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de l'abbé Pâris; il y forma un pensionnat dont la réputation s'étendit au loin, et lui attira en peu de temps une foule d'élèves, ce qui décida le gouvernement à l'ériger, dès 1802, en école secondaire. Parmi les ouvrages qu'a pu bliés l'abbé Pâris, on cite particulièrement une jolie collection de 42 petites Cartes élémentaires d'astronomie et de géographie, in-18, gravées à Alençon par M. Godard, connu par la perfection avec laquelle il exécute ses gravures en hois; le texte a été imprimé sur le revers à Falaise, en 1807. Ce petit ouvrage très-instructif, ainsi que l'introduction à la géographie, allaient bientôt reparaître plus dignes de leur premier succès lorsque l'abbé Pâris mourut dans sa ville natale le 16 juin 1806.

PARIS (PIERRE-ADRIEN), architecte, naquit à Besançon, en 1747. Son père, qui le destinait à suivre la carrière où il s'était distingué comme intendant des bâtimens de l'évêque de Bâle, lui donna les premiers principes du dessin. Les progrès du jeune Pâris lui rendirent bientôt nécessaire une instruction plus étendue : il fut envoyé à Paris, et placé sous la direction de Trouard, architecte du roi, qui lui fit suivre en même temps les cours de l'école d'architecture. A l'âge de 20 ans, il partit pour Rome, avec le titre de pensionnaire; il s'y appliqua à la numismatique et à l'archéologie, sans négliger néanmoins les monumens d'architecture, dont il dessina les plus remarquables. De retour en France, le premier usage qu'il fit de ses talens fut d'en

richir de riches dessins les tableaux de la Suisse, par La Borde, et le Voyage à Naples, de Saint-Non; ce qui le fit connaître assez avantageusement pour devenir, en 1778, dessinateur du cabinet du roi, architecte des économats. Il fut ensuite chargé de tous les détails des fêtes de Versailles, de Marly et de Trianon; il remplaça, peu de temps après, Soufflot à l'académie d'architecture, et partit une seconde fois pour l'Italie, d'où il revint avec une ample collection de dessins. Il avait été. nommé pendant son absence architecte de l'Opéra ; et l'on dut à son talent, depuis 1785, toutes les décorations qui furent exécutées à ce théâtre, dont plusieurs sont du premier mérite, telles que celles d'Armide, de Panurge, etc. Il donna encore le plan du beau portail de la cathédrale d'Orléans, dont il surveilla la construction. Pâris fut créé, en 1 1788, , par Louis XVI, chevalier de Saint-Michel. Les lettres de noblesse qui lui furent expédiées sont conçues dans les termes les plus honorables. Aux approches des troubles de la révolution, il se retira dans un asile que l'amitié lui avait offert au château de Colmoulin, près du Havre. Sa santé, qui avait toujours été délicate, s'était de plus en plus affaiblie; il suivit le conseil qu'on lui donna de voyager pour se rétablir, et passa pour la troisième fois en Italie. La place de directeur de l'école de France était alors vacante par la mort de Suvée : il en fut chargé par interim. Quelque courte que fût son administration, elle se fit remarquer par les améliorations sensibles

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qu'elle apporta au sort des pensionnaires. Assujétis à toutes les formes de la discipline militaire, leur traitement ne différait pas de celui des soldats dans une caserné. Pâris, dans un mémoire adressé au ministre de l'intérieur, fit valoir la nécessité de remettre en vigueur l'ancien réglement, et y proposa même certaines modifications, qui furent adoptées. L'estime qu'il avait su se concilier à Rome détermina les membres de la consulte à lui offrir la place de conservateur de la basilique de SaintPierre; quelque lucrative qu'elle fût, il ne balança pas à la refuser, déclarant qu'elle appartenait à un architecte italien, et désigna celui qu'il jugeait le plus digne de l'occuper. Il était enfin déterminé à revenir en France, pour y passer le reste de ses jours au sein de sa famille, lorsque le gouvernement français l'invita à traiter de l'acquisition des antiques de la villa Borghese Pâris accepta cette marque de confiance, se trouvant heureux de continuer à procurer à son pays une collection qui fait aujourd'hui le principal ornement du musée royal. En 1811, il dirigea encore, sur l'invitation qui lui en fut faite, les fouilles du Colisée, et dressa un plan de restauration de ce monument, le plus vaste que les anciens aient exécuté, après avoir dessiné avec exactitude toutes les parties que les décombres tenaient cachées. Rien ne le retenait plus en Italie en 1814, si ce n'est son attachement pour un ami qui lui était bien cher, le respectable d'Agincourt, alors malade, et auquel il avait fourni des dessins

