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aucune. Il perdit sa femme en 1806. Resté sans enfans, il se retira chez son frère, préfet à Orléans, partageant l'année entre cette ville et Paris, jusqu'à la restauration. Il retrouva chez M. le duc d'Orléans, l'ancienne bienveillance dent M. le duc de Chartres l'avait honoré; mais son âge et le peu de goût qu'il a toujours eu pour les affaires, le détournèrent de la pensée d'entrer dans son administration. Toutefois désirant vivement d'être à portée de cultiver les bontés de cette auguste famille, il dévona ses loisirs aux intérêts de Mile d'Orléans, qui donnaient alors peu d'occupation par la modicité de sa fortune. Quand son héritage lui permit de se former une maison, il y eut le titre de secrétaire des commandemens; mais séparé du soin des affaires, remises en d'autres mains. Il a fait imprimer, en 1808, deux volumes de pièces de théâtre, en vers; l'une d'elles, en cinq actes, reçue en 1800, à la Comédie-Française, et sur le point d'être jouée en 1802, fut soumise à une seconde lecture, et rayée du tableau. Depuis cette époque, il a renoncé à travailler pour la scène, ne se reconnaissant point les qualités qui en rendent l'accès facile. L'Ecole des pères, qui est restée au répertoire, et qui, souvent reprise, a été toujours revue avec le même intérêt, est mise en oubli depuis six années, sans qu'il ait cherché à en rappeler le souvenir. Cet oubli des comédiens est justement blâmé par le public. L'Ecole des pères est une bonne comédie, où la morale se déveJoppe avec un intérêt toujours croissant. On y remarque un trait

frappant quia beaucoup contribué au succès de la pièce, et qui fait toujours la même impression: au moment où le fils, après avoir ouvert le secrétaire de son père, va pour s'emparer de l'argent, il y trouve un papier sur lequel est écrit.... Acceptez, ne dérobez pas.

PIEYRE (LE BARON), frère du précédent, est né à Nîmes en 1755, ety fit ses études avec succès. Jeune, il séjourna une année en Italic, que son goût pour les beaux-arts lui fit parcourir, et fut reçu à Rome membre de l'académie des Arcades. De retour à Nîmes, il fut admis à l'académie de cette ville. Membre du directoire du département du Gard en 1790, et nommé en 1791 à l'assemblée législative, il partagea, après le 10 août 1793, les craintes de ceux qui comme lui avaient siégé au côté droit, où il s'était avantageusement fait connaître dans les comités. Lorsque après la chute de Robespierre la convention nationale voulut rélablir l'ordre, il fut appelé à la place de procureur-syndic du district de Nîmes, et peu après à celle de membre du département du Gard, dont il était président. Lors de la création des préfectures, il devint préfet du département de Lot-et-Garonne. Sa facile et conciliante administration lui mérita l'ordre de la légion-d'honneur, dès l'époque de son institution; et en 1806, après 6 ans d'exercice, la préfecture du Loiret, sans aucune demande de sa part. Présenté deux fois comme candidat pour le sénatconservateur par les colléges électoraux de Lot-et-Garonne et du Gard, il continua ses fonctions adminis

tratives à Orléans jusqu'à la fin d'avril 1814; se retira alors à Nîmes; et au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, nommé par ce collége à la chambre des représentans, il envoya sa non acceptation. Son fils, qui était depuis 4 ans sous-préfet à Nîmes, donna alors sa démis sion. Les troubles du département du Gard les ont amenés à Paris, où ils résident depuis avec leur fainille. Son titre de baron fut confirmé par le roi. M. Pieyre termine paisiblement sa carrière dans la culture des lettres, à laquelle il regrettait de ne pouvoir assez se livrer, au milieu des soins et des travaux que lui imposaient ses devoirs de fonctionnaire public.

