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cières fort étendues, et se montra dans toutes les occasions un digne mandataire du peuple. Sa mauvaise santé le força à la fin de la session de donner sa démission, et il se retira dans sa belle propriété de Wesplaer près de Louvain, où la mort vint l'enlever deux ans après à sa famille et à ses nombreux amis. M. Plasschaert a laissé une mémoire vénérée en Belgique, où son patriotisme, ses talens et le généreux emploi d'une belle fortune, lui avaient acquis depuis long-temps une juste considération. On a de lui, outre plusieurs poésies légères et pièces fugitives, deux ouvrages qui obtinrent un grand succes. Dans le premier, intitulé de l'Influence des langues sur la civilisation, l'auteur, après avoir judicieusement traité son sujet, et prouvé cette influence, démontre aussi l'absurdité des prétentions hollandaises, tendant à proscrire la langue française dans les provinces belgiques. On n'en a pas moins persisté dans la mesure de substituer à une langue généralement en usage, le dialecte hollandais, en tout ce qui concerne les rapports judiciaires et administratifs. Cette mesure préparatoire, déjà prévue par M. Plasschaert, a eu le résultat qu'il avait annoncé, et n'a point ajouté à l'affection des Belges pour les Hollandais,

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d'anciens priviléges, réclamant le droit exclusif de chasse, ainsi que d'autres droits seigneuriaux, et tou. tes les institutions du moyen âge. On espérait que la condescendan ce du monarque et le silence des citoyens favoriseraient ces gothiques prétentions; mais M. Plasschaert rompit le premier ce silence, et son ouvrage, aussi recommandable par le style que par la pensée, réduisit à l'absurde les exigences des imprudens mais fervens adorateurs de la féodalité.

PLATNER ERNEST), savant Allemand, le plus ancien professeurde l'université de Léipsick, né en cette ville, le 15 juin 1744. Ses nombreux élèves, pour qui il a toujours eu l'affection d'un père, l'ont surnommé le Nestor de l'université de Léipsick. On doit à ce savant respectable un grand nombre d'ouvrages importans, et généralement estimés. Nous ne citerons ici que les principaux : 1o l'Antropologie, 1772, in-8°; 2° Nouvelle Antropologie, 1790, in-8°; 3° Questionum Physiologicarum, libri II, 1793, 2 vol in-8°; 4°Aphorismes philosophiques, 1793 et 1800. Une grande sagacité d'analyse'; et une méthode rigoureuse, sont les caractères distinctifs des recherches scientifiques de cet auteur. En 1816, le roi de Saxe l'avait nommé membre de la commission chargée de la rédaction

d'une nouvelle loi sur la liberté de la presse. Les journaux allemands ont annoncé que le professeur Platner était mort à Léipsick, en 1824, à l'âge de 80 ans.

PLATOW OU PLATOFF (LE COMTE), hetman des cosaques du Don, naquit vers 1765, dans la

Russie méridionale, où sa famille, d'origine grecque, s'était fixée depuis long-temps. Il entra trèsjeune au service, et devint hetman (grade de général) à la suite de plusieurs actions d'éclat. Employé, en 1806 et 1807, comme lieutenant - général à l'armée destinée à soutenir les Prussiens dans la campagne contre l'armée françai se, il se distingua de nouveau. Après la paix de Tilsitt, il se rendit à l'armée de Moldavie dirigée contre les Turcs. Il les défit plusieurs fois, et leur prit de vive force, au mois d'août 1809, la forteresse de Babad. Pour le récompenser de ses services, l'empereur Alexandre le nomma général de cavalerie. Le comte Platow fut un des généraux chargés de s'opposer à l'invasion des Français dans la campagne contre la Russie en 1812. Ses efforts ne répondirent pas à ses espérances ni inême à son courage; plusieurs fois vaincu, particulièrement près de Grodno, le 30 juin de la même année, il rentra précipitamment dans l'intérieur avec les débris des troupes russes; mais bientôt la fortune changea avec les élémens, et Platow, chargé principalement de harceler la malheureuse armée française, triompha presque sans combattre. Cette campagne fut néanmoins funeste à son jeune fils, qu'un hulan polonais tua d'un coup de lance perte qui, en lui ravissant l'unique espoir de sa vieillesse et son successeur au coinmandement des troupes de sa nation, le plongea dans la plus vive douleur. En 1813, par suite de la bataille de Léipsick, le comte Plalow fit la campagne de France, et

