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sont le plus beau monument lyrique de la poésie italienne. Après la mort du comte de Firmian, les ennemis de Parini cherchèrent à lui nuire auprès de son successeur, qui le menaça de la perte de ses emplois, mais qui n'osa pas les lui retirer. En attendant, Parini applaudissait aux réformes que Joseph II introduisait dans ses états, et qui préludaient aux changemens plus importans que devait y opérer la révolution française; il ouvrit son âme à l'espérance de voir briller un meilleur avenir pour sa patrie. S'adonnant tout entier à la politique, il suivait attentivement la marche des événemens et les progrès de la liberté; sa vue affaiblie déjà par le travail, souffrit encore de la lecture assidue des journaux, et son œil droit se couvrit d'une cataracte qui, quelques années plus tard, se répandit sur le gauche. Lorsque Léopold II vint à Milan, il prit des informations sur Parini, et apprenant qu'il n'avait pas une fortune proportionnée à ses besoins, i ordonna qu'on augmentât ses pensions, et qu'ou le mît à la tête des écoles de Brera. Les devoirs de son état, et son goût pour la politique, le tiprent quelque temps éloigné de, la poésie; il y revint enfin pour céder au désir que lui témoignait l'archiduchesse Marie-Béa trix d'Este, de voir son poëme achevé. Parini était occupé à polir les derniers chant du Giorno, lorsque les Français firent la con- › quête de la Lonibardre. Le général Bonaparte le fit nommer chef de la municipalité de Milan, place dans laquelle Parini resta tant

qu'il se flatta de pouvoir faire le hien de son pays; mais dès qu'il s'aperçut qu'on voulait se servir de son influence pour mieux asservir ses concitoyens, il se démit de ses fonctions, et fit distribuer en secret aux pauvres l'argent qu'il avait tiré de ses appointemens. S'enfermant alors dans le cercle de ses occupations littéraires, il conçut le plan d'un ouvrage sur la Cène de Léonard de Vinci, que malheureusement pour les arts il n'eut pas le temps d'exécuter. Cependant les Autrichiens qui avaient reparu en Italie, en avril 1799, renversèrent la république Cisalpine, et persécutèrent ceux qui avaient pris la moindre part aux affaires publiques. Parini fut respecté,et, profitant de cet intervalle de repos, il se fit opérer d'un œil qu'il eut le bonheur de recouvrer. Mais, obligé de se tenir long-temps couché et immobile, il se manifesta une hydropisie dans ses jambes, pour laquelle les médecins lui conseillèrent d'aller habiter la campagne. Il s'y transporta en effet, mais n'ayant pu en supporter l'air trop vif pour un corps épuisé, il revint à Milan, où il mourut, septuagénaire, le 15 août 1799, Parini était d'un goût très-sévère, et se montrait toujours mécontent de ses productions: « Je ne puis pas louer, disait-il, ce que les autres admi»rent: je sais ce qui manque à la » perfection de mes vers, mais je »suis trop vieux pour être en état » de mieux faire. » Il a pourtant laissé des traces profondes dans la route qu'il s'est frayée. Ami éclairé des arts, il avait une prédilection marquée pour la vie des

