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abandonné son premier projet sur l'Italie, en proclama l'indépendance, et tourna l'épée contre les Autrichiens, qui d'un côté se concentraient sur le Pô, et de l'autre débordaient en Toscane, en menaçant les flancs de l'armée napolitaine. Pignatelli et Livron, à la tête de la garde, devaient marcher sur Florence, tandis que le reste de l'armée, sous les ordres du roi, se serait avancé par les Marches. Ce double mouvement, qu'on aurait dû calculer de manière à tenir les deux parties de l'armée toujours à la même hauteur et à peu de distance entre elles, paraît avoir été exécuté avec plus de vitesse d'un côté que de l'autre dès-lors il n'y eut plus d'ensemble entre les opérations des deux armées; et tandis que la garde s'emparait de Prato et Florence, la division d'Ambrosio était repoussée devaut Occhiobello, et le général Pepe se laisait battre à Carpi, sans que les succès d'une colonne eussent pu réparer les pertes des autres. Le roi Joachim n'ayant pu forcer la ligne du Pô, se retira sur Ancône, ordonnant à Pignatelli d'abandonner la Toscane. Ce mouvement rétrograde fut exécuté en bon ordre, quoique l'insurrection, organisée par lord Burghess, ministre d'Angleterre à Florence, y éclatât sous les pas de l'armée. Le 2 mai, Joachim remporta un avantage sur l'avantgarde du général Bianchi, près de Macerata; et le lendemain il paya ce succès par la perte de la bataille de Tolentino. Pignatelli, qui prit part à cette journée, s'était établi au Colle de Cantagallo, position

favorable, où il soutint quelque temps le choc des Autrichiens, qui vinrent l'occuper à leur tour. Après la chute de Joachim, Pignatelli, qui était son aide-de-campgénéral et son capitaine des gardes, se retira du service, qu'il ne reprit qu'en 1820, lorsqu'il lui était permis d'espérer que sa patrie pourrait prospérer à l'ombre d'une sage constitution. Il se déclara d'abord pour celle des cortès, qu'il désira voirmodifiée, et se prononça en même temps contre la mauvaise orgnisation de l'armée, et pour la formation des gardes nationales. Destiné au commandement d'une division d'infanterie, il fit partie du corps d'armée du général Carascosa, dont il ne put éviter les revers. Au retour du roi de Laybach, le général Pignatelli, privé de son rang et de ses honneurs, a, parson patriotisme et son instruction, conservé un rang honorable parmi ses concitoyens. Le général Pignatelli est auteur d'un ouvrage dont la première partie parut en 1820, sous le titre de Memorie intorno al a storia del regno di Napoli dall' anno 1805 al 1815. Il serait à souhaiter que l'auteur pût s'occuper d'en donner la suite..

PIGNATELLI (VINCENT), frère du précédent, lieutenant-général napolitain, commandeur de l'ordre de Saint-Georges de la Réunion, officier de la légion-d'honneur, naquit, en 1781, à Naples, où il reçut sa première éducation dans la maison paternelle. Destiné, malgré lui, à l'état ecclésiastique, il le quitta, en 1799, pour entrer dans un régiment, que ses frères organisaient pour la nou