áprès le combat de Bar-sur-Aube, l'armée des souverains étrangers s'étant divisée en deux parties pour marcher sur Paris, il eut ordre de manœuvrer entre elles. Ces troupes, à demi sauvages et avides de butin, étaient très-dévouées à ce chef, qui avait sur elles une gran de autorité, parce qu'il les laissait se livrer sans entrave à leur ardeur pour le pillage tous les souverains décorèrent à l'envi de leurs ordres un chef qui leur avait rendu de si éminens services. Le comte Platow entra à Paris avec le quartier-général des souverains alliés, et suivit l'empereur Alexandre en Angleterre, où le commerce de Londres lui vota un sabre magnifique, et où d'ailleurs il partagea avec le général Blücher, tous les témoignages de l'admiration des Anglais. Lors de la seconde invasion contre la France, en 1815, le comte Platow revint à Paris à la tête de ses troupes, et après le traité de paix, il alla habiter le nouveau Tcherkask. Il y mourut en 1818. Quatre ans après on publia, à Saint-Pétersbourg, une vie de Platow par Smirnof.

PLAYFAIR (JAMES), membre de la société royale et de la société des antiquaires d'Edimbourg, curé de Meigle, et principal des colléges réunis de Saint-Salvador et de Saint-Léonard, dans l'université de Saint-André, né à Bendochie, dans le comté d'Angus, en 1740, s'est fait connaître avantageuseinent par un ouvrage intitulé Système de chronologie, divisé en huit parties, 1784, in- folio. PLAYFAIR (Jean), son fils, ecclésiastique écossais, professeur de ma

thématiques à l'université d'Edimbourg, membre de la société royale et de la société des antiquaires de cette ville, est l'un des coopérateurs les plus actifs du journal estimé l'Edimburg Review. Il apublié les ouvrages suivans: 1° Elémens de Géométrie, 1796, in-8°; 2° Eclaircissemens sur la théorie de la terre, parHutton, in-8°, 181 12. Dans cet ouvrage, M. Playfair défend et développe avec beaucoup de talent le système de Hutton (coyez ce nom), et quoique ecclésiastique lui-même, repousse les accusations d'irréligion qui furent prodiguées à l'auteur, parce que sa théorie de la terre était difficile à concilier avec la Genèse. 3° Système complet de Géographie, ancienne et moderne, 5 vol. in-4°, dont le dernier a paru en 1813; 4° Esquisse de philosophie natu-, relle, 1812, in-8°, etc.

PLAYFAIR (WILLIAMS), écrivain anglais, né à Edimbourg, vint jeune encore s'établir à Londres, où il séjourna pendant 30 ans, et où il publia un grand nombre d'ouvrages sur les intérêts politiques et commerciaux de la GrandeBretagne, ainsi que sur les événemens qui se passaient en France. La véhémence de ses diatribes contre cette puissance, et contre les hommes les plus marquans de l'époque, donna en Angleterre un moment de vogue aux écrits de M. Playfair. Ses principaux ou vrages sont: 1° Règles pour l'intérêt de l'argent, 1785, in-8°; 2° Atlas commercial et politique, 1786, in-4; 3° Tableau arithmétique du commerce des finances, et de la dette nationale, avec des planches, 1787-1789, in-4°; 4° Inévitables

