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contre lequel toutes les charges accumulées ne pouvaient établir ni la conviction des juges, ni celle du public, Moreau enfin, qui devait tout autrement porter ombrage, et l'on sait qu'il ne fut point lâchement assassiné dans les ténèbres. Sans ajouter au récit d'une fin cruelle des détails controuvés, ou à la longue liste des forfaits politiques un crime inutile, qui, selon les renseignemens les plus certains, ne fut jamais cominis, l'historien ne peut que déplorer le sort funeste d'un des premiers généraux de nos temps, admiré par ses ennemis mêmes, et qui s'était couvert de tant de gloire à la tête des armées françaises. Pichegru périt misérablement dans une prison de cette même France, dont il avait long-temps préparé les triomphes, fin indigne d'un tel homme. Ce n'était point là que le vainqueur des Autrichiens, des Prussiens, des Anglais, aurait dû terminer une vie si long-temps honorable.

PICHON (THOMAS-JEAN), docteur en théologie, administrateur de l'hôpital du Mans, ville où il naquit en 1731, et où il fit ses études, montra dès sa jeunesse de la vocation pour le sacerdoce. Reçu prêtre, il s'attacha à M. d'Avrincourt, évêque de Perpignan, par la protection duquel il devint chanoine et chantre de la sainte Chapelle du Mans. Monsieur, frère du roi, le nomma son historiographe pour l'apanage que ce prince avait dans cette partie de la France. A l'époque de la révolution, l'abbé Pichon, à qui l'on offrit, dit un de ses biographes, l'évêché constitutionnel du Mans,

le refusa, et ne voulut accepter que la place d'administrateur de l'hôpital de la ville. Son zèle, sa charité, y ont laissé des souvenirs durables. L'abbé Pichon mourut le 18 novembre 1812. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, dont nous citerons les principaux : 1° la Raison triomphante des nouveautés, ou Essais sur les mœurs et l'incrédulité, Paris, 1758, 1 vol. in-12; 2° Traité historique et crilique de la nature de Dieu, 1758, in-12; 3° Cartel aux philosophes, ou l'Immatérialisme opposé au matérialisme, Bruxelles, 1763, in8"; 4° là Physique de l'histoire, ou Considérations générales sur les principes élémentaires du tempérament et du caractère naturel des peuples, la Haye, 1765, in-12; 5 Mémoire sur les abus du célibat dans l'ordre politique, Amsterdam, 1766, in-12; 6° Mémoire sur les abus dans les mariages, Amsterdam, 1766, in-12; 7° les Droits respectifs de l'état et de l'église, rappelés à leurs principes, Avignon, 1766, in-12; 8° des Etudes théologiques, ou Recherches sur les abus qui s'opposent aux progrès de la théologie dans les écoles publiques, et sur les moyens possibles de les réformer en France, par un docteur manceau, Avignon et Paris, 1767, in-8°; 9° Principes de la religion et de la morale, extraits des ouvrages de Saurin, ministre du saint Évangile, 1768, 2 vol. in-12: les auteurs du Dictionnaire des Anonymes (tom. 4, pag. 327) font remarquer que le véritable auteur de cet ouvrage est un ministre du saint Évangile à Lausanne, nommé Durand, lequel le publia en 1767,sous le titre d'Esprit de Saurin. L'abbé Pichou

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s'empara du fond de ce livre, y fit des retranchemens et des additions, et le donna ensuite avec le titre précédemment cité. 10° Sacre et couronnement de Louis XVI, précédé de recherches sur le sacre des rois de France, et suivi d'un journal historique de ce qui s'est passé à cette cérémonie, avec figures par Patas, Paris, 1775, in-4: les Recherches appartenaient à Gobert, et le Journal à l'abbé Pichon; 11° les Argumens de la raison en faveur de la religion et du sacerdoce, 1776; Examen de l'Homme d'Helvétius, même année. Les Abus du célibat, etc., les Etudes théologiques, etc., contiennent quelques idées philosophiques qui contrastent assez fortement avec l'esprit de ses autres ouvrages. Elles lui furent sévèrement reprochées.