velle république. Poursuivi et arrêté, au retour de la cour de Sicile, il cut à souffrir une longue captivité, rendue plus affreuse par le spectacle de deux frères exécutés presque sous ses yeux. Condamné lui-même à l'exil, il vint en France s'enrôler dans la légion italienne, avec laquelle il repassa les Alpes. A la réorganisation des troupes cisalpines, Pignatelli, nommé chef d'escadron des dragons Napoléon, partit pour rejoindre l'armée campée sur les côtes de l'Océan. Il y resta jusqu'en 1803, époque de son rappel en Italie, pour la campagne de 1805. L'année suivante, son corps faisait partie de l'armée de Naples, où il rentra avec le roi Joseph (voy. BONAPARTE), qui lui confia l'organisation d'un régiment d'infanterie, et le nomma ensuite colonel de cavalerie. Pignatelli assista au siége de Gaëte, sous les ordres du maréchal Masséna, et après la reddition de cette place, il fut employé à la destruction des brigands, dans la province de Basilicate. Élevé au grade de général, il prit le commandement d'une brigade attachée à l'armée rassemblée par Joachim sur les côtes de Misène, pour intimider les Anglais, qui s'étaient emparés des îles de Procida et d'Ischia. Après leur départ, Pignatelli retourna en Basilicate, ou il eut plusieurs affaires avec les brigands, qu'il détruisit à Chiaramonte, où il en tua 300. En 1810, il fut chargé de protéger sur les côtes du Cilento, les bâtimens de transport qui s'y rassemblaient en présence des croisières anglaises, pour porter des vivres et des munitions de guerre aux troupes destinées

contre la Sicile. S'étant acquitté d'une manière satisfaisante de cette commission, Pignatelli fut nommé aide - de - camp du roi Joachim, qu'il suivit en Russie. Il s'y distingua en plusieurs rencontres, et en fut doublement récompensé par le grade de lieutenant-général, et le brevet d'officier de la légion d'honneur; mais il ne tarda pas à expier ces faveurs. Dans la retraite de l'armée, il eut les pieds gelés et les doigts emportés. C'est dans les plus horribles souffrances qu'il acheva son voyage des frontières de la Prusse jusques aux portes de Naples. Hors d'état de rester en activité, il jouissait d'une pension de retraite, lorsque, par un noble dévouement, il reparut dans les rangs de l'armée, et se chargea de l'inspection-générale de la cavalerie, pendant la dernière révolution de Naples. Le roi, à son retour de Laybach, le priva de son rang et de ses honneurs; il ne lui reste plus que ses blessures.

PIGNEAUX (N.), évêque d'Adran, naquit dans le département de l'Aisne, vers 1740; il se consacra à l'état ecclésiastique, et partit comme missionnaire pour la Cochinchine, vers 1770, avec l'autorisation du pape et le titre de vicaire apostolique de cette contrée. Il y forma une petite colonie de chrétiens, dont la bonne conduite fut bientôt connue à la cour, et mérita au prêtre français, l'estime particulière du roi CaungSchung, qui lui confia (malgré la différence de religion) l'éducation de son fils unique. M. Pigneaux, devenu évêque d'Adran, en 1774, redoubla de zèle pour la

prospérité de son troupeau, mais les troubles qui bouleverserent alors l'empire de son protecteur, excitèrent contre lui uné persécution à laquelle il ne put se dérober qu'en fuyant avec ses ouailles, dans la ville de Sat-Gond, où il se proposa d'invoquer le secours de la France. Le roi de Cochinchine ne manquait ni de courage ni de talent; mais il s'était laissé surprendre par trois frères ambitieux qui avaient bouleversé son empire, et l'avaient lui-même forcé de chercher un asile dans l'ile de Pulo-Wa. L'évêque fait agréer son projet au roi, et amène de son consentement, son fils à Paris, en 1787. Il fait un traité offensif et défensif entre la France et la Cochinchine; celle-ci cédait la baie de Turon, l'un des ports de cette contrée les plus sûrs pour les vaisseaux, et les plus avantageusement situés pour le commerce. L'évêque repart ensuite revêtu du caractère d'ambassadeur extraordinaire à la cour de Cochinchine. Arrivé à Pondichéry, où il devait prendre les secours accordés par la France, il y éprouve quelques retards; sur ces entrefaites, la révolution française éclate, et tout secours lui est refusé, mais il ne perd pas courage; il part et retrouve le roi dans l'île de Pulo-Wa, qui y était resté deux ans, vivant de racines. Parini les fauteurs de l'usurpation, les uns étaient morts, les autres avaient excité l'indignation générale. Caung-Schung profite du mécontentement de ses sujets, et reprend le pouvoir en 1790. I créa l'évêque d'Adran, son premier ministre, et sous la direction

