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ces nouvelles s'élève à plus de 2500, et que ces deux naturalistes ont eux seuls fait connaître plus d'animaux que tous les naturalistes - voyageurs de ces derniers temps. Cependant la maladie de poitrine dont Péron était attaqué, faisait des progrès effrayans; elle fut encore aggravée par le chagrin que lui causa la mort de sa mère. Jugeant lui-même son mal incurable, et cédant néanmoins aux conseils de MM. Corvisart et Kéraudren, qui l'angagèrent à passer un hiver à Nice, il entreprit ce voyage. La douceur du climat parut le rétablir; dès lors il se livra avec une nouvelle ardeur à la continuation de ses recherches sur les mollusques et les poissons, el à répéter ses expériences sur la température de la mer à différentes profondeurs, sans toutefois se faire illusion sur le bien-être qu'il éprouvait, s'applaudissant seulement d'avoir quelques mois de plus à travailler. De retour à Paris, il retomba bientôt dans une situation pire que celle où il était avant son départ. Voulant finir ses jours dans la ville qui l'avait vu naître, il se rendit à Cerilly, où il mourut à 35 ans, dans les bras de Lesueur, le 14 décembre 1810. Péron avait de la force dans l'esprit, de la vivacité dans le caractère, une extrême franchise, et surtout un cœur excellent. Ses affections étaient solides et durables: jamais il n'oublia le plus léger service; jamais il ne crut s'être entièrement acquitté de ceux qu'il avait reçus. Il joignait une grande modestie au sentiment qu'il devait avoir de ses forces. Son esprit embrassait de front l'étude de

T. XVI.

toutes les sciences. Il lui eût été facile de profiter pour sa fortune de la faveur dont il jouissait auprès des premiers fonctionnaires de l'état, mais il ne demanda jamais aucune place; on lui en offrit même d'importantes après son retour, il les refusa dans la crainte d'être détourné de ses travaux favoris. Peut-on calculer ce qu'aurait su produire un génie aussi actif, aussi lumineux et aussi profondément observateur, si la mort ne l'eût pas arrêté dès le commencement de sa carrière! Le

genre de cet ouvrage ne nous permet pas de donner ici une analyse des mémoires que Péron a lus à l'institut, au muséum, à la société de médecine, et à la société philomatique de Paris; de signaler les faits nouveaux, les résultats positifs, les vues lumineuses que renferment ces mémoires: nous nous bornerons à indiquer le sujet de quelques-uns : 1" Observations sur l'Anthropologie, Paris, an 8; 2° Sur la force physique des Sauvages, comparée a celle des Européens, imprimé dans le volume de la relation du voyage; 3° Observations sur les maladies des pays chauds et sur l'usage du betel, journal de médecine, chirurgie et pharmacie, par MM. Corvisart, Leroux et Boyer, tome 9, page 57; 4° Notice sur quelques ap. plications de la météorologie à l'hygiène navale dans le Bulletin des sciences médicales, avril 1808; 5° Sur la température de la mer, soit à sa surface, soit à diverses profondeurs (annales du muséum d'histoire naturelle, cahier 26, page 123); 6° Sur quelques faits zoologiques applicables a la théorie

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du globe; Sur le nouveau genre pyrosoma (annales du muséum, cahier 24, pag. 437): Sur l'habitation des animaux marins, mémoire dans lequel il prouve qu'aucune espèce de ces animaux n'est véritablement cosmopolite. Il a publié en outre avec Lesueur: 1° Histoire générale et particulière des méduses, in-4°; 2° Sur les méduses du genre équorée (annales du muséum). On peut reprocher à Péron d'avoir quelquefois employé dans la relation du Voyage aux terres australes, un luxe de style qui ne convient pas à la simplicité d'une narration; mais aucun voyageur, si l'on excepte George Forster, ne s'est autant appliqué à saisir les caractères physiques et moraux qui distinguent les différentes peuplades, à marquer le rapport qui se trouve entre leur organisation, leurs moeurs et leur intelligence, et il a sur le naturaliste anglais l'avantage de s'être garanti de tout esprit de système. Il y a dans cet ouvrage des morceaux descriptifs qui sont d'une beauté remarquable et dignes de la plume de Buffon, entre autres le tableau des sauvages de la terre de Diemen. Nous devons aux notices de MM. Alard et Deleuze les matériaux de cet article.

