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déportation dans les forêts de la Guiane, que le directoire avait prononcée contre les ennemis de son pouvoir lâchement tyrannique. Le danger qu'il a couru et qu'il peut courir encore n'empêhe, pas M. de Pontécoulant de protester contre les événemens du 18 fructidor, comme il avait protesté contre ceux du 31 mai; il fait plus il refuse de continuer à siéger dans une chambre dont les droits ont été violés par le directoire, et se retire dans le département du Calvados; il y fut nommé assesseur du juge-de-paix de son canton, et en exerçait encore les fonctions à l'époque du 18 brumaire an 8. L'année suivante, M. de Pontécoulant fut nommé préfet du département de la Dyle. Cinq anuées d'une administration aussi ferme que bienfaisante, ont rendu son souvenir à jamais cher aux habitans de ce pays nous aurons résumé en quelques lignes les travaux de son administration en disant qu'il y rétablit l'ordre dans toutes les parties; qu'il appela aux fonctions publiques les grands propriétaires; détruisit les listes d'émigrés, leva les séques tres mis sur leurs biens et annula les arrêts de déportation rendus contre les prêtres. Les routes depuis long-temps négligées sont reconstruites dans toute l'étendue de son département, les édifices publics relevés, le culte rétabli, les sœurs de la charité rendues à leurs pieuses fonctions; il assure le service des hospices, et parvient, en créant des ateliers de travail pour les pauvres valides, et des refuges pour les vieillards et les

T. XVI.

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infirmes, à extirper la mendicité d'un pays où cette lèpre de la société était si profondément invétérée qu'elle semblait pour ainsi dire inhérente à son existence. Nommé sénateur au mois de février 1805, M. de Pontécoulant obtint bientôt après du chef du gouvernement la permission de faire un voyage en Turquie. Il se trouvait à Constantinople lors de l'attaque de l'escadre anglaise (février 1807), et contribua, sous la direction de l'ambassadeur de France, le général Sébastiani, son ami, à la défense du port, de la pointe du sérail et à celle du Bosphore. Le grand-seigneur récompensa les services de M. de Pontécoulant dans cette occasion importante, en lui accordant la décoration de son ordre du croissant. Après la retraite des Anglais, il se rendit à l'armée du grandvisir sur le Danube, où il resta Jusqu'à la conclusion de la paix de Tilsitt. Rentré en France à la fin de l'année 1807, il vint reprendre sa place au sénat; en 1811, il fut envoyé dans la sixième division militaire, en qualité d'inspecteur-général, chargé de l'organisation des cohortes actives du premier ban de la garde nationale des départemens de l'Ain, du Doubs, du Jura, et de la Haute-Saône; en 1813, il se rendit en Belgique avec des pouvoirs extraordinaires pour la défense de la frontière du Nord, et particulièrement des départemens de la Dyle, des Deux-Nèthes, de Jemmapes et de l'Escaut. M. de Pontécoulant rentra dans l'ancienne France, en février 1814, avec la petite et brave armée du gé

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néral Maison; il siégea au sénat, dans les séances où ce corps rappela au trône le roi régnant. Il fut nommé pair de France par l'ordonnance du 5 mars 1814. Déclaré démissionnaire par celle du 24 juillet 1815, et rappelé à la chambre des pairs par l'ordonnance du 5 mars 1819, M. de Pontécoulant a constamment pris une part active, et souvent fait briller un talent de discussion très - remarquable dans les délibérations de la chambre dont il est meinbre; mais la partie à laquelle il paraît s'être plus spécialement attaché est celle des questions judiciaires. Aussi s'est-il fait particulièrement remarquer dans les diverses occasions où la chambre des pairs a été constituée en cour de justice. Ce fut sur sa propopositition qu'une commission spéciale fut formée en 1820 pour déterminer la compétence et régulariser les opérations de la chambre constituée en cour des pairs. Il fut aussi nommé membre des deux autres commissions formées pour le même objet en 1821 et en 1822, et de celle formée en 1824 pour modifier, en les adoucissant, différentes dispositions du code pénal; précédeminent M. de Pontécoulant avait été membre de la commission qui rendit (en 1819) la liberté aux journaux. Nous nous sommes bornés, comme on a pu le voir, à la plus simple énonciation des événemens et des travaux qui ont si honorablement marqué le cours de la vie politique de M. de Pontécoulant. Quel autre cependant pouvait lui payer un plus juste tribut d'éloges que l'auteur de cette

notice, qui met au rang de ses plus précieux souvenirs, sa coopération en Belgique, aux travaux administratifs de ce noble pair, dont il avait été le camarade de proscription, en 1793, et qui l'avait pris pour aide, au comité du gouvernement en l'an 3 et dans sa préfecture de la Belgique?

