Page images
PDF
EPUB

prises dans les deux pays pour déterminer la figure de la terre. L'institut nomma une commission pour faire cette comparaison avec toutes les précautions nécessaires, et le résultat a été consigné dans ses registres. Cet étalon fait partie d'une collection considérable d'instrumens de physique, qui appartient à M. Pictet, et avec laquelle il a donné plusieurs cours suivis par un grand nombre d'amateurs. » La ville de Genève a fait, en 1824, l'acquisition de cette riche collection, qui est aujourd'hui au nombre des collections du musée académique de cette ville: 4° Différens Opuscules cités dans l'Histoire littéraire de Genève par Sennebier (tom. 3, pag. 207 et 208); 5° plusieurs Morceaux au Journal de Paris, aux Lettres de Deluc, aux Voyages de Saussure, etc.

PICTET (CHARLES), ancien militaire au service de France, diplomate et littérateur, frère du précédent, est né en 1755. Destiné par sa famille à la profession des armes, après avoir terminé ses études, il entra au service de France dans le régiment suisse de Diesbach, et, après 10 ans passés honorablement sous les drapeaux, il rentra dans ses foyers, où fut ouverte une nouvelle carrière à ses talens. Il se distingua dans plusieurs emplois civils, et faillit devenir victime de la révolution qui éclata dans sa patrie. M. Pictet vécut assez long-temps, exclusivement livré aux travaux de l'agriculture et à l'étude des lettres. Après les événemens politiques de 1814 et de 1815, il rentra dans la carrière des affaires publiques,

et fut envoyé successivement aux congrès de Vienne, de Paris et d'Aix-la-Chapelle; enfin à la cour de Turin, pour y négocier le traité particulier avec Genève. M. Pictet a rédigé une partie considérable de la littérature et toute la partie de l'agriculture de la Bibliothèque britannique ou Bibliothèque universelle (voy. l'article précédent). Plusieurs des analyses des ouvrages qu'il a donnés à ce recueil, ont été publiées séparément. On lui doit: 1° Tableau de la situation actuelle des États-Unis d'Amérique, d'après Morse et les meilleurs auteurs amé ricains, 1795-1796, 2 vol. in-8°; 2° Education pratique, traduction libre de l'anglais de Marie Edgeworth, 1800, in-8°; 1801, 2 vol. in-8°; 3° Traité des assolemens, ou l'Art d'établir les rotations des récoltes, 1801, in-8°; 4° Faits et Observations concernant la race des merinos d'Espagne à laine superfine, et les croisemens, 1802, in-8°; 5 Théologie naturelle, ou Preuves de l'existence et des attributs de la Divinité, tirées des apparences de la nature, traduction libre de l'anglais d'après Paley, 1804, 1817, in-8°; 6° Recherches sur la nature et les effets du crédit du papier dans la Grande-Bretagne, traduit de l'anglais de H. Thornton, vol. in-8°; 7° Vues relatives à l'agriculture de la Suisse et aux moyens de la perfectionner, par E. Fellenberg, traduites de l'allemand et enrichies de notes, 1808, in-8°; 8° Cours d'agriculture anglaise, avec tes développemens utiles aux agriculteurs du continent, 1810, 10 vol. in-8°. C'est la réimpression de la partie de l'agriculture de la

Bibliothèque britannique ou Biblio thèque universelle.

1717. Les bienfaits de Benoît XIV le mirent sur le chemin des hon

PICTET DIODATI (MARC-neurs. Nommé trésorier par CléJUSTE), président de la cour suprême de Genève, né dans cette ville le 15 juin 1768, et parent éloigné des précédens, a long-temps rempli des fonctions publiques en France. Membre du barreau de Genève, il devint, après la réunion de ce pays à la France, l'un des administrateurs du département du Léman. Au mois de décembre 1799, il fut député au corps-législatif, où il resta pendant 5 ans. Remplacé dans ce poste par son compatriote M. Lefort, il passa à la présidence de la cour criminelle du Léman, que M. Lefort avait quittée, et rentra au corps-législatif en 1810. Il en faisait encore partie lors des événemens politiques de 1814. M. Pictet Diodati adhéra à la déchéance de l'empereur, et néanmoins, pendant les cent jours en 1815, il prétendit rentrer à la chambre, dont il fut exclu comme étranger. Devenu président de la cour suprême de Genève, il occupe encore cette place.