conséquences de la réforme parlementaire, 1792, in-8°; 5oVue générale des forces et des ressources actuelles de la France, 1793, in-8°; 6° Meilleur avenir pour les négocians et les manufacturiers de la Grande-Bretagne, 1793, in-8°; 7" Pensées sur l'état actuel politique de la France, 1793, in-8°; 8° Paix avec les jacobins, chose impossible, 1794, in-8°; 9° Lettre au comte Fitz William, 1794, in-8°; 10° Histoire du jacobinisme, 1795, in-8°; 11° Etat véritable des finances et des ressources de la GrandeBretagne, 1800, in-4°; 12° Tables statistiques de tous les états de l'Europe, 1800, in-4°; 13° Manuel statistique, montrant d'après une méthode entièrement nouvelle les ressources de chaque état et royaume de l'Europe, 1801, in-8°. Cet ouvrage a été traduit en français par D. F. Donnant, Paris, 1802, in-8°. 14° Preuves de la falsification par les Français des lettres interceptées, trouvées à bord de l'amiral Aplin, 1804, in-8°. Ces preuves, malgré les efforts de l'auteur, ne prouvent malheureusement rien. 15° Recherches sur les causes de la décadence et de la chute des riches et puissantes nations, 1805, in-4°, et seconde édition publiée en 1807; 16° Richesse des nations, de Smith, avec des notes et des chapitres supplémentaires, 2° édit., 1805, 3 vol. in-8°; 15° Notice statistique des Etats-Unis de l'Amérique, 1807, in-8°; 18° Plan pour établir la balance du pouvoir en Europe, 1813, in-8°; 19° Portraits politiques et modernes, avec des notes historiques et biographiques, 1805, 3 vol. in-8°, ouvrage fait sur les plus

faux renseignemens, et dicté par une fureur aveugle; 20oDétails sur le complot de Bonaparte, donnés au comte Bathurst et à l'ambassadeur de France, 1815, in-8°. L'auteur, dès le commencement de cette année (février 1814), avait écrit aux ministres, en Angleterre, que Napoléon ne resterait pas à l'île d'Elbe, et qu'il ne tarderait pas à se ressaisir du pouvoir en France. Après la seconde rentrée du roi, M. Playfair vint à Paris, où il travaillait en 1818, à un journal anglais intitulé: Galignani's Messenger. Il fut attaqué en justice par la comtesse veuve de Saint-Morrys, pour avoir calomnié la mémoire de son mari, et fut condamné au mois de juillet de la même année, par le tribunal de police correctionnelle, à trois mois de prison, et à 3,000 francs d'anende.

PLAZANET (N.), nommé au mois de septembre 1792, par le département de la Corrèze, député suppléant à la convention nationale, ne fut appelé au sein de cette assemblée qu'après le procès de Louis XVI. Il ne prit que peu ou point de part aux grandes discussions qui agitèrent si souvent la convention nationale, et entra, après la session, au conseil des cinq-cents, dont il sortit en mai, 1797. M. Plazanet paraît n'avoir rempli aucune fonction publique depuis cette époque.

PLEIGNIER AINÉ (JACQUES), né en 1781, à Besonville, département de la Moselle, vint se fixer à Paris pour y exercer la profession de corroyeur, et s'établit rue du Petit Lion Saint-Sauveur. Pleignier était bon père de famille

el commerçant honnête; mais un caractère enthousiaste, l'absence de toute instruction, des lectures mal conçues et surtout les funestes conseils des agens provocateurs, le portèrent à jouer un rôle pour lequel il n'était pas fait. Dès le mois de février 1816, Pleignier, à l'aide de ses associés, parmi lesquels se trouvaient, comme le prouva l'instruction du procès, plusieurs agens de police, composa une proclamation dite des Patriotes de 1816, et distribua des cartes de ralliement, sur lesquelles on lisait ces mot: Union, Honneur, Patrie. La police fit saisir et déposer à la Conciergerie Pleignier, ainsi que 27 autres personnes plus ou moins connues. Mis en jugement, le 27 juin, avec ses co-accusés, il persista, pendant toute l'instruction du procès, à soutenir qu'il ignorait tout, qu'il ne se rappelait rien; et quand on lui reprochait sa manière évasive de répondre aux questions qui lui étaient adressées, il se rejetait sur son défaut de mémoire ou de santé. Cependant, dès la seconde audience, il remit un écrit, dans lequel « il· » se reconnaissait le seul auteur de >> l'entreprise, déclarant qu'il n'a» vait point de complices; que » Carbonneau s'était borné à co»pier la proclamation, et Tolle» ron à le timbre des cartes; graver >> et demandait à être conduit hors, »de France, avec sa femme et ses »enfans. » Après cette déclaration, il parut oublier de nouveau tout ce qui avait eu lieu, s'obstina à ne rien ajouter à sa déclaration, et dit seulement qu'il voulait parler au roi, et qu'il sauverait la

