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ordres. Ils remportèrent de signalés avantages à Zielenca et à Dublinska; mais une politique pusillanime et honteuse vint rendre leur valeur inutile. Le prince apprit bientôt que son oncle, le roi Stanislas, épouvanté des menaces de la Russie, s'était de nouveau soumis à son joug, avait accédé à la confédération de Targowitz, et signé l'acte rédigé par quelques transfuges polonais, partisans des Russes; il avait de plus conclu un armistice avec l'ennemi. Le parti qui s'était emparé du faible monarque redoutait également la présence du prince Joseph à l'armée et à Varsovie. Les Russes craignaient aussi qu'il ne portât les soldats, qui lui étaient entièrerement dévoués, à quelque parti extrême, et que, malgré les ordres du roi, il ne continuât une guerre jusque-là glorieuse. Les vives instances de son oncle, et la crainte d'attirer de plus grands malheurs sur la Pologne, le décidèrent enfin à déposer le commandement de l'armée, et même à s'exiler bientôt de sa malheureuse patrie. Ses compagnons d'armes firent frapper une médaille à son effigie, avec cette inscription, Miles Imperatori, qu'ils lui offrirent avant son départ. Le prince Joseph voyageait à l'étranger, quand il apprit, en 1794, qu'une nouvelle révolution avait éclaté en Pologne. Le général Madalinski venait de lever l'étendard de la liberté à Cracovie. Les Russes et leur chef, Igelstroem, avaient été chassés de Varsovie; Kosciusko venait d'être déclaré général en chef de toutes les forces nationales. Poniatowski n'hésita point à se ren

dre auprès de lui, et à prendre le commandement d'un corps d'armée sous ses ordres. On connaît l'issue de cette dernière et sanglante lutte des Polonais pour leur indépendance. Écrasés par les forces supérieures des Russes et des Prussiens, il leur fallut subir le joug de l'étranger. Les vainqueurs ordonnèrent au prince Joseph de sortir de Pologne; il se rendit alors à Vienne, vécut dans la retraite, et rejeta toutes les offres qui lui furent faites d'entrer au service d'une puissance étrangère. Après la mort de son oncle, le roi Stanislas, l'empereur Paul Ier insista de nouveau pour qu'il acceptât le grade de lieutenant- général de l'armée russe, et sur le refus du prince, ses biens patrimoniaux en Pologne furent confisqués. En 1798, le roi Frédéric - Guillaume lui rendit ceux qui étaient situés dans la partie échue à la Prusse, et lui permit de s'y retirer. Il alla alors habiter la terre de Iablonka, sur la rive droite de la Vistule, à quelques lieues de Varsovie, et se plaisait à embellir cette retraite, qu'il tenait de la succession du roi Stanislas, s'y occupant exclusivement d'agriculture et d'améliorations rurales. La guerre entre la France et la Prusse, la bataille d'Iéna (14 octobre 1806), si funeste à cette dernière puissance, l'entrée des armées françaises en Pologne, et les espérances que Napoléon fit renaître dans les cœurs des Polonais, vinrent encore arracher le prince Poniatowski aux douceurs de la vie privée. I accepta d'abord la place de ministre de la guerre dans le grand duché de Varsovie,nouvel