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PIGAULT-LEBRUN, homme de lettres, un des plus féconds écrivains de notre temps, et qui a particulièrement obtenu, dans le genre du roman, des succès qu'on peut, sous tous les rapports, appeler populaires. Doué d'une grande facilité pour le travail et de l'imagination la plus vive, il a consacré la plus belle partie de sa vie à ces compositions, dont le ncmbre s'est accru au point de former une collection de 40 volumes environ. Tous les ouvrages de M. Pigault-Lebrun sont loin sans doute de mériter, sans restrictions, les suffrages des lecteurs; mais on trouve dans tous un talent incontestable, beaucoup de verve et d'originalité, de la vérité dans le tracé des principaux caractères, dont quelques-uns dégénèrent cependant en caricatures, de l'art dans le tissu des événemens, et par-dessus tout une gaieté franche et spirituelle, qui se communique au dehors, et qui a souvent déridé

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les fronts les plus sévères. Plusieurs de ces romans paraissent avoir été composés pour les dernières classes de la société; la phisophie de l'auteur est moqueuse et bouffonne; et dans ses tableaux grivois. pour ne rien dire de plus, les mœurs et le bon goût ne sont point, selon les nombreuses et justes critiques qui en ont été faites, assez respectés; mais malgré ces critiques, et peut-être par le genre de torts mêmes qui leur ont été reprochés, ces ouvrages n'en ont pas moins été recherchés avec avidité par le public. M. Pigault-Lebrun s'est aussi acquis de la réputation comme auteur dramatique. Ses comédies du Pessimiste, de l'Amour et la Raison, des Rivaux d'eux-mêmes, ses opéras du Petit Matelot, du Major Palmer (le sujet de ce dernier est tiré de son roman des Barons de Felsheim), son drame de Charles et Caroline, qui retrace une des aventures de sa jeunesse, etc., sont restés au théâtre, et se revoient avec plaisir. Il avait déjà donné, pendant les premières années de la révolution, quelques pièces, qui furent très-applaudies, telles que les Dragons et les Bénédictines, les Dragons en cantonnement, elc. " joués en 1793 et 1794. On lui attribue de plus quelques ouvrages auxquels il n'a point jugé à propos d'attacher son nom, entre autres le Citateur, qui fut saisi par la police impériale dans un moment de ferveur religieuse. Les autres ouvrages de M. PigaultLebrun sont:1° les Barons de Felsheim, 4 vol. in-12; 2° Mon Oncle Thomas, 4 vol. in-12; 3° Angéline et Jeanneton, 2 vol. in-12 2 (une

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des plus agréables productions de l'auteur); 4° l'Enfant du Carnaval, 2 vol. in-12; 5o M. Botte, 4 vol. in-12; 6 la Folie espagnole, 4 vol. in-12; 7° Idées générales sur notre position et celle des différens états de l'Europe, 1800, 1 vol. in-8°; 8° Jérôme, 1804, 4 vol. in-12; 9o Théatre et Poésies, 1806, 6 vol. in-12; 10° la Famille Luceval, 1806, 4 vol. in-12; 11° l'Homme à projets, 1807, 4 vol. in-12; 12° M. de Roberville, 4 vol. in-12 (faisant suite à l'ouvrage précédent); 15° Une Macédoine, 1811, 4 vol. in-12; 14° Tableaux de société, ou Fanchette et Honorine, 1813, et 2* édition, 1817, 4 vol. in-12; 15° Adélaïde de Méran, 1815, 4 vol. in-12 (conception triste et malheureuse, dont les sombres tableaux contrastent avec les autres productions de l'auteur); 16° Mélanges littéraires et critiques, 1816, 2 vol. in-12; 17° Encore du magnétisme, 1817, in-8'; 18° le Garçon sans-souci, 1818, 2 vol. in-12; 19° l'Officieux, 1818,2 vol. in-12; 20° l'Officieux, etc. M. Pigault - Lebrun, après s'être si long-temps occupé de romans et d'aventures imaginaires, vient tout récemment de consacrer sa plume aux vérités historiques. Il a publié, en 1824, les deux premiers volumes d'un grand ouvrage intitulé: Histoire de France, abregée, critique et philosophique, à l'usage des gens du monde, avec cette épigraphe : La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. L'auteur a très bien vu l'immense lacune que laissaient dans nos annales et ses devanciers et nos contemporains. Ce qui lui appartient en propre, et ce qui

