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Tome 16

Page 34.

Parmentier.

TO VIMU

Placé chez un pharmacien de ses parens, puis employé comine pharmacien dans les hôpitaux de l'arinée de Hanovre, il fixa par son zèle et son aptitude l'attention de Bayen, pharmacien en chef, qui le présenta à M. de Chamousset, intendant - général des hôpitaux. « Stimulé, disent quelquesuns de ses biographes français et étrangers, par ses vertueux maîtres, il profita avec ardeur de toutes les sources d'instruction qui s'offrirent à lui, visitant les fabriques dans les villes, travaillant dans les laboratoires des pharmaciens habiles, et observant à la campagne les pratiques des fermiers. Fait cinq fois prisonnier, et transporté dans des lieux éloignés, il apprit alors, par sa propre expérience, jusqu'où peuvent aller les horreurs du besoin, ce qui alluma peut-être en lui ce beau feu d'humanité dont il a été ani mé durant sa longue carrière. » La paix de 1763 ramena à Paris ce jeune et habile praticien, qui, pour augmenter ses connaissances dans les différentes parties de son art, suivit les leçons des Nollet, Rouelle, Antoine et Bernard de Jussieu. En 1766, il remporta au Concours une place inférieure (mais vivement disputée) de pharmacien,vacante à l'hôtel royal des Invalides. Ses supérieurs, frappés de son instruction et de son zèle infatigable, obtinrent du roi, en 1772, la place de pharmacien en chef, dont il ne toucha que les émolumens, les sœurs de la charité, en possession, depuis la formation de cet établissement, de la direction de la pharmacie,étant par venues à conserver les droits dont

elles voulaient la possession exclusive. Libre, contre son espérance, de disposer de tout son temps, il se livra à des travaux d'utilité domestique. Quelques années auparavant, en 1769, une disette générale avait déterminé l'académie à proposer un prix pour le meilleur mémoire qui signalerait les végétaux capables de suppléer aux plantes céréales, Parmentier remporta ce prix. La pomme de terre, transplantée du Pérou en Europe dès le 15° siècle, devint l'objet de sa constante prédilection; il la recommanda avec une persévérance infatigable; combattit les prėjugés qui la repoussaient depuis plus de deux siècles, d'abord parce qu'on prétendait qu'elle était susceptible d'engendrer la lépre, ensuite parce qu'elle pouvait être la cause de fièvres nombreuses, et vit enfin, mais non sans peine, triompher cette utile racine. Non-seulement il avait démontré que l'on pouvait trouver un aliment délicat dans la fécule de la pomme de terre, naguère exclusivement livrée aux animaux, mais encore qu'elle n'appauvrissait point, comme on le prétendait, le terrain où elle était semée, et qu'elle triomphait même des terres les plus ingrates. Pour parvenir à ces principaux résultats, il sollicita de Louis XVI et obtint 54 arpens de la plaine des Sablons, dont l'entiére stérilité n'avait encore pu être vaincue. Le terrain ensemencé, il attend patiemment que la germinaison vienne justifier ses espérances et ses promesses que l'on jugeait illusoires. Les fleurs paraissent enfin, et Parmentier enchanté sehâte d'en former un bouquet dont

il est admis à faire un hommage solennel au roi, qui protégeait son entreprise. Louis XVI en pare aussitôt sa boutonnière, et par son suffrage royal détermine celui des courtisans. La province voulut jouir des avantages de cette utile tentative, que Parmentier renouvela avec le même bonheur dans la plaine de Grenelle. Il fit aux Invalides, avec un succès parfait, et en présence de Franklin, l'essai d'un procédé pour obtenir un pain sa« voureux de la pulpe et de l'amidon de la pomme de terre combinés à égale portion, sans aucun mélange de farine. » Parmentier enseigna aux pâtissiers de Paris, avec son désintéressement ordinaire, le secret de fabriquer le gâteau ou biscuit de Savoie, qui a pour base l'amidon de pommes de terre. Enfin on raconte qu'il donna un dîner << dont tous les apprêts, jusqu'aux liqueurs, consistaient dans la pomme de terre, déguisée sous vingt formes différentes, et où il avait réuni de nombreux convives: leur appétit ne fut point en défaut, et les louanges qu'ils donnèrent à l'amphitrion tournèrent à l'avantage de la merveilleuse racine. » Ces succès répandirent le nom de Parmentier et de sa plante chérie dans toutes les parties de l'Europe. M. François de Neufchâteau proposa de substituer au nom impropre de la Pomme de terre, celui de la Parmentière. En effet, le nom de ce célèbre agronome et celui de ce végétal, sont devenus inséparables dans la mémoire des amis des hommes. Le peuple même les avait unis, mais ce n'était pas toujours a vec reconnaissance, car lorsqu'à certaine époque de la révolution

