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Le 31 décembre, il contribua à faire abolir les complimens et les félicitations d obligation au renouvellement de l'année; son intention fut mal interprétée, et le même jour, il fit comprendre dans l'amnistie qui avait été décrétée pour les délits révolutionnaires, les 40 soldats de Châteauvieux, condaninés aux galères pour l'affaire de Nanci; le 25 février 1792, il provoqua et obtint la suppression du tribunal de l'université, et appuya cette mesure de raisons philosophiques qui convainquirent l'assemblée. Dans la séance du 9 avril 1792, il se prononça pour l'abolition de l'esclavage et de la traite des nègres; mais il fut d'avis de n'exécuter que graduellement ce grand acte d'humanité et de justice, et développa les motifs de son opinion. M. Pastoret était ennemi des partis extrêmes, et si on le vit quelquefois flotter entre les diverses opinions, c'est qu'il cherchait à les concilier toutes pour éviter les suites funestes des divisions; ainsi, quoiqu'il siégeât au côté droit, il appuya, le 20 du même mois, la déclaration de guerre à l'Autriche. Le 16 juin, il demanda et fit décréter l'établissement d'une place et l'érection d'une colonne, sur ́montée de la statue de la liberté, sur l'emplacement de la Bastille; le 19, il présenta un rapport lumineux et fort de raisonnemens, pour démontrer la nécessité de séparer des fonctions ecclésiastiques les actes civils qui constatent les naissances, les mariages et les décès; le 21, il fit rejeter une motion de Couthon, ayant pour objet de faire rendre les décrets exé

cutoires sans la sanction du roi; le 30, en invitant l'assemblée à faire punir les auteurs du mouvement du 20, il insista sur l'avantage de rester unis, en prouvant que l'esclavage serait la suite nécessaire des divisions et des troubles. Dès ce moment, M. Pastoret vit toute l'étendue des maux où serait entraînée la France par une assemblée qui réunirait tous les pouvoirs, et s'attacha avec un nouvean zèle à soutenir la prérogative royale; aussi un membre ayant demandé, le 3 juillet suivant, que l'assemblée s'emparât de l'exercice du pouvoir exécutif, M. Pastoret, s'élevant avec force contre la proposition, prouva qu'elle était inconstitutionnelle, et insista pour que l'orateur fût envoyé à l'Abbaye. Il dénonça le 28 les empiètemens des municipalités sur le pouvoir judiciaire, fit voir le despotisme qui résulterait de pareils abus, et proposa des mesures efficaces pour les faire cesser. Nommé membre d'une commission extraordinaire pour examiner la conduite du général La Fayette (voyez FAYETTE), qui, ayant quitté l'armée sans autorisation, était venu défendre à la barre de l'assemblée les droits du trône constitutionnel, il annonça, dans son rapport du 8 août, que sur 15 membres 7 avaient voté contre le décret d'accusation. Les événemens du 10 août ayant mis sa liberté et même ses jours en danger, il prit la fuite, et eut ensuite le bonheur d'échapper au régime de la terreur. Il ne reparut sur là scène politique qu'au mois de brumaire an 3 (novembre 1795), époque où le département du Var

l'élut député au conseil des cinqcents. Il y montra la même énergie en faveur des droits acquis, et surtout de la liberté de la presse, que le directoire - exécutif voulait entraver; il plaida aussi la cause des prêtres déportés qu'on punissait, disait-il, pour une constitution religieuse qui n'existait plus; il parla sur l'administration des prisons, et fut élu président le 19 août. M. Pastoret se fit constamment remarquer, pendant cette session, par ses lumières et ses opinions assez généralement constitutionnelles et philosophiques; mais insensiblement il prit une part plus active aux divisions qui s'élevaient entre la majorité des conseils et celle du directoire. Le 15 mars 1797, il repoussa, comme propre à exciter des troubles, la proposition du directoire, tendant à exiger des électeurs un ser→ ment de haine à la royauté; depuis ce moment jusqu'au 18 fructidor, ce ne fut plus qu'une lutte entre M. Pastoret et le parti directorial. Le 28 du même mois, il s'opposa à ce que Brottier et Lavilleheurnois, agens royalistes, fussent jugés par une commission militaire, et le 30, il déclara contre - révolutionnaire un message du directoire, qui défendait l'exécution d'un arrêt du tribunal de cassation sur cette affaire, décla rant qu'une commission militaire ne pouvait en être juge. Le 28 juin, il parla en faveur des fugitifs de Toulon. Vers la même époque, il accusa la conduite des agens du directoire dans les colonies, et surtout à l'égard des États-Unis ; proposa que la nomination de ces agens lui fût retirée. Le 4 thermidor (22 juillet), il demanda

