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liens, plus digne de la magnificence d'un prince, que proportionnée à la fortune d'un particulier. Il surveilla aussi la réimpression d'un grand nombre d'ouvrages classiques, auxquels il a ajouté de savans commentaires qui ont rendu ces éditions extrêmement recherchées. Poggiali avait ordonné l'impression d'un catalogue raisonné de sa bibliothèque, qu'il avait partagé en trois classes, dont la première se composait des auteurs cités par l'académie de la Crusca, la seconde des ouvrages, non cités, appartenant aux mêmes auteurs, et la troisième des écrivains qui, par la pureté du style, et par l'importance accordée à leurs travaux, méritaient d'être rangés au nombre des testi di lingua (c'est le nom qu'on donne en Italie, aux ouvrages cités par l'académie de la Crusca). Chaque article était en outre accompagné de remarques bibliographiques, contenant des renseignemeus précieux sur les ouvrages et les auteurs. Ce catalogue, qui, comme on voit, est un répertoire classique de la littérature italienne, fut publié par les soins de M. Poggiali fils, sous le titre de Serie de' testi di lingua stampati, che si citano nel Vocabolario degli accademici della Crusca, posseduta da Gaetano Poggiali, Livourne, 2 vol in8. La collection entière, achetée par feu le grand-duc de Toscane, fait aujourd'hui partie de la bibliothèque ducale de Florence. Poggiali mourut à Livourne, au mois de mars 1814. Les ouvrages dont il a été l'éditeur, et qui sont très-estimés en Italie, sont: 1° Teatro italiano antico, 8 vol. in-12°, 1786; 2° Rac

colta de' migliori satirici italiani, 7 vol. in-12, 1786; 3° Raccolta de' migliori novellatori italiani, 26 vol. in-8°, 1789 et suivantes; 4° Opere di Macchiavelli, tom. 6, in-8° (sous la fausse rubrique de Philadelphie), 1796; 5° Orlando furioso, de' Arioste, 4 vol. in-12, 1797: 6° Storia di Tobia, in-8°, 1799; 7° Drammi musicali di Rinuccini, in-8°, 1802; 8o Opere di Omero volgarizzate, 9 vol. in-8°, 1805; 9° la Divina commedia di Dante, 4 vol. in-8°, 1807; 10° la Gerusalemme di Tasso, 2 vol. in12, 1810; 11° Rime di Baccio del Bene, in-8°; 12° Egloghe e rime del Lasca, in-8°.

POIGNOT (N.), négociant à Paris, fut nominé par le tiers-état de cette ville, député aux étatsgénéraux en 1789. Il se montra peu à la tribune; mais il travailla beaucoup dans le comité d'aliénation des biens nationaux. Au mois de novembre 1790, il fut élu secrétaire de l'assemblée nationale. A la fin de la session, il reprit les occupations de la vie privée.

POINSINET DE SIVRY (LOUIS), littérateur, membre de l'académie de Nancy, cousin et non frère de POINSINET DE SIVRY, auteur de la comédie du Cercle, naquit à Versailles, le 20 février 1733, et était fils d'un huissier du cabinet de M. le duc d'Orléans. Il fit des études distinguées au college de la Marche, et publia à l'âge de 21 ans, sous le titre d'Egléides, un recueil de poésies amoureuses qui obtint assez de succès pour le décider à suivre la carrière des lettres. A cet ouvrage succéda une traduction en vers

