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rabiniers couvrit la retraite, et fut chargé à la fois par les grenadiers et les cuirassiers impériaux. Le général Saint-Cyr dut céder à ce terrible effort, et se replia sur Liptingen. Le 26, il passa le pont de Tuttlingen, et le 27, il arriva à Rothwell. » (Précis des événemens militaires.) Les revers de l'armée du Rhin, ceux de Schérer en Italie, amenèrent une combinaison nouvelle dans la guerre défensive que la France soutenait. Le 19 juin, Joubert remplaça Moreau dans le commandement de l'armée derrière l'Adda. Les ordres du directoire sont de prendre l'offensive. Le général Saint-Cyr, qui commandait la droite, était couvert par la Bocchetta, et couronnait en avant du défilé de la rivière, les revers de la vallée de la Scrivia. Joubert s'était déterminé à tenter un vigoureux effort pour obliger Suwarow à lever le siége de la citadelle de Tortone; le général Saint-Cyr, à la tête de la plus forte colonne, sorti par les défilés de la Bocchetta, poussa jusqu'à Novi, et s'en empara. Il envoie un détachement au-delà de la Serivia, qui doit suivre les montagnes et arriver sur Tortone en poussant par Cassano. Ce mouvement décida Suwarow à attaquer le 15 août au matin. Le général Saint-Cyr repoussa toute la journée le corps commandé par le général Kray, qui se trouva tellement maltraité que Suwarow fit tenter une seconde attaque contre les hauteurs de Novi, par les divisions aux ordres des généraux Darfeld, Bagration et Melloradowitsch. Malgré les prodigieux efforts des troupes russes, les Fran

çais conservent leurs positions, et le centre de l'armée alliée est détruit dans les charges que Suwarow fait renouveler avec une inébranlable constance. Le général Gouvion Saint-Cyr ne parvint à se maintenir dans son poste que par des prodiges d'habileté et de valeur. Cependant Mélas atteint les premières hauteurs de Novi du côté de Pietali, à la tête de 14 bataillons de grenadiers, et entreprend de tourner entièrement la droite du général Saint-Cyr. Il fait attaquer le flanc droit des Français par la division du général Froehlich. La première charge est vivement repoussée, et le général - major Lusignan demeure prisonnier. Vers cinq heures du soir, le poste de Novi étant enlevé et les troupes ne pouvant plus résister aux attaques réitérées du général Laudon et du prince de Lichtenstein, le général SaintCyr se trouvant presque enveloppé, commença sa retraite, qu'il exécuta en bon ordre. Il occupe la montagne Rouge, où, se tenant à portée de défendre, par la route de Bavi, les accès de la Bocchetta, il donna au reste de l'armée, après la déroute de Pasturano, la possibilité de rentrer dans leurs anciennes positions. Championnet succède à Moreau, et commence avec Mélas une guerre de poste pour l'investissement de Coni. Le général Saint-Cyr a le commandement de la droite de l'armée, formant un corps d'observation sur la rivière du Levant. Il occupe Gènes et les postes adjacens. Il attaque, le 12 octobre, le général Klénau, dans son camp retranché de Rapallo, et le re

jette sur la Spezzia. Le maréchal de Bellegarde amène du renfort au général Klenau, et celui-ci marche pour reprendre ses anciennes positions. Cependant Championnet perd la bataille de Savigliano, et le feld-maréchal Kray passe la Bormida, et attaque les Français. Le général Saint Cyr assemble la plus grande partie de ses fòrces sur les revers des montagnes de Novi, et, le 5 novembre, oblige le maréchal Kray, qui avait fait un mouvement par ses ailes, à les replier sur ses divisions du centre. Malgré ce succès obtenu à la droite, l'armée se rallie avec peine sur l'Apennin ligurien. Coni capitule, Gênes est menacé : « Dans cette extrémité, le général SaintCyr forme la résolution hardie, mais indispensable, de prendre à son tour l'offensive. En conséquence, après avoir averti le général Watrin des projets de l'ennemi, il marche, le 15 décembre, en personne contre le général Klenau, dont la gauche était presque inattaquable; elle s'appuyait à la mer, et était couverte par le feu de deux vaisseaux de guerre et de plusieurs bâtimens légers. Tourner cette position était une opération difficile, sous le double rapport de la disproportion des forces et du désavantage du terrain, presque inaccessible par son élévation et la difficulté des débouchés; mais il n'y avait pas d'alternative. Le général Darnaud reçoit ordre de tenir la défensive sur le point appuyé vers la mer, tandis que le général Saint-Cyr, après avoir détaché deux bataillons sur Montefanio, se porta sur le centre et le flanc droit des