lement établi, et trouva les moyens d'organiser, dans ce pays épuisé, une belle armée, composée de 12 régimens d'infanterie, de 16 de cavalerie, et de plusieurs compagnies d'artillerie. Mais lors de la guerre qui éclata de nouveau entre la France et l'Autriche en 1809, cette petite armée se trouvait disséminée. Trois des plus beaux régimens avaient été envoyés en Espagne, un autre en Saxe; les garnisons de Dantzick, des forteresses prussiennes de Custrin et de Stettin, des places de Thorn, Modlin et Praga, étaient fournies par les troupes polonaises. Quand l'archiduc Ferdinand, à la tête de 60,000 Autrichiens, traversant la Gallicie, se disposait à tomber sur le grand-duché de Varsovie, Poniatoswki n'avait que 8000 Polonais à lui opposer. On conseillait au prince de se retirer et de ne point opposer ce noyau précieux de l'armée polonaise à une destruction presque certaine; mais il eût fallu fuir devant l'ennemi, et lui abandonner honteusement le grand-duché. Poniatowski et ses braves rejetèrent ces lâches conseils, et résolurent de défendre pied à pied le sol sacré de la patrie. Il prit position avec sa petite armée en avant de Varsovie, près du village de Raszin, devenu célèbre dans les fastes de la Pologne, par la bataille qui s'y livra le 10 mai 1809. On s'y battit avec acharnement pendant la journée entière; les Polonais repoussèrent toutes les attaques des forces supérieures de l'archiduc. La nuit vint enfin séparer les combattans, et les deux chefs: eurent une en

trevue cette nuit même. La valeur des Polonais avait fait une telle impression sur leurs ennemis, que l'archiduc offrit au prince Joseph, pour n'avoir plus dès le lendemain une nouvelle lutte à commencer, la convention la plus honorable, par laquelle il eut la faculté de repasser la Vistule avec la poignée de braves qui lui restait, et de prendre position à Praga. Les Autrichiens étant ensuite entrès dans la ville de Varsovie, qui fut forcée de leur ouvrir ses portes, firent quelques dispositions pour enlever aussi le faubourg de Praga, faiblement fortifié; mais le prince Joseph leur déclara aussitôt que s'ils venaient l'y attaquer, il se porterait aux dernières extrémités, et mettrait lui-même le feu à Varsovie, en commençant par le palais (dit la Blaka), sa propre résidence, qu'il tenait du roi son oncle : cette menace eut un plein effet. Les habitans de la capitale applaudirent à sa courageuse détermination, et le prince gagna un temps précieux, qu'il sut bien employer. Il avait conçu le projet de se jeter dans la Gallicie, d'en appeler les habitans aux armes, et d'inquiéter l'ennemi en lui coupant ses communications avec les états héréditaires de l'Autriche. Le général Dombrowski (voy. ce nom), qui se trouvait à Posen, seconda le mouvement en armant les habitans de la grande Pologne. Le succès couronna une entreprise aussi hardie. Les paysans accouraient en foule sous les drapeaux de ces vaillans chefs, qui eurent le bonheur de réunir leurs forces sous les murs de Cracovie. Pen

dant ce temps, Napoléon, à la tête de son arinée victorieuse, était entré à Vienne; l'archiduc Ferdinand se hâta d'évacuer Thorn, Varsovie et les autres places qu'il occupait, pour regagner la Moravie, et le prince Joseph fit son entrée dans l'ancienne capitale de la Pologne. Il avait trouvé les moyens de réunir dans les environs de Cracovie one armée de 30,000 hommes, qu'il venait, pour ainsi dire, de faire sortir de terre; mais, après s'être heureusement débarrassé des Autrichiens,il eut encore de violens démêlés avec les Russes, à qui Napoléon venait de céder une partie de la Gallicie enlevée à l'Autriche. L'inébranlable fermeté qu'il sut opposer à toutes les prétentions injustes de ces nouveaux envahisseurs, eut le succès qu'il avait le droit d'attendre, et ajouta à sa gloire. Rappelé bientôt dans la capitale par le roi de Saxe, alors souverain du grand - duché de Varsovie, le prince Poniatowski donna tous ses soins à fonder les établissemens militaires qui manquaient encore à l'armée polonai se, tels qu'une maison d'invalides, et un hôpital pour les soldats des écoles de génie et d'artillerie. Les places importantes de Praga, de Modlin, de Sandomir, de Zamosc et de Thorn, furent aussi pour vues des objets nécessaires, et leurs fortifications furent considérablement augmentées. Pendant la campagne de Russie, en 1812, qui se termina d'une manière si funesse pour les Français et leurs alliés, le prince Poniatowski et ses braves Polonais se couvrirent de gloire dans toutes les affaires où ils eurent part. Dès l'ou

