Page images
PDF
EPUB

mission sont tracés dans ces mots qu'il prononça, au mois de janvier suivant, lorsqu'il fut question de la liberté individuelle : « C'est un devoir, dit-il, pour un » député qui a passé la moitié de sa » vie dans les prisons, occupé du » soin d'adoucir la destinée des dé» tenus, et qui a été, plus que per» sonne. le témoin des abus d'au» torité, de se déclarer contre une » loi qui viole la liberté indivi» duelle. » Dans l'importante discussion qui eut lieu à cet égard, M. Ponsard s'étaya du discours de la couronne, pour réfuter le tableau alarmant présenté par M. de Serres, et combattit le projet comme funeste en l'absence de la responsabilité ministérielle; au mois de février, il proposa quelques amendemens au projet de loi sur les prisonniers pour dettes, et demanda que l'on accordât aux détenus pour dettes civiles, comme aux débiteurs pour dettes commerciales, le bénéfice de l'article 18 de la loi du 5 avril 1798, qui veut que le commerçant soit rendu à la liberté après cinq années de détention; il combattit le projet de la commission sur les établissemens ecclésiastiques, et fut interrompu par le centre et le côté droit, lorsqu'il demanda: «Qui » acceptera les dotations ? sera-ce » le curé, le desservant, la com> munion des fidèles ?» Au sujet des élections, il se prononça avec force pour l'élection directe. De 1817 à 1818, en parlant sur la liberté de la presse, il établit que le projet de loi tendait moins à réprimer les abus: que la liberté ellemême ; qu'il confondait deux choses distinctes, le dépôt et la pu

D

blication, et que l'institution seule du jury, en matière de délit de la presse, pouvait donner une garantie suffisante. Il combattit avec la même énergie la disposition relative à l'asservissement des journaux, et s'opposa à la réduction des dettes des colons de Saint-Domingue. De 1818 à 1819, il s'inscrivit contre la résolution des pairs sur la loi des élections; quant au cautionnement des journaux, il le concède, tout en demandant une grande réduction; il se prononce aussi pour les journaux des départemens, et propose quelque disposition favorable relativement au versement de fonds exigé des propriétaires. Dans la discussion relative au clergé, il parla en faveur des curés que leur âge ou leurs infirmités mettent hors d'état de remplir leurs fonctions, et se plaignit qu'une somme exorbitante eût été distribuée à vingt-huit évêques, nommés à des bénéfices avant l'adoption du concordat. Il appuya ensuite, sans aucune restriction, le budget de la marine. Quant aux articles additionnels, après avoir retracé l'origine des camps de Juliers et d'Alexandrie, et les dispositions législatives et administratives dont les vétérans ont été l'objet, il demande que par addition leurs pensions fussent déclarées reversibles à leurs veuves et à leurs enfans. Enfin, dans les chapitres des voies et moyens, il développa divers amendemens, les uns en faveur des entrepreneurs des diligences imposés à un dixième, même sur le prix des places vides, d'autres en faveur des entrepreneurs de messageries,

1

tendant à diminuer les prix de transport des effets et marchandises qui leur sont confiés ; ainsi les votes de M. Ponsard eurent toujours pour objet les droits du peuple, les encouragemens de l'industrie, et la protection due aux malheureux. Ses concitoyens le réélurent en 1819 à la chambre des députés, mais il ne crut pas devoir accepter ces honorables fonctions. Ce refus a vivement affecté tous les amis de la patrie.

PONSONBY (GEORGES), membre de la chambre des communes, et en dernier lieu, un des principaux chefs de l'opposition, naquit en Irlande, le 5 mars 1755. Son père, homme d'état distingué, était orateur de la chambre des communes du parlement d'Irlande. Le jeune Ponsonby fit de brillantes études à l'université de Cambridge, et se consacra dès sa jeunesse au barreau, où il obtint des succès. Lorsque le duc de Portland entra pour la seconde fois au ministère en 1782, et devint lordlieutenant d'Irlande, il fit donner à Ponsonby la place importante et lucrative de premier avocat au conseil du revenu. Il devint aussi membre de la chambre des communes d'Irlande, et y soutint avec talent les mesures de l'administration. Mais, en décembre 1783, un autre revirement ministériel eut lieu le duc de Portland reçut sa démission, et Ponsonby perdit sa place, que le marquis de Buckingham, à la tête du nouveau ministère, fit donner à M. Marcus Beresford. Ponsonby, privé d'un état brillant, reprit avec ardeur l'étude des lois, obtint comme avocat une riche et nombreuse