il

la suppression des réunions populaires. Cet état d'hostilités contre le directoire devait l'exposer à toute sa vengeance, du moment où il aurait saisi le pouvoir auquel il tendait; il triompha le 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797), et M. Pastoret fut porté un des premiers sur les listes de déportation. Prévenu à temps, il put se réfugier en Suisse, où il resta jus qu'en 1800, quoiqu'on eût fait conrir le bruit qu'il s'était rendu à l'île d'Oleron. H fut rappelé en France à cette époque. Le premier consul Bonaparte le nomma, en 1801, membre du conseil-général des hospices et secours publics, et en 1804, professeur du droit de la nature et des gens au collège de France. Après avoir été désigné deux fois par le collége électoral de la Seine, pour entrer au sénat, il y fut admis en 1809, et devint membre de la légion-d'honneur. Le 1 avril 1814, il vota la création d'un gouvernement provisoire et la déchéance de Napoléon. Au retour du roi, il fut nommé pair de France, commandeur de la legion-d'honneur, conseiller de l'université royale, et enfin, en 1815, président du collége électoral da département du Var. M. Pastoret qui, pendant toute sa carrière politique, avait évité tout ce qui lui semblait exagéré, parut en 1818 oublier ses principes, en appuyant de son vote la proposition de son collègue, M. Barthelemy, contre la loi des élections. Il est aujourd'hui (1824) vice-président de la chambre des pairs. On lui doit un grand nombre d'ouvrages comme littérateur. Ce sont: 1° Éloge de Voltaire, 1799; 2o Tributs of ferts à l'académie de Marseille,

1782; 5° Elégie de Tibulle, 1783; 4° Discours en vers, sur l'union qui doit régner entre la magistratu re, la philosophie et les lettres, 1783; 5° une dissertation sur cette question Quelle a été l'influence des lois maritimes des Rhodiens, sur la marine des Grecs et des Ro

mains, et de l'influence de la marine sur la puissance de ces deux peuples? 1784; 6° Zoroastre, Confucius et Mahomet, comme sectaires, législateurs et moralistes, avec le tableau de leurs dogmes, de leurs lois et de leur morale, 2 édit., 1787; 7° Moise considéré comme législateur et comme moraliste, 1789; 8° Traité des lois pénales, 2 vol. in8°, 1790; 9° Ordonnancs des rois de France, tom. XV, 1811, in-fol., travail dont il fut chargé par l'institut; 10 avec MM. Brial, Daunou et Ginguené, Histoire littéraire de la France, tom. XIII, 1814, in-4°, commencée par les religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maure; 11° un rapport trèsétendu et très-instructif fait au conseil des hospices en 1816; 12° Histoire de la législation, 4 vol. in-8°.

PASTORET (LE COMTE AMÉDÉE), fils du précédent, maître des requêtes, s'était voué à la carrière administrative. Le 7 avril 1813, il fut nommé sous-préfet de Corbeil, et passa, dans les premiers jours de janvier 1814, à la souspréfecture de Châlons-sur-Saône. A cette époque, où le territoire français était envahi, il rassembla tous les habitans de bonne volonté, et ils furent en grand nombre, marcha à leur tête contre l'ennemi, et chargea avec une rare intrépidité un corps avancé de plus de 200

hommes. Il est aujourd'hui (1824) maître des requêtes en service extraordinaire, ayant séance, et commissaire du roi près la commission du sceau. On a de lui:Des moyens mis en usage par Henri IV pour s'assurer la couronne et pacifier la France au sortir des troubles civils, 2° édition, 1817, in-8°, ouvrage qui a remporté le prix à l'académie de Châlons-sur-Marne en 1815.