verture de la campagne suivante, de 1813, il se rendit en Saxe, où Napoléon lui confia le commandement d'un corps d'armée composé de troupes polonaises et françai ses. Sans avoir le titre de maréchal de France, l'empereur avait ordonné qu'il en eût les insignes, le rang et les honneurs. Poniatowski avait déclaré hautement « qu'il était fier de se trouver le chef des Polonais, et que toute autre distinction ne lui convenait point. » Cependant après la journée du 16 octobre, où il venait encore, à force de valeur et de manœuvres habiles, d'obtenir les plus brillans succès, Napoléon fit mettre à l'ordre du jour de l'armée, que, « voulant donner au prince Poniatowski une dernière marque de sa haute estime, et en même temps l'attacher plus étroitement aux destinées de la France, il l'élevait au rang de maréchal de l'empire. » Le 18 octobre 1813, il se battit encore toute la journée. Chargé de couvrir la retraite de l'armée française, après la glorieuse et funeste bataille de trois jours à Léipzick, il était déjà arrivé à l'extrémité du faubourg de cette ville, où il fit une brillante charge avec une poignée de lanciers polonais, dans laquelle il fut blessé. Il protégea ensuite le passage de ses troupes légères, traversa la Pleiss à la page, mais se trouva enfin, avec une suite peu nombreuse, sur les bords de la rivière d'Elster. Par une méprise bien funeste, les ponts avaient été coupés par les Français eux-mêmes. L'ennemi lui criait en vain de se rendre ; quoique blessé de nouveau d'un coup de feu à l'épaule, il n'hésita point, et s'élança dans les flots, s'abandon

nant à son cheval, qui n'en put sur monter la rapidité. Le malheureux prince y disparut. Son corps, retrouvé seulement le 24 octobre, fut alors embaumé et porté à Varsovie, où tous les honneurs dus à son rang lui furent rendus par ordre même de l'empereur Alexandre. La mémoire du prince Joseph Poniatowski est en vénération en Pologne, et doit l'être parmi les braves de tous les pays. Les ennemis de sa nation plaignirent la fin d'un si généreux adversaire, et ses compagnons d'armes pleurent encore leur chef vaillant, le Bayard polonais, comme lui modèle de fidélité, comme lui guerrier sans peur et sans reproche. Le prince Joseph n'avait jamais été marié, et dernier rejeton de la famille des Poniatowski, avec lui s'éteignit (si l'on en excepte un roi) une famille entière de héros. Les principales dispositions de son testament, qu'il avait fait avant de partir pour la guerrede Russie, étaient toutes en faveur de ses frères d'armes.

PONS (FRANÇOIS - RAYMOND JOSEPH DE), ancien agent du gouvernement français à Caraccas, né à Saint - Domingue, a longtemps séjourné en Angleterre, et n'est venu se fixer en France qu'en 1804. M. de Pons a publié sur les colonies plusieurs ouvrages que ses connaissances étendues dans cette partie ont rendu dignes de l'attention publique. Ce sont : 1° Observations sur la situation politique de Saint-Domingue, 1790,in-8°; 2° les Colonies françaises aux sociétés d'agriculture, aux manufactures et aux fabriques de France, sur la nécessité d'étendre à tous les ports la faculté déjà accordée à

quelques-uns, de recevoir des bois, bestiaux, riz, poissons salés, que la France ne peut fournir, 1791, in-12; 3° Voyage à la partie orientale de la Terre-Ferme, dans l'Amérique méridionale, 1806, 3 vol. in-8°; 4° Perspective des rapports politiques et commerciaux de la France dans les Deux-Indes, sous la dynastie régnante, 1807, in-8°. Dans cet ouvrage où l'auteur montre, comme dans tous ceux qu'il a publiés, des vues très-judicieuses, il émet des opinions fort opposées à celles que M. de Pradt a développées dans son livre des trois Ages des colonies. Ces deux ouvrages doivent être également consultés.

