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Seine-et-Marne, naquit à Melun, en 1752, et n'entra dans la carrière ecclésiastique que par l'ordre formel de son père. Engagé malgré lui dans un état qui ne convenait ni à son esprit ni à ses goûts, il adopta avec exaltation les nouveaux principes, et renonça solennellement à ses fonctions ecclésiastiques. En 1793 il se maria, et à cette époque fut le rédacteur du Journal des campagnes, feuille qui, malgré les désordres du temps, renfermait généralement des articles sages et modérés. On lui attribue le Courrier français, in-4°, qui parut égale ment pendant la révolution. Sous le gouvernement impérial, Parent occupa un faible emploi dans les bureaux de la police; il en fut privé lors de la première restauration en 1814. Réduit à corriger des épreuves dans une imprimerie, il vécut dans la plus grande gêne, et mourut, à l'âge de 70 ans, le 20 janvier 1822. On rapporte qu'il disait à ses derniers momens : « Mon Dieu, vous savez » que ce que j'ai fait était dans »l'intimité de ma conscience; je »ne m'en repeus pas. » Il a publié, en 1799, in-8°: Recueit d'Hymnes philosophiques, civiques et moraux, augmenté de la note en plain-chant, d'après la musique des meilleurs auteurs, pour faciliter dans les campagnes la célébration des fêtes républicaines. Son extrême pauvreté ne lui a pas permis de mettre au jour différens opuscules dont il a fait circuler des copies. Ce sont : 1° l'Ennemi du sang; 2° Raisonnons tous, raisonnons tout; 3° Mon epitaphe et mes confessions, ou Ma profession de foi.

PARENT-DE-CHASSY (NICOLAS), était avocat du roi aù conseil et au présidial de Troyes, lorsqu'il fut élu, en 1789, député du tiers-état du bailliage du Nivernais aux états-généraux, où il se fit peu remarquer. Il retourna dans son département après la session, et avait renoncé aux affaires publiques, lorsque des papiers trouvés dans l'armoire de fer aux Tuileries, l'ayant fortement compromis, il fut décrété d'accusation par la convention nationale; conduit à Paris et livré au tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort comme conspirateur, et exécuté le 2 février 1796; il était à peine âgé de 37 ans.

PARENT-REAL (N. J. M.), avocat à la cour royale de Paris, est né à Ardres, arrondissement de Saint-Omer, au mois d'avril 1768. Son père, qui avait servi dans la gendarmerie, le destinait à entrer dans ce corps dont la suppression le força à changer ses projets. Il dirigea vers la profession du barreau la vocation encore incertaine de son fils. Envoyé au collège de Saint-Omer, le jeune Parent y fit de bonnes études, qu'il acheva chez les oratoriens, à Boulogne, et au collège de Sainte-Barbe, à Paris, où il fut le condisciple de l'abbé Nicole, ex-recteur de l'académie de Paris; de M. Lemaire, professeur de la faculté des lettres; de M. Planche, professeur de rhétorique, ct de plusieurs autres élèves, qui se sont depuis distingués dans diverses carrières. Décidé à suivre la carrière du barreau, il fit son droit, et fut reçu avocat au parlement de Paris, le 6 février 1790, durant les vacances extraordinai

res qui précédèrent la suppression des parlemens. Il exerçait la pro

fession d'avocat au tribunal de district de Saint-Omer, lorsqu'il fut nommé, par dispense d'âge, secrétaire en chef de l'administration du district de Calais, du directoire duquel il devint bientôt l'un des membres. La loi du 17 frimaire an 3, portant que les parens et alliés jusqu'au degré de cousins-germains ne pouvaient être en même temps, l'un receveur de district, et l'autre administrateur du directoire du même district, M. Parent-Réal, qui était le beau frère du receveur, se démit de ses fonctions, et fut nommé à celles de juge-de-paix du canton d'Ardres, qu'il exerça jusqu'à la mise en activité de la constitution de l'an 3. A l'installation du directoire-exécutif, il devint successivement son commissaire près de l'administration municipale de Saint-Omer et près de l'administration centrale du département du Pas-de-Calais. Après le coup d'état du 18 fructidor an 5, l'ancien commissaire près de cette administration ayant été rappelé à ces mêmes fonctions, M. ParentRéal fut nommé administrateur du département, et il en était le président, lorsqu'il fut élu l'un des députés du département du Pas-de-Calais au conseil des cinq cents. Une circonstance remarquable dans les élections de ce département, en l'an 7, c'est que sur huit députés à élire, la petite ville d'Ardres, dont la population s'élève à peine à 600 âmes, avait fourni trois députés, dont l'un pour le conseil des anciens, M. Garnier, et deux pour le conseil des cinqcents, MM. Parent-Réal et Saint

