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septembre 1793, à remplacer l'un des secrétaires du bureau, qui se trouvait en mission. En floréal de l'an 2, il fit, au nom de ce dernier comité, un rapport général sur les quatre administrations chargées de l'habillement et de l'équipement militaire, depuis le 5 juillet 1792 jusqu'au 31 juillet 1793, entra dans le détail de leurs opérations sous différens ministères, proposa la mise en liberté de trente administrateurs, et le renvoi de deux, comme prévenus de fraude et d'infidélité, par-devant les tribunaux compétens. Le 2 prairial de l'an 3, un membre de la convention avait demandé que Piorry s'expliquât surle fait qui lui était personnellement imputé dans cette journée, celui d'avoir fait sonner le tocsin aux écuries d'Orléans, où il avait alors son domicile. Il protesta à la tribune contre cette imputation ridicule et calomnieuse; la convention passa à l'ordre du jour. Décrété d'arrestation, le 22 thermidor, à la suite d'une dénonciation faite par les administrateurs de la Vienne, il fut ensuite amnistié; et rendu à la liberté, il rentra dans la carrière judiciaire. Le directoire-exécutif lenomma, le 29 vendémiaire an 6, commissaire près les tribunaux civil et criminel à Anvers. Au mois de brumaire de l'an 7, une révolte avait éclaté sur l'une des rives de l'Escaut; il reçoit à cette occasion, de l'administration centrale du département des DeuxNèthes, le pouvoir de se transporter à Paris, pour faire connaître l'état de cette contrée, et solliciter des secours. Il rem

plit cette mission périlleuse ; mais au mois de ventôse de la même année, il s'en trouva puni. On l'avait dénoncé au directoire comme paraissant, dans les cérémonies publiques et dans l'exercice de ses fonctions, avec une décoration qui portait l'emblême de la constitution de 1793. Sur ce fait qui, selon le dénonciateur, était un attentat commis contre la sûreté générale de l'état, le directoire ordonna l'arrestation de Piorry, et sa translation à la maison d'arrêt, pour être jugé conformément aux lois. L'affaire soumise à un jury spécial d'accusation, l'objet de la dénonciation fut reconnu faux, et le directeur du jury prononça la mise en liberté du prévenu au mois de germinal an 7. Au mois de brumaire de l'an 8, il fut nommé juge au tribunal de révision, établi à Trèves, pour les quatre départemens de la rive gauche du Rhin, et, successivement, vice-président de ce tribunal, assimilé, quant à ses fonctions, à celles de la cour de cassation de Paris. Mais comme cette institution n'était que temporaire, elle servit à composer la cour d'appel de cette dernière ville, dont il devint l'un des membres. Au mois de ventôse an 13, il fut incorporé à la cour d'appel de Liége, et réélu en avril 1811, conseiller à la même cour. En janvier 1814, il perdit, par suite de l'invasion des troupes étrangères, le poste honorable dont il était revêtu, et depuis il n'exerça aucun autre emploi, ne prit aucuné part aux événemens de 1815, ne signa point l'acte additionnel,

et ne se trouva compris alors dans aucune des lois et ordonnances rendues par suite de ces événemens. PIOZZI (MISS ESTHER-LYNCHSALUSBURY, d'abord femme THRALE, et ensuite del SIGNOR), naquit en 1740 à Boswel, dans le pays de Galles, au comté de Caernarvon. Elle montra de si heureuses dispositions pour l'étude, que sa famille, qui jouissait d'une honorable aisance, consentit à lui faire donner une éducation bien au-dessus de son âge et de son sexe. En peu d'années, elle apprit à fond le latin, le grec, l'hébreu et plusieurs langues vivantes. Mariée à 24 ans à un riche brasseur, membre du parlement, miss Salusbury se faisait remarquer dans la société par le bon ton de ses manières et la solidité de son esprit. Le célèbre docteur Johnson, charmé du mérite de cette dame, accepta avec joie les relations amicales qu'Arthur Murphy (voy, ce nom), se plut à établir entre M. Thrale et le docteur Johnson. Ces relations devinrent même si fortes que les deux ménages furent bientôt communs, soit à la maison de Southwark, du docteur, soit à celle que Thrale occupait, à Streatham. La société de Johnson n'était cependant pas exempte de désagrémens. Le docteur était bizarre, jaloux, brusque jusqu'à la violence, et assez mauvais administrateur de sa fortune; mais Thrale et sa femme supportaient avec beaucoup de résignation ces fréquentes inégalités de caractère, et prenaient de la personne et des intérêts de leur ami un soin qui annonçait l'excellence de leurs cœurs et leur admiration pour le