PICHON (LOUIS-ANDRÉ), diplomate, né à Nantes en 1771. En 1791, il passa aux Etats-Unis d'Amérique, et se trouvait à Philadelphie lorsque la légation française perdit son second secrétaire, qui se noya dans la Delaware. Le jeune Pichon, avec une connaissance parfaite de la langue anglaise, possédait des talens qui le rendaient propre à remplacer le secrétaire qui venait de périr; il était connu du ministre français, qui se l'attacha sur-le-champ. En 1795, il revint en France avec la légation, et fut dès-lors employé au ministère des relations extérieures, en qualité de sous-chef de division. Après avoir exercé pendant quatre ans cet emploi, il fut chargé de missions importantes, en Hollande et en Suisse. En 1800, il devint chargé d'affaires de France, et consul-général près

du gouvernement des Etats-Unis, où il demeura jusqu'en 1805. A cette époque, il fut rappelé, et sous divers prétextes, on lui suscita au conseil-d'état une sorte de procès politique. Le motif de ces tracasseries était, dit-on, que dans sa correspondance il avait émis des opinions peu favorables au système du gouvernement impérial, et fait sur l'expédition de SaintDomingue des observations trèssévères. Destitué par un décret qui, à ce qu'on ajoute, fut imposé au conseil-d'état contre le vœu de la majorité de ses membres, cette disgrâce ne l'empêcha pas néanmoins de devenir, en 1809, conseiller-d'état du roi de Westphalie, Jérôme Bonaparte, qu'il avait connu pendant son séjour en Amérique. Il devint même directeur de la caisse d'amortissement et chef du trésor, sous le nom d'intendant-général. On ignore la cause qui lui fit donner, en 1812, sa démission de tous ses emplois; alors il rentra en France, et n'y remplit aucune fonction; mais en 1814, après le retour du roi, il devint maître des requêtes. En 1817, M. Pichon fut chargé par le roi de l'inspection des Iles-du-vent. On a de lui les ouvrages suivans: 1o de nos Constitutions futures, 1814, in-8°; 2° Manuel du droit parlementaire, ou Précis des règles suivies dans le parlement d'Angleterre et dans le congrès des EtatsUnis, traduit de l'anglais, 1814, in-8°; 3° de l'Etat de la France, sous la domination de Napoléon Bonaparte, 1814, in-8°.

PICHON (CHARLES), capitaine au 10e régiment d'infanterie légère, chevalier de la légion-d'hon

neur, né, le 30 janvier 1773, à Ruffec, département de la Charente, entra, en qualité de volontaire, au 4me bataillon de ce département, le 5 août 1592. Il fit la campagne de cette année sur les côtes de Cherbourg, passa, en 1793, dans la Vendée, et fut ensuite employé successivement à l'armée du Rhin, au camp de Saint-Omer, à l'armée d'Angleterre et à celle du Danube. En 1805, 1806 et 1807, il fit les campagnes d'Autriche et de Prusse, et passa depuis en Espagne avec le corps dont il faisait partie; il demeura dans ce pays jusqu'en 1813. Sa conduite dans les diverses affaires où il s'est trouvé fut digne d'éloges; il reçut, en combattant vaillamment, quatre blessures sur les champs de bataille, obtint un sabre d'honneur le 29 germinal an 11 (19 mai 1803), la croix de la légion-d'honneur le 1er vendémiaire an 12, et le grade de capitaine au 10 régiment d'infanterie légère, dont il faisait partie depuis long-temps. Parmi les actions d'éclat dans lesquelles le capitaine Pichon a fait preuve de valeur, nous citerons celle du 3 vendémiaire an 8, où il s'empara, au passage de la Limath, d'une pièce de canon et des quatre che vaux dont elle était attelée, et la prise, à la bataille d'Austerlitz, d'une autre pièce de canon, qu'il servit lui-même, comme canonnier, pendant tout le temps que dura l'action. Retiré dans. ses foyers, le capitaine Pichon jouit de sa pension de retraite.