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d'Anacreon, Sapho, Bion, Moschus, Tyrtée, etc.; elle fit beaucoup d'honneur au jeune poète, qui, n'ayant pas atteint sa 26 année, donna la tragédie de Briséis. Dans cet ouvrage, l'auteur sut réunir avec autant de goût que de bonheur, les plus belles scènes de l'Iliade, et sa pièce était représentée avec un succès général, lorsque Lekain se déinit le pied cet accident, en interrompit les représentations. Reprises plus tard, elles furent suivies par le public avec la même faveur. « Le style le cette tragédie (dit Palissot dans ses Mémoires sur la littérature, art. SIVRY), très-supérieur à celui de nos pièces modernes, l'a conservée au théâtre.... Il y a dans Briséis des vers qui sont évidemment de l'école de Racine, et que ce grand poète eût approuvés.... Le beau récit du passage du Xante a été traduit, vers pour vers, en latin, par son fils (Louis-Charles Poinsinet de Sivry), jeune homme de l'âge de 18 ans, d'un esprit et d'un goût très-sains, qui a fait d'excellentes études, et à qui on ne peut reprocher que de porter beaucoup trop loin là modeste défiance qu'il a de lui-même. » Ce récit a été imprimé à la fin de la 6e édition de Briséis, Paris, an 5 (1797), in-8°. La tragédie de Poinsipet de Sivry fait partie du Répertoire du Théâtre-Français, publié par M. Petitot. Une autre tragédie, celle qui a pour titre Ajax, succéda à peu d'intervalle à Briséis, mais elle n'eut pas la même destinée. Comme cela arrive presque toujours, l'auteur se roidit contre une censure sévère, mais juste; Don-sculement il osa en appeler

Du parterre en tumulte au parterre attentif, mais encore il fit imprimer sa pièce, et la défendit par un appel au petit nombre, ou le procès de la multitude (1762). Vains efforts de l'amour-propre irrité! il ne recueillit de cette tentative que des chagrins nouveaux, et il coùronna cette imprudence par le tort, du moins momentané, de renoncer à travailler pour le théâtre. Palissot prétend qu'Ajax renferme un plus grand nombre de beaux vers que Briséis, mais, ajoute-t-il,cette tragédie fut moins heureuse par l'extrême simplicité de son sujet, qui ne promettait guère qu'une belle scène celle de la dispute des armes d'Achille. M. Poinsinet de Sivry en a tiré tout le parti qu'on en pouvait espérer, et nous désirerions de revoir au théâtre cette pièce qu'il serait si facile de réduire en 5 actes, sans lui rien faire perdre de ses véritables beautés. » Sans fortune, Poinsinet de Sivry vivait des produits de sa plume. Forcé par la nécessité, il devint l'une des victimes de ces libraires qui immolent à leur cupidité le talent que le maiheur met dans leur dépendance. Pour du pain, il fit tout: histoire, morale, traductions, antiquités, grammaire générale, journaux ; tout ce qui pouvait le mettre à même de satisfaire aux besoins journaliers de sa famille. Ce triste et pénible travail avilit en quelque sorte son nom, que son heureux début avait honorablement signalé. En 1789, il rentra dans la carrière comme auteur dramatique, et composa Caton d'Utique, tragédie que les approches de la révolution ne lui avaient pas permis de

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faire représenter. Il adopta avec chaleur, mais sans exagération, les nouveaux principes politiques, bien que la révolution lui eût fait perdre la pension qu'il recevait de M. le duc d'Orléans. La convention nationale le comprit au nombre des gens de lettres à qui elle donna des secours. Poinsinet de Sivry mourut à Paris, pauvre, et presque oublié, le 11 mars 1804. Il a publié 1 Egleides, Paris, in-8°, 1754; 2° l'Inoculation, poëme, Paris, in-8°, 1756; 3° Le faux Dervis, opéra comique en un acte, Paris, 1757, in-8°; 4° Anacréon, Sapho, Moschus, Bion, Tyrtée, et autres poètes grecs, traduits en vers français, 1758, in-12; 2° édit., 1760, in-12; 3° édit., 1777, in-8°; 4° édit., avec différens morceaux d'Homère, 1788, in-8°; le même ouvrage avait aussi été imprimé en 1771, in-12, à Deux-Ponts, sous le titre des Muses Grecques. 5o La Berlue, in-12, Paris, 1759; 6o Briséis, tragédie, 1759; 7° Pygmalion, comédie, Paris, 1760,in-8"; 8° Ajax, tragédie, 1762; il donna, en 1764, un recueil intitulé: OEuvres diverses de théâtre, etc., un vol. in-12. 9° Les Philosophes de bois, comédie en un acte et en vers, Paris, 1760, in-12; 10° Cassandre, parodie du drame de Diderot, le Père de Famille, Paris, in-8°, 1761; 11° Traité de la politique privée, extrait de Tacite et de plusieurs autres auteurs, Amsterdam, 1768, in-12; 12° Traité des causes physiques et morales du rire, relativement à l'art de l'exciter, Amsterdam, 1768, in- 12; 13° Origine des premières sociétés, des peuples, des sciences, des arts et des idiomes anciens et modernes,