plus célèbre critique de l'Angleterre. Ces relations durèrent cependant 17 années, et ne furent interrompues qu'un an après la mort de Thrale, arrivée en 1781, par l'impossibilité où la veuve se trouva de continuer un genre de vie qu'une plus grande susceptibilité de Johnson lui avait rendue insupportable. Elle résolut de se séparer de son vieil ami, et elle prit pour prétexte la perte d'un procès et l'impossibilité où sa fortune la mettait de continuer à vivre à Londres. Elle se retira à Bath. Cette séparation fut vivement blâmee par leurs amis communs, et au point que mistriss Thrale se vit dans la nécessité de prendre la plume pour donner des explications à cet égard. Comme la séparation s'était faite à l'amiable, une correspondance bienveillante eut lieu de part et d'autre pendant quelque temps. Le mariage que mistriss Thrale contracta, à l'âge de 44 ans, avec un maître de musique de Bath, Florentin d'origine, nommé Piozzi, fut désapprouvé de Johnson, et de ce moment toute correspondance cessa entre lui et Mme Piozzi. « Au mois de septembre 1784, dit l'auteur d'une Notice sur cette dame, elle traversa la France avec son mari, et se rendit à Milan, où elle passa l'hiver. L'année suivante, elle parcourut le reste de l'Italie, et vint se fixer pour quelque temps à Florence, où il se forma, sous le titre della Crusca, une société de littérateurs anglais des deux sexes, qui bientôt mirent au jour un volume de prose et de vers, intitulé: the Florence Miscellany, lequel ne fut distribué d'abord qu'à un

petit nombre d'amis. Cette réunion littéraire a été vivement attaquée par un critique nommé Gifford, dans la préface d'un écrit intitulé: Baviade et Mæviade. Au contraire, un journal intitulé le Monde se fit le prôneur, en Angleterre, de la réunion littéraire de Florence, et parvint à lui donner de la célébrité. Il publia, en les accompagnant de grands éloges, les productions poétiques de la nouvelle académie. Elles se faisaient remarquer surtout par le clinquant du style, et l'exagération des métaphores, empruntées à la langue et au génie de l'Italie. Suivant l'usage du même pays, tous ces vers étaient signés d'un nom poétique et emprunté. Le journal qui les prônait parvint à mettre ce genre à la mode, et ce fut bientôt une véritable fureur d'écrire dans ce goût. Telle est du moins l'idée que M. Gifford a essayé de donner de la réunion littéraire de Florence et des productions qui en sont émanées. Quoi qu'il en soit, Mme Piozzi a fait preuve d'un vrai mérite comme poète, et son conte intitulé les Trois Avis (the three Warnings), doit être distingué des bagatelles versifiées della Crusca. « Mme Piozzi, après avoir visité les principales villes de l'Italie, de l'Allemagne et de la Hollande, retourna en Angleterre, où elle mourut en 1821, à l'âge de 83 ans. Elle était veuve de son second mari depuis 1801.» Elle avait si bien conservé ses forces physiques et ses facultés morales jusqu'au terme de sa carrière, qu'elle donna et ouvrit elle-même un bal, à l'âge de 82 ans.»> On doit à cet