PATAUD (L'ABBÉ JEAN-JACQUESFRANÇOIS), naquit le 10 octobre 1752 à Orléans, département du Loiret, exerça quelque temps la profession de commerçant, qui était celle de son père; mais bientôt entraîné par sa vocation pour le sacerdoce, il se fit recevoir prêtre, et prêcha avec quelque succès dans les principales églises du diocèse d'Orléans. A l'époque de la révolution, où il ne lui était pas permis d'exercer son ministère, il se livra à l'éducation de quelques jeunes gens; il le reprit après le concordat de 1801, et ne le cessa qu'à sa mort, arrivée le 23 mai 1817. L'abbé Pataud a publié : 1o Discours prononcés à différentes époques en présence de tous les corps constitués de la ville d'Orléans, in-8°, sans date ni indication de lieu, mais présumé imprimé en 1813, tiré seulement à 20 exemplaires on remarque dans ces discours, au nombre de quatre, celui qui renferme l'Eloge de Jeanne-d' Arc; 2° différens Opuscules insérés dans les Etrennes orléanaises de 1811 à 1815, et tirés séparément; 3° en manuscrit une Histoire d'Orléans, etc. Le travail de l'auteur, formant deux vol. in-8°, mais qui n'a été continué que jusqu'en 1810, est devenu la propriété de la bibliothèque publi

que d'Orléans, à qui l'abbé Pataud l'a légué par testament ainsi que ses autres manuscrits. Le prospectus de cet ouvrage avait paru, en 1815, sous ce titre : Histoire d' Orléans et des principales villes du Loiret, depuis la mort de Jeanned'Arc, précédée d'un précis historique de la situation d'Orléans, à dater de l'origine de la monarchie jusqu'en 1540, d'après les pièces justificatives tirées des archives de la préfecture, de la mairie, de l'évêché, etc.; suivie de la topographie historique, par ordre alphabétique, de toutes les communes du département du Loiret, des monumens qui les décorent, des faits particuliers qui les distinguent, des familles qui les ont illustrées, etc. On trouve dans les Etrennes orléanaises de 1818 une notice sur l'abbé Pataud, par M. de Laplace, président de la cour royale d'Orléans. On rapporte que cet ecclésiastique avait une mémoire prodigieuse, et l'on donne pour exemple qu'étant allé entendre par défi le sermon du missionnaire Beauregard, il le retint tout entier, et le répéta le lendemain dans la paroisse dont il était vicaire, n'ayant, au dire même de l'abbé Beauregard, altéré que trois expressions.

PATERSON (DANIEL), colonel anglais, aide-quartier-maître-général de l'armée britannique, a publié plusieurs ouvrages estimés. On lui doit: 1° Nouvelle description exacte de toutes les principales routes de l'Angleterre et du pays de Galles, 1771, in-8°, 1o édition, qui a été suivie d'une vingtaine d'éditions consécutives; 2° Dictionnaire du voyageur, ou Tables alphabétiques des distances de tou

tes les villes, bourgs, etc., de l'Angleterre et du pays de Galles, 1772, 2 vol. in-8°; 3° Description topographique de l'ile de la Grenade, 1780, in-4°; 4° Itinéraire de l'empire britannique, 1785, 2 vol. in-8°.

