Page images
PDF
EPUB

BRICHETEAU (ISIDORE), docteur en médecine, est né à SaintChristophe, département de la Vienne, le 3 février 1789; il étudia l'anatomie et la botanique à Poitiers, vint à Paris en 1809, et fut admis, par concours, au nombre des élèves internes en médecine des hôpitaux civils de Paris, institution très-utile, qui a produit une foule d'excellens médecins et de professeurs distingués. Durant le cours de cette espèce de noviciat, M. Bricheteau fut remarqué par le célèbre professeur Pinel (voy. PINEL), médecin en chef de l'hôpital de la Salpêtrière, qui lui donna une grande preuve d'affection, en lui confiant la rédaction de quelques leçons, et de ses nombreuses consultations. M. Bricheteau, reçu docteur en médecine en 1814, débuta par une Dissertation inaugurale sur une maladie cérébrale des enfans, dissertation devenue rare, et qui est recherchée. Choisi par M. Pinel pour son collaborateur dans la rédaction des articles qu'il devait fournir au vaste Dictionnaire des sciences médicales, il se tira avec honneur d'un travail si épineux, et un grand nombre d'articles importans et estimés furent le fruit de cette association. On doit à M. Bricheteau plusieurs Mémoires de physiologie et de médecine, rédigés avec clarté et précision. Il a publié une quatrième édition de l'Hygiène de Tourtelle, ouvrage classique, qu'il

a

enrichi de notes et d'additions. Ce médecin a égalemènt. publié une quatrième édition du Dictionnaire de médecine de Nysten, en un gros volume in-8°, ouvrage d'une grande utilité, qui est en quelque sorte devenu le sien propre, par les nombreuses additions qu'il y a faites et lá nouvelle forme qu'il lui a donnée. M. Bricheteau est médecin d'un des Dispensaires de Paris, et membre adjoint de l'académie royale de médecine.

CELLES (A. P. F. G. DɛVISCHER, BARON DE), d'une ancienne famille noble du Brabant, est né à Bruxelles en 1779. Il y commença une brillante éducation, qu'il acheva dans les universités d'Allemagne, et en Italie; ce qui lui a rendu familier l'usage de ces langues. L'administration publique fut la première étude de M. de Celles après sa première éducation. La nature sembla l'avoir formé pour les affaires : il acquit rapidement des connaissances étendues dans les diverses branches de l'économie politique, et il s'attacha avec d'autant plus d'ardeur à cette grave occupation qu'elle avait pour unique objet l'intérêt de sa patrie. Il ne tarda pas à se faire connaître sous ce rapport à ses concitoyens. Nommé en l'an 2, aux premières élections, membre du collége électoral de la Dyle, il fut aussi désigné pour faire partie de la députation qui fut envoyée au premier consul. Dès ce jour M.

de Celles s'attacha à la fortune de Napoléon. De retour dans sa patrie, il y fut nominé conseiller municipal. M. de Chaban, alors préfet de Bruxelles, trouva dans le nouvel administrateur un digne auxiliaire de ses fonctions. M. de Celles concourut puissamment à former, à organiser les établissemens civils plus particulièrement consacrés au soulagement de l'humanité, au bon ordre, à la sûreté, comme à la santé publique. De ce nombre, et en première ligne, furent l'hospice des vieillards, la maison de détention de Vilvorde, la propagation de la vaccine. Il se fit spécialement remarquer dans le conseil de la ville par les vues qu'il développa, et les moyens qu'il fit adopter pour l'amélioration de son régime financier. Il devait bientôt faire sur un plus grand théâtre l'application de ces connaissances, et les étendre à une école d'où sont sortis tant d'excellens administrateurs. En février 1806, il fut appelé au conseil-d'état en qualité d'auditeur. L'empereur l'y distingua bientôt, et le nomma maître des requêtes à la formation, c'est-à-dire quatre mois après. Il était difficile de débuter d'une manière plus rapide et plus brillante dans la carrière polititique. M. de Celles justifia le choix de l'empereur. Sa première opinion au conseil-d'état fut une bonne fortune. Il s'agissait des intérêts de sa ville natale, et l'empereur présidait. M. de Celles établit d'une manière lumineuse la situation financière de la ville de Bruxelles, et prouva que si les charges de cette ville n'étaient pas

augmentées, elle satisferait à ses engagemeris, tandis qu'en cas de surcharge, le contraire était démontré. Ces engagemens étaient d'autant plus sacrés, que c'étaient des rentes constituées à sa charge, dont le projet de décret ordonnait la réduction, pour la confection du budget. Le projet fut retiré. La même année, M. de Celles fut appelé à l'importante préfecture de la Loire-Inférieure, Nantes, où pendant quatre ans il donna la preuve du plus grand talent administratif. Ce fut à ses soins que le lycée ouvert en 1809 dut les fonds de son établissement, ainsi que la bourse du commerce, la salle de spectacle, le bâtiment de la bibliothèque, le cabinet d'histoire naturelle, le jardin botanique, la continuation des quais, et la réparation des routes, des ponts, des églises, qui avaient été détruits par la guerre de la Vendée. Malheureusement pour M. de Celles, l'empereur crut devoir lui confier à la fin de 1810 la préfecture du Zuyderzée. Il quitta avec le plus grand regret un département où il avait laissé de si honorables témoignages de son administration, et où le bien public était un lien d'émulation entre le préfet et les habitans. Enfin il dut obéir et se rendre dans le Zuyderzée, où il trouva une tout autre position. C'était un pays tout-àfait étranger qu'il fallait rendre. français. De plus on avait par une opération réellement tyrannique introduit en Hollande la conscription avec rétroactivité. Les mots nouveaux de l'école impériale exprimaient merveilleusement les choses. M. de Celles fit de

