Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][graphic][merged small]

lui de capitaine, avec lequel il passa dans la garde du roi Joseph (voy BONAPARTE) à Naples, suivit ce prince en Espagne, et rentra avec lui en France, par suite des événemens de la guerre. Au commencement de 1814, le capitaine Ponte fut admis dans la garde impériale avec le rang de chef de bataillon. Depuis l'époque du consulat jusqu'à celle du traité de Fontainebleau, il fit constamment la guerre en Italie, en Calabre, en Espagne et en France, et se signala en divers combats. Au siége de Gaëte, il fut grièvement blessé au talon, en montant l'un des premiers à l'assaut du fort de RoccaGloriosa. Il reçut encore trois coups de feu, dont un lui traversa la cuisse droite, le 31 août 1813, lorsqu'avec 70 hommes il enleva la position escarpée de la chapelle de Saint-Martial, sur le Bedeasore, et fit éprouver à l'ennemi, en blessés et en morts, une perte considérable. Dans la campagne de 1814, le chevalier Ponte montra autant de dévouement que de courage; il entra le 21 juin de la même année dans le 2 régiment d'infanterie légère, fut mis peu après en réforme, avec traitement d'activité, et enfin il reçut sa retraite en 1816.

PONTÉCOULANT (Louis-GusTAVE-DOULCET, COMTE DE), commandeur de l'ordre de la légiond'honneur et de l'ordre du croissant, pair de France, est né dans le département du Calvados au mois de novembre 1764. Capitaine de cavalerie en 1783, officier des gardes-du-corps du roi à la fin de la même année, il fit, en 1784, un voyage d'instruction en Prusse;

assista aux grandes manœuvres de Postdam et de Silésie, commandées par Frédéric-le-grand, et à celles de Bohême que faisait exécuter à la même époque l'empereur Joseph II. La révolution vint le détourner de la carrière des armes, qui était celle de ses pères. Administrateur en 1790, et président, en 1791, du département du Calvados, il fut, dans la même année, nommé suppléant à l'assemblée législative, et en 1792, député à la convention nationale. Dès le mois de septembre de cette année 1792, M. de Pontécoulant fut envoyé, en qualité de commissaire, pour inspecter l'armée du Nord, et pourvoir à la défense de cette frontière, attaquée par l'armée autrichienne. Il prit la part la plus active et la plus honorable au siége que soutint la ville de Lille, et aux différens combats qui précédèrent la bataille de Jemmapes. Rappelé dans le sein de la convention, après qu'elle eut décidé que le roi serait mis en jugement et jugé par elle, M. de Pontécoulant vota avec la minorité courageuse qui déclara, et fit constater au procès-verbal, qu'elle n'entendait pas prononcer un jugement, mais seulement concourir à une mesure politique. Son vote fut pour le bannissement et pour que le décret à intervenir fût soumis à la ratification du peuple, ainsi que le décret, précédemment rendu, portant abolition de la royauté. Il se prononça de la manière la plus explicite en. faveur du sursis, lorsque le décret de condamnation à mort eut été porté. L'opinion qu'il publia sur cette question, et celle que peu de jours

auparavant il avait également publiée contre les auteurs des troubles excités dans Paris, et contre les odieux instigateurs des mas sacres du 2 septembre, lui mérité rent l'honneur de se voir inscrit sur la liste des 22 premiers proscrits, dont la tête fut demandée par la commune de Paris, le 16 avril suivant. Les périls qui le menaçaient, et dont chaque jour accroissait l'imminence, n'arrêtèrent pas M. de Pontécoulant dans la route honorable qu'il s'était tracée. On le vit s'opposer, avec le même courage dont il avait déjà fait preuve, à la nomination du tribunal révolutionnaire; dénoncer la municipalité de Paris; demander la suppression de la correspondance établie entre les sociétés populaires; réclamer l'inviolabilité du secret des lettres et la libre circulation des journaux; protester contre toute délibération au 31 mai, et s'opposer au décret d'accusation contre les députés de la Gironde. Décrété d'accusation lui-même en octobre 1793, et mis hors la loi, il parvint, à travers des dangers sans nombre, à se réfugier en Suisse, où, dénué d'appui et de tout moyen d'existence, il se plaça, comme ouvrier, chez un menuisier de Zurich. M. de Pontécoulant, rappelé en France au mois de pluviôse an 3, et réintégré dans ses fonctions, fut nommé, en floréal, membre du comité de gouvernement, d'abord attaché à la section de la marine, et quelques mois après chargé seul des opérations des armées de terre. Son premier soin, dans cette place é ninente, fut de remettre en activité l'établissement du cabinet to