T. XVI.

dispositions de l'ennemi. Après un combat opiniâtre, les Français, maîtres des débouchés, gravissent les montagnes, enfoncent le flanc droit des impériaux, dont la déroute entraîne celle de la gauche.» (Précis des événemens militaires.) L'armée battue vient se rallier derrière la Marga, et la division du général Ott, forte de 89 bataillons et de 8 divisions de cavalerie, qui marchait au secours de Klenau, prend ses cantonnemens dans le duché de Modène et de Parme. Le premier consul Bonaparte envoya au général Saint-Cyr un sabre d'honneur: ce fut la première récompense nationale que Bonaparte décerna comme chef de l'état; il y joignit la lettre suivante: «Le ministre de la guerre m'a » rendu compte, général, de la vic»toire que vous avez remportée sur »l'aile gauche de l'armée autri>> chienue; recevez comme témoignage de ma satisfaction un beau »sabre que vous porterez les jours » de combat. Faites connaître aux soldats qui sont sous vos ordres, » que je suis content d'eux et que »j'espère l'être encore davantage. » Le ministre de la guerre vous » expédie le brevet de premier lieu>> tenant de l'armée...» Acette époque le gouvernement de Gênes lui fit une offre qu'il refusa avec le désintéressement qui caractérise toutes les époques de sa vie. Le premier présent repoussé, les Gé nois en envoyèrent un autre auquel ils savaient que le général Saint-Cyr attacherait un grand prix. Ce gage glorieux de la reconnaissance d'une grande cité ne lui est jamais parvenu. L'au-` née suivante le général Saint-Cyr

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commandait le centre de l'armée du Rhin, et passa le 25 avril le Rhin à Brisach. Il s'empara de Fribourg, et se porta sur SaintBlaise, où il se réunit à la réserve, commandée par le général en chef. Moreau ayant attaqué les Autrichiens à Engen, la victoire penchait en faveur de ces derniers, lorsque le général Kray apprenant l'arrivée du général Saint-Cyr sur Hohenhowen, battit en retraite; ce dernier se porta sur Liptingen, et arriva le 6 mai sur les hauteurs qui dominent la rive droite du Danube; mais Moreau n'avait pas marché de ce côté à la suite de l'ennemi, et le général Kray avait passé pendant la nuit le Danube à Sigmaringen. Le général Saint-Cyr s'avança sur Buchau, et le 9 mai attaqua l'avant-garde autrichienne, qui était séparée du corps de bataille par la Riess: il la culbuta dans la rivière, lui fit 1,500 prisonniers, et s'empara de ses canons, puis il poursuivit l'ennemi en longeant le Danube. Le 16, l'archiduc Ferdinand ayant percé la ligne du général SainteSuzanne, et le forçant à rétrograder, le général Saint-Cyr fit faire à son arrière-garde un mouvement rétrograde, et plaça sur la rive droite du Danube, des batteries qui tiraient sur la route d'Ulm à Erbach; l'archiduc crut que toute l'armée allait passer le fleuve et le couper; il se replia sur Ulm. Quelques jours après le général SaintCyr quitta l'armée du Rhin. Cette même année il fut nommé conseiller-d'état, et le premier consul Bonaparte lui donna le commandement des troupes réunies à Bordeaux pour effectuer le passage