PATRAT (JOSEPH), auteur dramatique, naquit à Arles, département des Bouches-du-Rhône, vers 1732. Il se fit connaître d'abord comme comédien; mais il eut peu de succès, et il renonça à cette profession, pour se livrer à la composition de pièces de théâtre, dont sa famille porte le nombre à 57. Il fut plus heureux dans cette carrière, et plusieurs de ses comédies sont vues avec plaisir sur les théâtres secondaires et en province. En général, elles offrent des situations plaisantes et un dialogue facile. Nous donnerons, d'après un de nos bibliographes les plus distingués, la liste des pièces imprimées. Ce sont : 1° les Deux Morts; 2° l'Anglais, ou le Fou raisonnable; 3 les Déguisemens amoureux, ou la Résolution inutile; 4° le Présent, ou l'Heureux quiproquo; 5° les Deux Grenadiers, ou les Quiproquos; 6° l'Officier de fortune, ou les Deux Militaires; 7 l'Heureuse erreur; 8° l'Amour et la Raison, ou les Volontaires orléanais; 9° les Méprises par ressemblance; 10' Isabelle de Rosalvo; 11° le Complot inutile (cette pièce a été faite en société avec MM. Jauffret et Weiss); 12° les Deux Frères, pièce imitée de l'allemand, et jouée avec succès sur le Théâtre-Francais; 13° la Pension genevoise, ou l'Éducation: elle parut plus tard sous le titre de la Pension de jeunes demoiselles; 14° François et

:

Rouffignac; 15° les Amans protées, ou Qui compte sans son hôte compte deux fois; 16o Mirza, ou le Préjugé de l'amitié; 17° un Prologue pour le théâtre de l'Odéon; 18° avec M. Weiss, Honneur et Indigence; 19° le Sourd et l'Aveugle; 20° la Petite rusée; 21o Toberne, ou le Pêcheur suédois, représentée sur le théâtre Feydeau; 22° la Vengeance; 23° l'Orpheline; 24° la Fête du cœur; 25° l'Heureuse ressource, ou le Pouvoir du zèle; 26o Il ne faut pas condamner sans entendre; 27° l'Espiègle; 28° un prologue intitulé le Répertoire; 29° la comédie de Lagrange, les Contre-temps, réduite en un acte, par Patrat; 30° le Déserteur, de Mercier, retouché; 31° le Valet mal servi; 32° Henneval de SaintMéry; 33° la Kermesse, ou la Foire allemande ; 34° Toinette et Louis; 55° Adélaide de Mirval; 36° le Point d'honneur; 37° les Étrennes, ou les Débats des Muses; 38° le Conciliateur à la mode, ou les Étrennes du public. Ces huit dernières pièces n'ont pas été imprimées. Patrat mourut à Paris, en 1801, dans la 79° année de son âge. PATRIN (EUGÈNE-LOUIS-MELCHIOR), député du département du Rhône à la convention nationale, savant naturaliste, à qui l'on doit plusieurs découvertes importantes en minéralogie et en géologie, naquit à Lyon en 1742. Destiné par ses parens à la carrière du barreau, il l'abandonna de bonne heure pour se livrer en entier au penchant qui l'entraînait vers l'étude des sciences naturelles. I résolut, après avoir terminé de la manière la plus brillante ses cours de physique et de chimie,

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de visiter les contrées septentrionales de l'Europe, pour recueillir tous les faits qui lui paraissaient propres à établir un système général de géologie, et à éclaircir l'histoire du globe. Patrin se rendit d'abord en Allemagne, parcourut en observateur éclairé l'Autriche, la Bohêine et la Hongrie, mesura la hauteur des montagnes, descendit dans les principales mines, et amassa une riche collection d'échantillons de toutes les substances minérales. Il continua ensuite ses savantes investigations en Pologne. A Wilna, il trouva un de ses compatriotes, le professeur Gilibert, qui l'engagea à aller en Russie, et lui donna des lettres de recommandation pour les principaux membres de l'académie de Pétersbourg. Parfaitement accueilli en cette ville, et encouragé d'abord par le célèbre voyageur Pallas, dont il eut à se plaindre depuis, quand Patrin parut devenir un dangereux compétiteur de gloire, il obtint du gouvernement l'autorisation de visiter la Sibérie. On lui donna pour escorte et pour guide un sous-officier russe, qui devait pourvoir au besoin du naturaliste français dans ces contrées sauvages, où il n'est point facile de se procurer même les objets de première nécessité pour la vie. Patrin partit de Pétersbourg en 1780, et employa huit laborieuses années à parcourir les immenses chaînes de montagnes de l'Asie septentrionale, depuis les monts Oural jusqu'au delà du méridien de Pékin. Il eut à supporter des privations de tout genre et des fatigues inouïes. A des étés bien courts, mais brûlans, pendant

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