pographique militaire, créé par Carnot, et dont le général Clark avait la direction. N'oublions pas une circonstance que l'histoire s'empressera de recueillir: M. de Pontécoulant adjoignit au bureau topographique, pour ce qui concernait les armées des Alpes et d'Italie, BONAPARTE, qui depuis.... mais alors il n'était encore que gé, néral de brigade. Depuis cette époque, M. de Pontécoulant ne prit que peu de part aux discussions toujours orageuses de la convention; mais précédemment il avait prononcé un discours pour la restitution des biens des condamnés et contre le système général des confiscations. Cette opinion de la plus haute éloquence, et qui influa beaucoup sur la décision de l'assemblée, est du très-petit nombre de celles que M. de Pontécoulant crut devoir livrer à l'impression. C'est ici le cas de remarquer que le genre de talent de cet orateur le portant toujours à improviser, l'impression devenait pour lui un second travail auquel il s'est rarement livré. Il osa, dès son exorde, flétrir le principe sur lequel reposait cette loi barbare.

La confiscation des biens des condamnés est injuste, dit-il, même en considérant tous les condamnés comme coupables; le sacrifice de la vie est sans doute la plus grande réparation que la patrie puisse exiger d'un criminel, et cette réparation ne peut être soivie d'aucune autre. Il n'est pas vrai, comme on n'a pas craint de vous le dire et de l'imprimer, que quel que soit le sort de la guerre, les dépouilles des morts doivent être enlevées par les vainqueurs. Les

valets d'une armée peuvent bien se permettre de dépouiller les cadavres des vaincus, mais les vainqueurs généreux, puisqu'ils sont braves, ne s'abaissent point à cette indignité.... La confiscation est injuste; elle fait supporter aux enfans la peine des crimes de leurs pères; elle punit le frère innocent de l'action du frère coupable.... Quels sont nos forfaits? vous diront les enfans proscrits dès le berceau, et qui ne connaissaient encore de calamité que la perte des auteurs de leurs jours. Nous n'avons point partagé les fautes de nos pères vous ne pouvez nous rendre nos guides, nos soutiens, ah! du moins ne nous privez pas des. moyens de subsistance qu'ils avaient amassés pour nous, et que nous n'avons pas mérité de perdre. Leur répondrez-vous : Nous connaissons votre innocence; mais vos pères furent coupables, et vous devez être punis comme eux....... Rome libre ne prononça jamais de confiscation; Sylla fut le premier qui les ordonna, mais Sylla fut un tyran.... La confiscation des biens des condamnés est dangereuse pour la patrie; elle détache tous ceux qu'elle frappe des intérêts de la société; elle les appelle en quelque sorte à les maudire...; elle est impolitique, car elle favorise la tyrannie. Les hommes qui veulent usurper le pouvoir n'ordonnent pas de nouveaux impôts; ils savent trop que ce premier acte de l'autorité pourrait renverser leurs projets; ils flattent d'abord les passions du peuple; ils l'environnent de besoins et de défiances, ils lui présentent dans tout ce qui l'en