des Pyrénées, et pour aller se réu nir à l'armée du prince de la Paix (voyez GoDoï). Cette guerre contre le Portugal ne fut pas de longue durée, et un traité de paix qui valut au favori espagnol des honneurs inusités, ne tarda pas à terminer cette campagne. Il remit le commandement au général Leclerc, et succéda à Lucien Bonaparte comme ambassadeur à Madrid. Rappelé de ce poste pour être envoyé en Italie, il prit en 1802 le commandement de l'armée d'observation dans le royaume de Naples. Le général Saint-Cyr refusa de dicter aux troupes, sous ses ordres, des adresses pour solliciter le premier consul à se revêtir de la dignité impériale; mais aussitôt que le sénatus-consulte du 18 mai 1804 fut arrivé à sa connaissan

ce,

ni lui ni son armée ne firent attendre leur adhésion, et le courrier qui avait été envoyé à Paris, rapporta au nom de l'empereur des grades et des décorations pour les officiers et les soldats, et, pour le général en chef, sa nomination aux dignités de grand-officier de l'empire, et de colonel général des cuirassiers. Le 2 février 1805, il fut nommé un des 60 grands-aigles de la légiond'honneur; il assista au couronnement de Milan, et il évacua le 21 septembre les états napolitains, en vertu d'un traité de neutralité conclu avec cette puissance. Ces troupes formèrent le corps de l'armée d'Italie, destiné à agir sur l'Adige, et à cerner Venise. Le général Saint-Cyr battit à CastelFranco le prince de Rohan, et le fit prisonnier, ainsi qu'un corps de 6,000 Autrichiens. Il occupa Ve..

er

nise à la paix d'Austerlitz, et le 8 février 1806, entra, à la tête de son armée, dans le royaume de Naples. Nommé commandant en chef du camp de Boulogne, en remplacement du maréchal Brune, il reçut le titre de comte de l'empire, et celui de président du collége électoral du Mont-Tonnerre. Le 17 août 1808, le général Gouvion Saint-Cyr prit le commandement du corps de la grande-armée, destiné à opérer en Catalogne. Napoléon lui donna carte blanche, et lui dit pour instruction particulière de faire tous ses efforts pour conserver Barcelonne, car, ajouta-t-il, si vous perdiez cette place, je ne la reprendrais pas avec 80,000 hommes. Le 5 décembre Rose capitula, après 17 jours de tranchée ouverte. Le 16 le général Gouvion Saint-Cyr gagne la bataille de Cardedeu, à la suite de laquelle le marquis de Vivès, capitaine-général de la Catatalogne, est destitué; le 17, il arrive devant Barcelonne, qu'il délivre des rigueurs d'un blocus. Le 21 il attaque les Espagnols dans la belle position de Molino del Rey, les met dans la plus complette déroute, leur prend 1,500 hommes, dans le nombre desquels se trouve le général Caldaguès et douze officiers supérieurs, s'empare de 50 bouches à feu, et de tous les magasins de poudre et de munitions que les Anglais et les Catalans avaient établis à VillaFrança. Le 25 février 1809, il remporta à Wallo la victoire la plus éclatante sur le général en chef Reding, qui y perdit la vie. Le général Gouvion Saint-Cyr s'empara des villes de