[blocks in formation]

ment XIII, recevant le chapeau de Clément XIV, il se rapprocha d'un trône qui devait l'ensevelir sous ses ruines. Porté aux hautes dignités ecclésiastiques par trois papes de principes et de caractères différens, on avait raison de le croire ou un homme médiocre, se renfermant dans le cercle de ses devoirs sans aspirer à le franchir, ou un esprit rusé, cédant au ponvoir pour cacher son ambition. La première de ces opinions, qui paraissait la mieux fondée, et qui était aussi la plus répandue, donnait peu de chances au cardinal Braschi de devenir le successeur de Clément XIV. L'abolition des jésuites, l'acte le plus hardi de la courte domination de ce pontife, avait livré le monde catholique à deux partis prêts à entrer en lice pour attaquer ou défendre les droits de cet ordre trop fameux. Le conclave qui s'ouvrit en 1779, composé lui-même d'élémens incohérens, se trouva, dès son début, exposé aux dissentions et aux cabales des amis et des ennemis des disciples de Loyola. Moins par calcul que par cet instinct qui l'a toujours guidé dans ses choix, le sacré- collège, après plusieurs mois d'hésitation et d'attente, triompha des efforts des partis, et se déclara en faveur de Braschi, également étranger à tous les deux. Sa nomination ne peut étonner que ceux qui ont peu médité sur les maximes traditionnelles de l'église; l'expérience ayant presque constamment prouvé que la majorité des suffrages s'y réu

Pie VI.

OF

nit de préférence sur ces hommes moyens qui n'ont ni opinions connues, ni principes avoués, et auxquels il suffit de n'avoir pas d'ennemis pour trouver des adorateurs. Les premiers actes d'autorité du nouveau pape furent de distribuer des aumônes, de réprimander le gouvernement de Rome, de supprimer plusieurs pensions onéreuses, de faire rendre un compte sévère au préfet de l'annône, et d'achever au Vatican un musée commencé par son prédécesseur, et destiné à recueillir les débris de l'antiquité provenant des fouilles de ses états. Aspirant à illustrer son pontificat par quelque entreprise d'éclat, il se décida pour la plus ruineuse, et ordonna le dessèchement des marais Pontins, qui avaient résisté, pendant des siècles, au bras puissant des empereurs romains. Au moment où la capitale du monde ne trouvait plus d'ennemis à combattre, le censeur Appius Claudius, qui s'était chargé d'aplanir les routes tracées par la victoire et la conquête, avait ouvert sur ce sol inhospitalier une communication facile aux voluptueux habitans de Partenope et de Baïes. César, avide de tous les genres de gloire, songeait à le rendre à la fertilité, lorsqu'il expira sous le fer des conspirateurs. Auguste, en le remplaçant sur le trône, s'empara de son projet, et fit creuser, le long de la voie Appienne, un canal destiné à procurer un écoulement aux eaux fétides des marais. Ces grands travaux, abandonés après la mort d'Octavien, ne furent repris que sous le règne de Trajan; mais toules ces tentatives, et celles que,

long-temps après, fit Théodoric pour empêcher le débordement des eaux, ne purent pas en arrêter les ravages. Les efforts des papes ne furent pas plus heureux que ceux des Césars, et ce que le génie actif de Boniface VIII, de Martin V, de Léon X, de Sixte V, n'avait pas pu exécuter, dut paraître à leurs successeurs indolens presque impossible à obtenir. Pic VI, aveuglé par un amour désordonné de gloire, ne vit pas tous les obstacles qu'il fallait vaincre pour assainir cette contrée. Voulant juger lui-même de la gravité du mal, et en examiner les remèdes pour le guérir, il se berça de toutes les espérances, s'enivra de tous les éloges, et crut l'entreprise facile parce qu'il la trouva extraordinaire. Rêvant à la prospérité future de ce pays, qu'il allait retirer des eaux, il traçait le plan d'une nouvelle ville qu'on devait y bâtir, et la dotait déjà d'un musée qui devait être alimenté par les produits des fouilles voisines. Cette entreprise, que le succès seul aurait pu justifier, fut la cause principale de l'appauvrissement des finances romaines; et lorsqu'elle échoua, on la regarda généralement comme téméraire dans le projet, désastreuse dans l'exécution, et honteuse pour le but, ne tendant qu'à enrichir un membre de la famille papale. Le peuple de Rome, réduit aux privations les plus dures, vit avec dépit le mauvais emploi qu'on faisait de la fortune publique, et s'exprima librement sur les fautes de son gouvernement, livrant au ridicule ceux qui le condamnaient à la misère. Lorsqu'en 1785, on imagina de relever

« PreviousContinue »