[ocr errors]

toure des ennemis et des conspirateurs à punir. Le peuple une fois trompé, le sang des hommes riches, celui des hommes de bien, inonde les places publiques; les confiscations sont ordonnées, et les mains des confiscateurs, teintes de sang et pleines d'or, rivent les fers de la nation.... Je n'irai pas chercher bien loin les preuves de cette douloureure assertion; il suffira de vous rappeler ce mot atroce que vous avez entendu, et qu'il importe de transmettre à la postérité la plus reculée, pour qu'elle se garantisse de l'entendre à son tour: Nous battons monnaie sur les échafauds. Depuis le jour où il prononça ce discours à la tribune de la convention, M. de Pontécoulant s'occupa exclusivement de la direction des opérations militaires et des rapports sur cette partie. Immédiatement après la signature, à Bâle, de la paix avec l'Espagne, il dirigea un détachement considérable de l'armée des PyrénéesOrientales sur Nice, pour renforcer l'armée d'Italie, qui bientôt n'eut plus besoin que d'un chef pour commencer cette longue suite d'exploits qui a consacré la gloire des armes françaises depuis l'embouchure du Var jusqu'aux sources de l'Adige et de la Brenta. Élu président de la convention, au mois de messidor an 3, il quitta le comité du gouvernement, à la fin de fructidor suivant, après avoir fait prononcer l'abolition des décrets d'accusation et d'exil portés par la convention au mois d'octobre 1792, contre le général Montesquiou. Dénoncé après le 13 vendémiaire,

par le parti qui voulait ajourner ou repousser le gouvernement constitutionnel et proroger les pouvoirs de la convention, il ne se contenta pas de repousser les attaques qui lui étaient personnelles; il fit rapporter les décrets d'arrestation rendus contre plusieurs de ses collègues. M. de Pontécoulant partagea avec MM. Lanjuinais, Boissy-d'Anglas et Pelet-de-laLozère (encore aujourd'hui ses collégues à la chambre des pairs) l'honneur d'être réélu par un trèsgrand nombre de colléges électoraux (par plus de 70 ). Il opta pour le département du Calvados, qu'il avait déjà si honorablement représenté, et entra au conseil des cinq-cents. Il s'y montra fidèle au même systême de modération courageuse, dont il ne s'est jamais écarté dans le cours da sa vie politique. Au conseil des cinq-cents comme à la convention, il fit constamment partie de cette minorité qui combattit, toujours avec talens, quelquefois avec succès, les nouveaux excès du gouvernement ultra-révolutionnaire, et la honteuse oppression du directoire. Nommé président du conseil des cinq-cents, au mois de ventôse an 4, il défendit la liberté de la presse contre Louvet et Chénier; il triompha, dans cet te occasion de ses deux puissans adversaires, qui soutenaient alors les projets du directoireexécutif. M. de Pontécoulant parle ensuite pour la levée du séquestre des biens des parens d'émigrés; contre la loi d'exception, dite du 3 brumaire an 4, imitée de la loi des suspects de l'an 2; monte à la tribune pour

y célébrer les victoires des armées de Sambre-et-Meuse et d'Italie, et propose un projet de loi sur les honneurs à rendre aux braves morts les armes à la main; il combat les propositions du directoire, relatives aux colonies, et dénonc“ la conduite des commissaire Santhonax, etc., et des divers agens de l'autorité, comme ayant amené et provoqué les désastres de Saint-Domingue; il demande qu'il soit pris des mesures pour préserver de pareils malheurs les îles de France et de Bourbon; il s'élève contre la conduite du directoire, dans les révolutions de Venise et de Gênes, et contre un débarquement de forçats qu'il a fait opérer en Irlande. Il défend le tribunal de cassation contre le directoire; se plaint de la marche des troupes dans le rayon constitutionnel; fait considérer cette mesure comme une attaque, ou du moins une menace dirigée contre le corps-législatif; demande que le directoire soit tenu de donner à ce sujet de promptes explications; ne trouve pas suffisantes celles que renferme le message directo rial; propose l'adjonction des représentans Pichegru et Villot à la commission des inspecteurs de la salle, chargée de veiller à la sûreté du conseil. Pour prix d'une défense siintrépide et si persévérante des libertés publiques, M. de Pontécoulant ne dut pas s'étonner de se trouver inscrit sur la liste de proscription du 18 fructidor, adressée par le directoire au conseil des cinq-cents; néanmoins i

en fut rayé par les efforts de ses collégues de la députation du Calvados. Il échappa ainsi à la

« PreviousContinue »