vaines réclamations. Il lui fallut exercer sur ses administrés la législation militaire qu'on leur imposait. Le régime des droits réunis vint encore augmenter l'irritation publique. Le préfet réclama encore d'après une loi bien impé rieuse, celle des habitudes locales. Il ne fut point écouté. Il en fut de même pour les gardes d'honneur, dont il ne jugeait pas l'institution applicable à la Hollande. On lui demanda des explications, il les donna. Elles furent repoussées. Il reçut l'ordre impératif de lever des gardes-d'honneur. Ce fut alors et pour la sauve-garde de sa délicatesse, que M. de Celles dut opposer un rempart d'airain à toutes les exceptions de faveur, qui lui furent demandées de tant de manières. Sa rigidité à cet égård était celle de la justice, celle que l'on a dû si justement reprocher de n'avoir pas toujours été employée contre les sollicita tions relatives à la réquisition et à la conscription. Un administrateur prendrait sur lui le droit de vie et de mort, si par une considération non légale, il faisait marcher un soldat au lieu d'un autre. M. de Celles depuis long-temps pénétré de l'austérité de ce devoir, l'appliqua impitoyablement, dit-on, aux gardes d'honneur de son département. En cela il fut malheureux, puisqu'il s'opposa tant qu'il le put à cette terrible mesure, qui fit lever tant d'ennemis contre Napoléon, dans toutes les parties de l'empire; mais il fit son devoir, il fut juste. Et si en raison de cette sévérité il ne fut point aimé, du moins, il ne fut pas justement haï en raison

des exceptions qu'on aurait arrachées à sa faiblesse; car il ne s'agissait pas seulement de faire marcher les gardes d'honneur, il fallait encore prouver qu'il avait refusé les offres immenses qu'on osa faire à M. de Celles, pour tenter son inflexible probité. Alors il dut avoir des ennemis bien puissans, puisqu'ils étaient dans la classe des familles les plus riches; et ce furent ceux-ci qu'il lui était surtout important d'avouer. En 1814, M. de Celles ne quitta la Hollande, et même Amsterdam, que sur l'ordre du prince, gouverneurgénéral, M. le duc de Plaisance. Il ne partit que cinq heures après, à 9 heures du matin, en public, dans sa voiture, pour se rendre à Utrecht, où commandait le général Molitor. En 1819, M. de Celles fut nommé, par l'ordre équestre auquel il appartient, aux états provinciaux du Brabant méridional. Il s'y distingua en demandant que le jury fût rétabli. Cette proposition fut faite immédiatement Jans plusieurs autres provinces. M. de Celles fut nommé, en 1821, membre de la seconde chambre des états - généraux. Il prit part à toutes les discussions de finances et de commerce; il vota contre plusieurs impositions nouvelles, et notamment contre le droit dit de mouture. M. de Celles a toujours exprimé ses idées avec énergie, et cependant avec modéraration; il s'est élevé à de grandes considérations commerciales dans une discussion sur un prélèvement fiscal à effectuer sur les fortunes en porte-feuille, et dans toutes ses improvisations

ou dans ses discours écrits à la chambre, il a professé des princicipes libéraux, soit en économie politique, soit dans d'autres matières d'administration. M. de Celles est sans contredit un des membres les plus distingués des états-généraux du royaume des Pays-Bas.

COUSIN (VICTOR), né à Paris en 1792, montra dès sa plus tendre jeunesse, les plus heureuses dispositions pour l'étude des sciences et des lettres, et couronna les succès qu'il avait obtenus dans ses classes par le prix d'honneur, qui le fit exempter de la conscription. Reçu le premier en qualité d'éleve à l'école normale, qui venait d'être fondée, il y fut bientôt maî

phes anciens, il crut pouvoir juger les modernes sous le rapport métaphysique: Condillac n'a pas trouvé grâce devant lui. Il pense que sa philosophie est plus propre à de beaux esprits serviles qu'à des hommes libres. Quant à lui sa profession de foi est précise; il se fait honneur d'appartenir à l'école du spiritualisme, système qui ne rcconnaît aucun être purement matériel. Malgré les succès constans que M. Cousin avait obtenus comme professeur, il fut destitué en 1820, et crut devoir cette défaveur à la perspicacité du ministère, qui pensa que sa doctrine ne fléchirait pas devant les principes qu'on essayait d'établir à cette époque, et qui se propagent de plus en plus; ainsi il fut frappé dans l'université, au moment même où M. Royer-Collard était frappé dans la haute région du gouvernement. M. Cousin a publié : 1o les manuscrits inédits de Proclus, philosophe alexandrin du 4° siècle, 5