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peintres de Vasari, dont il faisait sa lecture habituelle; il aimait aussi Plutarque, qu'il appelait le plus honnête écrivain de l'antiquité; et, en parlant de Macchiavelli, il disait «Cet auteur apprend à »penser, à parler et à écrire libre»ment. » La musique exerçait un charme inexprimable sur ses sens; il fut intimement lié avec Sacchini, dont il déplora la mort dans une ode qui est regardée, à juste titre, comme l'une des plus belles qu'il ait composées. Il regardait Alfieri comme le créateur de la tragédie italienne, et comme celui qui s'était le plus rapproché du caractère du théâtre grec, dont le but était de rendre odieux les tyrans, et d'élever le peuple à la liberté par des sentimens nobles et hardis. Parini aimait l'ordre et la justice; il n'était pas de ces esprits turbulens qui ont fait à la cause de la liberté plus de mal que ses ennemis mêmes. Il combattit contre tous les excès: «Par la persécution et la violen»>ce, disait-il, on ne vient à bout » de rien le chemin de la liberté » n'est pas celui de la licence, et »l'on ne doit pas se flatter d'y » parvenir par les crimes. » Lorsque le général Despinois s'emporta d'une manière brutale contre la municipalité de Milan, Parini se retournant vers ses collègues, leur dit en riant : « On va remon»ter un peu plus haut nos échar» pes, et nous serrer le cou avec » elles. » Un homme qu'il n'estimait pas lui reprochait un jour d'avoir donné l'aumône à un prisonnier autrichien........ : «Je ne la refuse à » personne, répondit Parini, je la » ferais à un Ture, à un Juif, à

» toi-même, si tu venais me la de>> mander. » On voulut l'obliger un jour à crier devant le théâtre, mort aux aristocrates! « Vive la » république! cria-t-il, et mort à » personne. » A l'arrivée des troupes autrichiennes à Milan, lorsque ses ennemis redoublèrent d'efforts pour lui faire perdre ses places, il refusa les offres d'un ami en disant : «Je demanderai »l'aumône, et je vivrai pour »l'exemple de la postérité et la

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honte de mes concitoyens. Le dernier jour de sa vie, il dicta encore à un de ses amis un sonnet contre les Autrichiens, alors maîtres du territoire de sa patrie. L'astronome Oriani, qui ne put pas obtenir du gouvernement autrichien de consacrer en public la mémoire d'un si illustre citoyen, lui fit, au retour de la république, élever à ses frais un monument sous les portiques du gymnase de Brera. Outre les ouvrages mentionnés dans le cours de cet article, Parini a laissé des éloges, des discours, des lettres, des poésies de toute espèce, des contes, et plusieurs programmes pour des sujets de peinture et de sculpture qui prouvent son goût et son imagination. La collection de ses œuvres fut publiée à Milan, en 1801, 6 vol. in-8°, par l'avocat Reina, qui a composé l'éloge de ce célèbre poète.

PARIS (N.), ancien garde-ducorps du roi Louis XVI, n'avait point attiré l'attention publique avant la révolution; une seule action l'a rendu fameux. Cédant à l'indignation que lui avait inspirée la condamnation du roi, il erut servir son parti, en im

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molant un des membres de la convention qui avaient voté la mort du monarque. Paris avait d'abord résolu, dit-on, de tuer le duc d'Orléans, et chercha vainement l'occasion de frapper ce prince, qu'il ne put approcher. Le 20 janvier 1793, il entra chez un restaurateur du Palais-Royal, nommé Février, et y reconnut un des hommes qu'il avait dévoués à la mort. Paris l'aborde aussitôt, lui demande : «N'êtes-vous pas Lepeletier de Saint-Fargeau ? Oui. Vous avez voté la mort du roi? Oui. » A l'instant il lui plonge dans le corps le sabre qu'il portait sous son manteau. Lepeletier expira peu de momens après. Au milieu du tumulte, Paris trouva le moyen de s'échapper, et sortit bientôt des murs de Paris. Son signalement fut répandu dans toute la France. Un décret de peine de mort fut porté contre quiconque lui donnerait asile. Après avoir erré quelques jours aux environs de Paris, il fut reconnu dans une auberge où il venait de se réfugier, et au moment où la force armée y entrait pour le saisir, il mit lui-même un terme aux poursuites, et se tua d'un coup de pistolet.

et de celle des Cordeliers. Dans le courant d'octobre, Hébert l'accusa aux jacobins d'avoir été dans son département pour y scruter sa conduite, et Momoro, pour fortifier l'accusation, ajouta que Fabricius était un patriote de fraiche date. Au moment où Robespierre voulait se débarrasser de Danton, Paris, qui eut connaissance de l'intrigue, fit tous ses efforts pour arracher celui-ci à son insouciance naturelle : le jour même de son arrestation il lui annonça qu'on devait se saisir de sa personne pendant la nuit, et le trouvant toujours incrédule, il le rejoignit à l'Opéra pour l'empêcher de rentrer chez lui; tout fut inutile. Danton s'obstina à regagner son domicile; il y fut arrêté, et de là conduit à l'échafaud. Paris fut incarcéré au 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794); mais ayant recouvré la liberté, il fut nommé greffier du tribunal révolutionnaire régénéré, et mourut sous le gouvernement directorial.