Féliu de Quixolo, de Palamos, et couvrit le siége de Gironne. Une campagne aussi glorieuse aurait mérité au général en chef la seule dignité militaire qui lui manquait. L'empereur le pensait, et deux fois il fit rédiger et signa le décret qui élevait le général Saint-Cyr à la dignité de maréchal: deux fois un favori qui veillait à entretenir dans le génie de Napoléon les semences d'une vieille animosité fit déchirer le décret. Le maréchal Augereau fut appelé au commandement de cette armée, et quoique le général Saint-Cyr n'eût quitté la Catalogne qu'après avoir obtenu de nouveaux succès, qu'après être resté cinq mois à la tête des troupes, pour donner le temps à son successeur de soigner sa santé, enfin qu'après avoir reçu une permisssion du ministre de la guerre, on s'obstina à considérer son départ comme une infraction à la discipline militaire. Deux ans de disgrâce furent la récompense de ses travaux. Les détails de cette campagne sont consignés dans l'ouvrage que le maréchal SaintCyr a fait paraître en 1821: l'exactitude des faits, l'intérêt de la narration, font vivement regretter que la plupart des opérations militaires de l'armée française n'aient pas eu de pareils historiens. L'auteur, après avoir exposé, à la manière de César, les actions où il a commandé dans cette lutte entre la France et la péninsule, développe avec les talens d'un habile écrivain et d'un grand capitaine quelques-uns des épisodes de cette guerre, et après avoir donné d'illustres exemples, il donne de sages conseils pour conserver à la

France son indépendance, et à la dynastie des Bourbons sa gloire. Le général Gouvion Saint-Cyr reparut dans les affaires de 1811, où il reprit ses occupations au couseil-d'état. En 1812, l'empereur lui donna le commandement de l'armée bavaroise, rassemblée à Bamberg. Ces troupes, sous la désignation du 6 corps de la grande-armée, se réunirent après le passage du Niémen au 2o corps commandé par le maréchal Oudinot, et formèrent la gauche de l'armée française, destinée à opérer sur la Dwina: elles étaient opposées au comte de Wittgenstein. Le début de la campagne ne fut pas très-heureux. Séparée de l'empereur, qui s'était avancé audelà de Smolensk, cette armée avait commencé un mouvement rétrograde, et les ordres étaient donnés pour qu'on repassât la Dwina. Napoléon inquiet sur son flanc gauche, attendait à Wittepsk, ayant interrompu sa marche sur Moskou. Le 17 août le maréchal Oudinot est blessé, et le commandement en chef des deux corps réunis revient au général SaintCyr. Celui-ci arrête le mouvement rétrograde, prend l'offensive, repousse l'ennemi au-delà du défilé de Polotsk, et le lendemain, après avoir engagé le comte de Wittgenstein sur toute la ligne, le met dans la déroute la plus complète, s'empare de son artillerie, de tous ses bagages, et lui prend ou tue 7000 hommes. Le bâton de maréchal de France fut la récompense de ce beau fait d'armes; si la récompense fut tardive, elle en parut plus éclatante. Le comte de Wittgenstein, ren

forcé par les divisions de Finlande et les milices de Saint-Pétersbourg, reparut sur le champ de bataille. Le 17 octobre, il attaqua les Français dans leur camp devant Polotsk. La lutte dura trois jours, pendant lesquels les Russes furent constamment repoussés. Mais le moment des revers était arrivé, et déjà Napoléon avait quitté Moskou. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr disposa tout dans la nuit du 19 pour commencer sa retraite. Cette retraite est un modèle que citent avec de grands éloges les officiers les plus expérimentés, car les COlonnes françaises arrivèrent sans coup férir derrière la Oula. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr, blessé d'une balle au pied remit le commandement au duc de Reggio. Il rejoignit l'armée pendant sa désastreuse retraite, et fit avec le vice-roi son entrée à Berlin, dont il fut nommé gouverneur en remplacement du maréchal Augereau. Une chute qui donna de vives inquiétudes, empêcha le maréchal Saint-Cyr de prendre une part active aux éclatantes victoires de Wurtchen et de Bautzen, où l'empereur lui destinait un commandement important. Pendant l'armistice, il organisa le 14° corps, et le 17 août, lorsque les hostilités reprirent leur cours, il occupait au-dessus de Dresde le camp de Pirna, sa gauche appuyée à Königstein. Il était ainsi à che val sur la grande route de Dresde à Prague, poussant des partis d'observation jusqu'aux débouchés de Marienberg. Cependant la principale armée des alliés débouche, le 22, par la route de Peterswald. Assailli par 200 mille hommes, le

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