PERPONCHER (W. E. DE), littérateur hollandais, a donné, quoiqu'il ne fût point théologien de profession, plusieurs ouvrages de théologie et de morale, parmi lesquels on cite ses Observations sur les épitres de Saint Paul, et, avec des notes, une traduction hollandaise de la version de l'Ancien Testament faite par Michaëlis. Il a aussi publié un recueil

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de poésies hollandaises, qui a paru à Utrecht en 1808, in-8°. Eu 1813, le général Molitor, qui avait alors son quartier- général dans cette ville, l'envoya comme otage à Paris. Perponcher mourut à Utrecht en 1819, dans un âge fort avancé.

PERPONCHER (LE BARON H. DE), neveu du précédent, lieutenant-général au service du royaume des Pays-Bas, était, en 1792, capitaine au régiment des dragons de Byland, et en 1793, adjudant du prince d'Orange Frédéric; il passa avec S. A. au service d'Autriche après les événemens de 1795, partagea ses dangers dans plusieurs affaires engagées contre les troupes françaises, et assista, en 1799, aux derniers momens de ce prince, si regretté des Hollandais, et dans lequel le parti stadhoudérien perdit alors son principal appui. M. de Perponcher passa ensuite au service de l'Angleterre, et se trouva à la célèbre bataille d'Alexandrie en Égypte. En 1813, il fut avec M. Fagel, membre de la députation adressée par le gouvernement provisoire au prince d'Orange, depuis roi des Pays-Bas, pour l'inviter à accepter la couronne. Le prince devenu roi, lui confia depuis plusieurs missions. Lieutenant-général en 1815, M. de Perponcher soutint à Frasnes, le 15 juin, le choc du maréchal Ney, qui attaquait la position des Quatre-Bras. Il combattit aussi à Waterloo, où il obtint la croix de commandeur de l'ordre militaire de Guillaume. Depuis il fut envoyé à la cour de Berlin, en qualité de ministre du roi des PaysBas, et reçut du roi de Prusse

l'ordre de l'Aigle-rouge. Il épousa en 1816 la comtesse de Reede, dame-d'honneur de la reine de

Prusse.

PERRAULT (A.), membre de la société des Jacobins de Paris, y fut dénoncé en 1794, pour avoir défendu une femme noble. Cette dénonciation n'eut pas de suites, et quelques jours après, il signala dans un discours les crimes du gouvernement anglais. Désarmé et incarcéré comme terroriste par l'assemblée générale de la section de la Fraternité, après le 9 thermidor an 2 (28 juillet 1794), il fut ensuite mis en liberté, et réarmé au 13 vendémiaire an 4 (5 octobre 1795), par ordre du comité de sûreté générale. Après l'explosion de la machine infernale, 3 nivôse an 9 (24 décembre 1800), Perrault fut déporté, et mourut en Afrique.

PERREAU (JEAN-ANDRÉ), homme de lettres, membre du tribunat, inspecteur-général des écoles de droit, etc., naquit à Nemours, département de Seine-et-Marne, le 17 avril 1749. Il fit de bonnes études, et débuta dans la carrière littéraire, en 1771, par le drame de Clarice, dans lequel se font remarquer des situations intéressantes, mais l'ouvrage est en général froidement écrit. Il a donné depuis: 1° Lettres illinoises, Paris, 1792, in-8°; 2° Élémens de l'histoire des anciens peuples, Paris, 1775. in-8; 3° Eloge du chancelier de l'Hôpital, Paris, 1777, in8°; 4° Mizrim, ou le Sage à la cour, Neufchâtel, 1781, in-8°; 5° le Roi voyageur, ou examen des abus de l'administration de la Lydie, Londres, 1784; 6° Instruction du peuple, 1786, in-12; 7°