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PONS DE VERDUN (ROBERT), était, avant la révolution, avocat au parlement de Paris, mais moins connu du public par ses plaidoyers au barreau, que par une foule de poésies légères répandues dans les différens recueils périodiques du temps, et principalement dans l'Almanach des Muses. Il réussissait surtout dans le genre du conte et de l'épigramme. L'originalité de son esprit et la douceur de ses mœurs lui avaient acquis dans la société la réputation d'un homme aimable, quand la révolution vint le jeter dans une plus vaste et plus dangereuse carrière. M. Pons de Verdun en embrassa avec chaleur les principes, et le poète gracieux se trouva bientôt transformé en magistrat et en législateur. Nommé d'abord, en 1792, accusateur public à Paris, il fut, quelques mois après, élu par le département de la Meuse, député à la convention nationale, où presque constamment attaché au comité de légis

lation, il prononça à la tribune un grand nombre de rapports au nom de ce comité. Dans le procès du roi, il vota avec la majorité. Le premier jour complémentaire de l'an 2 (17 septembre 1794), sur un de ses rapports, la convention décréta en principe, qu'aucune femme accusée de crimes entraînant la peine capitale ne pourrait être mise en jugement, si elle était reconnue enceinte. Aussitôt le décret rendu, il courut à la conciergerie annoncer aux prisonnières la promulgation de cette loi, et eut le bonheur d'arracher au supplice plusieurs femmes déjà condamnées, ou sur le point de l'être, auxquelles il fit passer l'avis de se déclarer enceintes. Le 29 nivôse an 3 (18 janvier 1795), il fit annuler par la convention un jugement de la commission militaire de Nantes, qui venait de condamner à la peine de mort la 'veuve du général vendéen Bonchamp. Il plaida en cette occasion, avec éloquence et succès, la cause d'une malheureuse victime des troubles civils, et rappela la générosité avec laquelle Bonchamp, mourant, avait sauvé la vie à des prisonniers républicains (voy. BoNCHAMP). Lors de l'insurrection des sections de Paris contre la convention, en vendémiaire (1795), M.

Pons de Verdun fut élu secrétaire de l'assemblée, et ensuite membre de la commission des cinq, chargée de présenter de nouvelles mesures de salut public. Après la session conventionnelle, il entra au conseil des cinq-cents, y parut plusieurs fois à la tribune, et fit un rapport, le 3 décembre 1797, dans lequel il cherchait à

établir la nécessité d'élever les enfans mineurs des émigrés dans des principes conformes au nouvel ordre de choses, et de les soustraire à l'influence de leurs parens. Au mois de mars 1799, il fut élu président du conseil, et après la révolution du 18 brumaire an 8 nommé commissaire du gouvernement près le tribunal d'appel du département de la Seine. Napoléon le nomma ensuite substitut du procureur général près de la cour de cassation, puis avocat-général près de la même cour. Après avoir rempli honorablement ces fonctions importantes jusqu'en 1814, M. Pons de Verdun donna sa démission peu de temps après la première restauration, fut réintégré dans sa place d'avocat-général pendant les cent jours, en 1815, et la perdit de nouveau après le second retour du roi. Frappé comme votant par la loi du 12 janvier 1816, il se retira en Belgique, mais il obtint, en 1819, l'autorisation de rentrer dans sa patrie. M. Pons de Verdun a fourni, pendant son exil, plusieurs contes en vers aux journaux qui s'imprimaient à Bruxelles. Il avait publié en France: Mes Loisirs, ou Poésies diverses, 1780, in-12, et seconde édition, 1807, in-8°; Portrait du général Suwarow, 1795, in-8°. On a annoncé qu'il donnerait incessaminent une édition complète de ses œuvres diverses.

PONSARD (Louis), avocat, fut élu, par le département du Morbihan, membre de la chambre des députés, en août 1816. Il se montra constamment le défenseur des droits du peuple; les principes qu'il suivit dans toute cette

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