pris dans son sein pour comparer les dessins inédits de l'Encyclopédie avec ceux de Réaumur. Il fut reconnu que ces premiers dessins étaient originaux, et Patte se vit obligé de rétracter son assertion téméraire. » La construction de la nouvelle église de Sainte-Geneviève fut l'objet d'une censure amère de sa part. Grimm, dans sa correspondance, venge Soufflot des attaques dirigées contre ce célèbre ouvrage. Il accuse Patte d'être un homme tracassier, qui, n'ayant rien fait pour l'art, se constituait, sans titres et à contretemps, le censeur de tout ce qu'exécutaient les bons artistes, dont il ne pouvait être le rival. » En 1780,

T. XVI.

pole projetée pour couronner l'église de Sainte-Geneviève, in-4°, Paris, 1770; 2° Monumens érigés en France en l'honneur de Louis XV, précédés d'un Tableau du progrès des sciences et des arts sous son règne, in-fol., figures, Paris, 1765; 3° Projet d'éclairage pour une grande ville; 4° Mémoires sur les projets les plus importans de l'architecture, in-4° avec planches. Ils offrent des considérations sur la distribution vicieuse des villes, et des instructions à un jeune architecte sur la construction des bâtimens. On trouve encore dans cet ouvrage des considérations sur la manière de fonder les édifices importans et sur la construction des quais; la méthode de fonder les ponts sans bâtardeaux ni épuisemens; les meilleurs moyens pour construire les plates-bandes et plafonds des colonnades, eufin, une Description historique de la colonnade du Louvre et un Mémoire sur l'achèvement du portail de SaintSulpice. 5o Traité de la construction des bâtimens, 3 vol. in-8°, destinés à faire suite au Cours d'architecture civile de Blondel; 6' de

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l'architecture théâtrale, avec les principes d'optique et d'acoustique nécessaires à observer dans la distribution d'une salle de spectacle, un vol. in-8°; 7° Description du théâtre olympique de Vicence, chef-d'œuvre de Palladio, in-4°; 8° Mémoires qui intéressent particulièrement Paris, in -4°, an 9 (1801): ces mémoires, au nombre de trois, ont pour objet le dôme du Panthéon, la translation des cimetières hors de Paris, et le mauvais état du lit de la Seine; 9° Etudes d'architecture, contenant les proportions générales, entrecolonnemens, portes, niches, croisées, profils et détails choisis des édifices modernes, in-fol., 1755: les planches ont été gravées par Patte lui même; 10° Discours sur l'importance de l'étude de l'architecture, et manière de l'enseigner en peu de temps, avec un Abrégé de la vie de Boffrand, in-8°, 1755; 11° Vẻritables jouissances d'un être raisonnable vers son déclin, in-12, 2° édition, 1803. Patte s'était adonné à la gravure; il a gravé les estampes de ses ouvrages, et a publié, d'après Piranesi, six estampes de perspective et d'architecture, et, d'après le Lorrain, un temple de Vénus (voir le Journal de Verdun, mars 1754, et juin 1755). Il est éditeur des Mémoires de Charles Perrault, 1759, in-12, et des œuvres d'architecture de Boffrand, in-fol., 1753. Cet architecte, dans les ouvrages duquel on trouve souvent des idées justes et des observations utiles, mourut à Mantes le 19 août 1812; il était né à Paris le 3 janvier 1723.

PATTERSON (WILLIAM), gouverneur de la province américaine

de New Jersey, juge à la cour suprême des États-Unis, fut l'un des magistrats les plus intègres et l'un des hommes de bien les plus recommandables du NouveauMonde. Patterson avait pris ses grades, en 1763, à New-Jersey, où il était né, et après avoir reinpli plusieurs fonctions publiques, il était devenu, en 1787, membre de la convention qui a rédigé et sanctionné la constitution qui depuis cette époque sert de base au gouvernement américain. En 1789, il devint membre du sénat de New-Jersey, et en 1790, il fut choisi pour succéder à Lévingston, le premier gouverneur de cet état après la révolution. Il était juge de la cour supérieure des ÉtatsUnis lorsqu'il mourut à Albany, le 9 septembre 1806, généralement regretté.