Théorie des sensations (consulter le Magasin encyclopédique de Millin); 8° des Contes, Épitres, et autres poesies, qui offrent des détails agréables et un style facile. Perreau adopta avec sagesse les principes de la révolution, et fut, en 1791, rédacteur de la feuille intitulée le Vrai citoyen. Nommé, en décembre 1799, professeur à l'école centrale du Panthéon, puis professeur suppléant du droit de la nature et des gens, au collége de France, il entra au tribunat en 1801, y vota dans le sens du gouvernement, et se prononça pour l'établissement des tribunaux spéciaux criminels. Il présenta comme rapporteur, lors de la discussion du Code civil, les titres de l'adoption et de l'usufruit. Elu secrétaire le 20 août 1803, et président le 25 septembre de la même année, il sortit de l'assemblée en 1804, et fut nommé presque aussitôt inspecteur - général des écoles de droit. Perreau mourut au mois de juillet 1813. On lui doit, outre les ouvrages que Rous avons cités, des Considérations physiques et morales sur l'homme dans les quatre âges, 2 vol. in-8°, Paris, 1803, dont il avait fait hommage au tribunat en 1802, et un Traité sur la législation naturelle, dont Chénier parle avec éloge dans son Tableau historique de l'état et des progrès de la littérature en France, depuis 1789. « C'est, dit Chénier, l'ouvrage » d'un écrivain sage et d'un bon »citoyen. »

PERREAU DE MAGNIES (LOUIS-HENRI-AIMÉ), membre de la chambre des représentans et de la chambre des députés, est né à La Châteigneraie, département

de la Vendée, le 15 avril 1775. II fut le témoin des discordes civiles qui agitèrent si long-temps les départemens de l'Ouest, et apprit à en détester le funeste principe, en voyant tous les malheurs qui les suivirent. Son expérience et sa modération surent pendant près de 10 ans, de 1805 à 1815, qu'il exerça la première autorité municipale de sa ville, éloigner de ses administrés, les haines et les troubles. En 1815, il fut porté à la chambre des représentans, par les suffrages de ses concitoyens de la Vendée. On le vit pendant la courte durée de cette assemblée, prendre part à toutes les mesures qui avaient pour objet de préserver la France des malheurs dont la menaçait la seconde invasion étrangère. En 1818, le département de la Vendée le nomma membre de la chambre des députés sa place était marquée au côté gauche, et il y fut fidèle. Dans la session de 1818 à 1819, il s'inscrivit contre la résolution de la chambre des pairs, relative à la loi des élections; demanda des explications sur une somme de 150,000 fr. employée pour dépense secrète, dans l'arriéré des affaires étrangères; proposa de retrancher dans la partie du budget relative aux ponts et chaussées, une somme de 450,000 fr. portée comme fonds de réserve, et qui lui semblait n'avoir été inscrite que pour former la somme de 30 millions; enfin, il demanda que l'entretien des églises cathédrales fût à la charge des communes. Dans la séance du 19 juin, il fait remarquer, en réponse aux observations du garde-des