te dame 1° the Florence Miscellany (Miscellanées de Florence), in-8°, 1785, en société avec MM. Merry, Parsons, Greathead et autres; 2° Observations and Reflections, etc. (Observations et Réflexions,faites durant un voyage en France, en Italie, en Allemagne), 1786, 2 vol. in-8°, ouvrage frivole, qui néanmoins obtint beaucoup de succès; 3° Anecdotes of D'Samuel Johnson (Anecdotes sur le Dr Samuel Johnson, durant les vingt dernières années de sa vie), 1786, in-8°; 4° Letters to and from Dr S. Johnson, Lettres du Dr S. Johnson ou à lui adressées, 1788, 2 vol. in-8°. Elles ont été écrites depuis l'année 1765 jusqu'à l'année 1784. Ces lettres et les anecdotes furent traitées avec une extrème partialité par Baretti;et Wolcott, dans une satire, sous le titre de Bozzi et Piozzi, ne les traita pas plus favorablement. 5° British Synonimy, etc. (Synonimie anglaise, ou Essai sur l'emploi régulier des mots, dans la conversation familière), Londres, 1794, 2 vol. in-8°. Critiqué avec une extrême sévérité, cet ouvrage, auquel on prétendit à tort que Johnson avait eu part, annonce dans l'auteur un jugement sain et un esprit observateur. 6° Retrospection, or à Review, etc. (Retrospection, ou Revue des événemens, des caractères, des circonstances les plus remarquables du genre humain pendant l'année 1800, avec leurs conséquences), 1801, 2 vol. in-4°. 7° Enfin les 'I'rois Avis, conte imité de La Fontaine, une imitation de l'Epitre de Boileau à son jardinier, et différens autres

opuscules insérés dans des recueils périodiques.

cats distingués, il est aussi homme de lettres, et a donné avec

PIPELET (M). Voy. SALM- succès la traduction en vers fran

DYCK.

çais de l'Art de plaire, du Remède d'amour et des Amours d'Ovide, et un Voyage à Plombières.

PIRE (MARIE- Guillaume de ROSUGVINEU, COMTE DE), lieutenantgénéral, commandeur de la légiond'honneur, chevalier de SaintLouis, et de l'ordre militaire de Wurtemberg, est né à Rennes, le 31 mars 1778, d'une ancienne famil

PIRAULT - DES - CHAUMES (JEAN-BAPTISTE-VINCENT), avocat et littérateur, est né à Paris, le 27 septembre 1767. Fils d'un procureur au parlement, qui refusa son ministère pendant toute la durée de l'exil de 1771, il fit de bonnes études au collège de Montaigu. Au commencement de la révolution, dont il adopta avec modérale de la Bretagne, illustrée dans tion les principes, il fut persécuté et se réfugia à l'armée de Dumouriez; il revint à Paris, après l'affaire de Jenmapes. Successivement avoué et avocat au tribunal de la Seine, professeur de droit à l'académie de législation, en l'an 8, il déplut par la liberté de ses opinions politiques, et fut supprimé, en 1808, de ses fonctions d'avoné. Devenu maire de Nanterre, il fut obligé de donner sa démission en 1816, pour s'être signalé dans les élections en fa veur des candidats libéraux contre ceux du ministère. Nanterre doit à M. Pirault-des-Chaumes, un plus grand revenu annuel pour ses pauvres, et l'établissement d'un bel abattoir à pores, qui rapporté 3 à 4000 fr. à la caisse communale, etc. Lors du procès fait à l'occasion de la souscription nationale, il s'est empressé de s'associer aux souscripteurs, et a offert ses veilles, comme avocat, à ceux qui pourraient être victimes de l'arbitraire; il est l'un des signataires de la consultation en faveur des auteurs de la souscrip