tre de conférences. Son mérite précoce, apprécié par tous ceux qui en recueillaient les fruits, ne pouvait échapper au professeur titulaire, M. Royer-Collard, qui, appelé en 1815 à de hautes fonctions, désigna M. Cousin pour le suppléer dans la chaire de l'histoi-vol. in-8°, grec-latin, 1820-1821; re de la philosophie, à la faculté des lettres. Ces fonctions, qui exigent de la part de celui qui les exerce la profondeur du jugement, jointe à l'étendue des connaissances et à la facilité de l'élocution, furent exercées par M. Cousin depuis 1815 jusqu'à 1820, tant à cette faculté qu'à l'école normale. Un succès toujours croissant, fit presque oublier que M. Cousin n'était pas le professeur en titre. Il s'était fait un plan d'enseignement qui ajoutait un grand intérêt à ses leçons il n'a jamais séparé la philosophie morale de la philosophie spéculative. Après avoir porté un œil éclairé sur les philoso

2° deux volumes d'une traduction complète de Platon, Paris, 1822: le 3 est sous presse ; 3° une édition complète de Descartes, philosophe persécuté pendant sa vie, couvert de gloire, mais délaissé après sa mort, 6 vol. in-8°, 1824. Il a écrit un grand nombre d'articles dans le Journal des savans, dont il est un des rédacteurs. Il a annoncé une édition française des œuvres de Kant. M. Cousin s'est déjà placé, comme on voit, parmi les hommes remarquables de notre époque, et promet de parcourir la carrière la plus brillante. A la manière dont il traite la métaphysique, on peut espérer que

cette science finira par prendre faveur, et qu'on lui reconnaîtra des charmes dont jusqu'ici, selon l'opinion commune, on ne la croyait pas susceptible. M. Cou sin est aujourd'hui professeur-suppléant de l'histoire de la philosophie moderne à l'académie de Paris.

DINCOURT DE METZ (JEANBAPTISTE), chevalier de l'ordre royal de la légion d'honneur, membre de plusieurs sociétés savantes, est né en 1746. Cadet d'une ancienne famille de Picardie, il était officier d'artillerie à La Fère, lorsqu'il perdit son père, conseiller du roi, lieutenant-général, et maire d'Amiens. Comme il avait fait, sous trois oncles jésuites, des études distinguées, voulant plus particulièrement se livrer aux arts, il quitta l'artillerie pour les ponts et chaussées. Un premier prix d'architecture lui valut l'honneur d'aller à l'école française à Rome, comme pensionnaire du gouvernement. Ingénieur en 'Limousin, sous l'administration de M. Turgot, il y a exécuté de très-grands travaux. Il fut envoyé en mission extraordinaire à l'assemblée consti. tuante par la ville de Limoges. Devenu ingénieur en chef en Poitou, il a contribué aux embellis semens de la ville de Niort. Enfin, après avoir exercé pendant longues années les fonctions d'inspecteur divisionnaire au corps royal des ponts et chaussées, M. Dincourt de Metz a obtenu, en 1821, le brevet d'inspecteur-général, digne récompense de cinquantedeux ans de service. Son fils, chevalier de la légion-d'honneur,

est ancien capitaine de lanciers.

GAMOT (CHARLES), naquit au Havre au mois d'octobre 1766. Son père, propriétaire et capitaine d'un navire de commerce de cette ville, périt dans un naufrage. Peu de temps après le jeune orphelin fut appelé à Paris par l'abbé Duval, son oncle maternel, qui était alors proviseur du collége d'Harcourt, et qui fut depuis recteur de l'université. Il fit ses études avec succès sous les yeux de son oncle, et quand elles furent achevées, il retourna au Havre près de sa mère,à laquelle il était tendrement attaché, et dont il eut bientôt à déplorer la perte. Actif et plein d'énergie au milieu de compatriotes dont la fortune s'était faite, et s'accroissait par le commerce, la même carrière lui était ouverte, et sa vocation fut décidée. Il fit d'abord un voyage à la Martinique, où le frère de son père avait formé un établissement qui avait prospéré. Les opérations auxquelles il se livra lui-même n'ayant point réussi, il revint au Havre, d'où il repartit quelques mois après pour gérer à SaintDomingue les affaires de la maison Foache, qui y possédait de grandes habitations. Il avait honorablement rempli cette mission de confiance, et il commençait à travailler utilement à sa propre fortune, lorsque la révolution éclata dans cette colonie. Il partagea les opinions des hommes sages et éclairés qui s'y trouvaient alors. Il travailla avec eux à réunir les colons et les hommes de couleur, et fut nommé président de l'une des assemblées qui dressèrent un concordat pour opérer

« PreviousContinue »