de ce prélat, il établit des manufactures, construisit des routes et encouragea la culture. Il fit exploiter des mines et remonter la inarine. L'évêque traduisit pour lui en chinois, un Traité de tactique, et enfin, éleva des écoles où les pères de famille étaient obligés d'envoyer leurs enfans dès l'âge de 4 ans. Il mourut en 1800. Caung-Schung lui survécut 6 ans; il conserva toujours pour l'évêque d'Adran, l'admiration que ses vertus lui avaient inspirée. Lorsque les missionnaires eurent célébré ses funérailles, le roi le fit déterrer malgré eux, pour lui rendre les honneurs funèbres à la manière des Cochinchinois.

PIGNOTTI (LAURENT), poète et historien italien, naquit à Figline, en Toscane, en 1739. Son père, riche négociant de ce pays, éprouva des revers, qui lui enlevèrent sa fortune. Le jeune Pignotti, devenu orphelin, se retira à Arezzo chez son oncle, qui le plaça dans le séminaire de la ville, où il reçut son éducation. Poussé par une curiosité qui embrassait tout, et par une mémoire qui n'oubliait rien, Pignotti devint l'adıniration de ses condisciples, dont il s'éloignait chaque jour, pour se rapprocher de ses maîtres. Les premiers vers qu'il composa, décelèrent son penchant et son génie. L'évêque d'Arezzo, frappé d'un développement si précoce,' encourageait Pignotti dans ses études; et dès qu'il put disposer d'une chaire dans son séminaire, il s'empressa de la lui offrir : mais le jeune savant ne voulut pas l'accepter, pour ne pas s'engager dans l'état ecclésiastique, dont on luk

faisait un devoir. Ce refus servit de prétexte à son oncle pour lui retirer ses secours. Pignotti dut à l'affection de son beau-frère, de pouvoir aller à Pise achever son éducation, dans cette fameuse université,dont il devait être le chef un jour. En y renouvelant l'exemple de son illustre compatriote Redi, il sut y allier les talens agréables du poète, aux études profondes du médecin; et après y avoir pris les degrés de docteur, il se rendit à Florence pour y faire son cours de clinique, dans le grand hôpital de la ville. Il s'y fit remarquer par son esprit et par son savoir. On en parla au grand-duc Léopold, qui lui confia la chaire de physique dans la nouvelle académie qu'il venait de fonder pour la noblesse, à Florence. Quelques années plus tard, Pignotti fut chargé de la même chaire à l'université de Pise, où ses leçons furent très suivies, quoiqu'il n'eût pas une grande facilité à s'exprimer. Mais ses discours ne manquaient pas d'élégance et de clarté; et au défaut de l'éloquence des paroles, ils avaient la précision des idées. En cherchant à se délasser de ces travaux, Pignotti se rappela qu'il était poète, et composa des fables, genre de composition dont le Parnasse italien ne peut pas déguiser la pauvreté, au milieu de sa fécondité et de ses richesses. Ces fables parurent, pour la première fois, en 1782, et peu d'ouvrages ont eu un plus grand succès. Elles n'ont ni la concision de celles d'Esope et de Phèdre, ni la naïveté de celles de La Fontaine ce sont moins des apologues que des narrations or