tion. M. Pirault - des - Chaumes

n'est pas seulement un de nos avo

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les fastes de cette province. Son grand-père, le marquis de Piré, présidait la noblesse à la tenue des états de 1770. Dès le commencement de la révolution en 1789, son père, qui s'était voué à la cause contraire, se hâta d'aller rejoindre les princes à Coblentz, emmenant avec lui son fils à peine sorti de l'enfance. Le jeune Piré suivit long-temps les mêmes drapeaux que son père, entra à l'âge de 14 ans dans les gardes-du-corps, compagnie de Grammont, et fit les campagnes de l'armée du prince de Condé. Après le licenciement de cette armée, il entra en 1793 avec le grade de sous-lieutenant dans le régiment d'infanterie que le prince de Rohan - Montbazon venait de lever à Gand, et qui fit partie de l'armée anglaise que commandait le duc d'York sur le continent. Il fit avec elle la campagne de Hollande en 1794, et fut nommé lieutenant sur le champ de bataille d'Appeldoorn, après que son régiment eut été en partie détruit par l'avant-garde française au passage de la Meuse. En juin 1795, il s'embarqua à Stade avec les cinq

régimens émigrés Rohan, Salm, Périgord, Beon et Damas, qui formaient la division Sombreuil, et qui vinrent débarquer dans la baie de Quiberon. M. de Piré fut griè vement blessé lors de l'attaque du fort Penthièvre par les troupes françaises, sous les ordres du général Hoche, et ne parvint à se rembarquer que par une espèce de miracle. Il se réfugia avec les débris de cette funeste expédition sur les rochers de l'île d'Houat. Le comte d'Artois lui donna des témoignages d'estime et de satisfaction: ce prince lui dit «que si jamais il rentrait en France, une des premières faveurs qu'il accorderait, serait pour M. de de Piré; » et ayant égard à sa blessure, il l'envoya de l'Ile- Dieu se rétablir en Angleterre, et le chargea de ses dépêches pour le ministère à Londres. Par suite de l'incorporation du régiment émigré de Rohan dans celui de La Châtre, M. de Piré fut réformé à l'âge de 17 ans, avec le grade de capitaine; mais l'ardeur de son zèle et cette soif de combats dont il paraissait altéré dès sa jeunesse, le portèrent à solliciter vivement sa remise en activité, et à être employé dans la funeste guerre intérieure, qui déchirait le sein même de sa patrie. Il obtint ce triste avantage, et accompagna en mars 1796, MM. de Sérent que les princes envoyèrent dans la Vendée, avec MM. de Bourmont de Suzanette et autres chefs royalistes. Blessé de nouveau en débarquant la nuit sur les côtes de Bretagne près de Saint-Malo, il vit périr dès le lendemain la plupart de ses compagnons d'ar

mes; MM. de Sérent furent tués dans les marais de Dole, et M. de Piré, poursuivi par les troupes républicaines, ne parvint qu'après avoir couru les plus grands dangers, à s'échapper et à rejoindre enfin le chef royaliste de Puisaye, dans les environs de Fougères. Il servit avec ce général jusqu'à l'époque de la pacification de l'an 4, qui le fit rentrer dans le sein de la grande famille française. Le général Hoche, par considération particulière, et malgré ses instructions, ne comprit point M. de Piré parmi les émigrés qu'il fut obligé de renvoyer en Angleterre; mais ce dernier n'en resta pas moins, et long-temps, sous une sévère surveillance, fut souvent dénoncé comme émigré et royaliste, et pe recouvrit une entière liberté qu'à l'époque du consulat du général en chef Bonaparte. Une nouvelle carrière s'ouvrit alors devant lui, et toujours animé du désir de faire la guerre, il entra dans les rangs de la grande-armée française, où il n'eut plus le malheur d'avoir à combattre ses concitoyens. M. de Piré prit d'abord du service dans un régiment de hussards volontaires, avec le grade de capitaine, et fit honorablement la guerre d'Allemagne. Son corps ayant été réformé après la paix de Lunéville, il rentra pour quelque temps dans la vie privée, et se maria; mais il rejoignit en 1805 l'armée, et se distingua de nouveau pendant les glorieuses campagnes d'Austerlitz, d'Iéna et de Wagram. Successivement capitaine au 7° régiment de hussards, chef d'escadron au 10°, colonel du régiment de chasseurs à cheval, aide

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