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fait désirer vivement la continuation de ce travail important, c'est le soin que l'auteur donne à tous les détails, l'amour de la vérité qui le guide, et cet esprit d'impartialité qui, empreint dans chaque page, montre le travail qu'il s'est imposé pour connaître ce qui est vrai, et le devoir dont il ne s'écarte point de le dire sans cesse,sans fausse honte, et sans faux respect. S'il continue ainsi qu'il a commencé, il prendra une place distinguée parmi les historiens de la France, et peut-être sera-t-il celui qu'on lira avec le plus de plaisir, parce qu'il n'a ni la sécheresse des uns, ni la mauvaise foi des autres, ni la bassesse de quelques historiens passés, ni l'esprit de parti de quelques historiens présens. Sous ce rapport son travail est un service rendu à l'époque présente, et c'est précisément parce qu'on n'en attendait pas un pareil de M. Pigault-Lebrun qu'il faut lui savoir gré de le rendre, et le féliciter de l'avoir déjà en partie rendu.

PIGAULT-MAUBAILLARCQ, négociant à Calais, frère du précédent, a publié quelques ouvrages estimés, parmi lesquels on cite principalement la Famille Wieland ou les Prodiges, roman annoncé comme traduction libre. d'un mauscrit américain, 1807, 4 vol. in-12, et Isaure d'Aubigné, imitation de l'anglais, 1812, 4 vol. in-12. Ces deux écrits offrent de l'intérêt, et prouvent une ima◄ gination féconde.

PIGEAU (N.), professeur de la faculté de droit de Paris, et ancien procureur au Châtelet, s'est fait connaître par des ouvrages de jurisprudence, qui jouissent de la

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confiance des praticiens et de l'estime publique. Ce sont: 1° Procédure civile du Châtelet de Paris et de toutes les juridictions du royaume, 1779, 2 vol. in -4°; 2° Introduction à la procédure civile, exposée par demandes et par réponses, 1784, in-8°; 1811, in-8°; 1815, in-8°; réimprimée sous le titre de: Cours élémentaire du Code civil, 2 vol in-8°; 3° Notions élémentaires du nouveau droit civil, ou Exposé méthodique des dispositions du Code civil, 1804, 2 vol. in - 8°; 4° la Procédure civile des tribunaux de France, démontrée par principes, 1807, 2 vol. in -4°; 2° édition, 1812, in-4°; 5° Cours élémentaire des codes pénal et d'instruction criminelle, 1812; 2° édition, 1817. PIGEON (N.), général républicain, fut d'abord simple soldat; il s'éleva par sou courage et par ses talens au premier poste militaire, et servit successivement avec distinction dans les différentes armées que la France opposait alors sur plusieurs points à ses ennemis, mais il fut particulièrement employé à l'armée d'Italie. Il s'y distingua surtout à la bataille de Roveredo, où il commandait les troupes légères de la division de Masséna. Il avait sous ses ordres une division de l'armée en 1799, lorsqu'il fut blessé à mort à la malheureuse attaque de Vérone, dirigée par le général en chef Schérer. Il emporta l'estime et les regrets de tous ses compagnons d'armes.

PIGEON (N.), remplissait les fonctions de juge au tribunal civil du département de la Dordogne, lorsqu'il fut nommé, en mars 1799, par ce département,

député au conseil des cinq-cents. Il devint, en décembre de la même année, membre du corpslégislatif; il en sortit en 1803. Depuis lors il n'a plus exercé de fonctions publiques.