Amour. Durant son commissariat à Saint-Omer, l'on avait tenté, en prairial an 10, d'organiser dans cette ville des compagnies d'égorgeurs, pour y répéter les désordres d'Aix et de Marseille; mais il réprima ces mouvemens séditieux, et préviat les crimes en annonçant, dans une proclamation énergique, « qu'il sévirait égale»>inent contre le disciple de Marat »> et contre le compagnon de Jésus, » et que le gouvernement, qui avait » brisé les échafauds, empêcherait >> les hécatombes. » M. Parent-Réal proposa au conseil des cinq-cents de consacrer, d'une manière spéciale, la publicité des lois, portant la déclaration qu'une armée «a bien mérité de la patrie par l'inscription en entier du décret sur un drapeau porté dans l'armée, alternativement à la tête de chaque compagnie. Il parla sur le projet de résolution relatif aux tribunaux de commerce; et fit la proposition nouvelle d'établir près de ces tribunaux un commissaire du gouvernement, pour y surveiller et assurer l'exécution des lois, ainsi que le ministère public le fait près des autres juridictions. Il prononça plusieurs autres discours, et s'était fait remarquer dans cette assemblée, où il ne siégea que quelques mois, parla sagesse de ses opinions et de ses votes. Après le 18 brumaire an 8, M. Parent-Réal fut élu membre du tribunat. Il y demanda, par motion d'ordre, que les présentations à faire par le tribunat de candidat pour le sénat-conservateur fussent motivées; il parla contre l'application du principe des cautionnemens aux fonctionnaires et employés non comptables; il com

battit le projet de loi portant établissement de tribunaux criminels spéciaux; il s'éleva aussi contre la recherche de la paternité non avouée, et il prononça de vant le corps-législatif, comine orateur du tribunat, un discours sur le projet de loi tendant à déclarer que l'armée d'Orient, les administrateurs, les savans et les artistes de l'expédition d'Egypte, avaient également bien mérité de la patrie. Il fut compris, en l'an 10, dans le premier cinquieme sortant, par voie d'élimination, et ne quitta plús depuis cette é poque la vie privée, que pour exercer successivement le ministè ré d'avocat à la cour de cassation, au conseil-d'état et aux conseils du roi. Lors de la condamnation du général Moreau, par le tribunal du département criminel de la Seine, il offrit d'être son défenseur de vant la cour de casssation; mais le général, refusa de tenter aucune espèce de recours. Parmi les travaux et les succès judiciaires de M. Parent-Réal, l'on a pu distinguer une demande en prise à parthe pour M. de Boileau, avocat à Abbeville, et plusieurs mémoires sur la question de validité de paiemens effectués en rescriptions de la trésorerie et en mandats faisant office de rescriptions, pour solde d'acquisitions de bois nationaux. Cette contestation, soutenue pour la négative, opiniâtrement par le fisc, intéressait pour une somme de plusieurs millions, valeur metallique, le plus grand nombre des acquéreurs de bois nationaux dans, le département du Pas-de-Calais, ainsi que dans plusieurs autres. Nous devons aussi mentionner un

T. XVI.

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plaidoyer prononcé dans une cause capitale, pour un cultivateur, accusé d'avoir assassiné sa femme, dont M. Parent-Réal prit la défense, étant commissaire près l'administration municipale de SaintOmer, et qu'il fit acquitter. C'est ainsi que durant ses fonctions administratives, il voulut reprendre l'exercice de sa profession pour servir l'humanité, comme il aima toujours aussi à cultiver les sciences morales et philosophiques, au milieu même de ses devoirs publics. Sa carrière s'est divisée entre le barreau, l'administration et les lettres. Aujourd'hui avocat à la cour royale de Paris, il se dévoue particulierement à ceux des travaux de sa profession qui conviennent le mieux à la retraite du cabinet, et qui s'accordent le plus avec le goût des études littéraires. M. Parent-Réal a publié une Petite Revue des institutions oratoires de M. Delamalle, et il est l'un des collaborateurs de la Revue encyclopédique. C'est un de ces hommies si précieux, si honorables qui, en joignant le talent et le goût á un noble caractère et à de vastes et solides connaissances, contribuent, aec plus de services que d'éclat, aux continuels progrès du bon esprit dans leur siècle. Il a dû recevoir comme un gage de l'estime de tous les bons juges dans notre philosophie et dans notre littérature actuelle, la mention distinguee que M. Lacretelle aîné a faite de lui dans la revue des écrivains qui ont servi la science judiciaire (1′′ partie de la collection de ses œuvres, récemment publiée). C'est la justice de l'amitié entre des hommes dignes de ne connaître entre eux

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PARIDAENS (N.), littérateur belge, est né à Mons dans le Hainault autrichien. Après s'être fait connaître avantageusement par plusieurs articles insérés dans les journaux de Bruxelles et par quelques poésies légères, il paraît depuis quelque temps avoir exclusivement consacré sa plume à célébrer les hauts faits de ses concitoyens. Il a fait paraître, en 1819, un ouvrage intitulé: Fastes de la Belgique, destiné à retracer toutes les actions

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remarquables dont l'histoire, tant ancienne que moderne de ce pays, a consacré le souvenir. Cet ouvrage fait également honneur au patriotisme et au talent de son auteur.