in-8°, 1769. Cet ouvrage a en quelque sorte été entrepris en opposition à celui de Boulanger, qui ne trouvait partout que des traces diluviennes, tandis que Poinsinet de Sivry prétendait que tout devait se rapporter aux différens usages du feu : « L'ancienne Celtique étant, selon lui, la première contrée où l'usage du feu a été connu, il en conclut qu'elle a été la première habitée; enfin que les Celtes uriens, en se multipliant, ont envoyé des colonies dans tout le reste de la terre. Poinsinet de Sivry ne trouve partout que des traces uriennes. » 14° Phasma ou l'Apparition, histoire grecque, où sẹ trouvent les aventures de Nocelès, fils de Thémistocle, Paris, 1772, in - 12; 15° Fragment du 91 livre de l'Histoire de TiteLive, extrait d'un manuscrit de la bibliothèque du Vatican, traduit en français, Paris, 1773; 16° Histoire naturelle de Pline, traduction du français avec le texte, et accompagnée de notes critiques du traducteur, 12 vol. in-8°, Paris, 1771-1782. On la doit au zèle de Poinsinet de Sivry, zèle que l'illustre Malesherbes avait stimulé en engageant, dès 1750, plusieurs savans à s'occuper de reproduire un si important ouvrage. Le traducteur ne dissimule pas qu'il doit beaucoup au travail de ses prédécesseurs: La Nauze, qui s'occupa des premiers livres; Jault, 7 professeur de syriaque au collége de France, et Querlon, qui traduisirent les livres suivans. 17° Nouvelles recherches de la science des médailles, inscriptions et hieroglyphes antiques, avec une table des divers alphabets, Maestricht, in-4,

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1776, 6 planches. « Cet ouvrage, dit l'un des biographes de Poinsinet de Sivry, est divisé en 8 chapitres. Dans les 4 premiers, l'auteur cherche à prouver que les pièces antiques, surtout les romaines, ne sont pas des monnaies, mais de véritables médailles frappées pour perpétuer le souvenir de quelque événement; que les monnaies romaines n'ont commencé à porter l'effigie des empereurs, que sous Alexandre-Sévère; et, d'après ce principe, il réfute les explications que le P. Hardouin et d'autres numismates ont données des diverses médailles. Dans le 5 chapitre, il traite des amulettes, pierres et anneaux complétés. Le 6 contient une nouvelle explication de l'inscription grecque trouvée sur le tombeau d'Homère, et des caractères hiéroglyphiques qu'on lit sur l'antique du cabinet du roi de Sardaigne, connue sous le nom d'Isis de Turin; enfin, dans le dernier chapitre, il a rassemblé divers alphabets anciens, qu'il croit très-utiles pour aider à lire toutes sortes de caractères. » 18° Théâtre d'Aristophane, traduction en français, partie en vers et partie en prose, auquel l'auteur à ajouté les Fragmens de Menandre et de Philémon, Paris, 1784, 4 vol. in-8°; chaque pièce est précédée d'une préface et accompagnée de notes philologiques et historiques. Cette édition, la plus complète de celles qui avaient paru à cette époque, et dont Brotier, neveu de l'éditeur de Tacite, a beaucoup profité sans la faire oublier, annonce une grande connaissance de la langue, des usages et des mœurs des Grees; mais

on voit avec regret que partageant les préventions ou plutôt l'injustice d'Aristophane à l'égard de Socrate, il le représente « comme un homme dangereux, qui méritait la peine à laquelle il a été condamné » 19° Caton d'Ulique, tragédie, précédée d'une épître à la patrie et d'observations sur la mort de Caton, Paris, in - 8° 1789; 20° Manuel poétique de l'adolescence républicaine, Paris, an 3, 2 vol. in - 12; 21° Abrégé de l'histoire romaine, en vers français avec des notes, Paris, 1803, in-8°; 22° Précis de l'histoire d'Angleterre, en vers techniques; enfin il a donné une édition latine d'Horace avec un commentaire en francais, Paris, in - 8°, Didot, 1778. Parmi les manuscrits de Poinsinet de Sivry, sont une traduction en vers des 4 premiers chants de l'Illiade, et une traduction de Plaute. Cette dernière devait former 10 volumes. Il paraît qu'il a réclamé le Commentaire de Racine, qu'il avait livré à Luneau de Boisgermain pour l'édition que ce dernier a donnée de Racine.