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pour son histoire des arts; il il craignait d'agraver son état en s'éloignant de lui dans de telles circonstances; ce ne fut que trois ans après, lorsqu'il lui eut rendu les derniers devoirs, qu'il partit pour la France. Il arriva à Besançon, épuisé de fatigues, et affaibli par un genre de vie sévère, que rien ne le put jamais déterminer à changer. Il s'occupait depuis vingt ans d'un travail important sur les édifices anciens de l'Italie; il se hâta d'y mettre la dernière main, et put se féliciter de l'avoir terminé avant sa mort, arrivée le 1er août 1819. Cet artiste avait toutes les qualités qui procurent les succès: du goût,de l'imagination, beaucoup de connaissances, un caractère facile et liant. Les savans, les artistes, et les littérateurs les plus distingués de France et d'Italie, le connaissaient et l'aimaient. Il était habile architecte; mais il a trouvé peu d'occasions d'exercer ses talens en ce genre. On ne connaît de lui que le portail de la cathedrale d'Orléans, dont nous avons parlé, et quelques bâtimens particuliers. Il avait aussi donné les plans de l'hôtel-de-ville de Neuchâtel et de l'hôpital de Bourg; mais il les a désavoués publiquement, parce que les constructeurs les avaient dénaturés, en y faisant des changemens essentiels sans sa participation. Il a traduit en francais: l'Agriculture des Anciens, par Dickson, Paris, 1802, in-8°, 2 vol. fig., et l'Agriculture pratique des différentes parties de l'Angleterre, par Marshal, ibid., 1803, 5 vol. in-8°, et atlas. Il a laissé en manuscrit les traductions des Observations sur le Vésuve, par W.

Hamilton; du Traité de la sobriété par Carnaro; du Voyage au nord de l'Angleterre, par Arthur Young; et des Lettres écrites de Barbarie, par Jardin. Il existe aussi de cet artiste un Recueil de dessins et d'études d'architecture, se composant de 9 vol. très-grand infolio; c'est en ce genre une des collections les plus précieuses. On a encore de cet artiste : Examen des édifices antiques el modernes de la ville de Rome, sous le rapport de l'art, etc., in-fol. avec des pl. L'auteur avait traité pour la publication de cet ouvrage avec un graveur célèbre qui, ne s'étant pas cru obligé de remplir les conditions couvenues, s'est dessaisi du manuscrit en faveur des héritiers. L'Amphithéâtre Flavien, vulgairement nommé le Colisée, restauré d'après les détails encore visibles de la construction, etc., in-folio, 45 pl. Ce travail se trouve à la bibliothèque du roi, mais on en voit aussi une copie à la bibliothèque de Besançon, à laquelle Pâris a également légué ses livres, ses tableaux et ses antiques. Il existe un catalogue raisonné du cabinet de cet artiste, imprimé à Besançon, en 1821, in-8°, par l'ordre du conseil municipal; il est précédé d'une notice sur la vie de Pâris, et orné de son portrait, et de 5 planches qui représentent des antiques.