clientelle, et répara bientôt la brèche faite à sa fortune par le ministère Buckingham. Il se fit nonseulement la réputation d'un des meilleurs jurisconsultes de l'Irlande, mais il exerça une grande influence dans la chambre des commanes de Dublin, dont il n'avait point cessé d'être membre, y fut considéré comme le plus éloquent orateur de l'opposition, et le plus redoutable adversaire du ministère. Pendant la première aliénation mentale du roi Georges III, il obtint même un triomphe momentané sur le ministère, détermina la chambre à inviter le prince de Galles à prendre la régence pendant la maladie du roi, et força le vice-roi d'Irlande, qui s'y était opposé, à se retirer de son poste. Ponsonby continua depuis à diriger le parti de l'opposition, et s'éleva avec chaleur, en plusieurs circonstances, contre la corruption, la violence et l'ineptie des agens du gouvernement, qu'il accusait, en outre, d'avoir provoqué, par leurs mesures oppressives, le terrible soulèvement de l'Irlande en 1798. Après la réunion de cette île à l'Angleterre et la fusion des deux parlemens, contre lesquelles il s'était fortement opposé, Ponsonby fut nommé, par le comté de Wicklow, député à la chambre des communes du nouveau parlement, dit impérial. Son caractère honorable, l'opinion générale et fondée qu'on avait de son incorruptible probité, et ses talens oratoires, quoique moins brillans que ceux des Fox et des Sheridan, qui l'avaient précédé dans la carrière, lui obtinrent, dans la chambre des communes à Lon

dres, la même influence qu'il avait exercée dans celle de Dublin. Il fut regardé en quelque sorte, et jusqu'à sa mort, comme le chef de l'opposition. Il se prononça avec énergie contre plusieurs mesures ministérielles, principalement en ce qui concernait l'administration de la malheureuse Irlande. Il insista aussi pour la suppression de l'odieuse Income tax (impôt sur les revenus) qui, outre son poids accablant, établissait sur les fortunes particulières une espèce d'inquisition, que les Anglais refusèrent bientôt de supporter. Quand l'alderman, sir William Curtis, présenta à la chambre des communes, au nom des commerçans, marchands et banquiers de la cité de Londres, une pétition revêtue de 22,000 signatures, pour demander la suppression de cet impôt, Ponsonby interpela vivement le lord Castelreagh, lui demandant si c'était encore là l'œuvre d'une ignorante impatience, termes dont ce ministre s'était servi dans la discussion quelque temps auparavant. Il eut bientôt lieu de témoigner sa satisfaction à la chambre, lors de la cessation de cet impôt, ainsi que de celui sur la drèche, qui pesait particulièrement sur le peuple. Dans toutes les questions qui intéressaient la liberté civile ou politique et les droits des citoyens, Ponsonby se prononça en vrai patriote, et toujours loyal représentant du peu ple. Il mourut, en :819, vivement regretté de tous les hommes de bien. Il était membre du conseil-privé du royaume uni, et avait succédé momentanément à lord Redesdale dans les fonctions

[ocr errors]
[ocr errors]

de chancelier d'Irlande; mais il ne remplit ce dernier poste que pendant un an environ, et donna sa démission en 1807.

PONSONBY (Frédéric-CavenDISH), membre de la chambre des communes pour le comté de Kilkenny, chevalier commandeur de l'ordre du Bain, des ordres de Marie-Thérèse d'Autriche et de Saint-Georges de Russie, est fils du comte de Besborough, pair d'Irlande. Il a servi avec distinction, dès sa jeunesse, dans les armées anglaises. Le prince régent l'avait choisi pour un de ses aides-de-camp, et il était eǹ outre colonel du 12° régiment de dragons; avec lequel il passa sur le continent, lorsqu'il fut grièvement blessé à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815.