PARIS (P. L.), membre de la congrégation de l'oratoire et professeur de belles-lettres à l'époque de la révolution, en embrassa les principes avec exagération. Au mois de juillet 1792, il fut arrêté pour avoir provoqué l'insurrection contre Louis XVI, en s'écriant dans sa section : « C'est ici >> un combat à mort entre Louis >> XVI et la liberté. » Plusieurs sections de Paris réclamèrent con

PARIS (FÉLIX), greffier du tribunal révolutionnaire de Paris, embrassa la cause de la révolution avec enthousiasme, et se fit autoriser, en 1793, à prendre le nom de Fabricius pour quitter celui du garde-du-corps qui avait frap-tre la détention de Paris, et l'aspé Félix Lepeletier. Il n'est pas étonnant dès-lors qu'il se soit lié avec Danton; mais il l'est davantage qu'il fût à la fois membre de la société des Jacobins

semblée législative enjoignit au ministre de la justice de faire un rapport sur les poursuites exercées contre ceux qui l'avaient ordonnée. Paris sortit de prison. En

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venant remercier l'assemblée de lui avoir rendu la liberté, il demanda la mise en accusation du juge - de - paix Duperon, qui avait lancé contre lui le mandat d'arrêt; il devint, peu de temps après, officier municipal de la ville de Paris. En 1793, le conseil-général de la commune le chargea d'écrire l'histoire de la journée du 31 mai, et lui adjoignit plusieurs écrivains qui partageaient ses opinions. Paris continua d'exercer les mêmes fonctions jusqu'au 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794), mais alors il fut mis hors la loi comme complice. de Robespierre; traduit au tribunal révolutionnaire le 11, il entendit son arrêt avec fermeté, et son courage ne se démentit pas dans ses derniers momens. Il a publié 1o des Odes sur le globe aérostatique, sur l'électricité, et sur J. J. Rousseau, 1785; 2° les Éloges de Peiresc, du capitaine Cook, 1790; 3° un Projet d'éducation nationale.

PARIS (LE BARON MARIE-AUGUSTE), lieutenant-général, officier de la légion d'honneur, né, en 1771, dans la commune de Villeneuve, arrondissement de Mirande, département du Gard, est mort à Perpignan, le 3 juin 1814. Il était fils d'un juge de la ville d'Auch. Sa mère, restée veuve avec une nombreuse famille, livrée entièrement à l'éducation de ses enfans, avait destiné Auguste Paris à l'état ecclésiastique. Son peu de vocation pour cet état lui fit quitter le séminaire, afin de se réunir à ses frères, qui avaient établi une maison de commerce à Bordeaux; mais l'invasion de la