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PICOT (PIERRE), pasteur et professeur de théologie à Genève, y naquit le 29 janvier 1746. Il

son

descendait de Nicolas Picot, de Noyon, qui alla s'établir à Genève, en 1536, avec Calvin, compatriote. Destiné, par son propre choix, au ministère évangélique, Picot dirigea ses études vers ce but; mais il s'en traça lui-même un cercle étendu, et fit preuve de bonne heure de connaissances variées dans différentes theses, dont une sur le déluge, imprimée, en latin, à Genève, 1766, in4°. Peu d'années après, se trouvant à Londres, il gagna l'estime et l'amitié de Franklin, qui aurait voulu l'engager à accompagner le capitaine Cook dans son second voyage autour du monde, pour faire les observations astronomiques. Pendant toute sa vie, et au milieu des occupations de son état, Picot cultiva l'astronomie avec une sorte de passion. Aucune étude ne lui semblait se lier mieux avec les grandes pensées de la religion, et c'était souvent en contemplant la voûte céleste, qu'il élevait son âme, et préparait ses plus éloquentes prédications. II eut des relations avec Lalande : affligé autant que surpris que le grand observateur des cieux pût ne pas adorer leur auteur, il lui écrivit à ce sujet, dans l'effusion de son cœur, une lettre qui mériterait, dit-on, d'être publiée. Picot, doué de toutes les qualités qu'on aime et qu'on estime, cher à sa famille, à ses concitoyens, à ses nombreux amis, avait conservé, jusqu'à sa 77° année, une santé et des forces morales qui faisaient espérer pour lui une vie. égale à celle de ses parens, morts, l'un à 94 ans, et l'autre à go, après 59 années de mariage. Peu avant

sa mort, il prêcha encore avec un feu qui frappa vivement ses auditeurs, et 14 jours après, il succomba, sans douleur, à une attaque d'apoplexie, le 31 mars 1822. On a publié, depuis cette époque, un volume de ses Sermons, précé dés d'une Notice biographique, dont cet article est extrait (Genève, 1823, in-8°). La noblesse des pensées et du style, la richesse de Î'imagination, la chaleur et quelquefois un pathétique entraînant, caractérisent ces discours. La religion catholique y est peinte dans toute sa grandeur, sans esprit de secte ou de système; on sent partout l'élan d'une belle âme, qui voudrait pouvoir communiquer sa conviction à toutes les autres.

PICOT (JEAN), fils du précédent, né à Genève en 1777, cidevant professeur d'histoire, et aujourd'hui exerçant des emplois publics, est auteur des ouvrages suivans 1 Thèses sur la gravitation universelle, 1795; 2° Histoire des Gaulois, depuis leur origine jusqu'à leur mélange avec les Francs, Genève, 1804, 3 vol. in-8°; 3° Tablettes chronologiques de l'Histoire universelle, sacrée et profane, depuis la création du monde jusqu'à l'année 1808, rédigées d'après celles de Lenglet-Dufresnoy, Genève, 1808, 3 vol. in-8°; 4° Histoire de Genève, depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, accompagnée de détails sur les antiquités, les mœurs et usages, les tois, les monnaies, les progrès des sciences et des arts, Genève, 1811, 3 vol in-8°; 5° Statistique du canton de Genève, insérée dans l'Almanach helvétique, en allemand, et imprimée séparément en fran

cais, 1817, un petit vol. ; 6° Statistique de la Suisse, Genève, 1819, in-8°; 7° enfin divers opuscules.

PICOT (N.), chef de chouans, né à Rouen, où il résidait en 1792, adopta d'abord les principes de la révolution, et s'enrôla dans les chasseurs de la Montagne; mais il ne resta que peu de temps dans ce corps, déserta avec Chandelier, et alla offrir ses services aux frères CHOUAN (voyez ce nom), qui les acceptèrent. Après avoir fait pendant quelque temps partie de l'armée de Scépeaux, il passa dans la ci-devant Normandie, où Frotté le nomma l'un des chefs sous ses ordres. La division que Picot commandait, occupait, vers la fin de 1799, les environs d'Argentan. Lorsque le général Hédouville eut pacifié la Vendée, et signé, le 28 nivôse an 8 (18 janvier 1800), le traité de Montfaucon, Picot, qui n'avait point participé à ce traité, ne voulut point en accepter les conditions, et il se retira en Angleterre. Il revint en France, avec plusieurs de ses compagnons, au mois de février 1803. Depuis un mois il était caché à Rouen, lorsqu'on découvrit sa retraite. Picot, prévenu d'avoir tramé des complots contre la personne du premier consul Bonaparte, fut traduit devant une commission militaire, qui le condamna à mort.