PIGNATELLI (FRANÇOIS), de la maison des princes de Strongoli, capitaine général napolitain, naquit à Naples, vers 1732. Il commença sa carrière militaire sous Charles III, dont il encourut la disgrâce pour avoir tué en duel le chevalier Pollatrelli. Plus heureux sous le règne de son successeur, Pignatelli fut chargé de l'organisation d'un bataillon de cadets, que les ministres de ce jeune prince lui conseillèrent comme un amusement, et dont le but caché était de le distraire de soins plus sérieux. Cette proximité avec le roi ne fut pas sans profit pour Pignatelli, qui en devint le confident et l'ami. Il n'avait encore aucune influence dans les affaires, lorsqu'il se présenta une occasion qui lui permit enfin de jouer un rôle. La chute de Tanucci et la présence de la reine au conseil (voyez CAROLINE D'AUTRICHE) avaient détaché le cabinet de Naples de ses anciens rapports politiques. Réuni à la France et à l'Espagne, ce pays faisait partie d'un système qui répondait à l'esprit de la maison de Bourbon, et aux besoins du midi de l'Europe. La reine, n'ayant en vue que les intérêts de sa famille, tâ chait d'échapper à la tutelle espagnole, pour se placer sous l'influence autrichienne, et entrer dans la coalition des puissances du Nord. Charles III, en sa qualité de père et de prince, ne vil pas sans chagrin la tendance de la

cour de Naples, et essaya vainement de s'opposer à ces projets, qui lui paraissaient aussi faux en politique qu'injurieux pour sa personne. En posant la couronne de Naples sur la tête de son fils, il avait eu soin de l'entourer de conseillers fidèles, qui par politique, ou par devoir, tenaient au pacte de famille mais l'arrivée d'Acton (voyez ce nom) et la faveur dont l'honorait la reine, dérangèrent ces combinaisons, et donnèrent un organe à la volonté de Caroline. Ce nouveau ministre apportait dans le conseil de Naples, ses affections pour l'Angleterre, et sa haine contre la France et l'Espagne. L'empire qu'il exerçait sur le cœur de la reine, et l'ascendant qu'il cherchait à prendre sur l'esprit du roi, alarmèrent le cabinet de Madrid, et engagèrent Charles III à demander brusquement à son fils le renvoi d'un homme qui travaillait à troubler la paix de leur famille, et le système politique de leurs états. Le roi fut frappé de cette sommation: il avait de la vénération pour son père, et assez de bon sens pour sentir la justesse de ses conseils. Mais asservi déjà par son ministre, et n'osant pas contrarier la reine, il résolut, d'après l'avis de l'un et de l'autre, d'envoyer un homme de confiance en Espagne, pour mieux disposer le roi à l'égard d'Acton, et soutenir celui-ci contre ses enneinis. Son choix tomba sur Pignatelli,àquila reine dit en partant: «Quel>> le que soit l'issue de votre négo>>ciation, ma volonté est qu'à votre >> retour vous assuriez le roi que » son père est entièrement revenu » de ses préventions contre Acton,

» et qu'il n'insiste plus sur son »éloignement.» Pignatelli accepta cette responsabilité, et promit d'agir d'après les instructions qui venaient de lui être communiquées. Ce qu'on lui demandait pourtant était le comble de la perfidie, le dernier degré de la corruption et de la bassesse d'un courtisan: il devait trahir la confiance de son roi et de son ami, se faire un jeu d'un monarque aussi respectable que Charles III, semer la discorde entre le père et le fils pour servir les passions de la reine, et maintenir en faveur un étranger qu'il n'aimait pas, et dont il était abhorré. Mais telle était l'opinion qu'on avait alors de la toute-puissance de la reine, de la nullité du roi, et du peu d'influence de la cour d'Espagne, que Pignatelli crut ne pas se compromettre beaucoup en se chargeant d'une trahison et d'un mensonge. Arrivé à Madrid, il fut admis à l'audience du roi, qui lui demanda si l'hommeétait parti. Pignatelli lui répon dit par un mouvement de tête qui exprimait le contraire de ce que le roi voulait savoir. Charles III lui tourna le dos, et ne le revit plus. De retour à Naples, Pignatelli y rendit compte de sa mission, parla au roi dans le sens de la reine, et reçut des éloges de tous les deux, sur les heureux résultats de cette négociation. Mais bien peu de temps après, Charles III interrompit sa correspondance avec son fils, et ne communiqua plus avec lui que par les voies diplomatiques. Pendant ce temps, le système du midi fut détruit à Naples: Acton y devint très-puissant; le marquis de la

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