nées de tout le luxe de la langue poétique d'Italie. Pignotti, pour désarmer l'envie qui affectait de ne voir en lui qu'un fabuliste, publia ses conjectures météorologiques sur les variations du baromètre, d'après la théorie deLeRoy. Ses raisonnemens sont plus ingénieux qu'exacts; l'auteur en avait lui-même reconnu les imperfections, et s'était empressé de les corriger, Partisan des idées et des progrès de son siècle,il avait mis à profit les nouvelles découvertes dans la physique, la chimie et la pneumatique mais ses corrections s'égarèrent dans les mains du libraire, auquel il les avait confiees pour les faire imprimer. Dans un poëme intitulé la Treccia rapita (la tresse de cheveux enlevée), Pignotti, bien différent de tous les autres poètes héroï-comiques italiens, qui font parler aux Muses le langage le plus vulgaire, a, comme Boileau et Pope, mis une espèce de dignité dans le ridicule: il ne va jamais plus loin que la gaîté du sujet ne l'exige. Après avoir donné ses premières années à la poésie, Pignotti consacra les dernières à l'histoire, et c'est celle de sa patrie qu'il se proposa d'écrire: tableau plus animé que vaste, et d'un grand intérêt dans les annales modernes des nations. Gibbon, appelé par la force de son génie à manier le burin de l'histoire, balança long-temps sur le choix d'un sujet. Dans les mémoires qu'il nous a laissés de sa vie, il avoue que deux révolutions l'avaient frappé davantage : celle de l'Helvétie pour recouvrer sa liberté, et celle de Florence pour établir sa grandeur. Il raconte aussi qu'il est

parvenu à rassembler un grand nombre de matériaux précieux, pour traiter ce dernier sujet pour lequel il s'était décidé. Mais en méditant sur les ruines du Capitole, lors de son voyage à Rome, il abandonna tout autre projet, et ne s'occupa plus que des causes qui avaient contribué à la décadence de l'empire. L'ouvrage de Pignotti, mieux conçu qu'exécuté, ne nous dédommage pas de celui de Gibbon. Son histoire de la Toscane est partagée en cinq livres dans le premier, qui lui sert d'introduction, l'auteur a exposé ses idées sur l'ancienne histoire des Etrusques; dans le second, il montre ce peuple tombé sous le glaive des Romains, et le droit de conquête y remplacer celui de la nature : cette triste période finit par la domination de la comtesse Mathilde, qui fit trembler les empereurs et les rois d'Italie. Dans le troisième, il présente le tableau des troubles et des guerres qui accompagnèrent l'usurpation des ducs d'Athènes; dans les quatrième et cinquième enfin, il nous fait assister à l'élévation et à la puissance de cette famille qui se montra d'abord si jalouse des droits du peuple, pour mieux l'asservir ensuite. Pignotti, en adoptant la manière de Voltaire, a écarté du récit des événemens tout ce qui pouvait en embarrasser la marche. Il a traité dans cinq dissertations ajoutées à son histoire, des questions imporportantes, qui servent à jeter un grand éclat sur les époques qu'il parcourt. Il s'y livre à des recherches sur l'art de la guerre dans le moyen âge; sur l'origine de la

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langue italienne, sur la renaissance des lettres, sur le commerce de la Toscane, et sur l'état des sciences, des lettres et des arts, la fin du 15° siècle, et au commencement du 16°. La santé de Pignotti s'affaiblit sous le poids d'un travail si extraordinaire. En 1801, son gouvernement le dispensa de donner des leçons publiques, et dans les années suivantes, il le nomma historiographe de la cour, membre du conseil d'instruction publique, et enfin recteur de l'université de Pise, qui est la plus grande dignité littéraire en Toscane. En 1809, Pignotti ressentit une première alteinte d'apoplexie, qui affaiblit considérablement sa mémoire : ses facultés intellectuelles s'étéignirent peu à peu sous les coups redoublés de cette terrible mala❤ die, pour laquelle on lui conseilla d'aller respirer l'air de Pise. Il ne s'y transporta que pour y mourir le 5 août 1812. Ses restes reposent dans le Campo Santo de cette ville, où les fils de son beaufrère, que par reconnaissance il avait institués ses héritiers, lui firent élever un beau mausolée.

PIHOREL(LOUIS-EMMANUEL), docteur en médecine de la faculté de Montpellier, ex-chirurgien-major de cavalerie, chevalier de la légion-d'honneur, est né à Falaise, département du Calvados. Il manifesta dès sa jeunesse du goût pour l'art de guérir, et vint faire ses études médicinales à Paris; il n'avait pas 20 ans qu'il était élève de première classe de l'école pratique, et le plus jeune des membres de la société d'instruction médicale. En 1803, il prit du ser

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