PARISEAU (NICOLAS DE), né à Paris, en 1753, d'une famille assez riche, y fit de bonnes études, et, en outre, son père lui ayant laissé le choix de la carrière qu'il devait suivre, le jeune Pariseau se consacra exclusivement à l'art dramatique, et fut nommé

directeur des élèves pour la danse de l'Opéra; les soins qu'exigeait cette place, ne l'empêchèrent pas de composer pour plusieurs théâtres de la capitale un assez grand nombre d'ouvrages, dont quelques-uns eurent beaucoup de succès, et révèlent dans leur auteur l'habitude et l'entente de la scène, une certaine facilité à créer un sujet, à conduire une intrigue et à imaginer des ressorts comiques. Les bluettes échappées à la plume de cet écrivain, se distinguent en général par un style naturel qui ne manque ni de gaîté ni d'originalité. Il a donné: 1o au Théâtre-Français, le Prix académique, comédie en un acte, en vers, 1780; 2° au théâtre Italien, la Veuve de Cancale, parodie en 5 actes, en vers, de la Veuve du Malabar, tragédie de Lemierre, 5 octobre 1780; 3° Adélaide, ou l'Innocence reconnue, pantomime en 3 actes, 1780; 4° au théâtre Italien, Richard, parodie de Richard III, tragédie de Rozoy, 1781; cette parodie est piquante et spirituelle; on y applaudit surtout le couplet suivant: Richard,impatienté des refus de la princesse qui ne veut pas répondre à son amour, lui dit :

J'ai des procédés,
Et vous m'excédez !
Mais à la fin, moi, je tranche.
Je suis tout rond,
Et ma façon

Est franche:
Concluons donc
L'hymen où non
Coeur penche.
Réfléchissez-y
Jusqu'à samedi :

Nous nous marierons dimanche.

5° Au théâtre Italien, la Soirée d'été, divertissement en un acte et en vaudevilles, 1782; 6° la Dinde

du Mans, comédie en un acte, en prose, 1783; les Deux font la paire, ou les Deux bottes de foin, comédie en un acte, en prose, 1785; 8° le roi Lie, parodie en un acte, en vers, du Roi Léar, tragédie de Ducis, 1783; 9° au théâtre Italien, le Bouquet et les étrennes, comédie en un acte, en vers le sujet de cette pièce est tiré d'un conte d'Imbert; 10° au théâtre Italien, le Rendez-vous, ou les deux Rubans, comédie en un acte, mêlée d'ariettes; les airs de cette pièce furent faits avant les paroles. L'auteur de la musique l'ayant fait entendre sur des syllabes sans ordre ni suite, Pariseau eut la patience de les remplir. 11° Julien et Colette, comédie en un acte, en vers, 1788; 12° Jean La Fontaine, comédie en 3 actes, en prose, 1790. Pariseau rédigea dans les premières années de la révolution, le journal intitulé la Feuille du jour, journal qui renfermait une foule d'articles satiriques, dans lesquels Pariseau attaquait vivement les doctrines du moment; devenu suspect par ses opinions, il fut arrêté pendant le régime de la terreur, et enfermé au Luxembourg; la ressemblance de son nom avec celui de M. Parisot (voyez ce nom), ancien capitaine de la garde constitutionnelle du roi, qui se réunit aux Suisses pour défendre le château des Tuileries le 10 août, le fit comprendre dans une conspiration dite des prisons, et il périt victime de la tyrannie en 1793. Quelques-uns de ses amis qui n'avaient cessé de faire des démarches pour lui, et qui ignoraient son funeste sort, obtinrent enfin

du comité de salut-public, et peu après le 9 thermidor, sa mise en liberté. Impatiens d'embrasser cet infortuné, d'aller briser ses fers, ils volent au Luxembourg, demandent que les portes soient ouvertes à leur ami. Quelle est leur surprise! quelle est leur douleur! on leur apprend que deux jours auparavant Pariseau avait péri sur l'échafaud sous le nom et le titre de Parisot, capitaine de la garde royale.