POINSOT (LOUIS), membre de l'académie royale des sciences, ancien professeur à l'école Polytechnique, et chevalier de la légion-d'honneur, est auteur d'un ouvrage intitulé: Elémens de Statique, 1804 et 1811, in-8°. En 1816, le roi a nommé M. Poinsot examinateur d'admission à l'école Polytechnique. Il est en même temps l'un des inspecteurs-généraux de l'université.

POINSOT (PIERRE-GEORGES), membre de la société d'émulation et de celle d'agriculture de Lausanne, né en 1743, a publié les

ouvrages suivans: 1° l'Ami des jardiniers, ou Instruction méthodique à la portée des amateurs et des jardiniers de profession, surtout en ce qui concerne les jardins fruitiers et potagers, parcs, jardins anglais, parterres, orangeries et serres chaudes, 1804-1805, 2 vol. in-8°; 2° l'Ami des malades de la campagne, 1804, in-8°; seconde édition considérablement augmentée, 1806, in-8°; 3° l' Ami des cultivateurs, 1806, 2 volumes in -8°.

POINTE. Voy. NOEL POINTE. POIRET (J. L. M.), savant naturaliste, a publié en 1789, son voyage en Barbarie, pendant les années 1785 et 1786, suivi de Recherches sur l'histoire naturelle de la Numidie, 2 vol. in-8°, ouvrage estimé et plein de détails intéressans. On lui doit encore un ouvrage sur les Coquilles fluviatiles et terrestres, observées dans le département de l'Aisne, 1801, 1 vol. in-8°. M. Poiret a fourni un grand nombre d'articles aux trois premiers volumes du Dictionnaire botanique de l'Encyclopédie méthodique, commencé par M. Lamarck, et il s'est chargé de la rédaction des neuf derniers. Il est aussi un des rédacteurs de la Flore mẻdicale, et du Dictionnaire des sciences naturelles.

POIRIER (DOM GERMAIN), savant et célèbre bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, associé de l'académie des inscriptions et belles-lettres, membre de l'institut, naquit à Paris le 28 janvier 1724. Après avoir terminé ses études à l'université, et à peine âgé de 15 ans, il fut admis dans le monastère de Saint-Faron à Meaux, où

il fit profession l'année suivante, en 1740. Chargé par ses supérieurs d'enseigner la théologie, et ensuite la philosophie, il s'acquitta avec tant de zèle et de succès de ses devoirs comme professeur, qu'il mérita l'estime et la confiance de toute la congrégation. On le nom-` ma secrétaire du visiteur de la province de France, place qui l'obligeait à de fréquens voyages, dont il profitait pour visiter les archives et les bibliothéques des monastères. Sa passion pour les recherches historiques en fut augmentée, et bien loin de désirer les supériorités du monastère auxquelles il avait droit de prétendre, il voulut se borner aux travaux littéraires, et obtint avec une grande joie la garde des archives de Saint-Denis. Là, il compulsa et inventoria les pièces de ce riche et antique dépôt. Il les avait toutes lues, et se trouva bientôt en état de continuer la grande entreprise du recueil des Historiens des Gaules et de France, presque abandonné depuis la mort de dom Bousquet, Il fit paraître, en 1767, le

volume de cet ouvrage avec des notes, des supplémens, des observations et une préface, morceau savant de 243 pages, où il rectifiait tout ce qui était défectueux dans la partie déjà imprimée de ce volume. Il avait signé la fameuse requête de 1765, tendant à obtenir une plus grande liberté, et en effet il sortit de la congrégation, se fit affilier à celle d'Alsace, et reçut des bulles d'abbé in partibus qui le rendaient indépendant. Néanmoins il sollicita sa rentrée à l'abbaye Saint-Germaindes-Prés, dont il devint archiviste.

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