PICOT (LOUIS), né à Josselin, petite ville du département du Morbihan, entra fort jeune au service d'un maître des postes, qu'il quitta pour suivre les chouans, dont il devint l'un des capitaines. Après le traité d'Amiens, il passa en Angleterre, où il obtint la

confiance de Georges Cadoudal, qui se l'attacha. Il accompagna ce chef lorsqu'un complot, ayant pour objet d'enlever le premier consul, et auquel il fut associé, le ramena en France en 1804. Arrêté avec Georges Cadoudal et plusieurs autres conjurés, Picot fut conduit avec eux au Temple, et mis en jugement peu de temps après. Condamné à mort le 9 juin 1804, il fut exécuté n'ayant pas atteint sa vingt-huitième année.

PICOT (PHILIPPE), baron de LA PEYROUSE, chevalier de la légion - d'honneur, ancien avocat des eaux-et-forêts à la table de marbre, associé correspondant de l'institut de France, membre de l'académie des jeux floraux, et secrétaire perpétuel de celle des sciences de Toulouse, associé à la plupart des académies et sociétés savantes de l'Europe, ancien maire de Toulouse, doyen de la faculté des sciences de cette ville, y naquit le 20 octobre 1744. Après avoir fait des études brillantes, un mouvement de piété le conduisit dans la milice de Saint-Dominique, et Picot devint novice an couvent des jacobins. Mais sa ferveur diminua; il crut qu'il valait mieux servir son pays que passer sa vie à l'ombre d'un cloître, et rentra dans le monde. Ses instans se partageaient entre l'étude des lois et celle des belles-lettres. Il refusa, en 1771, de faire partie des nouvelles cours créées par le chancelier Maupeou (voyez ce nom), donna la démission de sa charge, et fut chercher dans les Pyrénées de la gloire et des délassemens. Les premiers mémoires qu'il publia sur la contexture des monta

gnes et les végétaux qu'elles renferment, attirèrent sur lui l'attention des érudits. Les académies des sciences de Paris, de Stokholm, de Turin et de Toulouse, l'associèrent à leurs travaux. En attendant, il guidait Dolomieu sur les monts qui environnent Barège, et lui sauvait la vie sur le roc dangereux de l'Hieris. Linnée, Buffon, Daubenton, Mauduit, M. de Lacepède, etc., entretenaient avec lui une correspondance aussi utile qu'intéressante. Son Traité des forges et des mines du pays de Foix, obtint une célébrité qu'il méritait. Cet ouvrage, traduit en allemand et en suédois, réimprimé à diverses époques, devint classique dans les pays où l'on s'occupe beaucoup de la manipulation du fer. La révolution éloigna momentanément Picot de son cabinet. Devenu président du disctrict de Toulouse, il montra de la fermeté et du caractère, protégea les bons citoyens, et sauva une multitude de monumens et d'objets d'arts qui sans lui eussent disparu. Jeté luimême dans les cachots, il ne dut sa liberté qu'au 9 thermidor; il en profita pour aller encore dans les Pyrénées, qu'il a explorées durant trente ans avec un zèle infatigable, et se délassait de ses occupations sérieuses en inventant de nouveaux procédés pour la gravure des plantes. Nommé inspecteur des mines, il vint à Paris, et ouvrit à l'école des mines plusieurs cours, où de nombreux élèves applaudirent à l'élégance et à la clarté de ses discours, et à la profondeur de ses vues. Charmé de retourner dans sa ville natale, il accepta la place de professeur

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