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France. Le chancelier se rendit dans sa prison pour l'entendre, mais il n'obtint aucune espèce d'aveu les paroles que Pleignier avait adoptées furent les seules qu'on put tirer de lui pendant tout le reste du procès. Le 4 juillet, quand son défenseur prit la parole en sa faveur, et chercha à rejeter ses projets sur l'altération de ses facultés morales, Pleignier se cacha le visage dans ses mains et fit entendre des sanglots. Ce fut la seule fois, pendant cette longue et terrible procédure, qu'il parut ému. Le 6, il entendit prononcer sa sentence de mort, avec la tranquillité qu'il avait montrée pendant le cours des débats, et se borna à déclarer qu'il avait une observation à faire, mais qu'il désirait qu'elle pût être entendue du public. La séance ayant été levée au moment même, le président, M. Romain Desèze, fils du premier président de la cour de cassation, lui déclara qu'il le verrait dans sa prison, seul endroit où il pût encore se faire entendre des magistrats. Pleignier y répéta qu'il sauverait la France, mais qu'il fallait qu'il parlât au roi; du reste il n'articula aucun fait d'importance. Il se pourvut en cassation, et eut recours à la clémence du roi, mais sans succès. Le 28 juillet 1816, Pleignier Carbonneau et Tolleron (voy. ces noms) furent ramenés de Bicêtre à la prison de la Conciergerie, pour subir leur jugement, le jour même. L'exécution, qui devait avoir lieu à quatre heures, fut différée jusqu'à huit; alors arriva du ministère de la justice l'ordre de conduire ces malheureux au supplice. A l'instant de monter sur la

fatale charrette, Pleignier répan→ dit quelques larmes; mais ensuite, durant le trajet, et pendant la lecture du jugement au pied de l'échafaud, il montra un courage. qui ne se démentit plus. Il était en chemise, et avait la tête entourée d'un voile noir. Avant la décapitation il eut le poing coupé.

PLÉVILLE LE PÉLEY (GEORGES-RENÉ), vice-amiral, ancien ministre de la marine, membre du sénat-conservateur, grand-officier de la légion-d'honneur, décoré de l'ordre de Cincinnatus, etc., naquit à Grandville, département de la Manche, le 26 juin 1726. Sa famille, qui ne le destinait pas à la carrière maritime, le fit entrer de bonne heure au collége; la vocation du jeune Pléville Le Péley ne pouvant triompher de la résolution de ses parens, dès l'âge de 12 ans il se rendit secrètement dans un port de France, fut reçu sur un vaisseau sous le nom de Vivier, et, 8 ans après, il commandait un corsaire. Il n'avait pas atteint sa 21 année, que, livrant un combat à un vaisseau anglais, il eut la jambe emportée par un boulet. Cette grave blessure ne le força pas à quitter la carrière où déjà il avait illustré son nom. Par un des hasards les plus singuliers de la guerre, revenant de l'Amérique en Europe, dans un combat qu'il eut à soutenir contre ces mêmes Anglais, un boulet lui emporta la jambe de bois qui remplaçait celle qu'il avait déjà perdue. Malgré la violente commotion qu'il ressentit, il ne put s'empêcher de s'écrier en riant : « Le boulet s'est trompé! » Admis en 1755 dans la marine royale, il commanda, en 1756, couime en

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