sceaux contre les pétitions en faveur des bannis, que la première parvenue à la chambre, a été adressée par la ville de Fontenay; que cette pétition, en faveur du comte de Lapparent (voyez CoCHON), est revêtue des signatures de beaucoup de chevaliers de Saint-Louis, et, entre autres, de celle du Régulus français, M. Haudendine, dont parle Me de La Roche - Jacquelein dans ses Mėmoires sur l'insurrection de la Vendée. Il s'oppose à l'établissement de la caisse de Poissy, et surtout contre le droit qui s'y perçoit au profit de la ville de Paris, comme illégal, inconstitutionnel, et contraire aux droits et à la liberté du commerce. M. Perreau de Magnies combat, le 15 avril 1819, dans la session de cet. te année à 1820, plusieurs parties des comptes antérieurs à l'exercice de 1819; il signale des erreurs et demande différens éclaircissemens; le 16 juin, lors de la discussion du budget, il veut qu'on emploie une partie des fonds du clergé à remplir les succursales vacantes; fait différentes observations sur l'esprit du clergé catholique, qu'il ne trouve point en harmonie avec les intérêts nouveaux consacrés par la charte, et termine par demander comment 24 missionnaires peuvent coûter à l'état 240,000 fr., sans compter le casuel. Le 26 juin, il propose, sans succès, une réduction de 124,500 fr. sur les pensions pour les extinctions présumées. Enfin, il demande, mais cette motion n'est pas appuyée, qu'on ajoute 280,000 fr. au chapitre de l'administration des monnaies, afin

que l'on s'occupe plus promptement de la refonte des vieux écus. Sorti en 1822, il n'a point été réélu aux sessions suivantes.

PERRECIOT (CLAUDE-JOSEPH), ancien avocat au parlement de Besançon et historien, naquit, en 1728, à Roulans près de Beaumeles-Dames, département du Doubs. Après avoir terminé ses études, il se fit recevoir avocat, devint successivement procureur du roi près de la maîtrise des eaux et forêts, et, en 1768, maire de Beaume. Ces dernières fonctions lui firent composer un mémoire sur l'origine, l'antiquité et les accroissemens de la ville où, il exerçait la première magistrature municipale. Son travail fut couronné, en 1769, par l'académie de Besançon, où il remporta plusieurs autres prix en se livrant à différentes recherches sur les antiquités du comté de Bourgogne, et il devint membre, en 1782, de cette académie, en même temps qu'il recevait du ministre Bertin la charge de trésorier au bureau des finances. A l'époque de la convocation des états-généraux, en 1789, il fut l'un des commissaires chargés de rédiger le cahier des représentations du bailliage de Besançon, et, en 1790, il devint membre de l'administration du département du Doubs. S'étant retiré dans le canton de Roulans où il était né, il en fut nommé juge de paix, en 1792, par les suffrages unanimes de ses concitoyens ; incarcéré sous le régime de la terreur, il recouvra la liberté après la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794). Perreciot mourut le 12 février 1798; il a publié: 1° de l'Etat-civil des personnes, et

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de la condition des terres dans les Gaules, depuis les temps celtiques jusqu'à la redaction suisse, Besançon, 1786, 2 vol. in-8° : une seconde édition a été faite à Londres, en 1790, 5 vol. in-12, sans la participation de l'auteur. Cet ouvrage est divisé en huit livres. Dans le premier, Perreciot traite de l'état des personnes libres dans les Gaules, depuis l'invasion des Romains jusqu'à celle des Français; dans le second, `de l'esclavage des serfs, de leur affranchissement, et enfin de l'extinction de la servitude; dans le troisième, de la noblesse; dans le quatrième, des lètes et des terres létiques. « L'auteur prétend que les lètes, ainsi nommés du mot allemand lethig ou ledig (vacant), étaient des Gaulois qui, forcés d'abandonner leur pays, se réfugièrent, sous le règne d'Auguste, dans des cantons inhabités, sur les bords du Rhin, dont les Romains leur permirent de cultiver les terres à la condition de payer une redevance annuelle: c'est à ces lètes refoulés dans les Gaules par les Francs, , que Perreciot fait remonter l'établissement du système seigneurial au moyen âge.» Dans le cinquième, il traite de la main-morte, qu'il regarde comme une suite de la condition létique; dans le sixième, de l'origine des aleus, los et droits de retrait; dans le septième, de l'origine des fiefs; enfin dans le huitième, des abus de la féodalité qu'il importe de supprimer. « L'intérêt que Perreciot cherchait à exciter en faveur des mains-mortables, qui, malgré le noble exemple donné par Louis XVI, subsistaient en

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