PARISET (ÉTIENNE), médecin et littérateur, est né en 1770, à Grands, dans l'ancienne Champagne. Ses parens, hors d'état de lui donner une éducation soignée, l'envoyèrent à l'âge de 16 ans, à Nantes, chez un oncle, parfumeur. I

profitait de ses momens de loisirs pour se livrer à l'étude, et deux ans après, en 1788, admis au college de l'Oratoire, il y parut un des meilleurs écoliers de rhétorique. Forcé, en 1792, de partir pour les frontières, il fit, l'année suivante, la guerre de la Vendée, pendant laquelle, à ce qu'on prétend, il rédigea les pétitions qui servirent de base au rapport du conventionnel Pons - de - Verdun, en faveur de M" de Bonchamp, femme du célèbre général de ce nom; ainsi il eut le bonheur de contribuer à sauver la vie de cette dame. De retour à Nantes, il se livra à l'étude de la médecine, et obtint, au concours de l'école de Santé, la place d'élève qui venait dêtre créée. Il soutint, en 1805, pour obtenir le titre de médecin, une thèse sur les Hémorragies utérines. Quelques années après, il fit des Cours de physiologie et d'idéologie à l'Athénée de Paris. En

1820, il s'était manifesté à Cadix, une maladie dans laquelle on crut apercevoir les symptômes d'une contagion meurtrière; M. Pariset se rendit dans cette ville avec le jeune Mazet, son ami, et pour ainsi dire, son élève. Il a bientôt reconnu le caractère du mal qu'il se proposait de combattre, et le juge moins dangereux qu'on ne le croyait. Les craintes qu'avait éprouvées Cadix en 1820, farent ressenties à Barcelonne, l'année suivante, et eurent un effet plus terrible. M. Pariset partit accompagné de Mazet, et de deux autres de ses confrères; par une fatalité des plus déplorables, ce fut à Mazet qu'il donna, en quelque sorte, ses premiers soins, et il eut la douleur de le voir périr, après 10 jours de maladie. Le genre de cet ouvrage ne nous permet pas de discuter la part qui revient à M. Pariset dans la gloire acquise par la commission qui fut envoyée à Barcelonne. Nous dirons simplement qu'à son retour dans sa patrie, il fut comblé des faveurs du gouvernement. Il devint censeur et membre de la société des bonnes lettres.M.Pariset a traduit plusieurs ouvrages d'Hippocrate, ce sout: 4° Hippocratis de morbis vulgaribus libri primus et tertius integri, 1811, in-32; 2o des notes dans le Formulaire magistral, de M. Cadet Gassicourt; 5o Aphorismes d'Hip pocrate, latin-français, traduction nouvelle, 1817, 2 vol. in-32. M. Pariset est aussi l'un des rédacteurs du Journal de Médecine. Il a fourni à plusieurs journaux, et notamment au Spectateur politique et littéraire, et au Dictionnaire des sciences médicales, différens ar

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ticles; il est secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Médecine, et chevalier de Saint-Michel et de l'ordre royal de la légion-d'hon

neur.

PARISI (JOSEPH), lieutenantgénéral du génie, grand'croix de l'ordre militaire de Saint-Georges, membre de l'académie royale des sciences, et de l'institut d'encouragement de Naples, des académies italienne, ionienne, etc., naquit à Moliterno en Basilicate le 27 mars 1745, d'une famille inscrite à l'ordre de la noblesse dé Cosenza. Après avoir étudié les mathématiques, la philosophie et le droit sous le célèbre Genove si, et sous d'autres habiles maîtres, M. Parisi prit le parti des armes; il servit d'abord dans un régiment d'artillerie, et ensuite dans le corps du génie. En 1781, il publia un ouvrage intitulé: Elementi dell' architettura militare, en 4 vol. in-8°, dont il parut une nouvelle édition en 1802. Cet ouvrage donna une bonne opinion des talens de l'auteur,qu'on jugea digne d'aller examiner les progrès que l'art militaire avait faits en Allemagne. Il y fit un séjour de trois ans, qui lui servirent à étendre le cercle de ses connaissances. A son retour dans sa patrie, il fut promu au grade de colonel, et chargé de l'organisation d'une école militaire dont la direction lui fut confiée. En 1796, le roi de Naples le plaça à la tête de l'étatmajor de l'armée qu'il avait improvisée pour couvrir les frontières de son royaume; deux ans après il l'éleva au grade de maréchal-de-camp, et le nomma quartier-maître-général de l'ar

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