France par les Espagnols dérangea ces projets; il fut appelé à la défense de son pays, et un des bataillons de la Gironde vit les cinq frères Paris enrôlés dans la même compagnie. Auguste Paris, parvenu au grade de capitaine adjudant-major, fut détaché de l'armée des Pyrénées pour se rendre dans la Vendée. La destination de son bataillon ayant été changée à son passage à Rochefort, il fut mis à la disposition de Victor Hugues et embarqué pour les Iles-duVent. C'est avec ce bataillon que la Guadeloupe a été reprise sur les Anglais, et c'est à la tête de ce même bataillon que l'adjudant-major Paris donna de nouvelles preuves de son courage et de ses talens. Il était colonel lorsqu'il fut grièvement blessé à la prise du camp de Saint-Jean, où l'armée anglaise, commandée par le général Graham, fut obligée de mettre bas les armes; il fut élevé au grade de général de brigade par les commissaires du gouvernement, Victor Hugues et Lebas. Resté à la Guadeloupe sous les ordres des gouverneurs qui leur succédèrent, le commandement lui en fut confié après la déportation du général Desfournaux, par les habitans de cette île. De retour en France, il fut employé dans l'expédition de Flessingue et ensuite en Espagne. Sous les ordres du maréchal Suchet, il prit part à toutes les actions et à tous les siéges entrepris par ce maréchal dans la Catalogne, l'Arragon, et le royaume de Valence;il fut blessé à la célèbre bataille de Sagonte, qu'il décida en faveur de nos armes par une charge vigoureuse, à la tête de sa briga

de. Le maréchal lui confia le gouvernement de Sarragosse. Le général Paris eut dans ce commandement de grandes difficultés à surmonter. Tour-à-tour attaquant et attaqué, il déploya une activité extraordinaire, et s'engagea dans des expéditions plus ou moins im portantes, qui toutes tournèrent à l'avantage de l'armée. En 1813, abandonné à Sarragosse à ses propres forces, il fut le dernier à quitter le sol espagnol. Sa division ne se composait que d'un très-petit nombre de troupes, et tous les passages lui étaient fermés cependant il ne se laissa point intimider par le général Mina à la tête de toutes ses bandes réunies. Après l'avoir quelque temps évité en employant tout l'art de la stratégie, il lui passa sur le corps, parvint sans perte au fort de Jaca, et fit sa jonction avec l'armée du maréchal Soult, à laquelle il resta attaché. Cette action lui mérita le grade de général de divi sion, et le commandement de la division de l'armée du maréchal Soult. Le général Paris s'opposa long-temps, avec de très-faibles moyens, aux entreprises de la grande division anglaise, commandée par le général major Hill. La bataille d'Orthez lui fournit bientôt les moyens de déployer son courage et son habileté accoutumés. Quoiqu'il souffrit beaucoup de ses blessures, il ne put consentir à prendre du repos dans les circonstances difficiles où la patrie se trouvait engagée. Il continua de prendre part avec la même activité à toutes les opérations de la retraite remarquable terminée par la bataille de Toulouse. A

la paix, le général Paris fut rappelé avec sa division à l'armée du maréchal Suchet, à Narbonne et à Perpignan. Il mourut, jeune encore, dans cette dernière ville, par suite de ses blessures et des fatigues de la guerre. Le désintéressement et la modération du lieutenant général Paris, dans l'exercice des fonctions et des gouvernemens qui lui furent confiés, lui ont acquis l'estime des ennemis qu'il avait à combattre. Il n'a laissé à sa veuve et à sa fille, retirées à la Martinique, d'autre fortune qu'une modique pension.

PARIS (LOUIS-MICHEL), naquit à Argentan en 1740, fit de bonnes études, et embrassa l'état ecclésiastique. Ayant refusé de prêter le serment exigé des prêtres en 1790, il fut obligé de quitter la France, et partit pour l'Angleter

re le 1 septembre 1792. Il s'y

consacra à l'instruction de la jeunesse, eleva d'abord une école à ses frais, où il réunit un grand nombre d'élèves. Lié avec l'abbé Carron, il ne quittà son établissement que pour aller contribuer aux succès de l'école que ce dernier avait fondée en faveur des enfans de familles françaises réfugiées à Londres. Pâris y resta deux années, pendant lesquelles il fit paraître une Introduction à l'étude de la géographie, et des Elemens de grammaire française. Ces deux ouvrages, écrits avec méthode et clarté, obtinrent un succès mérité. Pâris profita de la révolution du 18 brumaire an 8 pour revenir en France, et rentra dans le sein de sa famille le 3 décembre 1801. La carrière de l'ins-. truction était devenue l'élément

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