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PATTERSON (SAMUEL), libraire et biographe anglais, naquit à Londres en 1728. Il fit ses études en France, et de retour dans sa patrie, il y forma unétablissement de librairie les ouvrages pour trangers. Le succès n'ayant pas couronné ses efforts, il entreprit des ventes publiques de livres, et fut souvent appelé pour dresser des catalogues dans la vente des bibliothèques remarquables, telles, entre autres, que celles de Beauclerk, de Croft, de Pinelli, etc. Le marquis de Lonsdowne le choisit pour son bibliothécaire, emploi qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1802. On rapporte que manuscrit de Jules César ayant été mis en vente comme de vieux papiers, il les mit en ordre et les fit adjuger à un amateur moyennant 550 livres sterlings. Il avait fait, en

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1776, un voyage dans différentes contrées de l'Europe, et en avait rapporté une collection de livres rares et précieux, dont il publia le catalogue sous le titre de Bibliotheca universalis selecta. Ce savant bibliographe a composé plusieurs ouvrages,entre autres des Remarques rapides dans un voyage aux Pays-Bas; des Considérations sur la loi et les gens de loi; enfin un ouvrage périodique intitulé le Templier.

PAUCTON (ALEXIS-JEAN-PIERRE), mathématicien, correspondant de l'institut, ancien employé au bureau du cadastre, naquit près de Lassay, département de la Mayenne, vers 1736. Quoique pauvre, sa famille lui fit donner une bonne éducation; il apprit les mathématiques et le pilotage à Nantes, vint à Paris, et fut envoyé à Strasbourg pour y occuper la chaire de mathématiques. A l'époque où les Autrichiens menacérent cette place d'un blocus rigoureux, Paucton n'ayant pas les moyens de se procurer des provisions pour la durée du siége, fut, ainsi que tous les autres habitans qui se trouvaient dans la même situation, obligé de sortir de la ville. Il alla à Dole, lui sa femme et trois enfans, entra chez un maître de pension, où il enseigna les mathématiques aux appointemens de 600 fr. par année. Informé de cette situation déplorable, le ministre de l'intérieur lui donna, le 2 frimaire an 5(1796), un emploi au bureau du cadastre, où il fut occupé aux calculs de la Connaissance des temps, et l'institut l'admit au nombre de ses associés correspondans. La convention lui avait précédemment accordé, comme savant, un se

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cours de 3,000 francs. Il mourut le 15 juin 1798. On lui doit : 1o Théorie de la vis d'Archimède, 1 vol. in-12, 1768; 2° Métrologie ou Traité des mesures, poids et monnaies des peuples anciens et módernes, ouvrage où l'on trouve entre autres principales idées, celles d'élever dans les villes de premier ordre un obe'isque ou métromètre où seraient tracés les types et les dimensions linéaires et cylindriques de nos poids et mesures, afin que l'uniformité en restât inaltérable. L'idée de Paucton a été reproduite dans le rapport fait par M M. Abeille et Tillat à la société d'agriculture de Paris, qui le publia en 1790. 3° Théorie des lois de la nature, ou la Science des causes et des effets, Paris, un fort vol. in-8°; 4° Dissertation sur les pyramides d'Égypte, 1780, in -8°; 5o Paucton a laissé en manuscrit une traduction des Hymnes d'Orphée; un ouvrage ayant pour titre : Doctrine évangélique, apostolique et catholique, une traduction de l'hébreu des psaumes et cantiques; enfin la Théorie des mesures, des machines, des travaux et des salaires, etc.

PAUL PETROWITZ, premier du nom, empereur autocrate de toutes les Russies. naquit le 1" octobre 1754, dix ans après le mariage de la grande-duchesse sa mère (depuis l'impératrice Catherine II), avec le grand-duc, qui régna quelques mois sous le nom de Pierre III. Le jeune prince était venu au monde sous les auspices les plus funestes; les sentimens hostiles qui divisaient sa famille, et qui prirent bientôt entre le grand-duc et son épouse le caractère du dégoût et de la hai

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