PONTET fils (PIERRE-BERNARD DE), membre de la légion-d'honneur, fut élu par le département de la Gironde, à la chambre des députés; il y vota avec la majorité. De 1815 à 1816, lors du projet de loi sur les élections, après une discussion peu prolongée, il se prononça pour les amendemens de la commission, et adopta les suppléans proposés par M. de la Bourdonnaie, en partageant son avis tant sur l'âge de 40 ans qu'il exigeait pour remplir les fonctions de député, que sur les trois degrés d'éligibilité, qu'il réclamait également. Profitant ensuite de l'occasion, il attaqua les ministres, et leur reprocha de n'avoir pas donné toutes les places à des hommes connus par leur attachement invariable à la monarchie. De 1816 à 1817, dans la discussion du budget, il appuya l'emprunt et les économies, revint sur le projet déjà énoncé de rétablir les corporations, proposa ensuite quelques amendemens au budget, et finit par l'adopter. De 1817 à 1818, vota contre le recrutement, après avoir reproduit toutes les objections déjà faites contre les vétérans. De 1818 à 1819, lorsqu'il fut question des livres supplémentaires de la dette publique, it considéra le jeu de bourse comme tendant à faire disparaître les ca

il

pitaux en numéraire, indispensables aux manufactures, au commerce et aux propriétés : il soutint en conséquence que la loi proposée n'offrirait aux départemens que des avantages illusoires ou dangereux. Après une sortie contre les journaux, il vote le rejet. M. de Pontet, réélu en 1819, siégeait encore dans la chambre dissoute en 1823; il ne fait point partie de la nouvelle chambre de 1824.

POPHAM (SIR HOME-RIGGS, BA RONNET), contre - amiral anglais commandeur de l'ordre du Bain, membre de la chambre des comnunes pour le bourg de Yarmouth, dans l'île de Wight, membre de la société royale, etc., est né en Irlande en 1762. M. Popham père, qui avait été consul britannique à Tetuan, dans l'état de Maroc, se trouvait chargé d'une nombreuse famille, et ses fils furent employés dans les quatre parties du monde. Sir Home Popham, l'un des plus jeunes, entra au sortir de l'enfance dans la marine royale, et parvint au grade de lieutenant de vaisseau pendant la guerre d'Amérique. Après la conclusion de la paix, il prit le commandement d'un vaisseau marchand, et se rendit dans l'Inde, où il retrouva un de ses frères, qui s'était distingué au service de la compagnie anglaise. Lui-même fut bientôt employé parlord Cornwallis, et chargé d'aller en 1788 reconnaître New-Harbour, sur la rivière Hougly, où l'on avait formé le projet d'établir un grand arsenal pour la marine. Il trouva ce lieu moins favorable qu'on ne l'avait représenté, et ayant en

1791 pris de nouveau le commandement d'un vaisseau marchand, qui devait aller du Bengale à Bombay, il fut assailli en mer par de violentes tempêtes, qui l'obligèrent d'entrer dans le détroit de Malacca, et de jeter l'ancre près de l'île du prince de Galles. Il y découvrit un passage méridional, et proposa d'établir l'arsenal dé la marine dans un endroit bien plus convenable que celui qu'on avait d'abord eu en vue. Son projet fat adopté, et des remercîmens publics lui furent adressés par le gouvernement. Une pièce de vaisselle avec une inscription honorable lui fut offerte en plein conseil. La cour des directeurs de la compagnie des Indes le recommanda pour son avancement aux lords de l'amirauté à Londres. En 1795, il fut nommé capitaine de vaisseau à la recommandation du duc d'York, auquel il avait rendu d'importans services pendant la malheureuse expédition des Anglais en Flandre, dont il recueil lit les débris, qu'il escorta en Angleterre avec les frégates l'Amphion et la Dédale. En 1798, sir Home Popham se rendit à Rével et à Cronstadt afin de présider à l'embarquement des troupes que la Russie fournissait à l'Angleterre, pour former une nouvelle expédition destinée à chasser les Français de la Hollande, entreprise qui eut, comme on sait, l'issue la plus funeste pour les alliés; mais les commencemens eu furent brillans pour le capitaine anglais; il reçut l'accueil le plus flatteur en Russie; l'empereur et l'impératrice se rendirent à son bord, et le comblèrent de