M. Parmentier fut proposé pour une place municipale, un des votans s'opposa à son élection, en s'écriant avec colère : « Il ne nous fera manger que des pommes de terre; c'est lui qui les a inventées. » Au surplus, c'est aux hommes de l'art à consigner dans les fastes de la science et de l'utilité publique, à signaler enfin tous les services que Parmentier a rendus dans les différentes fonctions qu'il a remplies. Son humanité a toujours été égale à ses talens. Le gouvernement directorial le nomma, en 1796, membre de l'institut. Sous le gouvernement consulaire, il devint président du conseil de salubrité du département de la Seine, et fut confirmé dans ses fonctions d'inspecteur-général du service de santé et d'administrateur des hospices,qui lui avaient été précédemment confiées. Parmentier mourut généralement regretté, le 17 décembre 1813. Voici le portrait moral et physique que l'on a fait de cet excellent citoyen. « Partout, ce qui pouvait être utile avait droit d'exciter son attention, d'exercer son activité; partout où l'on pouvait travailler beaucoup, rendre de grands services et ne rien recevoir, partout où l'on se réunissait pour faire du bien, il accourait le premier, et l'on pouvait être sûr de disposer de son temps, de sa plume, et au besoin, de tout ce qu'il possédait. Une taille élevée et restée droite jusqu'à ses derniers jours, une figure pleine d'aménité, un regard à-la-fois noble et doux, de beaux cheveux blancs comme la neige semblaient faire de ce respectable vieillard l'image de la bonté et de la vertu. » M. Cuvier, au

nom de l'institut, M. Silvestre, au nom de la société d'agriculture, et feu Cadet-de-Gassicourt, au nom de la société de pharmacie, ont fait l'Éloge de Parmentier. Nous allons donner, d'après la Bibliographie agronomique, une liste abrégée des ouvrages de ce célèbre agronome, sur le mérite littéraire desquels on doit peu s'arrêter, mais qui, sous le rapport de l'utilité, sont presque tous dignes de fixer l'attention; ce sont : 1° Examen chimique des pommes de terre, Paris, 1773, in-12; 2° Manière de faire le pain de pommes de terre sans mélange de farine, Paris, 1799, in-8°; 3° Recherches sur les végétaux nourrissans qui, dans les temps de disette, peuvent remplacer les alimens ordinaires, Paris, 1781, in-8°; 4° Traité sur la culture et les usages des pommes de terre, de la patate et du topinambourg, Paris, 1789, in-8°; 5o Récréations physiques, économiques et chimiques de Model, Paris, 1774, 2 vol. in-8°, avec des observations de Parmentier, notamment sur les champignons; 6o Avis aux bonnes ménagères des villes et des campagnes sur la manière de faire le pain, Paris, 1774, reproduit, en 1778, sous le titre suivant: 7° le Parfait boulanger, ou Traité complet sur la fabrication et le commerce du pain, Paris, 1778, in-8°; 8° Traité de la châtaigne, Paris, 1780, in -8°; 9° avec M. Cadet - de-Vaux, Recueil de pièces concernant les exhumations faites dans l'enceinte de l'église Saint- Éloi de Dunkerque, en 1784; 10° Le maïs ou blé de Turquie, apprécié sous tous ses rapports, 3e édition, Paris, imprimerie impériale: la 1" édition avait

paru, en 1785, à Bordeaux; 11° Instruction sur les moyens de suppléer à la disette des fourrages, et d'augmenter la subsistance des bestiaux, 1785; 12° Chimie hydraulique de Lagaraye, 1785, nouvelle édition avec des notes de Parmentier, dans lesquelles il présente des observations sur celles de nos plantes indigènes d'où l'on peut retirer une fécule bleue comparable à l'indigo; 15° Dissertation sur la nature des eaux de la Seine, avec des remarques sur les propriétés physiques et économiques de l'eau en général, à Paris, 1787; 14° Instruction sur la conservation et les usages de la pomme de terre, publiée par ordre du gouvernement, 1789; 15° Économie rurale et domestique dans la Bibliothèque des Dames, 1790, 8 vol. in - 18; 16° Précis d'expériences et d'observations sur les différentes espèces de lait, considérées dans leurs rapports avec la chimie, la médecine et l'économie rurale, Strasbourg, 1799, in-8°; 17° Mémoire sur le sang, Paris, 1791, in-4° : ces deux derniers ouvrages, composés en société avec M. Deyeux (voy. ce nom), furent couronnés par la société de médecine, en 1790 et 1791; 18" plusieurs Rapports au ministre de l'intérieur : les plus remarquables sont ceux sur les soupes à la Rumford et sur la substitution de l'orge monde au riz, avec des observations sur les soupes aux légumes ou à la Rumford; 19° Code pharmaceutique, 1807, 3o édition ; 20° Instructions sur les sirops et conserves de raisins destinés à remplacer le sucre, de 1808 à 1811; 21° Nouvel aperçu des résultats obtenus de la fabrique des sirops et conserves de

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