PONTA (JOACHIM), poète italien, né à Gènes en 1770. Il fut le 23TM et l'avant-dernier de ses frères, qu'il vit tous disparaître autour de lui, à l'exception d'un seul. Après avoir consacré ses premières années à profiter des leçons de Solari et de Massucco, il fut appelé, par son père mourant, à le remplacer dans la direction d'une fabrique de soieries qui formait tout le patrimoine de sa nombreuse famille. Le jeune Ponta, qui s'était déjà attaché à l'étude, dut s'en séparer pour obéir à la volonté de son père. Ayant eu le malheur de le perdre quelque temps après, il abandonna le commerce pour s'adonner tout entier à la poésie et aux beaux-arts. Le premier fruit de son application fut un poëme didactique sur la calce (la chaux), qui eut quelque succès, malgré l'aridité du sujet. Il

il

entreprit ensuite un plus grand poëme sur la Vaccinia (la vaccination), dont il chanta les avantages et le triomphe. Ce poëme, qui lui coûta six ans de travail, fut confié aux presses de Bodoni, et dédié à Joachim (voy. MURAT), qui occupait alors le trône de Naples. M. Ponta alla le lui offrir luimême, et depuis ce moment, n'a plus quitté ce pays, où il a composé un grand nombre de poésies fugitives, dont il se propose de publier un recueil complet. Il s'est aussi essayé dans l'impromptu, dont le goûtlui a été peut-être communiqué par Gianni, avec lequel il a été très-lié. En 1812, M. Ponta eut occasion de faire la connaissance du duc de Berwich, qui lui confia d'abord la direction de sa bibliothèque et de son musée, et ensuite l'éducation de son fils. M. Porta lui témoigna sa recounaissance par un poëme généalogique, intitulé: I fasti della famiglia Berwich.

PONTE (HILAIRE), capitaine de carabiniers dans le bataillon des tirailleurs corses, chevalier de la légion-d'honneur, naquit à Ajaccio. Sa famille, l'une des plus illustres de la Corse, lui fit donner une éducation conforme à sa fortune, et son goût le porta de bonne heure à embrasser la profession des armes. La protection pouvait lui faire obtenir facilement un grade qu'il voulut ne devoir qu'à son mérite. Il se distingua aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz et de Friedland. Au combat d'Ebersberg, le 4 mai 1809, Ponte, alors capitaine, montra tant de valeur, qu'on le cita dans le bulletin comme l'un des plus

braves officiers de l'armée. « L'im»>pétuosité des bataillons corses et

[ocr errors]

du Pô, y est-il dit, a fixé l'at»tention de toute l'armée. Le » pont, la ville et la position d'Ébersberg, seront des monumens >> durables de leur courage. Le » voyageur s'arrêtera et dira: c'est »ici, de cette superbe position, de >>ce pont d'une aussi longue éten» due, d'un château aussi fort, »qu'une armée de trente-cinq mille Autrichiens fut chassée par » sept mille Français. Une com»pagnie du bataillon corse, en » poursuivant l'ennemi dans les >> bois, a fait elle seule sept cents »prisonniers. Les tirailleurs cor» ses et du Pô ont admiré la valeur » du capitaine Ponte, dont la com

[ocr errors]

pagnie, étant à l'avant-garde » dans cette affaire, a fait les sept » cents prisonniers. » A la bataille d'Essling, quoique dangereusement malade, il voulut guider sa compagnie au feu. Les chirurgiens tentèrent vainement de l'en dissuader, son courage triompha de leur résistance, et malgré son état de faiblesse, il fit des prodiges de valeur. Atteint d'un boulet de canon à la poitrine, il termina à vingt-deux ans une vie glorieuse, et qui donnait les plus grandes espérances.

PONTE (ANTOINE), chef de bataillon de la garde impériale, chevalier de la légion-d'honneur, et des ordres royaux d'Espagne et des Deux-Siciles, né à Ajaccio, en Corse, est frère du précédent, et ne dut, comme lui, son avancement qu'à sa valeur. Entré dans la carrière militaire en qualité de simple soldat, il obtint successivement tous les grades jusqu'à ce

« PreviousContinue »