présens. Paul I, qui venait de se créer lui-même grand-maître de Malte, créa sir Home Popham commandeur de cet ordre, et le gouvernement anglais, qui permettait encore à l'autocrate de toutes les Russies d'en distribuer les décorations, quoiqu'il se réservât depuis la propriété de toute l'île, autorisa l'officier protestant à prendre dans son pays le titre de commandeur d'un ordre catholique. Ce premier exemple fut donné en septembre 1798. Les troupes russes furent conduites sur les vaisseaux anglais en Hollande, d'où elles passèrent à la fin de la campagne, prisonnières de guerre en France. A son retour en Angleterre, sir Home Popham Jonna le plan d'une division de tout le pays en districts maritiines, et il obtint le commandement de celui qui est situé entre Deal et Beavy-Head. En 1800, il s'embarqua pour les Indes-Orientales, se rendit à Calcutta, et fut chargé par le gouverneur-général lord Wellesley, de différentes missions diplomatiques auprès du shérif de la Mecque et des scheiks de l'Arabie, qu'il s'agissait de gagner, et avec lesquels la compagnie marchande et souveraine établissait de nouvelles relations de commerce. L'habile négociateur réussit parfaitement, à ce qu'on assure, dans ces missions; mais à son retour à Londres en 1803, il n'en trouva pas moins le nouveau ministère, formé en son absence, mal disposé à son égard. On accusait sir. Home Popham d'avoir fait des dépenses excessives dans l'Inde pour la réparation de ses vaisseaux,

d'avoir, pour satisfaire ses intérêts particuliers, promené son escadre dans les parages du Bengale, au lieu de la conduire directement à Bombay. Dans un rapport public du ministère, cette conduite se trouvait sévèrement blâmée. Sir Home Popham, qui avait cependant été élu membre de la chambre des communes, se vengea de cette attaque en censurant vivement les rapports officiels des ministres au parlement sur l'état de la marine, et en signalant leurs graves erreurs. L'accusation n'eut point d'autres suites que la non activité de l'accusé pendant ce ministère. Une nouvelle administration ayant été formée, dont lord Melville, protecteur de sir Home Popham, devint membre, ce dernier eut le commandement du vaisseau l'Antilope, et fut ensuite mis à la tête de l'expédition dite des Catamarans, brûlots qui, fabriqués pour détruire la flottille de Boulogne, n'incendièrent qu'une seule chaloupe. En 1805, son triomphe au parlement fut complet ; l'enquête qu'il avait demandée ayant été faite, et un long rapport du comité entendu,sir William Borrough annonça à la chambre des communes une motion pour la session prochaine, portant que la conduite de sir Home Popham avait été trouvée en tout point irréprochable; déclaration qui fut en effet adoptée. Il fut chargé, la même année 1806, conjointement avec le général David Baird, commandant des troupes de terre, de l'expédition qui alla s'emparer de la riche colonie hollandaise du Cap de Bonne-Espérance, et fit depuis

partie de l'expédition de flibustiers, qui vint enlever la flotte danoise dans le port de Copenhague. Créé baronnet après cette brillante conquête, il fut activement employé avec le grade de contre-amiral sur les côtes d'Espagne, pendant la guerre de la péninsule, et lorsque lord Moïra (aujourd'hui marquis de Hastings) fut nommé gouverneur - général du Bengale, il monta à bord du vaisseau de l'amiral Popham, qui le transporta dans l'Inde. Cet officier passe pour un des plus habiles marins de l'Angleterre. On lui doit plusieurs améliorations et inventions ingénieuses. En 1816,

il fit en présence du duc d'York, des expériences du Semaphore, qu'il a inventé, et qui réussirent complètement. On assure que cette machine est préférable aux télégraphes, qu'elle offre 2000 combinaisons au lieu de cent, et qu'elle peut être montée et démontée avec la plus grande facilité, et transportée d'un lieu dans un autre. Sir Home Popham a publié les ouvrages suivans: 1° Précis des faits relatifs au traitement qu'il a éprouvé depuis son retour de la mer Rouge, 1805, in-8°; 2o Description de l'ile du Prince de Galles, avec ses avantages comme étàblissement de marine, 1805, in 8°.

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