PARINI (JOSEPH), poète italien, naquit, en 1729, sur les bords du lac de Pusiano, dans le Milanez. Parini père, presque sans fortune, se transporta à Milan pour y surveiller lui même l'éducation de son fils, qu'il plaça au gymnase Arcimboldi, sous la direction des barnabites. Le jeune éléve, qu'un penchant irrésistible entraînait vers la poésie, dut se soumettre

à la volonté paternelle, qui l'obligea de se vouer à l'état ecclésiastique. Réduit, pour vivre, à copier les factums d'un avocat, et à étudier la théologie pour obtenir les ordres, Parini se dédommageait de ce double ennui par la lecture de quelques bons poètes qui l'aidèrent à former son goût et à développer ses talens. Il essaya même de composer des vers que ses amis, dans l'intérêt de sa fortune plutôt que de sa réputation, l'engagèrent à publier dans un petit recueil qui parut, en 1752, sous le nom de Ripano Eupilino, que l'auteur empruntait à Eupili, ancienne dénomination du lac de Pusiano. Cette publication, quoique prématurée, lui fit des admirateurs ne pouvant pas encore lui donner des envieux, et lui valut l'honneur d'être admis au sein del'Arcadie et des Trasformati. Obligé de chercher des ressources dans le travail, Parini accepta une place de précepteur chez les Borromeo et les Serbelloni, deux des plus illustres familles milanaises; et il put s'ac quitter ainsi d'un devoir bien doux pour son cœur, celui de subvenir aux besoins de sa mère, à laquelle il avait déjà fait le sacrifice de son modeste héritage. En 1756, Parini se trouva engagé dans une querelle littéraire pour soutenir la réputation de Segneri, sévèrement jugé par Bandiera dans un ouvrage intitulé: I Pregiudizi delle umane lettere; cette polémique ajouta encore à sa réputation; mais ce qui établit sa célébrité fut la publication du premier chant d'un poëme dans lequel il se montra l'inventeur d'un nouveau gen

re de poésie. Ce poëme, intitulé il Giorno, et divisé en quatre parties, il Mattino, il Mezzogiorno, il Vespro, la Notte, contient la description satirique des mœurs et des habitudes d'une classe d'hommes qui, pour être la plus éminente dans la société, n'en est pas ordinairement la plus utile. L'auteur prenant le ton de précepteur d'un jeune noble, lui apprend sérieusement à consacrer sa matinée à la toilette, son midi aux importantes occupations de la table, le soir à la promenade, et la nuit au jeu et aux conversazioni. Une grande vigueur poétique est employée dans les fréquens épisodes dont Parini a enrichi son poëme; et les actions les plus frivoles, les folies les plus extravagantes, quelquefois même les vices les plus honteux, sont racontés avec une solennité de style qui en rend l'ironie plus amère. La variété des sujets et les nombreux portraits des individus captivent l'attention du lecteur, tandis que l'exacte et élégante des'cription des mœurs, la magnificence du langage et la richesse de la poésie piquent sa curiosité, et rendent l'intérêt encore plus vif. Bien différent des autres poètes italiens qui négligent les vices de leur temps et frondent ceux des siècles passés, Parini, rappelant la poésie à sa destination primitive, se sert du prestige des vers pour rendre sa morale moins austère, et frapper de ridicule les travers de ses contemporains. Il Mattino, publié en 1763, fut applaudi par toute l'Italie, qui admira la nouveauté du genre et la brillante exécution de l'ouvrage; elle hâta

de ses vœux la publication du Mezzogiorno, qui se fit attendre jusqu'en 1565. Ces deux poëmes découragèrent les imitateurs de Bettinelli, d'Algarotti et de Frugoni, qui avaient remis à la mode les vers affranchis du joug de la rime, que les Italiens désignent sous le nom de sciolti. Il est possible que des vers médiocres cachent leur faiblesse sous le charme musical produit par le retour des mêmes sons; mais pour que les sciolti se soutiennent, ils ont besoin de frapper l'esprit avant de caresser l'oreille, car ils représentent la poésie des idées plutôt que celle des mots. Le comte de Firmian, gouverneur autrichien en Lombardie, qui avait encouragé Parini à publier son poëme, voulant tirer un meilleur parti de ses talens,lui proposa d'écrire un journal qui eût servi de modèle à d'ignobles compilations qui circulaient alors en Italie; il le nomma aussi professeur de belles-lettres à la Canobiana, dont les écoles étaient destinées à combattre l'influence des jésuites sur l'enseignement. A la suppression de cet ordre, Parini réunit les chaires d'éloquence et des beauxarts dans le gymnase de Bréra. Ce fut alors qu'il composa ses Principi delle belle letlere, qui, malgré leur peu de développement, furent regardés comme supérieurs à tous ceux dont on avait jusqu'alors fait usage en Italie; c'étaient comme les premières lignes d'un cadre que le professeur se chargeait de remplir dans ses leçons. Il travaillait en même temps au Vespro et à la Notte, et composait des odes qui

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